Guerre civile du Myanmar : les enfants combattants
Trop occupés par les tribulations de l'OTAN en Ukraine par mercenaires interposés, nos médias négligent de nous informer sur des situations graves dans des régions du monde qui n'ont sans doute pas les atouts permettant à la fois de capter de l'audience et de distiller la doxa en l'agrémentant de divers assaisonnements.
Le Myanmar fait partie de ces grands oubliés.
À la suite du coup d'état militaire du 1er février 2021, un comité se considérant comme a l'autorité légitime du Myanmar a été créé par des membres de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) qui avaient été élus députés lors des élections générales de 2020, et il a nommé un ensemble de responsables du gouvernement d'unité nationale (NUG) qui comprend des membres de la NLD, d'autres partis et des indépendants.
Le Parlement européen a reconnu le NUG en exil comme le gouvernement légitime du Myanmar, alors que la junte militaire au pouvoir l'a déclaré illégal et le considère comme une "organisation terroriste".
En mai 2021, le NUG a annoncé la formation d'une « Force de défense du peuple », et a lancé en septembre une « guerre défensive » et une révolution nationale contre la junte. En septembre 2021, le NUG a mis en place des "bureaux de représentation" aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Norvège, en France, en République tchèque, en Australie et en Corée du Sud, et au Japon en février 2022.
Le NUG a promulgué une directive interdisant d'engager des enfants dans des opérations de combat, mais certains groupes qui ne reconnaissent pas son autorité continuent d'enrôler des enfants comme combattants.
De nombreux enfants ont été tués dans des frappes aériennes ou abattus par les forces de la junte parce qu'ils étaient soupçonnés de faire partie de groupes de résistance, ce qui a amené un certain nombre de rescapés à se joindre aux résistants qui qui combattent contre la junte.
Cette implication d'enfants a incité le NUG à ordonner aux groupes de résistance de s'abstenir de les former et de les engager dans cette guerre civile, et le secrétaire du ministère de la Défense du NUG, Naing Htoo Aung a déclaré : "Le NUG a strictement interdit aux PDF [Forces de défense du peuple] d'engager des enfants de moins de 18 ans pour participer à des opérations ou à une formation militaire", a déclaré au diplomate. "Chaque officier d'unité et commandant de division a reçu des instructions appropriées. Si un commandant d'unité découvre que des mineurs se voient confier des responsabilités militaires, il doit prendre des mesures immédiates".
L'année dernière, un comité de l'ONU a fait savoir que pas moins de 382 enfants avaient été tués par l'armée et ses auxiliaires, et 142 autres torturés depuis le coup d'état.
La guerre civile a conduit au déplacement de plus d'un demi-million d'enfants en novembre de l'année dernière, selon une estimation de "Save The Children". Les établissements scolaires sont fermés dans de nombreuses régions du pays.
Sur le terrain, la situation est contrastée : certains groupes de résistance interdisent strictement le recours aux enfants combattants, mais d'autres groupes continuent d'en recruter. On trouve aussi des enfants qui ne sont pas intégrés aux groupes de combat mais qui sont engagés à différents titres dans le mouvement de résistance, comme la fabrication d'armes (mines terrestres et pistolets).
Personne ne peut dire quand cette guerre civile prendra fin, et il est probable que des enfants continueront d'être engagés par les groupes de résistance qui opèrent de manière indépendante et ne sont pas affiliés au NUG.
Le coup d'état a provoqué la mise en place spontanée d'une opposition radicale dans le pays contre le régime militaire, et l'âge n'est pas un critère pour la participation au mouvement, malgré les vœux pieux des institutions officielles et officieuses.
Mais, de toute façon, quoi que nous puissions en penser, nos médias préfèrent nous parler de L'Ukraine et du réchauffement climatique.