jeudi 7 septembre 2017 - par GÉOPOLITIQUE PROFONDE

Histoire de la collusion entre le Wahhabisme et le monde Anglo-Saxon (1703-1979) [4/4]

  1. LES THEOCRATIES ISLAMIQUES ET L'OCCIDENT

 

Le wahhabisme d’État

 

Il aura fallu quasiment deux siècles de combats acharnés pour que la vieille alliance séculaire issue du pacte de Nejd (1744) se concrétise en un wahhabisme d’État en 1932, avec la création de l’Arabie Saoudite. À partir de ce moment-là, les rapports de forces et les préoccupations politiques se renouvelèrent pour permettre stabilité et reproduction de l’appareil d’État. La restauration du califat ottoman récemment aboli ne comptait pas parmi les préoccupations de la dynastie Saoud, ce qui n’était pas le cas de leurs jumeaux concurrents Frères musulmans.

Alors que le wahhabisme historique combattait les autorités islamiques jugées illégitimes, le wahhabisme d’État saoudien se caractérisa par une conception quasiment inaliénable de l’obéissance à son autorité, légitime ad vitam aeternam. C’est d’ailleurs une des conceptions phares des partisans du salafisme, qui exigent « l’obéissance totale des musulmans à n’importe quel type d’autorité se contentant des plus minimes et ridicules signes d’appartenance à l’Islam »[1].

Seul pays au monde à porter le nom de son fondateur, cette entreprise familiale siègera à l’Organisation des Nations Unies et deviendra un pourvoyeur d’hydrocarbures incontournable. Passée d’un océan de sable sans intérêt à l’élite économique mondiale (G20) en moins d’un siècle, la forme étatisée du Pacte de Nejd devint également un des principaux alliés de la future première puissance mondiale : les États-Unis.

 

 

L’alliance déterminante entre l’Arabie Saoudite et les États-Unis

 

En plus des revenus du pèlerinage à La Mecque, l’agent secret britannique St John Philby (cf. supra), qui retourna ses allégeances au profit des États-Unis, permit en mai 1933 un accord, entre la Standard Oil of California de la puissante famille Rockefeller et le ministre saoudien des Finances, pour l’exploitation de la manne pétrolière en Arabie[2]. La stabilité politique de l’Arabie Saoudite devint donc une obligation stratégique pour les États-Unis, ce qui explique le fait que le royaume bénéficiait directement de la loi prêt-bail[3] à partir de février 1943.

Le 14 février 1945, le président Roosevelt rencontra le roi Abdelaziz Ben Abderrahmane Al Saoud (dit Ibn Saoud) sur le navire de guerre américain stationné en Égypte : le Quincy. Ce que l’on appelle communément « le pacte du Quincy », largement mythifié[4], résume à une seule entrevue plusieurs décennies de relations américano-saoudiennes soutenues et complexes. Selon la version officielle, ce pacte assurerait le monopole américain sur le pétrole saoudien en contrepartie d’une sécurité militaire assurée par la superpuissance américaine. 

 

LE PRESIDENT ROOSEVELT (A DROITE) EN COMPAGNIE D’IBN SAOUD (AU CENTRE) SUR LE QUINCY

 

En réalité, comme nous l’avons énoncé précédemment, les questions pétrolières avaient quasiment déjà été réglées dès 1933 et les échanges sur le Quincy n’auraient porté que sur la Syrie, le Liban et surtout la Palestine. Roosevelt a assuré au roi qu’il ne serait pas hostile aux Arabes, notamment en ne soutenant pas les juifs sionistes contre eux en Palestine sans la pleine consultation des deux parties.

Outre le fait que les deux dirigeants s’étaient entendus à merveille malgré les différences évidentes entre un aristocrate américain et un Bédouin tout droit sorti du Nejd[5], Ibn Saoud attisait habilement la concurrence anglo-américaine sur les concessions pétrolières et sur leur présence militaire permanente pour en tirer le plus d'avantage possible. Mais après la mort de Roosevelt deux mois plus tard, Harry S. Truman renonça à l’engagement pris par son prédécesseur sur la Palestine, au grand dam du vieux roi Saoud. Quant aux Britanniques, ils laisseront progressivement plus de place à la puissance américaine, qui finit par dominer militairement et économiquement la péninsule arabique.

Cette collaboration pragmatique et inédite avec les États-Unis, grand protecteur d’Israël, n’est pas sans contradiction pour l’État saoudien censé être le plus intransigeant opposant à l’état hébreu. Pourtant depuis ces années jusqu’à aujourd’hui, nous constatons que les administrations américaines financent et arment abondamment les deux factions saoudiennes et israéliennes. Devenu l’allié indispensable, le royaume wahhabite obtint également le respect du monde arabo-musulman sans s’opposer ni aux États-Unis ni à Israël, notamment sur la question palestinienne. Le royaume saoudien détourna progressivement son combat contre Israël vers la guerre d’Afghanistan contre les Soviétiques (1979-1989) et en soutenant l’Irak contre l’Iran (1979-1988). Le péril rouge, le nationaliste arabe et l’islamisme chiite (cf. infra) étant les ennemis désignés de l’OTAN.

