samedi 27 janvier 2018 - par Rachid Barnat

Ghannouchi la girouette : Après le Qatar, il cherche le protectorat turc !

Frères musulmans, islamiste, Qatar, Erdogan, Ghannouchi

Curieux personnage que ce Ghannouchi qui dès son retour de son exil doré londonien n'a cessé de rappeler aux tunisiens leur identité "arabo-musulmane" pour accaparer la scène politique par des discours identitaires en chevauchant une "révolution" à laquelle il n'avait par participé mais dont il a dévoyé les revendications premières "Liberté, Dignité, Travail " pour centrer les débats sur l'identité ethnique et religieuse des tunisiens, leur reprochant de s'être éloignés de la leur, pour mieux leur fourguer le model sociétal importé d'Arabie avec son corollaire le wahhabisme ; les préparant ainsi à la main mise de l'émir du Qatar sur leur pays !

Or depuis que le Qatar, et son boulimique émir Hamad ben Khalifa Al Thani cette grenouille qui voulait devenir un bœuf, s'est retrouvé mis à l'index par les pétromonarques et mis au ban des nations par de nombreux pays pour cause de terrorisme et de soutien aux Frères musulmans dont le monde découvre la violence et le terrorisme à la faveur du "printemps arabe", Ghannouchi a été jusqu'à renier son appartenance à l'organisation internationale des Frères musulmans et semble mettre en veilleuse sa relation avec le Qatar qui les sponsorise et les instrumentalise.

Ayant milité dans un esprit de vassalité, il lui fallait se trouver un nouveau chef pour poursuivre sa politique de combines dans les coulisses.

Ça tombe bien ! Depuis l'échec du prétendu coup d'Etat en Turquie, Erdogan va révéler son vrai visage de dictateur au grand jour ; ce qui convient au timoré Ghannouchi qui a besoin de chef pour exister. Avec les positions d'Erdogan de plus en plus affirmées sur la scène internationale dans les guerres du Moyen Orient, voilà que Ghannouchi se met à glorifier la Turquie et rappelle aux tunisiens leur identité turque pour mieux les rapprocher de la Turquie dont il veut leur apprendre la langue ; et que "Le Harem du Sultan", ce feuilleton turc, sirupeux à l'eau de rose, prédispose leur inconscient à l’avènement du califat dont Erdogan se rêve le Sultan pour mettre la main sur la Tunisie, cette ancienne colonie turque !

Et une fois de plus Ghannouchi pense pouvoir instrumentaliser l'Histoire de la Tunisie pour mieux la soumettre au "Frère" Erdogan, lui qui reniait son appartenance à l'organisation des Frères musulmans. Après ses discours sur l'arabité pour rattacher la Tunisie à l'Arabie et la soumettre au Qatar, voilà qu'il change de cap et de discours pour soumettre la Tunisie aux turcs !

Ce faisant, il a montré à quel point il méprise les tunisiens et ne maîtrise ni leur culture ni leur histoire, quand il déclare à un journal turc que s'il est musulman, c'est à Sinan Pacha qu'il le doit et si la Tunisie est un pays musulman, c'est aux Ottomans qu'elle le doit !

Curieux qu'il n'ait pas précisé au journaliste turc que son islam est khirriji trés proche du wahhabisme, celui-là même qui a servi à mettre fin à l'empire Ottoman et qui fonde l'action des Frères musulmans ; totalement à l'opposé de l'islam des Ottomans dominé par le soufisme que combattent les Frères musulmans. Ce que les tunisiens ont vu à l'œuvre lors du saccage des mausolées de Sidi bou Saïd, de Saïda Mannoubia ... 

Mensonge et populisme dont il a l'habitude !

Heureusement que certains ont relevé les énormités qu'il débitait pour les corriger. Ainsi Jafar Mansour Lakhal le reprend et lui rappelle certains faits et certaines dates importantes de l'histoire de la Tunisie.

Tout d'abord, que les turcs n'ont connu l'islam qu’après la chute de Constantinople et de l'empire Byzantin, c'est à dire 1000 ans après la Tunisie.

Si les Ottomans ont chassé les espagnols de la Tunisie en 1574, c'était pour en faire une colonie ottomane. Sinan Pacha chef de l'armée de Selim II, n'avait pas islamisé les tunisiens d'alors puisqu'ils l'étaient déjà et bien avant les turcs, les espagnols n'ayant pas cherché à les christianiser ni à leur imposer la langue espagnole.

Les turcs n'étaient que des colonisateurs comme le furent longtemps avant eux les arabes venus d'Arabie et comme le seront après eux les français.

Si au début les turcs ont adopté la langue arabe du Coran comme langue officielle, c'était pure stratégie pour mieux dominer des peuples déjà arabophones. Mais petit à petit la langue turque la supplantera. Ce qui va finir par inquiéter les arabophones qui s’inquiètent de la marginalisation de la langue arabe.

