mardi 21 septembre 2021 - par heber

Géopolitique européenne III : La fin des illusions

Les récents événements - lâchage du gouvernement en place et retrait précipité tournant à la débâcle des Américains en Afghanistan, puis annulation par l’Australie du contrat de construction de 12 sous-marins à propulsion classique conclu avec la France sous pression américaine, afin d’acheter des sous-marins à propulsion nucléaires US - sonnent, pour les peuples européens, la fin des illusions entretenues depuis la fin de la deuxième guerre mondiale sur la crédibilité et la fiabilité de l’alliance euro-atlantique.

                  Il y a belle lurette que nos dirigeants, loin d’être naïfs, savent à quoi s’en tenir, mais nos concitoyens, pour beaucoup convaincus par les discours politiques tenus des deux côtés de l’Atlantique depuis 1945, et par les déclarations d’amour et d’amitié indéfectibles qu’ils égrenaient et continuent de répéter inlassablement, découvrent, un, peu tard et avec stupeur, que tout cela n’est que poudre aux yeux et promesses d’ivrognes.

De Gaulle, raillé par toute l’Europe, pour l’obstination et l’énergie avec lesquelles il développa, dans les années 60, la ‘’bombinette française, avait bien compris que le fameux parapluie nucléaire américain n’était qu’une illusion qui se refermerait dès que les intérêts américains ne coïncideraient plus avec ceux des Européens.

De Gaulle savait que l’OTAN n’était qu’un instrument conçu, pour contrer l’URSS, pour maintenir l’ensemble de l’Europe sous la dépendance et la tutelle de notre ‘’big brother’’, et destiné à empêcher les pays européens de s’écarter de la politique internationale US et de développer une géopolitique indépendante.

Et aujourd’hui, il faut bien constater que la France est le seul pays Européen doté d’une puissance de dissuasion nucléaire sérieuse et indépendante, puisque les clés et codes d’utilisation des forces nucléaires britanniques sont entre les mains des américains.

Les deux événements précités devraient dessiller les yeux des derniers crédules, notamment les citoyens des malheureux pays de l’Est et pays baltes qui ont tout misé sur l’alliance US.

D’ailleurs qui pourrait se permettre de jeter la pierre aux dirigeants américains et à Joe Biden ?

Où, dans l’Histoire de l’humanité, a-t-on vu un dirigeant responsable sacrifier et mettre en danger les intérêts de son pays et de ses concitoyens pour privilégier ceux de pays et citoyens étrangers, fussent-ils ses amis et alliés ?

L’Histoire n’est-elle pas jonchée d’une longue succession d’alliances retournées, de trahisons et de promesses non tenues, au gré des intérêts variables de chaque partie en cause ?

La vérité, simple, trop simple et trop cruelle peut-être pour que les hommes épris d’idéalisme s’y résignent, est que la géopolitique de tout pays est basée, d’abord et en premier lieu, sur ses propres intérêts et accessoirement sur les intérêts des autres.

Et il est normal qu’il en soit ainsi.

Or, il est incontestable que sur les plans, politique, militaire et géostratégique, l’Asie du Sud et de l’Est est devenue depuis 10 ans la première priorité pour les USA.

C’est là que réside plus de 30% de l’humanité, c’est là qu’émergent des géants -Chine et Inde- susceptibles de ravir la première et deuxième places mondiales aux USA dans les 10 ou 20 ans qui viennent.

Et c’est là que les puissances montantes, démographiques et /ou économiques, se multiplient à la suite du Japon, actuellement troisième puissance économique mondiale, comme l’Indonésie, la Corée du Sud, la Thaïlande, la Malaisie, le Vietnam.

L’Europe n’est plus qu’une pseudo-puissance déclinante, tant sur le plan démographique qu’économique, qui n’existe ni militairement ni politiquement, et qui, de toute façon, fonctionne depuis près de 100 ans sous la férule américaine.

Pourquoi les USA accorderaient-ils la priorité à notre continent, maintenant que le danger que représentait l’URSS a disparu ?

 La Russie actuelle n’a ni les moyens ni intérêt à menacer les fidèles clients énergétiques présents et à venir que nous représentons pour elle, sauf à entrer dans une situation de dépendance dangereuse vis-à-vis de la Chine.