Hussein Ben Talal, roi de Jordanie de 1952 à 1999, fut également une des chevilles ouvrières de la présence anglo-saxonne au Moyen-Orient. Payé par la CIA à hauteur d’un million de dollars par an[6] de 1957 à 1977, il assura la double mission de sauvegarde des pétromonarchies du Golfe et de l’intégration israélienne au Moyen-Orient. Cet état croupion neutralisa le problème palestinien en raison de sa dépendance à l’État israélien (zone franche entre les deux pays dont les produits sont exportés aux États-Unis) et par son double parrainage saoudo-égyptien[7].

 

 

L’expansion internationale du wahhabisme

 

Lorsque l’Arabie Saoudite donna l’asile à des éléments des Frères musulmans d’Égypte et de Syrie à partir des années 1960[8], certains obtinrent des postes dans des universités[9] et dans des organisations caritatives du pays. Alors que Nasser avait fait exécuter Sayyid Qutb en 1966, son frère Muhammad Qutb s’enfuit en Arabie saoudite, où il y enseigna. Il fut rejoint dans les années 1970 par l’un des cadres des FM de Jordanie, Abdullah Azzam, également enseignant et futur fondateur d’Al-Qaïda. Ces personnalités deviendront les professeurs d’Oussama Ben Laden et d’Ayman El-Zawahiri, les deux futurs chefs d’Al-Qaïda[10].

Grâce à son statut de producteur pivot de l’OPEP[11], les recettes saoudiennes s’élevèrent à près de 135 milliards de dollars au début des années 1980. Riyad offrait ainsi quasi gratuitement des billets d’avion à des individus tels qu’Oussama Ben Laden pour aller combattre les Soviétiques en Afghanistan. La création de la Ligue Islamique Mondiale ou LIM (1962) et de l’Organisation de la Conférence islamique (1969) veillèrent à lutter contre les ennemis de l’atlantisme[12]. La LIM est une ONG chargée de propager le wahhabisme par le biais d’une assistance matérielle et culturelle. Elle est « financée dès l’origine par l’Arabian-American Oil Company - la compagnie pétrolière initialement américano-saoudienne - ou des institutions financières islamiques comme la Fayçal Finances ou la banque Al-Baraka »[13]. La LIM, antichambre de la diplomatie saoudienne, a ouvert des bureaux dans cent vingt états partout dans le monde ; la Belgique et la Suisse étant les principaux centres d’accueil de la LIM[14].

Abdullah Azzam deviendra n°1 de la Ligue Islamique Mondiale à Peshawar, au Pakistan, quand le pays servait de base arrière contre l’occupant soviétique en Afghanistan. Rejoint par son élève Ben Laden, ils créeront avec des fonds saoudiens le Bureau de services (« Maktab Khadmat Al-Mujahiddin ») pour engager les volontaires contre l’armée rouge athée[15]. Des antennes de cette structure de recrutement furent mises en place dans tout le Moyen-Orient et également aux États-Unis, en Allemagne, en France et en Norvège[16]. Dans les années 1980, le directeur de la CIA William Casey, en lien avec le prince Turki Ben Fayçal des services de renseignement saoudien (Al Mukhabarat Al A'amah) et le directeur d’un des services de renseignement pakistanais (l’Inter-Services Intelligence ou ISI), Akhtar Adbur Rahman, s’associèrent pour créer une légion étrangère d’islamistes contre l’URSS. Le très élitiste Safari Club[17], créé par le n°1 des services de renseignement français, Alexandre de Marenches, aurait initié cette idée et mit en relation différents chefs de services de renseignement et des hommes d’État tels qu’Anouar El-Sadate[18], le Shah d’Iran ou encore le roi Hassan II du Maroc[19]. Selon l’enseignant-chercheur ougandais Mahmod Mamdani et le journaliste américain John Cooley, le Safari Club serait le résultat d’une réflexion d’Henry Kissinger suite à la guerre du Vietnam et du Watergate : la CIA doit sous-traiter les opérations clandestines sensibles à d’autres structures afin d’éviter les retombées en cas d’échec[20].

La formation d’imams, le financement des mosquées, ou encore l’édition de milliers d’exemplaires du Coran d’obédience wahhabite furent imprimés et distribués à tour de bras par la CIA, en soutien à leurs homologues pakistanais de l’ISI et à l’International Islamic Relief Organization[21], dans les différentes langues d’Asie Centrale pour créer un terreau de terroristes hostiles à l’URSS[22]. Quatre milliards de dollars auraient été dépensés pour soutenir les combattants de la foi (« moudjahidin  ») en Afghanistan dans les années 1980[23]. Après la défaite des Soviétiques, le Bureau de services (« Maktab Khadmat Al-Mujahiddin »), en lien avec le Mouvement du Jihad Islamique égyptien (cf. supra), se métamorphosa en une nouvelle entité nommée Al-Qaïda.