Un mouvement arabiste va naître alors parmi les intellectuels mécontents. Dans un premier temps c'est pour défendre la langue arabe mais très vite leur mouvement va prendre une tournure politique pour devenir un mouvement anticolonialiste contre les ottomans d'abord, puis contre leurs successeurs, les européens !

Dans sa foulée, va naître aussi Ennahdha (la renaissance), un mouvement islamiste à visée anticolonialiste lui aussi !

Mais voilà les pan-arabistes tout comme leurs panislamistes vont dévoyer ces mouvements politiques de décolonisation pour en faire des instruments de recolonisation ; jusqu'à dévoyer leurs concepts tel qu'ennahdha que Ghannouchi adoptera pour son parti et qui devient synonyme d'obscurantisme et de perte de souveraineté !

Les pan-arabiste veulent dissoudre la nation tunisienne dans un magma qu'ils nomment "Oumma Arabia", et les panislamistes dans un autre magma qu'ils nomment "Oumma Islamiya". Dans l'un comme dans l'autre cas, la Tunisie perdant toute souveraineté !

Or si Bourguiba les avait combattus à juste titre, c'est qu'il savait le danger que ces deux mouvements politiques représentaient pour la Tunisie à laquelle il voulait rendre sa souveraineté !

Alors à quelle identité les tunisiens doivent-ils se raccrocher ? A l'arabe ou à la turque ? Sachant que les turcs n'ont rien à voir ethniquement avec les arabes !

De toute façon, dans les deux cas, il souhaite revenir à l’ère des colonisations en remettant la Tunisie sous tutelle !

Ainsi donc la culture de Ghannouchi se le limiterait à ces deux ethnies colonisatrices de la Tunisie ? Ignorant ou semblant l'ignorer, que l'identité du tunisien est plurielle et riche de toutes les ethnies qui ont croisé l'histoire de cette terre tunisienne, ce que les tunisiens revendiquent fièrement en parlant de leur "tunisianité". Ce que Bourguiba aussi avait compris quand il a avait adopté le bilinguisme en décidant d'enseigner le français sans complexe aux petits tunisiens leur ouvrant ainsi les portes du savoir, des sciences et de la technologie !

Il faut être aigri et complexé pour ne pas dire malade mental, pour vouloir soumettre les tunisiens au Qatar ou aux turcs et vouloir tout arabiser et leur apprendre la langue turque en rejetant l’anathème sur la langue française.

Et c'est cet aventurier, sans foi ni loi, que suivent Béji Caïd Essebsi et son parti Nidaa Tounes, héritiers, nous disent-ils, de Bourguiba le libérateur des tunisiens ?

Curieux Béji Caid Essebsi et curieux sont les hommes de Nidaa qui se laissent mener par le bout du nez par un tel personnage !

Blog de l'auteur : http://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2018/01/ghannouchi-la-girouette_25.html



8 réactions


  • Jonas Jonas 27 janvier 2018 14:02

    Rached Gahnnouchi, « l’Ayatollah Khomeni Tunisien », venait prêcher en France pour les Frères musulmans (UOIF) lors des meetings du Bourget.

    « l’Islam est une religion suprême par rapport à toutes celles qui l’ont précédé. C’est Dieu qui en a décidé ainsi et il en est le garant. [...] Il est écrit que cette religion l’emportera inéluctablement sur toutes les autres religions. [...] Il ne faut pas croire ceux qui vous disent que la politique ne doit pas se faire dans l’enceinte de la mosquée. Où se fait donc la politique ? La mosquée est le siège du gouvernement islamique.[...] N’est-ce pas dans la mosquée que la justice est rendue, l’enseignement dispensé et même l’entraînement ainsi que la conduite des opérations militaires ? [...] Les musulmans luttent partout et l’Islam connaît un état de grâce sans précédent. Au siècle dernier, les musulmans étaient au nombre de 20 à Paris. Aujourd’hui, ils sont plus de deux millions. [...] Les mosquées, les établissements et les quartiers musulmans ont connu, depuis une vingtaine d’années, une expansion vertigineuse en France. [...] L’lslam politique avance en Jordanie, au Pakistan, au Yémen, en Turquie, en Russie, en Bulgarie. [...] La formidable révolution islamique en Algérie est sans précédent. [...] Priez pour qu’elle soit bénie.[...] N’oubliez surtout pas que vous êtes ici des immigrés au sens de l’immigration du Prophète avec ses compagnons pour étendre l’Islam. [...] Faites en sorte que pas un seul franc ne tombe ailleurs que dans la poche d’un musulman. »
    Rached Ghannouchi, leader du parti Ennadha - Le Bourget, Congrès annuel de l’UOIF 1992.
    http://islamineurope.unblog.fr/2013/06/21/le-frere-mehdi-kabir-eleve-de-limam-bechir-ben-hassen-de-la-mosquee-al-islah-de-villiers-sur-marne-la-musique-lalcool-la-drogue-et-largent-cest-la-faute-des-femmes/

    Son souhait est de fonder sur le long terme un Califat, c’est-à-dire un état islamique basé sur la charia sans aucune opposition politique.
    Il est clair qu’avec Erdogan, il a un allié de choix !


