Greta chez nous, la pollution ailleurs
« L'Union européenne, le Japon et la République de Corée, ainsi que plus de 110 autres pays, se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. La Chine affirme qu'elle le fera avant 2060 »
Pour des raisons d’équité, il semble convenable de déterminer quelles sont les émissions cumulées de dioxyde de carbone (CO2) depuis l’utilisation intensive des combustibles fossiles (environ 1850). Dans ce cas, le pollueur le plus appliqué se trouve être de très loin les Etats-Unis. Le second, à moins de la moitié de gaz du précédent, est la Russie. La Chine, l’Inde, le Royaume-Uni peinent à avoir émis 20% des quantités de gaz américaines, la France a un rang insignifiant avec 6% des premiers.
Les Etats-Unis et la Russie semblent sur la sellette.
Pour d’autres raisons d’équité, la quantité de CO2 émise par habitant doit être considérée. Cette fois encore les Etats-Unis et la Russie figurent parmi les tout premiers des nations pollueuses. Les français polluent trois fois moins par personne que leurs alliés d’Amérique du Nord.
Pour des raisons de bon sens, il faut également considérer la quantité totale annuelle de CO2 émise par chacun des pays. La Chine est le premier émetteur de gaz à effet de serre (28 % des émissions globales). Les Etats-Unis, l’Inde et la Russie la suivent. La France là encore affiche un piètre classement avec 3% du total chinois.
En 2015, la quasi-totalité des Nations du monde établirent un accord afin de maîtriser la consommation des énergies fossiles et les émissions méphitiques subséquentes. Depuis 1990 (cf illustration), les USA et l’UE diminuent quelque peu leurs émissions de CO2, tandis que l’Inde et la Chine connaissent une augmentation fulgurante. Les Accords de Paris n’induisent aucun changement dans l’allure générale des courbes ni des uns, ni des autres.
Il peut être conclu, avec un certain degré de fiabilité, que la destinée environnementale du Monde est entre les mains des Etats-Unis, de la Chine, de l’Inde et de la Russie qui cumulent près de 60% des émissions de CO2, comparés aux 9% de l’UE. De plus la France n’est qu’un piètre émetteur au sein de l’UE, loin derrière l’Allemagne par exemple.
Restent deux facteurs à considérer : les technologies de remplacement aux énergies fossiles, le rapport des force en présence qui déterminent les solutions pouvant être mises en oeuvre.
L’Espagne dès 2004 a mis en place une politique pour promouvoir les énergies renouvelables et des aides considérables ont été accordées à ce secteur d’activités. Seize ans plus tard, le ‘solaire’ fournit 7,8% (majoritairement photovoltaïque) de la production nationale d’électricité (à ne pas confondre avec l’énergie totale consommée, l’électricité couvre environ 25% de la consommation finale d’énergie).
La production d’énergie renouvelable était négligeable aux Pays-Bas en 2008, douze ans après la production d’électricité photovoltaïque atteint 6,5% de l’électricité consommée.
En France, EDF annonce un programme d’investissement pour la construction de centrales solaires photovoltaïques entre 2020 et 2035, ce qui ferait passer la part du solaire dans la production d’électricité de 1,6 % en 2017 à 7 ou 8 % en 2035.
Le tout est noyé dans des tarifs plus ou moins subventionnés, de parts de marché, de pseudo-innovations révolutionnaires, de normes, de rentabilités prévisionnelles, de programmes stratégiques transnationaux... qui mettent en valeur les diseux sur les faiseux. En étant plus éloigné des tumultes de ceux qui ont plus d’intérêts que de connaissances, il peut être retenu qu’une sobriété doit s’imposer à tous, et pas seulement aux Français et que panneaux et éoliennes ne boucleront pas les consommations aux hauteurs actuelles.
Il n’en reste pas moins qu’une éventuelle maîtrise des émissions de CO2 (et d’autres gaz polluants) dépend au premier chef des Etats-Unis, la puissance militaire de loin la plus importante au monde, de la Chine devenue le premier fournisseur de biens industriels et de la Russie premier exportateur mondial d’énergies fossiles.
Lorsqu’une décision difficile doit être appliquée vous pouvez compter sur l’intelligence de la multitude qui va modestement, à leur échelle, faire le nécessaire avec obstination, ou alors vous confiez votre sort à une puissance tutélaire qui imposera par la force les mesures qu’elle juge souhaitables.
En 2010, les énergies renouvelables ont représenté environ 10 % (dont 6,4 % d’hydroélectricité ) de l’électricité consommée aux Etats-Unis. Dans le même temps, d’énormes investissements étaient consacrés au gaz de schiste pour faire actuellement des USA le plus grand exportateur mondial de gaz naturel liquéfié.
La Chine est le premier producteur de panneaux photovoltaïques et les centrales solaires dans ce pays tendent à se multiplier avec pour objectif d’intégrer 20% d’énergies renouvelable dans le mix énergétique en 2030.
L’utilisation des énergies renouvelables en Russie est très limitée puisqu’elles ne représentent que 3,5 % de la consommation primaire d’énergie du pays, à peine 1 % hors hydraulique.
Chine, Etats-Unis, Russie, le décor est planté, tout dépend d’eux, les nouvelles technologies (hors nucléaires) existent mais peinent à s’imposer pour des raisons intrinsèques, le problème de la raréfaction des combustibles fossiles et, incidemment, des matières premières, reste entier.
L’interdépendance économique fournit une arme importante, voire redoutable, pour qui veut faire régner un certain ordre au sein d’une collectivité à condition de trouver un facteur déclenchant... et aucun humain ou groupe d’humains n’est capable de donner le signal nécessaire.
Pour fixer un ordre de grandeur des efforts qui doivent être consentis pour sortir de la nasse environnementale dans laquelle les pays du monde sont prisonniers, il est possible de se référer aux dires de M. Jancovici. Il a évalué que l’isolement forcé et l’arrêt de l’appareil productif décidés pour lutter contre l’épidémie de coronavirus a engendré une baisse de 5% des émissions de CO2. Il estime qu’une baisse similaire chaque année pendant trente ans est indispensable pour respecter l’accord de Paris sur le climat. Ce qui implique une baisse du trafic automobile de 35% à New York, de nombreux vols aériens annulés, une quasi-disparition des touristes...entre autres choses.
À peine les désagréments liés au virus en voie d’apaisement, une guerre que certains prédisaient mondiale a éclaté. La conséquence selon la quasi-totalité des experts sera l’établissement d’une stagflation mondiale, c’est à dire une croissance économique faible (ou nulle) et d’une forte inflation, choses redoutées par les uns mais pas par tous si l’on veut oeuvrer pour la sobriété. L’offre d’énergie fossile, de denrées alimentaires (blé, mais, tournesol...), d’intrants agricoles (potasse, engrais azotés...) et industriels (nickel, titane...), qui forment l’essentiel des exportations de la Russie, vont être fortement réduites. La baisse de l’offre va mécaniquement réduire l’activité dans maintes branches industrielles comme l’automobile mais aussi les composants électroniques. Situation périlleuse mais génératrice d’économies vis-à-vis des choses en passe de devenir rares.
Une alternative pourrait être de fournir des données fiables aux citoyens, de fixer des objectifs clairs et justifiés, de mettre sous le boisseau les idéologies et les instincts de domination pour laisser place à une rationalité scientifique... Mais peut-on seulement le rêver ! Alors faisons comme d’habitude, communiquons !