mercredi 10 mai 2017 - par VICTOR Ayoli

Hommage à un vrai Grand Homme : Victor Schœlcher

On fête l'abolition de l'esclavage. De l'esclavage atlantique s'entend. Parce qu'ailleurs...

A l’occasion d’une démarche administrative, il y a quelques années, j’ai eu en face de moi une fonctionnaire d’origine antillaise. Son nom était Schœlcher. Je me suis alors levé et lui ai demandé de me faire l’honneur de me toucher la main. C’était une descendante « naturelle » du grand Victor Schœlcher, l’homme qui a rendu son honneur à la France en abolissant l’esclavage. Esclavage une première fois aboli par la Révolution française puis rétabli par le sinistre Bonaparte. Cette mémoire douloureuse est mise en lumière aujourd’hui.

Victor Schœlcher est né le samedi 22 juillet 1804 dans une famille bourgeoise originaire de Fessenheim (! !) en Alsace. Il fit ses études au lycée Condorcet. Le jugeant désœuvré, son père, porcelainier de renom, l'envoie au Mexique pour affaires en 1830. Visitant Cuba, il y est révolté par l'esclavage. De retour en France, il publie des articles, des ouvrages, multiplie ses déplacements d'information et adhère à la Société pour l'abolition de l'esclavage. Il n'aura de cesse que de lutter pour la libération des esclaves.

Le discours abolitionniste de Schœlcher évolue au cours de sa vie. En effet, au début de son engagement, il s'oppose à l'abolition immédiate de l'esclavage. En 1830, dans un article de la Revue de Paris, "Des Noirs", il demande ouvertement de laisser du temps aux choses. Cette vision de l'abolition qu'il a, se retrouve en 1833, dans son premier grand ouvrage sur les colonies : « De l'esclavage des Noirs et de la législation coloniale. » Pour lui, il serait dangereux de rendre instantanément la liberté aux noirs, parce que les esclaves ne sont pas préparés à la recevoir. Il souhaite même le maintien de la peine du fouet, sans laquelle les maîtres ne pourraient plus travailler dans les plantations. Il faut attendre un nouveau voyage dans les colonies pour qu'il se tourne vers une abolition immédiate.

Nommé dans le Gouvernement provisoire de 1848 Sous-secrétaire d'État à la Marine et aux colonies par le ministre François Arago, il contribue à faire adopter le décret sur l'abolition de l'esclavage dans les Colonies. Le décret signé par tous les membres du gouvernement paraît au Moniteur, le 5 mars. Député de la Martinique et de la Guadeloupe entre 1848 et 1850 il siège à gauche.

En tant que président de la commission d'abolition de l'esclavage, il est l'initiateur du décret du 27 avril 1848 abolissant définitivement l'esclavage en France et dans ses colonies. L'esclavage avait déjà été aboli en France à l'initiative de l'Abbé Henri Grégoire, pendant la Révolution française (4 février 1794, 16 pluviôse an II), puis rétabli par Bonaparte en 1802.

Républicain, défenseur des droits de la femme, adversaire de la peine de mort, il est proscrit durant le Second Empire par le coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte. Il s'exile en Angleterre où il rencontre fréquemment son ami Victor Hugo. En 1870 il revient en France suite à la défaite de Sedan. Après l'abdication de Napoléon III, il est réélu député de la Martinique à l'Assemblée Nationale (1871). Le 16 décembre 1875, il est élu sénateur inamovible.

A la fin de sa vie, comme il ne s'était jamais marié et qu'il n'avait pas eu d'enfant, il décida de donner tout ce qu'il possédait. Enterré à Paris au cimetière du Père-Lachaise, ses cendres furent transférées au Panthéon le 20 mai 1949 en même temps que celles du Guyanais Félix Éboué (premier noir à y être inhumé).

En hommage à son combat contre l'esclavage, la commune Case-Navire (Martinique), prit le nom de Schœlcher en 1888.

L'esclavage atlantique a été une horreur, une tache indélébile au front de notre civilisation. Il a duré trois siècles et a déplacé entre 12 et 15 millions de personnes. On l'a aboli. On est conscient de cette honte. On s'en est repenti. On n'a pas réparé l'irréparable.

Mais il y a un autre esclavage étrangement passé sous silence, celui perpétué pendant treize siècles par les musulmans. La traite arabe a été la plus longue et la plus régulière des trois traites, ce qui explique qu'elle ait globalement été la plus importante en nombre d'individus asservis : 17 millions de noirs selon l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau, du VIIe siècle à 1920.