La LIM soutint plus tard les musulmans bosniaques contre les serbo-croates en ex-Yougoslavie entre 1993 et 1995, ainsi que les moudjahidines tchétchènes contre Moscou lors de la première guerre de Tchétchénie en 1994. Le wahhabisme étendit également son soft power[24] par le biais d’institutions telles que le Congrès islamique mondial (1949-1952), le Congrès islamique de Jérusalem (1953), le Haut Conseil des Affaires musulmanes (1960), la Ligue du Monde musulman (1962), l’Assemblée mondiale de la jeunesse musulmane (1972) et par des chaires universitaires à Harvard, en Californie, à Londres et à Moscou. D’autres organisations caritatives comme l’Islamic Relief Worldwide (qui aurait entretenu des liens avec Al-Qaïda selon la CIA[25]), la World Assembly of Muslim Youth ou encore les fondations Al-Haramain furent soupçonnées par divers services de renseignement de financer le militantisme et le terrorisme wahhabite dans le monde[26].

Il semble incorrect de présenter toute cette nébuleuse d’organisations aux ramifications internationales complexes et aux financements troubles comme purement non gouvernementale ou privée. La ligne officielle de l’Arabie Saoudite se contente d’énoncer qu’ils n’ont aucun contrôle sur les « financements privés » des fidèles. Un argument difficilement recevable, car, premièrement, des subventions étatiques saoudiennes avaient régulièrement entretenu ces structures et, deuxièmement, les conseils de direction étaient régulièrement chapeautés par un officiel Saoudien[27].

Mais ce soutien aux mouvements islamistes extérieurs ne fut pas sans conséquence pour le Royaume. Il eut un contrecoup dès le 20 novembre 1979, lors de la prise de milliers d’otages à la grande mosquée de La Mecque par quelques centaines de rebelles. Menés par le militaire saoudien Juhayman Ibn Muhammad Ibn Sayf Al-Otaibi, ils reprochèrent à la famille Saoud leur corruption et leur accointance avec les Américains, et exigèrent leur retrait du pouvoir. Cette démarche, en parfaite filiation avec celle des Ikhwan d’antan[28], ne relevait pas de la coïncidence vu que Juhayman était un descendant direct de ces Ikwhan[29]. C’est la France qui résolut la crise en dépêchant le GIGN[30] pour conseiller l’armée saoudienne et intervenir.

 

 

L’alter ego négatif : l’Iran

 

Finissons ce tour d’horizon en Perse, où la monarchie décadente des Qadjar fut renversée en 1921 par Reza Shah, un militaire nationaliste qui voulait moderniser son pays. En 1941, son admiration pour l’Allemagne l’incita à refuser que le chemin de fer transiranien serve à l’acheminement de matériel de guerre américain vers l’Union soviétique entre la Caspienne et le golfe Persique [31]. Mais il fut contraint d’abdiquer en septembre 1941, après l’invasion anglo-soviétique, et son jeune fils Mohammed Reza Shah Pahlavi lui succéda. Après la Seconde Guerre mondiale, ce dernier se rapprocha progressivement des États-Unis et entretint des liens étroits avec les présidents Dwight Eisenhower et Richard Nixon. Une première épine dans le pied arriva le 29 avril 1951, avec le premier chef de gouvernement démocratiquement élu d’Iran, Mohammed Mossadegh.

 

                                               MOHAMMED REZA SHAH PAHLAVI

 

L’essor de la production pétrolière au Moyen-Orient entraîna une crise internationale qui opposa le Premier ministre Mohammed Mossadegh (qui nationalisa la compagnie pétrolière Anglo-Iranian Oil Company) à la Grande-Bretagne (principal exploitant du pétrole iranien). En collaboration, les États-Unis et la Grande-Bretagne mobilisèrent leurs services secrets, CIA et MI-6, pour recruter des mollahs[32] et renverser Mohamed Mossadegh lors de la célèbre opération Ajax de 1953[33], fruit de la convergence géostratégique anglo-américaine[34].

Après ce coup d’État, Mohammad Reza Pahlavi fut restauré à la tête de l’Iran. Tout en demeurant un allié de premier plan des Américains et des chancelleries occidentales, le Shah d’Iran se rapprocha progressivement de l’Union soviétique et de la Chine, dans une volonté de non-alignement. Il entama une politique de partenariat privilégié avec notamment la France (accords pour le développement de l’industrie nucléaire) et le Japon (pétrole iranien à prix réduits vers le Japon et technologies vers l’Iran), en développant des flux économiques importants. En conséquence, les États-Unis lui retirèrent leur appui et soutinrent des mouvements contestataires étudiants (dont certains d’idéologie marxiste !), aboutissant plus tard à la révolution islamique chiite de l'ayatollah[35] Rouhollah Khomeini. 

 

 

La naissance de la République islamique d’Iran

 

Réfugié dans la région parisienne à Neauphle-le-Château depuis 1978, l’ayatollah Khomeini organisait sa révolution et recevait nombre d’interlocuteurs iraniens, européens et américains « avec l’approbation de la gauche française et du président Giscard d’Estaing », selon le géopolitologue Yves Lacoste[36].

