Grande « panne » SNCF 2 : le retour de la revanche
Les suites des meilleurs films sont rarement des chefs d'oeuvre. En l'occurence, celle du feuilleton des "pannes" du réseau de la gare Montparnasse n'échappe pas à la règle...
Une semaine après l'embrouille du panneau de signalisation saboté par les sous-traitants de l'entreprise publique, une nouvelle mésaventure allait frapper les usagers de la ligne Paris-Chartres, dont votre narrateur.
Cette fois, l'aller fut calme. Le samedi après-midi, train ponctuel, avec beaucoup moins de passagers que l'an passé à la même époque, chacun comprendra pourquoi ; mieux vaut polluer avec sa bagnole que risquer de rester bloquer tout le week-end dans la capitale sans espoir de retour comme l'autre dimanche. Refusant la sinistrose, j'ai pourtant décidé de gagner la capitale par le chemin de fer...
Mais le lendemain (en fait, hier dimanche 10 décembre 2017), arrivé vers 13h00 à la gare la malédiction du Paris-Chartres allait de nouveau frapper. Tous les trains étaient "retardés" du fait d'un arbre tombé sur la voie à hauteur de Jouy (commune d'Eure-et-Loir). Mon train de 13h06 allait donc partir avec 45 minutes de retard...
Trajet convenable jusqu'à Maintenon (28), puis début du désastre. 1h30 d'attente avant de pouvoir repartir, passer sur une autre voie, dépasser le train en détresse touché par l'arbre, s'arrêter sur une voie pour "transborder" des passagers qui se sont barrés vers Chartres par leurs propres moyens (c'était à quelques kilomètres de l'arrivée...).
Aucun car possible le jour du seigneur pour dépanner le peuple des passagers. Des gens qui finissent leur trajet à pied le long des voies. Un train immobilisé en pleine voie, non secouru à 16h00, pour lequel il faut des heures et des heures pour le tracter jusqu'à une voie de garage...
Mais le meilleur de l'après-midi fut cette discussion citoyenne en gare de Maintenon. Las d'attendre, je suis descendu sur le quai où un de mes compagnons d'infortune dialoguait avec le chauffeur de la rame. Un brave type, aussi dégoûté que nous, qui nous expliquait qu'il y a vingt ans, il y avait encore 130000 agents SNCF en France. Combien en reste-t-il après les vagues de suppressions d'effectifs et la "modernisation" ? Y-a-t-il encore quelqu'un pour entretenir les voies et secourir les trains en panne, le week-end notamment ?
L'autre passager parle de ses déboires, son TGV détourné à Lyon, la nuit qu'il a dû passer à Paris du fait de ce retard, sa galère pour rentrer à Nogent le Rotrou, ses potes qui bossaient à Paname et qui ont démissionné du fait des retards quotidiens sur la ligne...
A l'intérieur du train, des nanas écoeurées me demandent des nouvelles. Le dialogue s'engage. Comme disait l'historien Jacques Marseille, mon prof de fac il y a vingt ans, le train est l'endroit idéal pour les rencontres ; c'est d'ailleurs dans un train qu'il avait rencontré sa future femme... Merci donc à la SNCF pour ces moments de convivialité.
Plus sérieusement, l'arrivée du train vers 16h20 fut aussi un moment d'anthologie. Des nuées d'agents d'accueil, mais aucun ouvrier d'entretien à l'horizon. Autrement dit, l'entreprise publique recrute encore du personnel pour les infos, mais confirme le sous-traitement de l'entretien au privé, qui n'est pas d'astreinte le dimanche !
Il faut noter que cette fois, personne n'a mentionné cet énième incident, sur l'une des pires lignes TER de France. Pas un mot dans l'écho républicain. Il parait que le conseil général d'Eure-et-Loir a retiré sa subvention à cette ligne, à cause du barouf quotidien conséquence du désengagement de l'état en matière de transport...
Cerise sur le gateau (ne riez pas !), on apprend ce lundi 11 décembre que le réseau Montparnasse est à nouveau bloqué par une panne électrique (!) Ce n'est donc pas demain qu'on se passera de la bagnole pour circuler : bonjour le développement durable...