    • Christian Labrune Christian Labrune 27 janvier 2018 19:45

      Les musulmans luttent partout et l’Islam connaît un état de grâce sans précédent.
      ...................................................................... .................
      @Jonas
      Il est bien rigolo, ce Ghannouchi ! Peut-être qu’il espérait en 92 cette ivresse jihadiste qui aura pris fin avec l’effondrement du Califat, mais ce qui est certain, c’est qu’après une pareille ivresse, la gueule de bois est assurée et elle va durer longtemps. L’islam se s’en relèvera jamais. La dernière des religions du livre sera aussi la première à disparaître, laissant un aussi détestable souvenir que deux autres totalitarismes déjà vaincus.

      Les Ghannouchi, les Erdogan et les Khamenei vont irrémédiablement tomber dans les poubelles de l’histoire. Même s’ils ne l’ont pas encore compris, les jeux sont faits.


  • Diogène diogène 27 janvier 2018 16:01

    Pourquoi s’encombrer de tant de justifications historiques pour dénoncer un opportuniste qui cherche à être le tender d’une locomotive quitte à changer de locomotive ?


    De toutes façons, l’histoire n’est pas non plus celle que vous racontez quand vous dîtes « que les turcs n’ont connu l’islam qu’après la chute de Constantinople et de l’empire Byzantin, c’est à dire 1000 ans après la Tunisie. », c’est faux.

    Sledjouk, fondateur de la dynastie turque qui a précédé les Ottomans, a été converti à l’Islam sunnite vers 985, avec sa tribu Oguz, et les Arabes (qui n’avaient pas dépassé la Tripolitaine lors de leur premier raid) ont fondé Kairouan et islamisé la population de l’actuelle Tunisie (alors Mauritanie Tingitane) vers 670, c’est à dire 315 ans avant que les Turcs ne soient musulmans eux-mêmes, et non pas 1 000 ans.

    Par ailleurs, la langue la plus légitime des la Tunisie, historiqueent, est le Chleuh, langue des populations berbères en Tunisie qui étaient là avant tous les autres peuples envahisseurs ou dominateurs.

    • Rachid Barnat Rachid Barnat 27 janvier 2018 23:49

      @diogène :


      Je n’ai fait que traduire la réponse de Jafar Mansour Lakhal aux affirmations de Ghannouchi.
      L’idée de l’antériorité de l’islam en Tunisie par rapport à la Turquie y est ... qu’elle soit de 1000 ans ou de 300 ans. C’est ce que voulait dire Jafar.

  • Christian Labrune Christian Labrune 27 janvier 2018 19:33

    à l’auteur,
    Très bon article, comme d’habitude.

    Ce que j’ai du mal à comprendre, c’est quand même que les Tunisiens n’aient pas complètement balayé ce Ghannouchi et son Ennahdha, et qu’après le fameux printemps, une majorité de Tunisiens en France aient même pu voter pour un parti émanant des Frères et dont tout le monde connaît très bien les objectifs.

    Bon Dieu, qu’est-ce qu’ils attendent, les Tunisiens, pour donner un grand coup de pied dans cette sale fourmilière ! Mais je suis trop peu au fait de ce qui se passe actuellement en Tunisie pour me risquer à des hypothèses qui seraient probablement téméraires et naïves.

    En attendant, feu à volonté sur le Mussolini des Turcs et sur tous les totalitarismes !


  • popov 28 janvier 2018 08:16

    @Rachid Barnat

    Bonjour

    En se mettant sous la tutelle d’Erdogan, Ghannouchi ne devient-il pas automatiquement un traître, un agent d’une puissance étrangère qui ne vous veut pas que du bien ?

    Ne serait-ce pas un motif suffisant pour le pendre à un lampadaire comme l’aurait fait votre ex-voisin Khadafi ou pour le mettre à l’ombre comme le ferait votre autre voisin Sissi ?


    • Rachid Barnat Rachid Barnat 28 janvier 2018 12:27

      @popov

      Le drame des tunisiens, est que Ghannouchi a le soutien du Qatar et de ses amis de L’UE & EU : c’est eux qui l’impose aux tunisiens qui maintes fois ont tenté de le dégager par la rue comme par les urnes !

    • popov 28 janvier 2018 13:44

      @Rachid Barnat

       
      Le soutien du Qatar, ça pourrait lui attirer des ennuis du côté de l’Arabie Saoudite. Apparemment, il y aurait comme un réalignement en train de s’effectuer dans la péninsule.

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