L’accession de l’ayatollah Khomeini au pouvoir à Téhéran en 1979 et la proclamation de la République islamique d’Iran fut un succès, de même que les bonnes relations entre le clergé chiite et les Frères musulmans. En effet, le Shah Pahlavi était un allié de Sadate et un ennemi des FM. Le prédicateur radical des FM, Sayyid Qutb, avait fusionné la confrérie avec le groupe iranien les Fedayin[37] de l’Islam (« Fadayan-e Eslam ») dirigé par Navvab Safavi en 1954. Ce dernier était actif dans des meurtres et des attentats politiques contre le régime du Shah. Il fut exécuté par le régime en 1955 et l’ayatollah Khomeini devint le n°1 des Fedayin de l’Islam, qui était de facto une branche des FM en Iran[38]. Ce dernier fut d’ailleurs le traducteur des œuvres de Sayyid Qutb en farsi dans les années 1970[39]. Un hommage fut également rendu en l’honneur de Qutb avec un timbre émis en 1984 par la République islamique d’Iran. Les FM soutinrent donc immédiatement Khomeini qui concrétisait d’une certaine manière le rêve sunnite d’Hassan Al-Bannâ dans l’établissement d’un État islamique[40] en Iran en 1979.

 

                                      TIMBRE EN HOMMAGE A SAYYID QUTB (1984)

 

Même l’Arabie Saoudite, pays le plus fondamentaliste dans l’application de la charia, fut terrifiée par le triomphe de Khomeini, qui plaça d’ailleurs le royaume wahhabite sur la liste noire des ennemis de la révolution iranienne. Dans un monde musulman à 80% sunnite, la révolution islamique chiite fut tellement spectaculaire qu’elle remit immédiatement en question l’hégémonie du wahhabisme saoudien[41]. Effectivement, alors que l’exportation des principes wahhabo-salafistes était l’objectif des FM parrainés par l’Arabie Saoudite, cette révolution iranienne représentait une menace pour les pays du Golfe[42] ; pour des raisons d’influence religieuse (sunnisme contre chiisme) et énergétique (tous ces pays sont producteurs de gaz et de pétrole).

C’est à cette occasion que naquit un léger éloignement entre les FM et la dynastie Saoud, une tendance accompagnée plus tard par d’autres soutiens des FM comme le Koweït[43] et les Émirats Arabes Unis. Cela n’empêchera pas de généreux soutiens saoudiens aux milices islamistes proches des FM les années suivantes, mais principalement à l’extérieur du pays comme nous l’avons vu.

 

 

L’islamisme sunnite, le radicalisme chiite et Israël

 

Contrairement au sunnisme, la doctrine chiite accorde une place importante au pouvoir temporel, c’est-à-dire aux intellectuels religieux composant le clergé chiite. L’interprétation (« ijtihâd ») et l’innovation (« bidâa ») des experts religieux font partie intégrante de ce courant pour renouveler constamment la compréhension des textes sacrés[44]. Mais nous avons vu que les divergences religieuses entre sunnisme et chiisme furent finalement très secondaires entre les FM et les ayatollahs chiites. Malgré les similitudes de discours entre Hassan Al-Bannâ et Rouhollah Khomeini, ce furent les réalités géostratégiques qui prirent le dessus sur l’alliance.

Par exemple, le nouveau régime iranien post-révolution n’a pas hésité soutenir la Syrie baasiste laïque[45] d’Hafez Al-Assad, qui faisait face à la subversion des FM[46] durant les émeutes et les tentatives de coup d’État d’avril 1964, de février 1973, de juin à août 1979, de février-mars et juin 1980, d’août 1981 et de février 1982[47]. Le pouvoir syrien écrasa littéralement la branche syrienne des FM notamment à Hama en 1982 (entre 5000 et 20000 morts), après que ces derniers aient égorgé à tour de bras des membres de l’armée nationale. Les FM brisés en Syrie s’exilèrent et prendront plus tard leur revanche sur les Assad avec l’actuel conflit syrien qui perdure depuis 2011, auquel ils sont intimement liés[48].

La convergence irano-syrienne s’expliquerait par le fait que Damas abrite des lieux de pèlerinage de l’islam chiite[49] alors que d’autres lieux saints étaient peu accessibles en Irak et en Arabie Saoudite, compte tenu du peu d’affinité de ces derniers quant aux gardiens de la révolution iranienne. Cette affinité s’explique également dans leurs intérêts communs dans les affaires du Liban (avec la création en 1982 du mouvement politique et militaire chiite libanais, Hezbollah[50]), dans leur hostilité à Israël et aux États-Unis et contre l’expansionnisme de l’Irak baasiste de Saddam Hussein (figure de résistance au chiisme)[51].

Si la Révolution islamique d’Iran a un lien indéniable avec la pensée des FM, elle s’en distingua pour différentes raisons qui amenèrent les processus de polarisations confessionnelles entre sunnites et chiites dans la région[52]. L’état islamique chiite créé, le nouveau régime iranien focalisa son hostilité sur Israël, contrairement aux FM qui avaient pour priorité la diffusion de l’idéologie et la création du Califat mondial. Pour ces derniers, ainsi que dans la majorité des structures sunnites radicales, l’anéantissement d’Israël ne peut être qu’un acte ultérieur à l’établissement de l’État islamique mondial. Sur le cas Al-Qaïda par exemple, l’éminent historien Bernard Lewis avait notamment démontré que « tout au plus l’État hébreu apparaissait-il parmi les priorités de ben Laden en tant que tierce partie lointaine »[53]. Plus récemment, Al-Nosra, l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, a bénéficié du soutien médical d’Israël selon i24news[54] dans le récent conflit syrien tandis que certains rebelles étaient directement en contact avec Tsahal[55] avec des « rencontres entre militaires israéliens et rebelles syriens […] quasi quotidiennes depuis au moins dix-huit mois  » selon Libération[56].

