Il faut bien faire quelque chose en attendant le retour du roi
Depuis toujours, j’explique l’importance de l’engagement militant. Il ne s’agit pas uniquement de participer ponctuellement à des manifestations ou de soutenir financièrement une cause de temps à autre, mais de comprendre que l’action politique prend diverses formes. Elle s’inscrit dans une démarche constante et structurée. Voter tous les cinq ou six ans ne s’apparente pas à du militantisme. Chacun, à son modeste niveau, peut contribuer au changement, que ce soit en s’investissant directement dans des partis et des associations ou en sensibilisant son entourage aux enjeux politiques.
L’engagement militant ne se limite pas uniquement au soutien moral des idées : il se traduit avant tout par des actions concrètes. Aider les plus démunis, les plus vulnérables, défendre notre patrimoine culturel et religieux, ou promouvoir des valeurs de solidarité et de respect, sont autant de moyens d’incarner nos convictions. Cet engagement se vit chaque jour. Il ne doit jamais se cantonner à des actions isolées, mais s’inscrire dans une vision à long terme pour enclencher une dynamique militante positive.
Ainsi, chaque forme de militantisme, de la plus modeste à la plus intense, participe à un vaste effort collectif pour la défense et la promotion de nos valeurs. Qu’il s’agisse de donner du temps à une cause, d’enseigner, de faire découvrir notre culture, ou de partager des idées, l’essentiel est d’agir en vérité. Ne pas occuper les terrains militants revient à laisser nos ennemis diffuser leurs idéologies sans adversité. Je souhaite que tous les Français attachés au catholicisme romain et à notre longue histoire prennent conscience de cette nécessité absolue de l’engagement (1).
Bien trop souvent, malheureusement, certains évoquent le manque de temps, de moyens ou de soutien pour se détourner de l’action. De même, se satisfaire de résultats minimes, sous prétexte de l’excuse de minorité ou de l’impuissance militante, constitue une grave erreur (2). Il demeure essentiel de viser toujours plus haut, d’aspirer à des changements véritables et durables. Je rappelle constamment que le sincère et authentique engagement politique donne toujours à terme des bons fruits, même s'il ne mène pas immédiatement à la victoire. Le combat pour un avenir meilleur demande persévérance, courage et détermination.
Les catholiques, plus que quiconque, ne doivent plus être mis à l’écart dans le combat politique. Notre responsabilité nous commande d’agir en conscience, en éclairant les enjeux contemporains par notre foi et nos principes. Les catholiques ne doivent pas se désintéresser de la bataille des idées, ni fermer les yeux sur la situation préoccupante de notre pays. Les défis sont multiples et complexes. La tentation de l'indifférence ou de la passivité guette nos compatriotes. Ne les laissons pas sombrer dans cette torpeur. Expliquons-leur, avec pédagogie, qu’ils assumeront pleinement leurs convictions en prenant une part active dans le redressement de notre société. L’engagement chrétien n’est ni une fuite du monde, ni un repli dans un confort moral, mais bien une prise de position courageuse.
Concrètement, cet engagement doit être une force vivante et dynamique. Les chrétiens, forts de leur foi et de leur héritage, sont appelés à être des acteurs du sursaut français, non pas en se retirant de la sphère publique, mais en la nourrissant par des idées constructives et une implication réelle dans la vie quotidienne. Chaque acte de solidarité, chaque prise de position ferme et réfléchie contribue à insuffler nos valeurs dans le débat politique. Montrons qu’un autre chemin est possible et surtout souhaitable…
J’affirme sans la moindre réserve qu’il est nécessaire de combattre et de prendre ses distances avec les individus qui décrivent la restauration de la monarchie catholique comme une utopie ou une chimère politique (3). Ceux qui tiennent de tels propos deviennent complices des activistes cherchant à détruire notre héritage. En réalité, la restauration de la monarchie catholique ne relève pas d’une nostalgie romantique, mais bien d’un impératif historique pour l’avenir de la France. Ce que je défends n’a rien d’un rêve lointain ou d’une vision irréaliste : il s’agit d’une nécessité politique fondée sur des principes éternels.
Le devoir catholique impose de dépasser les discours réducteurs, les annonces de déclin et les critiques destructrices dénuées de fondements. Notre engagement ne peut se résumer à des paroles hostiles ou à des constats pessimistes. Il s’agit de passer à l’action avec persévérance et détermination. Par nos efforts militants, nous préserverons et redonnerons vie aux valeurs qui ont contribué à la grandeur de notre nation. Cessez de tourner le regard vers un passé idéalisé voire fantasmé sans réfléchir aux moyens de l’incarner aujourd’hui. Refusez l’immobilisme et la participation à des combats électoraux conduisant perpétuellement à l’échec.
