lundi 6 février 2012 - par kssard

« Il est beau le modèle allemand »

Le modèle allemand s'invite dans la campagne pour les présidentielles en France. Le Président Sarkozy qui n'est pas encore candidat a pourtant déjà prévu des interventions avec la chancelière du Triple AAA pour le booster dans la campagne. D'ici quelques jours, ce sera « Deutchland übber alles ». Sauf à vouloir gober sans ciller le brouet que l'on va nous servir, voyons un peu la face cachée de ce modèle : la pauvreté. 

12 millions de pauvres en Allemagne, le triple A est à ce prix, 12 millions, c'est plus que la population Grecque. Pour une fois, ces chiffres sont comparables avec ceux de la France car le seuil de pauvreté est sensiblement le même en Allemagne qu'en France 940 €, au moins l'Europe à cela à mettre à son actif.

Il existe de plus en plus de soupes populaires à la sortie des écoles pour les enfants qui ne peuvent plus manger à la cantine. Il s'agit sans doute d'un aspect du modèle que nous allons pouvoir décliner bientôt en France. Deux millions et demi d'enfants seraient concernés. Cette information est à mettre en perspective avec une démographie catastrophique.

L’économie sociale de marché : Bismarck en avait jeté les premières bases, Konrad Adenauer l’avait institutionnalisé et Gerhard Schröder a cherché à l’adapter… Jusqu’à la tuer ? La "Sozial Markt Wirtschaft", basée sur le principe de cogestion, un syndicalisme de concertation, un système de hauts salaires et une redistribution forte des ressources a longtemps été un facteur d’intégration professionnelle et sociale en Allemagne.

Pourtant depuis la mise en place des lois Hartz, au début des années 2000, la machine semble s’être enrayée. La libéralisation du marché du travail, destinée à rendre l'Allemagne plus compétitive, a d'abord eu pour conséquence de reléguer les chômeurs de longue durée dans la pauvreté.

Afin d’activer" les chômeurs, les lois Hartz ont choisi de s’attaquer en priorité aux "Anspruchdenker", les "profiteurs du système". En clair, les sans-emplois accusés de se complaire dans leur situation au frais du contribuable. Depuis 2005, le demandeur d’emploi doit faire des démarches "positives" bimensuelles, et peut surtout être contraint d’accepter un emploi moins payé que le précédent, plus éloigné ou en-dessous de ses qualifications sous peine de perdre ses subsides.

On a également assisté à la prolifération de deux nouveaux types de contrats :

  1. Les Mini-Jobs : des contrats à temps partiel, payés 400 euros par mois, qui permettent aux employeurs d’être exonérés de charges mais prive ses bénéficiaires d’assurance maladie et travail. Ils n'ouvrent aucun droit à la retraite ou aux allocations chômage.

  2. Les 1 euro-jobs, ces fameux contrats payé un euro de l’heure : généralement pour des travaux d’intérêt public.

L’équivalent de l’Insee en France, le bureau Destatis, rend compte de l’augmentation de la précarité et des formes qu’elle recouvre : entre 1999 et 2009, toutes les formes de travail atypiques se sont accrues d’au moins 20%.

Les mini-jobs tiennent le haut du pavé, avec une augmentation de 47,7%, simplement devancés par le boom de l’intérim (+134%). Ces formes de contrats sont également très répandus chez les retraités : 660 000 d’entre eux combinent leurs pensions à un Minijobs

En mai 2011, les statistiques officielles faisaient désormais état de 5 millions de mini-jobs. Plusieurs scandales ont éclatés en Allemagne ces dernières années, mettant en cause des grands groupes accusé de "faire leur beurre" sur ces salariés précaires.

Certaines entreprises ont voulu tirer profit du système, privilégiant, par exemple, deux ou trois mini-jobs, fiscalement neutres, à l’embauche d’un salarié en plein-temps. Ce fut notamment le cas de la chaîne Schlecker, leader des drogueries en Allemagne, accusée l’an passé par le syndicat Verdi de faire du "dumping salarial". A l’époque l’affaire avait fait grand bruit, obligeant la ministre du Travail, Ursula Van der Leyen, à monter au créneau.