Alors que ces deux mouvements islamiques sunnite (FM) et chiite (révolutionnaires iraniens) ont bénéficié de soutien de l’Occident[57], l’Iran en a subi progressivement les foudres à partir de sa révolution islamique de 1979. L’explication selon laquelle cette diabolisation serait due au radicalisme religieux, à l’anti-américanisme ou à l’anti-occidentalisme ne semble pas être suffisante vu que ces éléments sont présents au sein des deux courants. La marginalisation de l’Iran peut être probablement interprétée de deux façons : d’un côté parce qu’il est un ennemi géostratégique (pétrole/gaz) et religieux (diffusion du courant chiite) des pays du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar et Koweït en tête) et d’un autre côté parce que la révolution chiite est viscéralement hostile à Israël. Le fait que les États-Unis donnent le ton de la « communauté internationale » et que le lobby israélien aurait le poids le plus déterminant dans leur politique étrangère, selon les travaux de John Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l’Université de Chicago et de Stephen Walt, professeur de relations internationales à Harvard[58], la deuxième explication semblerait plausible et plus déterminante à cette époque, tout en sachant que les causes sont multifactorielles[59]. La tendance hostile à l’Iran (et à la Syrie) de nos jours se traduit étonnamment par une collaboration initialement secrète et une convergence d’intérêts entre Israël et l’Arabie Saoudite[60].

Il est en effet avéré que l’Iran révolutionnaire est le plus grand ennemi d’Israël et de l’Arabie Saoudite. Les alliances de l’Iran avec le fondamentalisme wahhabo-salafiste s’effectuèrent principalement dans le cadre de la lutte contre cet état : c’est la collaboration du Parti de Dieu (« Hezbollah ») libanais avec le Mouvement de résistance islamique (« Harakat Al-Muqâwama Al-Islâmiya » raccourcit en Hamas), la branche palestinienne des FM. Alors qu’une relation féconde née à partir des années 2000 avait lié ces deux mouvements, ils s’opposeront lors de la crise syrienne de 2011. Après 16 ans d’hospitalité en Syrie, le Hamas choisira d’installer son QG chez son principal mécène, à Doha, au Qatar, en 2012[61] et de rompre son alliance avec Téhéran[62]. Un choix symbolique sachant que la ville abrite également le Centcom, la plus importante base militaire étasunienne du Moyen-Orient. Le Hezbollah, lui, maintiendra ses allégeances à l’Iran et la Syrie. Actuellement, les FM sont extrêmement réticents à l’égard de toute comparaison entre leur programme et la révolution khomeiniste, notamment pour conserver leurs alliances privilégiées avec les États-Unis et l’Union européenne, tant qu’ils ne portent pas atteinte à la sûreté de l’État d’Israël[63].

Finalement, n’était-il pas opportun de voir émerger le rival parfait hostile à l’Arabie Saoudite avec la prise de pouvoir de la révolution islamique chiite d’Iran ? Dès 1969, la « doctrine Nixon » avait mis en concurrence ces deux états, pour que les États-Unis puissent s’appuyer à leur grès sur ces deux piliers de l’islam et des hydrocarbures[64]. En jouant sur la diabolisation des uns et des autres à intervalles réguliers, le diviser pour régner dans cette région géostratégique majeure ne se métastase-t-il pas dans l’exaltation du vieux conflit sunnite contre chiite ? Tout ceci pour empêcher l’hégémonie d’une seule puissance dans la région pouvant entraver les intérêts américains. Comme l’a justement signalé l’universitaire Hamadi Redissi, « tout se passe donc comme si la réhabilitation du wahhabisme passait par l’invention d’une altérité chiite  »[65]. Et dans sa forme violente et exacerbée, cette opposition sunnite-chiite avait été principalement concrétisée par Mohammed Ben Abdelwahhab, lors du massacre de Kerbala, un certain 21 avril 1802.

 

 

CONCLUSION

 

La montée en puissance du wahhabisme fut patiente, progressive et acharnée. Ce mouvement marginal hérétique, étatique et non étatique, fruit du dépassement du hanbalisme et d’Ibn Tamiyya, est devenu la nouvelle orthodoxie islamique notamment grâce à un fort investissement politico-économique anglo-saxon[66].

Le wahhabisme étant un modèle universaliste conçu comme réponse à d’autres modèles globalisants (capitalisme, socialisme, démocratie libérale), il s’intègre donc parfaitement dans le processus de mondialisation. Sachant qu’il n’existe pas un mais plusieurs islams, selon les zones géographiques et le substrat anthropologique des populations, la vocation d’unification des musulmans et finalement de l’humanité tout entière sous une seule bannière islamique témoigne d’un processus et d’une volonté d’uniformisation. 