La question du « que faire » anime depuis longtemps les discussions politiques. Cette interrogation est particulièrement vive parmi les catholiques et les monarchistes. Depuis des années, nombre d'entre eux s'engagent sincèrement au sein de groupes ou autour de personnalités qui, pourtant, ne défendent ni le catholicisme, ni la restauration monarchique. Le paradoxe est frappant : ces militants dévoués soutiennent des causes et des figures politiques qui ne partagent pas leur vision d’une France renouant avec ses racines chrétiennes et monarchiques.
Plus encore, ces responsables, bien que parfois sensibles aux valeurs chrétiennes, considèrent souvent le catholicisme comme une simple affaire privée, sans implication directe dans les affaires publiques. Elles estiment, pour la plupart, que le catholicisme ne doit pas envahir la sphère publique, alors que je considère l’idée suivante comme essentielle : le Décalogue et le Sermon sur la montagne doivent être au-dessus des lois humaines et civiles (4). C’est un point de divergence majeure entre eux et nous.
En réalité, ce soutien aux organisations et personnalités politiques non catholiques, non monarchistes pose des problèmes majeurs. Ces combats électoraux et politiques mènent inévitablement à l’échec comme le démontre l’état actuel des choses. Je ne donne pas ici une opinion personnelle mais je dresse un constat objectif (5). En effet, les résultats obtenus par ces militants, année après année, sont décevants et sans effet durable, alimentant ainsi la déprime et la sinistrose de ces milieux. De fait, ce cycle vicieux - espoir, défaite, désillusion, espoir, défaite, désillusion, et ainsi de suite - a pour effet d’installer le défaitisme au sein des rangs militants et d’accroître, pour d’autres, un sentiment de désintérêt vis-à-vis de l’engagement politique.
Une autre complication réside dans les conséquences de cet engagement inadéquat sur la dynamique même du militantisme catholique et monarchiste. En se détournant de leurs principes essentiels, les efforts se dispersent et finissent par s’amenuiser. Les militants eux-mêmes deviennent désillusionnés voire démobilisés, par des combats politiques qui ne leur apportent ni sens profond ni succès véritable. En participant à ces luttes, ils en viennent à oublier la finalité de leur mission militante. Ils adhèrent à des organisations politiques qui ne reconnaissent ni l'importance de la religion catholique - comme fondement de notre société - ni la légitimité monarchique. En fin de compte, ces militants perdent de vue les bases mêmes de leur engagement pour la France. Ce militantisme, qui devrait être un moyen, se transforme alors en une fin en soi, les éloignant toujours plus de la restauration monarchique.
Ces militants gagneraient en efficacité s’ils recentraient leurs engagements vers des initiatives, des groupes et des projets qui promeuvent activement la restauration du christianisme France. En clair, il est temps qu’ils cessent de s’associer aveuglément à des personnalités populaires car médiatiques mais éloignées de nos valeurs fondamentales. En redéfinissant leurs priorités, ils travailleront au retour du catholicisme dans l’ordre temporel. La cohérence, moteur de la vérité, suppose de soutenir des projets politiques véritablement catholiques. Il est indispensable de choisir des engagements en phase avec nos convictions pour garantir que l’action militante serve vraiment la cause que nous défendons.
Le pire dans toutes ces considérations ? Ils justifient cet engagement militant en avançant le prétexte suivant : « Il faut bien faire quelque chose en attendant le retour du roi ». Mais ce raisonnement souffre de lacunes incommensurables. Il ne s’agit pas d’attendre passivement, mais de provoquer activement ce retour. Le roi ne doit pas être vu comme le deus ex machina des tragédies grecques arrivant à la fin de la pièce comme par enchantement, pour régler tous les problèmes en un claquement de doigt. Le roi ne reviendra pas selon une simple contingence ou grâce à une vue de l’esprit. La restauration passera inévitablement par une action militante ciblée et cohérente.
Le fait de soutenir des personnalités qui déclarent être « contre le Christ » (6) ou qui n’entendent pas remettre en cause toutes les lois anti-naturelles, s’ils parviennent au pouvoir, reste un acte que je réprouverai toujours. Plutôt que de défendre des valeurs chrétiennes et des principes monarchistes dans leur intégralité, ces militants se retrouvent à défendre des combats incomplets et parfois contradictoires avec leurs croyances profondes.
Il paraît évident qu’en rejoignant des figures comme Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen, Marion Maréchal, Éric Zemmour, François-Xavier Bellamy ou même Laurent Wauquiez, pour ne citer que les plus visibles, les catholiques et monarchistes ne soutiennent pas une cause légitime. Au contraire, ils diluent leurs efforts dans des combats qui, loin de contribuer à la restauration de la monarchie, alimentent des principes politiques fondamentalement opposés au traditionalisme politique français reposant sur le catholicisme et le monarchisme. Ce n’est pas en soutenant ceux qui défendent des modèles politiques étrangers ou même hostiles à la monarchie que cette dernière retrouvera sa légitime place. Cette logique se montre imparable ! Si les catholiques et les royalistes militent pour des républicains et des démocrates qui œuvrera pour le retour de la royauté ?