Telle est la réalité, que nous l’acceptions ou non.

Et nous sommes visiblement incapables d’y changer quoi que ce soit. La construction d’une Europe de la défense est illusoire. Trop d’intérêts divergents et concurrents existent entre les 27.

Quant à l’alliance franco-britannique, c’est une plaisanterie. Qui a pu se fier depuis des siècles, autrement qu’à ses dépens, aux promesses de la ‘’perfide Albion’’ ?

Acceptons la vérité. Aucune alliance fiable et solide ne peut être construite si les pays qui la concluent ne partagent pas à plus de 80% des intérêts, menaces et défis, communs ou convergents.

Sur notre continent, seuls les pays du Sud de l’Europe, France, Italie, Espagne, Grèce et Portugal réunissent, peut-être, ces caractéristiques.( cf. mon article précédent sur l’Union Latine).

Alors, au lieu de rêver à un parapluie de l’OTAN de plus en plus hypothétique et de moins en moins crédible, tentons de construire cette alliance plus modeste mais plus réaliste entre les pays précités.

Déjà, ce ne sera pas une partie de plaisir et le résultat final est loin d’être certain.

 



7 réactions


  • Jean 21 septembre 2021 16:50

    Il faudra bien arrêter de nous bassiner avec De Gaulle, c’était il y a 60 ans le monde n’était pas celui d’aujourd’hui le pays était presque souverain et menait sa politique et sa monnaie sans trop tenir compte des cris d’orfraie, aujourd’hui si De Gaulle revenait il ne pourrait rien faire, regardez ce qui se passe presque chaque mois.


    • ZenZoe ZenZoe 22 septembre 2021 09:03

      @Jean
      En 40, il y avait aussi des gens qui disaient c’est foutu, les Boches sont les plus forts et mieux vaut faire avec. Et de Gaulle a dit non.
      En 45, il y avait aussi nos ’’alliés’’ qui voulaient se partager la France et pas grand monde ne mouftait. Et de Gaulle a dit non.
      Voyez-vous, le monde change beaucoup en effet, mais il y a quelque chose qui ne changera jamais : c’est l’état d’esprit dans lequel on part dans la vie. Il y a les faibles, qui trouvent toujours des excuses pour ne rien essayer, et il y a les forts, qui tentent le tout pour le tout, et souvent ça marche.
      C’est l’état d’esprit de De Gaulle qu’il faut retenir, parce que la vraie force vient de la conviction qu’on doit et qu’on peut le faire si on veut rester soi. Ca vaut à l’echelle individuelle, et ça vaut à l’échelle d’un pays.

      Et d’abord, qui sait si De Gaulle aurait accepté l’euro et les traités européens tels qu’ils sont, et qui nous gardent la tête sous l’eau quoi quon en dise ?


  • Attila Attila 21 septembre 2021 18:02

    En France !

    « Où, dans l’Histoire de l’humanité, a-t-on vu un dirigeant responsable sacrifier et mettre en danger les intérêts de son pays et de ses concitoyens pour privilégier ceux de pays et citoyens étrangers, fussent-ils ses amis et alliés ? »

    .


    • Drugar Drugar 22 septembre 2021 12:27

      @Jeekes et @Attila

      Je crois que vous vous trompez, car ces personnes ne sont pas des dirigeants responsables mais des individus irresponsables et incompétents de surcroit.


  • ZenZoe ZenZoe 22 septembre 2021 08:47

    Il y en a un qui n’a pas compris ça, Macron, ou plutôt il préfère ne pas comprendre. Je lis même qu’il a l’intention de partager bientôt ce qui reste de la force militaire de la France, et notamment notre dissuasion nucléaire, avec l’Allemagne. Ce type est un réel danger, une menace bien plus grave que les Etats-Unis, puisqu’elle vient de l’intérieur.


    • zygzornifle zygzornifle 22 septembre 2021 16:47

      @ZenZoe

       Et le pire c’est qu’il risque de rempiler pour encore 4 ans et continuer son entreprise de démolition, faut avoir un Qi d’huitre pour croire en ce mec ..... 


  • zygzornifle zygzornifle 22 septembre 2021 16:45

    La France cherche toujours a se faire baiser et elle y arrive ....


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