L’alliance entre le protestantisme anglo-saxon et le wahhabisme des pays du Golfe est un lien matériel (économique, énergétique, géopolitique) et spirituel avec un socle religieux puritain commun (calvinisme/hanbalisme). En dépit de son archaïsme et de son sectarisme, le wahhabisme est de toute évidence le vecteur qui accompagne le monde arabo-musulman dans le dépassement du cadre de l’État-nation par des instances supranationales. Il est également le fer de lance du fameux « choc des civilisations », inéluctable et étrangement compatible avec l’unification des marchés à l’échelle planétaire.

Gardons finalement en mémoire que la très grande majorité des protagonistes de l’islamisme radical wahhabite de notre ère sont issus de la confrérie des Frères musulmans. Citons le cheikh Omar Abdel Rahman[67], Oussama Ben Laden, Ayman El-Zawahiri[68], Youssef Qardhawi[69], Khaled Cheikh Muhammad[70], Abou Moussaab El-Zarqawi[71], Abou Qoutada El-Filistini[72], Abou Hamza El-Mastri[73], Omar Bakri Muhammad[74], Abdalmajid El-Zindani[75] et tant d’autres… Bien que les FM actuels s’en dissocient, l’actuelle Organisation de l’État islamique réalise le rêve d’Hassan Al-Bannâ, à travers le projet de Grand Califat. Le corpus idéologique qu’ils partagent est indéniable (hanbalisme, wahhabisme historique, qutbisme/takfirisme, etc.). 

Enfin, notons que toute la véhémence contre les États-Unis et Israël a été reniée par le wahhabisme étatique et non étatique, pour finalement s’aligner sur toutes les positions de l’OTAN de la guerre froide jusqu’à nos jours. Le leader actuel d’Al-Qaïda, Ayman El-Zawahiri, l’avait d’ailleurs parfaitement illustré dans son appel, de janvier 2014, à la fédération des groupes jihadistes contre « l’ennemi laïc et confessionnel [l’actuel gouvernement syrien], soutenu par les forces des rafida (chiite) safavides (dans une référence à l'Iran), ainsi qu’à la Russie et la Chine »[76]. Traduisant parfaitement l’adage qui veut que les ennemis de mes ennemis soient mes amis.

 

 

Franck Pengam, Septembre 2017.

 

P.S : Ci-joint le document .pdf de l’étude complète.

PDF - 2.1 Mo
HISTOIRE DE LA COLLUSION ENTRE LE WAHHABISME ET LE MONDE ANGLO-SAXON - FRANCK PENGAM

 

 


[1] Aïssam Aït-Yahya, op. cit., p.31.

[3] La loi prêt-bail (Lend-Lease), votée en 1941, autorise le président des États-Unis à « vendre, céder, échanger, louer, ou doter par d’autres moyens » tout matériel de défense à tout gouvernement « dont le Président estime la défense vitale à la défense des États-Unis ».

[4] De quoi parlaient le président américain et le roi saoudien en février 1945 ?, http://orientxxi.info/magazine/la-legende-du-pacte-du-quincy%2c1213

[5] Hamadi Redissi, op. cit., p.213.

[7] René Naba, op. cit., p. 125.

[8] Michaël Prazan, op. cit., p.190.

[9] Anne-Clémentine Larroque, op. cit., p.46.

[10] Michaël Prazan, op. cit., p.185.

[11] OPEP : L’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole créée lors de la Conférence de Bagdad, le 14 septembre 1960.

[12] Conceptualisé au début de la guerre froide, l'atlantisme est un courant politique prônant une alliance militaire centrée entre l'Europe et l'Amérique du Nord. L'OTAN étant l’incarnation parfaite de cette vision du monde.

[13] Wahhabite connection : comment l’Arabie saoudite a déstabilisé le monde en exportant son islam radical depuis 40 ans, www.atlantico.fr/decryptage/wahhabite-connection-comment-arabie-saoudite-destabilise-monde-en-exportant-islam-radical-depuis-40-ans-david-rigoulet-roze-1838403.html

[14] Anne-Clémentine Larroque, op. cit., p.68.

[15] Gold Dore, L'Arabie saoudite et les racines du djihad planétaireOutre-Terre 1/2006 (no 14), p. 255-268
URL : www.cairn.info/revue-outre-terre1-2006-1-page-255.htm.
DOI : 10.3917/oute.014.0255.

[16] Peter Dale Scott, La Route vers le Nouveau Désordre Mondial : 50 ans d'ambitions secrètes des États-Unis, Éditions Demi-Lune, 2010, p.199.

[17] John K. Cooley, op. cit., p.34.

[18] Le rapprochement historique entre l’Égypte et Israël, deux alliés stratégiques des États-Unis, fut grandement influencé par le Safari Club, voir Mahmod Mamdani, Good Muslim, Bad Muslim : America, the Cold War, and the Roots of Terror, Pantheon, New York, 2004 et John K. Cooley, op. cit., p.37.

[19] Peter Dale Scott, op. cit., p.178.

[20] John Cooley, Unholy Wars : Afghanistan, America and International Terrorism, Pluto Press, 2002, p.24-28.