Plusieurs rapports ont également mis en avant les dérives d’un système, qui s’apparentent à une déflation compétitive : quand l’amélioration de la compétitivité passe par une baisse des coûts salariaux.

« Au niveau international, l'Allemagne se distingue comme une société à deux vitesses en ce qui concerne le marché du travail (…) En Allemagne, encore plus que dans les autres pays membres, les employés sans emploi fixe sont les principales victimes de la crise » concluait l'OCDE en janvier 2010.

Un système contre-productif

En Allemagne, on les appelle les Aufstockers : ils travaillent en général moins de 15 heures par semaine, et vivent de leurs revenus du travail et des aides sociales. Début 2010, ils étaient aux alentours d’un million, nombre en constante augmentation.

Pourtant, avec le système Hartz censé les inciter à reprendre un emploi, ils n’ont pas intérêt à travailler plus. Contrairement à ce que Martin Hirsh a cherché à faire en France avec le RSA, le supplément de salaire gagné est annulé par une perte d’allocation chômage.

Le "minimum vital digne" estimé à... 374 euros

A l’été 2010, en soustrayant le million d’Aufstockers aux 4,9 millions d’actifs bénéficiaires de Hartz, on arrivait alors à 3,9 millions de chômeurs longue durée, vivant exclusivement des allocations. Au sein de cette catégorie, deux populations sont en première ligne : les familles monoparentales et les seniors.

Le problème des conditions d’existence des bénéficiaires d’Hartz IV a pris un tour dramatique quand trois familles se sont portées partie civile devant la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. En février 2010, le tribunal a finalement déclaré la Loi Hartz IV constitutionnelle, mais de demandé au législateur de revaloriser l’allocation de base.

La Cour a notamment jugé que le mode de calcul retenu violait le droit au "minimum vital digne" garanti par la constitution. De 359 euros par personne, l’allocation minimum a depuis été revalorisée à 374 euros...

(information tirée de Myeurop du 5 octobre 2011 - article Marc Meissailloux)

 

Le Chancelier SPD Gerhard Schröder, a l'origine de ces lois dite HARTZ en 2005 a été reçu à l'Elysée par Nicolas Sarkozy, le 20 décembre dernier. L'UMP le présente maintenant comme le socialiste courageux qui a fait le boulot. Ambiance....



10 réactions


  • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 6 février 2012 12:48

    Il serait temps de remettre à sa place le « modèle allemand ». Kssard l’a fait. Qu’attendent les Hollande, Mélanchon et autre pour le faire publiquement ? Ce serait plus pertinent qu’une énième polémique sur les propos jugés xénophobes ou islamophobes du flingueur Guéant !


    • kssard kssard 6 février 2012 13:40

      @Mourot, 


      « Il serait temps de remettre à sa place le »modèle allemand« . Kssard l’a fait  » MERCI

      Je suis bien d’accord avec vous, il faut que le PS saisisse le taureau par les cornes !

    • ARMINIUS ARMINIUS 7 février 2012 08:08

      L’Allemagne affiche un excédent de sa balance commerciale de près de 200 milliards d’euros alors que le déficit de la France frise les 60 milliards d’euros, à votre avis lequel de ces deux pays va être à même de traiter les problèmes de précarité ? Quant aux jobs à 400 Euros qui ne sont souvent que des jobs saisonniers sans qualification-ce qui exclue les ouvriers qui sont beaucoup mieux payés qu’en France- ils sont assortis d’une aide sociale, vous devriez au moins avoir l’honnêteté de le préciser...


    • foufouille foufouille 7 février 2012 14:45

      quelle aide sociale ?
      hartz IV ?


  • Robert GIL ROBERT GIL 6 février 2012 13:04

    voici une realité allemande donc nous parle pas Sauko :
    http://2ccr.unblog.fr/2012/02/04/sarkozy-et-le-modele-allemand/


  • lloreen 6 février 2012 14:26

    La réalité allemande est qu’il n’y a plus d’Allemagne, mais une république fédérale, jadis scindée en deux puis réunifiée.
    RFA qui n’a toujours pas de constitution mais qui fonctionne avec une loi fondamentale !
    RFA toujours encore sous statut d’occupation de fait par les forces américaines dont la plus grande base aérienne est Ramstein.Pour la souveraineté, il faudra repasser...
    La RFA fonctionne sur le modèle d’une entreprise de droit privé sous l’entier contrôle de la finance.

