Harcèlement : « affaire Baupin » ou quand la balle est dans le camp des femmes qui ont un jour dit « oui »
« Nous ne nous tairons plus » : l’appel de 17 anciennes ministres face au harcèlement sexuel
Quelques jours après les accusations de harcèlement visant le député écologiste Denis Baupin, dont le nombre ne cesse de croître jour après jour, ces anciennes ministres, dont Roselyne Bachelot, Cécile Duflot, Aurélie Filippetti et Nathalie Kosciusko-Morizet déclarent : " Nous ne nous tairons plus !"
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Lutte contre le harcèlement sexuel dans les partis politiques, refus du silence, mobilisation...
On jugera leur détermination à toutes et leur sincérité à l'aune de ceci : Denis Baupin devra avoir quitté la politique d'ici les Présidentielles et les Législatives de 2017. Dans le cas contraire, il nous faudra bien, à regret, faire le constat suivant : en politique, et chez les Verts en particulier, trop de femmes semblent encore disposées à dire "oui" pour une place au soleil car derrière chacune de ces femmes qui ont dit "oui", combien d'autres, des centaines, ont dû subir un harcèlement qui aujourd’hui prend toute la classe politique masculine non pas par surprise mais sur le fait… comme dans le cadre d’un flagrant délit (1).
Cela n'aura échappé à personne : il y a harcèlement quand on dit "non" et que ce refus n'est pas accepté. Or, comme un fait exprès, à la lumière des récits qui sont rendus public par toutes ces femmes harcelées au sein du parti des Verts, on découvre sans surprise, là encore, ceci : celles qui ont dit manifestement "oui" et qui ont ainsi échappé aux affres du harcèlement, sont celles qui, après avoir été sans aucun doute récompensées, n'ont pas eu assez de mots culpabilisants pour décourager leurs congénères qui s'évertuent à dire "non", de rendre public des comportements du sexe opposé inacceptables ; comportements qui ont causé et continuent de causer une véritable souffrance ; en effet, les dernières révélations de toutes ces femmes qui s'étaient confiées ont révélé ceci : ces femmes victimes de harcèlement n'ont pu que déplorer le fait que leurs congénères, occupant le plus souvent des postes à responsabilité dans le parti en question (EELV), les encourageaient à se taire : ce qui consistait et consiste sans doute encore aujourd'hui, à demander à mots à peine couverts, à toutes ces femmes victimes de harcèlement, de continuer de subir des comportements dommageables psychologiquement ; des comportements pourtant réprimés par la loi. Et quand on sait que... plus il y aura de femmes en politique, plus le harcèlement sera un recours pour ceux qui souhaitent profiter de leur position, de leur rang ou de leur statut pour obtenir des faveurs d'ordre sexuel (et plus des femmes cèderont)... celles qui disent « non », la majorité, ont donc du souci à se faire car elles ne pourront manifestement pas compter sur la solidarité de celles qui ont dit "oui" car enfin, ces dernières ne vont certainement pas remettre en cause cette ardeur toute masculine qui les a prises un jour pour cibles ; cette même ardeur qui les a propulsées au somment d'une carrière que tout le petit personnel politique leur envie : députée, sénatrice, ministre, membre exécutif d'un bureau politique, présidente...
Aussi paradoxal que celui puisse paraître, contre toute attente, et au risque de déplaire, voire de choquer, avec cette « affaire Baupin », il semblerait bien que la balle soit dans le camp non pas des hommes mais des femmes... en particulier... celles qui ont dit "oui" car il leur appartient maintenant de corriger leur comportement, quittes à cracher dans la soupe qui le parti leur sert - qu'elles se rassurent : il y a des faveurs accordées sur lesquelles il est difficile de revenir sans exposer l'origine de leurs attributions ! Car si demain, toutes se mobilisent contre le harcèlement, si toutes se solidarisent, elles pourront tout obtenir car le harcèlement sexuel - ainsi que tous les harcèlements -, est indéfendable, et rares sont les comportements qui, aujourd'hui, le sont.
Avec "l'affaire Denis Baupin", il y a donc là une opportunité, une aubaine, de premier ordre à saisir ! Nul doute !
1 - Les femmes dans le journalisme sont elles aussi concernées par le harcèlement tout en étant confrontées à la même "loi du silence et du découragement" quand il s’agit de le dénoncer publiquement. A ce sujet, on pourra se reporter au billet de blog suivant : Là où il y a de la gène…pas d’information à propos de "l'école" Françoise Giroud.