[21] L’International Islamic Relief Organization est une ramification de la Ligue islamique mondiale. Aux Philippines, on trouvait à sa tête Muhammad Jamal Khalifa, le beau-frère de Ben Laden, jusqu’en 1994. 

[22] Robert Baer, Sleeping with the Devil, p.140, 141 et 144, cité par Peter Dale Scott, op. cit., p.112-113.

[23] Surenchères traditionalistes en terre d’islam, http://www.monde-diplomatique.fr/2015/03/MOULINE/52734

[24] Le soft power est un concept développé par le professeur américain Joseph Nye et utilisé en relations internationales pour décrire la capacité d'un acteur politique d'influencer le comportement d'un autre acteur à travers des moyens non coercitifs (structurels, culturels, idéologiques).

[25] Michaël Prazan, op. cit., p.296.

[26] Anne-Clémentine Larroque, op. cit., p.67.

[27] Gold Dore, L'Arabie saoudite et les racines du djihad planétaireOutre-Terre 1/2006 (no 14), p. 255-268
URL : www.cairn.info/revue-outre-terre1-2006-1-page-255.htm.
DOI : 10.3917/oute.014.0255.

[28] Comme nous l’avons vu précédemment, les Ikhwan, créés par Ibn Saoud avant la Première Guerre mondiale, finirent par contester son autorité pour grosso modo les mêmes raisons.

[29] Hamadi Redissi, op. cit., p.81.

[30] Le Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) est une unité d'élite de la Gendarmerie nationale française.

[31] Yves Lacoste, Éditorial : le Golfe et ses ÉmiratsHérodote 2/2009 (n° 133), p. 3-31, URL : https://www.cairn.info/revue-herodote-2009-2-page-3.htm#pa60. DOI : 10.3917/her.133.0003.

[32] Mollah : désigne un érudit musulman, équivalent d'ouléma, dans le monde à influence perse (Iran, Turquie, Afghanistan, sous-continent indien, etc.).

[35] Ayatollah : un des titres les plus élevés décerné à un membre du clergé chiite (mollah).

[36] Yves Lacoste, Éditorial : le Golfe et ses ÉmiratsHérodote 2/2009 (n° 133), p. 3-31, URL : https://www.cairn.info/revue-herodote-2009-2-page-3.htm#pa60. DOI : 10.3917/her.133.0003.

[37] « Fedayin » : littéralement, celui qui se sacrifie pour quelque chose ou quelqu'un.

[38] Michaël Prazan, op. cit., p.153.

[39] Ibid, p.156.

[40] Khomeini a également traduit en farsi les travaux du théologien fondamentaliste pakistanais Sayyid Abul Ala Maududi (cf. supra) proclamant la nécessité d’un Etat islamique, qui a inspiré Sayyid Qutb et Abdullah Azzam.

[41] Anne-Clémentine Larroque, op. cit., p.77.

[42] Chérif Amir, op. cit., p.121.

[43] Le Koweït est actuellement un des hubs de redistribution de fonds les plus importants à destination du « jihad », grâce à sa législation financière souple. Ce pays est bien négligé depuis qu’il s’est opposé à Saddam Hussein lors de la première guerre du Golfe en 1990, malgré une influence wahhabite très forte : actuellement, c’est l’un des soutiens financiers des FM les plus importants avec le Qatar et la Turquie, voir Le Koweït, plus grand financier des djihadistes anti-Occidentaux…, www.atlantico.fr/rdv/geopolitico-scanner/koweit-plus-grand-financier-djihadistes-anti-occidentaux-alexandre-del-valle-2802982.html#link_time=1472208154.

[44] Anne-Clémentine Larroque, op. cit., p.17.

[45] Il y a eu un soutien syrien aux FM, mais de courte durée avec l’arrivée du nouvel état issue de l'union de l'Égypte et de la Syrie en 1958 : la République Arabe Unie. Après sécession de la Syrie en 1961, le parti Baas (combinaison du socialisme arabe et du nationalisme panarabe créé en 1947), de Noureddine al-Atassi puis d’Hafez el-Assad, devint un opposant majeur aux FM syriens.

[46] « Près de 300 personnalités alaouites sont assassinées entre 1979 et 1981 », voir Michaël Prazan, op. cit., p.199.

[47] Jean-Loup Izambert, 56 - Tome 1 : L'État français complice de groupes criminels, IS Edition, 2015, p.231.

[48] Jean-Loup Izambert, op. cit., 2015.

[49] La mosquée de Sayyidah Zaynab, la mosquée Sayyidah Ruqayya et le cimetière Bab Saghir.

[50] Le Hezbollah fédère les groupes radicaux sunnites et chiites anti-Israéliens (principalement). Il représenterait également les intérêts de l’Iran.

[51] Alors qu’en Irak, entre 52 et 60 % de la population est de confession chiite.

[52] L’Iran et les Frères musulmans : les meilleurs ennemis du monde ?, www.middleeasteye.net/fr/analyses/l-iran-et-les-fr-res-musulmans-les-meilleurs-ennemis-du-monde-1195759825.

[53] Bernard Lewis, License to Kill : Usama bin Laden’s Declaration of Jihad, Foreign Affairs, nov.-déc. 1998, cité par Gold Dore, L'Arabie saoudite et les racines du djihad planétaireOutre-Terre 1/2006 (no 14), p. 255-268, URL : www.cairn.info/revue-outre-terre1-2006-1-page-255.htm. DOI : 10.3917/oute.014.0255.

