GSK, Sanofi : quand les grands laboratoires sont soupçonnés d’utiliser la corruption en Chine
Quatre cadres supérieurs travaillant pour le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK) ont été arrêtés en Chine. Ils sont soupçonnés de corruption, et « d’infractions économiques graves » telles que des délits fiscaux.
Ces cadres occupaient des postes stratégiques au sein de GSK puisqu’ils travaillaient dans les ressources humaines, le département juridique, le département commercial, et la direction du groupe en Chine. Le quotidien Les Nouvelles de Pékin indique en outre que plus de 20 personnes ont été également interpelées dans le cadre de l’enquête. La raison ?
GSK aurait versé des « pots-de-vin » à des fonctionnaires du gouvernement ainsi qu’à un certain nombre de groupes pharmaceutiques, hôpitaux et médecins, afin de mettre en avant ses molécules. Encore plus sulfureux, un des cadres serait accusé de « corruption à caractère sexuel », sans qu’il ait été donné plus de détails à ce sujet.
Les autorités soupçonnent également des pratiques « d’entente sur les prix » entre concurrents.
GSK : une corruption généralisée via un système d’agences de voyages ?
La corruption, que certains estiment généralisée, aurait été installée grâce au concours de plus de 700 agences de voyages, qui auraient reçues jusqu’à 375 millions d’euros. L’affaire, jugée extrêmement grave en Chine, bouleverse au-delà du sujet de la confiance dans les industries pharmaceutiques, puisqu’elle pose également la question du système social et de santé, en général, dans un pays où l’accès aux soins n’est pas encore le même pour tous.
Entente sur les prix, sommes en liquide, favoritisme…autant de dérives longtemps soupçonnées (mais difficilement prouvées) dans les pays occidentaux, qui apparaissent à présent aux yeux de tous dans le nouveau pays du capitalisme (toute proportion gardée).
Sanofi, également dans le collimateur de Pékin
Au-delà du cas GSK, est posée la question plus générale du respect des lois et du consommateur par les autorités chinoises. Tous les laboratoires pharmaceutiques sont à présent dans le collimateur des autorités de régulation, en particulier Sanofi.
Chris Viehbacher, dirigeant du groupe, a tenté de clarifier la situation suite à une perquisition des autorités chinoises dans les bureaux du groupe en Chine. Selon lui, l'administration de l'industrie et du commerce de Shenyang "a rendu visite à un de nos bureaux régionaux". Il a ajouté ne pas être" vraiment informé du but de la visite ".
Une communication bien discrète autour d’un sujet plus que délicat, pour des industries qui aimeraient conquérir l’un des plus gros marchés mondiaux.
Sanofi, déjà condamné en Europe
Pourtant, ce n’est pas la première fois que le groupe est confronté à de tels soupçons. Déjà, en 2009, la Commission européenne avait lancé des perquisitions dans plusieurs locaux appartenant à différents laboratoires pharmaceutiques, pour des raisons similaires. Elle soupçonnait à l’époque une fraude à la concurrence, et s’inquiétait du frein à l’accès aux médicaments génériques.
L’affaire devait rebondir quelques années plus tard puisque Sanofi fut condamnée, en 2013, à payer 40.6 millions d’euros pour avoir dénigré les génériques du Plavix, quatrième médicament le plus vendu au monde.
7 réactions
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Cedric Citharel
6 août 2013 20:37
Pots-de-vin, cadeaux, faveurs sexuelles, l’industrie pharmaceutique est prête à tout pour accroître son chiffre d’affaires. Et quand les multinationales ne veulent pas se salir les mains, elles emploient des « consultants en faisabilité » pour faire le sale boulot.
Si vous voulez savoir comment elles s’y prennent, qui porte les valises et à quoi servent les rétrocommissions, lisez On les croise parfois, de Cedric Citharel. -
Condé
7 août 2013 09:56
Tout est bon pour accroitre ses parts de marchés. Il n’existe aucune autorité de contrôle digne de ce nom pour vérifier les agissements des laboratoires pharmaceutiques ou les grandes multinationales. C’est un tel système qui a conduit l’Europe occidentale à la faillite avec la bénédiction des banques internationales
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henrymarx
7 août 2013 12:02
Oui des pratiques détestables, que je découvre chaque jour, en essayant de m’intéresser au sujet. Comment des entreprises faisant de tels chiffres d’affaire peuvent elles se comporter ainsi, quasi en toute impunité chez nous ? Il faut attendre que ce soit en Chine qu’on sévisse pour que l’Union européenne fasse un sérieux ménage ?
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Laurencescharles
10 août 2013 10:02
De toute évidence les laboratoires comme Sanofi agissent en toute impunité. Ils licencient, ils prennent ce dont ils ont besoin puis s’en vont. Dans le pays des droits de l’homme, nous devrions nous intérroger sur les vrais enjeux de cette boite.
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KatCorGue
16 août 2013 09:36
Après Alstom, Sanofi....Après l’époque Sautier, ou une certaine éthique était de mise, cette entreprise a connu une certaine dérive dans laquelle laxisme et médiocrité vont de pair....
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ArnaudThioulouse
16 août 2013 09:48
heu...Chine et corruption c’est un pléonasme.. ! Les français s’adaptent tout simplement au marché local, rien de bien transcendant. Les locaux devraient plutôt s’indigner de la corruption locale plutôt que de pointer du doigt bêtement des étrangers, en l’occurrence des entreprises françaises. A moins que cela ne soit qu’une excuse pour justifier un racket organisé...
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Noel2412
18 août 2013 14:13
Mais mon bon monsieur la corruption en France c’est un pléonasme aussi ! Je vous renvoie vers l’article de Laurent Léger de Charlie Hebdo, sur un certain Gérard Bapt, député PS. Lisez, c’est édifiant. Et venez passer des vacances à Lourmarin aussi, je connais bien c est assez chouette :)