    En France et dans tous les pays de l’union (dictatoriale européenne), nous sommes sous un régime de double présidence : celle du président de la nation et celle de van Rompuy (président non élu et co-opté par les apparatchiks de Bruxelles)....

    Pour l’instant, nous avons encore une constitution en France, mais Sarkozy à la botte des mondialistes a préparé le terrain pour que la France fonctionne bientôt comme la RFA sous l’autorité unique des dictateurs de l’union européenne.

    Nous serons alors tous réduits en esclavage et effectivement vu sous cet angle là, la RFA (et non l’Allemagne) doit nous servir de « modèle ».
    Celui d’un état vassal sous le contrôle du cartel financier comme l’est plus ou moins la RFA , sorte de 51ème état de fait des Etats-Unis (et non de l’Amérique !).

    Pour conclure, on dira que les « unions » sont des dictatures sous le contrôle de la haute finance : que ce soient les Etats-« Unis » ou « l’union » européenne...


  • Richard Schneider Richard Schneider 6 février 2012 16:25

    à l’aauteur :

    Depuis quelque temps, « on » ne cesse de nous bassiner avec l’Allemagne ! Comme vous l’écrivez, n’en déplaise à la majorité des Français, l’Allemagne n’est pas un nouveau pays de cocagne : la pauvreté, le chômage, la précarité etc ... existent aussi chez nos voisins. Le temps du « capitalisme rhénan » est révolu ; depuis qu’un Chancelier socialiste (G. Schröder) « a réformé » le système, les Allemands connaissent, comme ailleurs, l’appauvrissement massif des ouvriers et des employés - et en // les riches deviennent de plus en plus riches !
    Certes, il faut faire une différence entre les Länder : le Baden-Wurtenberg et la Bavière - ainsi que Hambourg (« ville état » ) - respirent l’opulence. Mais allez en Sarre, dans le Nordrhein-Westafen - ou dans une autre « ville-état », Berlin - vous verrez la pauvreté et la précarité étalées jusque dans le centre des grandes agglomérations. Et ne parlons pas des Länder de l’ex-DDR ...
    Au total : bon article, clair et objectif - que l’on peut compléter par le blog signalé par ROBERT GIL.


  • lloreen 6 février 2012 16:59

    La RFA est le squelette de la grande Allemagne : celle des poètes, des grands philosophes, des génies scientifiques.
    Les trois guerres qu’elle a menées l’ont vidée de toute sa substance.Merkel n’est comme Sarkozy, que le vassal des mondialistes qui dictent leur loi à tous les pays de la funeste « union » européenne.
    Ils ont tout aligné vers le bas, appauvri les classes moyennes (celles qui sont la colonne vertébrale des pays), ruiné l’instruction publique, démantelé les services publics en France, que de nombreux pays nous enviaient.
    Là c’est tout le monde au régime ....Sauf les riches.Mais cela, on le savait déjà !


  • xray 6 février 2012 17:07


    Dès l’instant où l’on a parlé de construire l’Europe, on pouvait observer que les plus acharnés à « construire l’Europe »  étaient les plus incompétents en tous domaines. On aurait dû se méfier. 

    Le Grand Guignol politique (L’Europe des curés) 
    http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/ 

    Le capital de la Dette publique 

    La Taxe Tobin  (Le face à face de l’économie active et des marchés boursiers) 



  • lloreen 6 février 2012 21:45

    xray
    « on pouvait observer...en tous domaines ».
    C est l’élite qui s’active en coulisses qui possède toutes les compétences.Elle n’a rien à craindre des valets qu’elle place sur la scène.*
    Plus ils sont incompétents et moins ils sont dangereux.Leur seule motivation est le nombre de zéros après une ou plusieurs dizaines sur la ligne : net à payer....... sur leur bulletin de salaire.
    Comme leurs potes sont ceux qui font tourner la planche à billets, ils n’ont pas de problème pour être généreux...
    Et d’ailleurs, « heureusement » qu’on les a : vous n’imaginez pas LVHH, le Ritz , le Georges V et les vendeurs de grosses cylindrées faire faillite ! Cela ferait mauvais genre et les gens commenceraient à se poser des questions...


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