[55] Tsahal : l’armée de défense d'Israël.

[57] « Les Britanniques pensaient qu’ils pourraient contrer l’avancée du communisme dans la région par l’intermédiaire du chiisme politique et de l’islam en général », voir Michaël Prazan, op. cit., p.151.

[58] John Mearsheimer et Stephen Walt, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La Découverte, 2007.

[59] Rappelons que durant la guerre d’Afghanistan de nombreux intérêts antagonistes ont pu converger : l’Iran du Shah et de Khomeini ont soutenu des groupes chiites afghans (les Hazaras) tandis qu’Israël aurait également été discrètement impliqué dans la coalition antisoviétique, voir John K. Cooley, CIA et Jihad 1950-2001 : contre l'URSS, une désastreuse alliance, Autrement, 2002, p.111.

[62] Michaël Prazan, op. cit., p.333.

[63] Chérif Amir, op. cit., p.181.

[64] Anne-Clémentine Larroque, op. cit., p.66.

[65] Hamadi Redissi, op. cit., p.258.

[66] Mais cette tendance est en train de s’inverser, notamment avec la conférence islamique sunnite à Grozny en Tchétchénie du 25 au 27 août 2016, qui a rassemblé quelque 200 dignitaires religieux, oulémas et penseurs islamiques, venus d'Égypte, de Syrie, de Jordanie, du Soudan et d'Europe. Cette conférence « a exclu le wahhabisme salafiste de la définition du sunnisme, voire du cadre de la communauté sunnite  », voir www.afrique-asie.fr/menu/actualite/10459-le-wahhabisme-est-une-dissidence-et-ne-fait-pas-partie-du-sunnisme-le-congres-islamique-de-grozny.

[67] Commanditaire de l’assassinat de Sadate et du premier attentat du WTC en 1993.

[68] Fondateur du Jihad Islamique en Égypte et chef d’Al-Qaïda après la mort de Ben Laden.

[69] Frère d’Égypte établi à Doha, principal prêcheur mondial du jihadisme sur Al-Jazeera.

[70] Chef des opérations d’Al-Qaïda en 2001.

[71] Chef autoproclamé d’Al-Qaïda en Irak de 2003 à 2006.

[72] Considéré comme le représentant d’Al-Qaïda en Europe, il fut expulsé de Londres qu’en 2012.

[73] Prêcheur jihadiste à la mosquée de Finsbury Park à Londres.

[74] Prédicateur jihadiste à la mosquée de Four Feathers à Londres. Relais et soutien du GIA algérien dans les années 1990, puis des volontaires maghrébins pour le jihad après le 11 septembre 2001.

[75] Inspirateur d’Anour Al-Awlaqi, chef autoproclamé d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique.

[76] Syrie : Al-Qaïda appelle à l'unité des rebelles, www.europe1.fr/international/syrie-al-qaida-appelle-a-l-unite-des-rebelles-1780035



3 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 7 septembre 2017 14:33

    « notons que toute la véhémence contre les États-Unis et Israël a été reniée par le wahhabisme étatique et non étatique, pour finalement s’aligner sur toutes les positions de l’OTAN de la guerre froide jusqu’à nos jours »


    Et pour cause : ils ont été instrumentalisés dans ce but-là !



  • macchia 8 septembre 2017 11:28

    Il faudrait informer les féministes , surtout anglo-saxonnes , de l’avenir qu’on leur prépare 


  • owen meany 13 septembre 2017 09:10

    Merci pour votre travail, un document de référence pour celui qui veut s’intéresser au Moyen Orient.

    Finalement, ce pacte du pétrole est un piège très lent, qui est à l’oeuvre, permettant à l’Arabie Saoudite d’étendre son wahhabisme. Les US pensaient avoir vassalisé l’Arabie et n’ont pas vu qu’ils se sont fait prendre les couilles.

    Les US n’avaient déjà plus la capacité de dénoncer l’Arabie Saoudite, après l’effondrement des tours du 11 sept 2001.
    On l’a vu aussi avec la difficulté a ajouter l’Etat Islamique dans la liste noire du terrorisme et seule les circonstances trop voyantes (décapitations filmées d’otages américains, avancées de l’alliance Syrie/Russie/Iran contre les assaillants) ont fini par forcer la coalition US à nommer l’ennemi. On se souient d’Obama, à l’ONU, qui a dénoncé Ebola et Poutine, comme ennemis des États Unis, avant l’Etat Islamique.
    Ni l’ONU, ni une coalition de grandes puissances sont capables de dénoncer le wahhabisme et les Frankenstein qu’il fabrique (Al Qaida, Etat Islamique, peut être une nouvelle créature à venir).

    Conséquemment, comme vous le soulignez, le wahhabisme et les courants sectaires qui fédère, puisque plus personne ne peut le dénoncer, a piégé aussi le monde musulman et tient son dard enfoncé, qui le tétanise (en cours au Philippines, en Indonésie, peut-être à venir en Birmanie, etc...).


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