Au lieu de se disperser et même de s’épuiser dans des partis comme le Rassemblement National, Reconquête ou Les Républicains, les catholiques et les royalistes auraient dû créer des structures spécifiquement dédiées à nos causes. Pourquoi ne pas avoir développé des groupes de réflexion, des cercles de lecture et de débats, voire des associations sportives et caritatives dans chaque ville ou village au lieu de tracter pour des candidats se présentant à la Présidentielle ? Depuis 2017, et même avant, si ces militants avaient concentré toute leur énergie, leur conviction et leur implication dans cette direction en fondant des associations d’entraide, de réflexion et de cohésion pour le projet catholique et monarchiste, la situation de notre cause serait bien différente aujourd’hui.
Les élections présidentielles, dévoratrices d’énergie et de ressources, ne seront jamais la solution ; c’est à travers des actions concrètes, sur le terrain et au quotidien, que nous pourrons réellement faire avancer notre idéal politique. De plus, nous savons depuis deux mille ans et plus qu’élection rime avec guerre civile permanente et compétition électorale. Cette dernière se conjugue avec démagogie, mensonge, corruption et trahison…
Travaillons, dès maintenant, à l’émergence d’un système politique dans lequel la première place de l’État ne souffrira pas de la guerre électorale. Rétablissons l’institution où le pouvoir ne dépend pas des intrigues et des manœuvres partisanes. Bâtissons de nouveau la monarchie parce qu’elle repose sur des principes profondément enracinés dans notre histoire et nos traditions. Grâce à la monarchie, le sacré, la stabilité, l'autorité et la légitimité retrouveront toute leur place dans une société saine et réconciliée.
Grâce à la monarchie, l’Église catholique occupera sa place légitime, non seulement comme guide des consciences, mais aussi comme force fondamentale dans la vie publique et politique de notre pays. Il est impératif que le catholicisme cesse d’être présenté comme une option parmi d’autres dans le débat électoral. Suite à la restauration monarchiste, le catholicisme s’ancrera naturellement dans l’espace public, contribuant activement à inspirer les Français.
J’écris depuis toujours que la monarchie offre la meilleure réponse aux crises multiples que nous connaissons. La monarchie conciliera l’ordre spirituel et temporel en réaffirmant la primauté de Dieu sur les affaires humaines, tout en garantissant une pratique de gouvernement juste et attentive pour favoriser le Bien Commun. Je ne promeus pas une utopie, mais une nécessité historique et politique. Je défends le modèle monarchiste parce qu’il est le seul capable de redonner à notre pays son âme dans le respect des traditions et des principes intemporels du catholicisme.
Par conséquent, il devient crucial de bâtir une alternative politique forte et cohérente, en rassemblant les forces militantes autour de cette vision. Il ne s’agit pas de rêver à un avenir monarchique ou de l’attendre patiemment dans son canapé ou au bistrot, mais de travailler en fonction de nos possibilités et de nos moyens à sa réalisation. Cela passe nécessairement par un militantisme tactique et stratégique ainsi que par la prise en compte des erreurs du passé (7).
Nous devons œuvrer ensemble, de manière unie et déterminée, à la restauration de la monarchie de droit divin. Pour y parvenir, certains devront impérativement abandonner les vieilles méthodes et renoncer aux idoles humaines qu’ils adulent. D’autres ne devront plus se contenter d’attendre le retour du roi, mais agir en vue de ce noble objectif. Si nous voulons triompher, mettons-nous au service du roi de France qui est en réalité le Christ-Roi…
(1) De la nécessité de s’engager en politique, article de l’auteur
(2) L’excuse de minorité, article de l’auteur
(3) L’Histoire est le théâtre de l’imprévu, article de l’auteur
(4) En 1790, déjà, les révolutionnaires avec la Constitution Civile du Clergé entendaient soumettre le Spirituel au Temporel.
(5) La droite, dite nationale, cumule neuf échecs à la Présidentielle
(6) Le samedi 15 septembre 2018, dans l’émission radiodiffusée de France Inter « Le Grand face-à-face » qui opposait Raphaël Glucksmann à Éric Zemmour, le premier rappelait alors les idées que le second avait écrites dans un de ses livres : « Vous écrivez dans votre livre quelque chose d’intéressant. Vous dites clairement : Je suis pour l’Église et contre le Christ ! ». Eric Zemmour avait répondu avec force et détermination : « Oui ! Oui, je le dis clairement ! […] Le Christ c’est pas la liberté, c’est la mort ! »
(7) Panorama critique de la droite nationale, Editions Orvilloise, septembre 2016