Une lecture édifiante : « Le génocide voilé » de Tidiane N'Diaye.

 

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9 réactions


  • robert 10 mai 2017 15:52

    Donc le message de ce post, pour notre hippi , c’est « les muzs sont méchants, nous cela va mieux »


    • epicure 11 mai 2017 00:45

      @robert

      il fait juste que rétablir la vérité sur l’histoire de l’esclavage,que malheureusement en 1848 l’esclavage n’a pas été aboli de partout.
      D’ailleurs les derniers pays à pratiquer l’esclavage de façon légale, étaient des pays musulmans, et c’est pas si vieux que ça.


  • Sergio Sergio 10 mai 2017 17:20

    A quand l’abolition de l’esclavage moderne, le prochain Schœlcher n’est pas encore né. 

    De toute façon, il est très difficile de se libérer des chaines que l’on a dans la tête, et là, ne comptons sur personne pour nous les retirer, demandez aux antillais. 

  • marceau 10 mai 2017 19:00

    -Rappelons que l’esclavage a été aboli sur le territoire français en 1315 par Louis X dit le Hutin.

    -Rappelons aussi que l’esclavage inter africain, entre noirs, existe depuis la nuit des temps et perdure encore ici ou là.

    -Rappelons que la réduction en esclavage des chrétiens par les musulmans existe depuis que l’islam existe

    -Rappelons que les européens ont été victimes de la traite esclavagiste, pratiquée par les musulmans arabes comme ottomans , pendant prés de 13 siècles et que le nombre de leurs victimes se comptent par millions.

    -Rappelons que la traite transatlantique pratiquée par les européens consistait à acheter des esclavages en Afrique noire, esclaves qui avaient été réduit à cet état par d’autres africains . Les noirs ont donc clairement participer à cette traite conjointement avec les européens !


    • Sergio Sergio 10 mai 2017 20:09

      @marceau


      Les noirs ont donc clairement participer à cette traite conjointement avec les européens ! ’

      Il ne reste plus qu’à aller à confesse, filer un don à la ’ Fondation de France ’ pour n’importe quelle aumône, futile fût-elle, et se dire que : Tout est pardonné. 

      J’ai vécu très longtemps aux Antilles, je ne me suis jamais culpabilisé, je n’ai rien à me reprocher et, me moque comme de ma première chemise, de mes ancêtres colonisateurs/esclavagistes, soit disant victimes de l’esclavagisme des autres. 
      Après on peut réécrire l’histoire comme l’on veut, cela ne changera rien grand chose, il y aura toujours des baiseurs et des baisés. En conséquence, choisissons notre camp, et on pourra toujours dire que : ’ Les européens ont donc clairement participer à cette traite conjointement avec les européens ! ’ 

      Bien sur cela concerne notre esclavage, mais on ne le sait pas encore !

  • Pie 3,14 10 mai 2017 19:43

    Non il n’a pas aboli l’esclavage. Il a simplement proposé aux serfs du domaine royal la possibilité qu’ils rachètent leurs droits de servitude. Le servage n’est pas l’esclavage. Ce sont des droits de servitude attachés à une terre seigneuriale.


    L’esclavage est un fait partagé par toutes les civilisations. Ce que vous dites après votre première phrase est tout à fait réel. On pourrait ajouter quantités d’autres lieux et peuples dans l’Histoire.

    Les européens ont pratiqué un esclavage « industriel » jusque tard dans le XIXème. Ils ont utilisé les réseaux locaux qui existaient et les ont organisé à leur profit. Ils ont aussi été ceux qui l’on aboli au nom de leurs valeurs. 
    Pourquoi célébrer la fin de l’esclavage serait-il gênant pour les européens au motif qu’il s’agit d’un phénomène mondial dans l’Histoire ?
    Cette abolition célèbre la culture humaniste occidentale. C’est un bon point que nous nous décernons à peu de frais. 

    • marceau 10 mai 2017 20:51

      @Pie 3,14

      -Le servage n’était pas un esclavage

      -C’est Pétré Grenouilleau qui explique que la fin de l’esclavage en France date de 1315.


  • rogal 10 mai 2017 19:49

    Merci Sylvain.


  • wpjo 11 mai 2017 11:50

    D’abord vous écrivez " Son nom était Schœlcher [...] C’était une descendante « naturelle » « 

    Et plus loin : »... il ne s’était jamais marié et qu’il n’avait pas eu d’enfant ...".

    Je ne comprends pas.


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