mercredi 30 mars 2016 - par Christophe Hamelin

Images du totalitarisme : les rives de l’étang de Berre

Constater l'évidence et l'énoncer est certainement l'exercice le plus difficile pour l'observateur. En effet, elle ne se dit pas, ne fait pas venir les mots, ne provoque pas la pensée. La réflexion ne naît que quand un événement impromptu vient briser la cohérence de l'évidence. En dehors de telles conditions, pour parvenir à considérer ce qui va de soi comme anormal, il faut connaître le passé, ou encore être habité de valeurs qui entrent en contradiction avec la normalité de l'évidence. En ce sens, il n'est pas nécessaire d'être un érudit en culture classique pour la constater. On peut ignorer les grands auteurs mais être investi de valeurs qui nous font regarder le monde comme un poète. On peut même méconnaître l'histoire mais être dépositaire d'une mémoire.

Je subodore que le totalitarisme se tient sous le sceau de la normalité, que ce qui le caractérise coule de source. Mais qualifier l'évidence aujourd'hui de totalitaire ne va pas de soi tant le totalitarisme porte la marque indélébile de sa brutalité dans ce qui a été sa première configuration, au XXème siècle. Ce faisant, nous peinons à conscientiser sa forme actuelle qui tient dans une systématicité bien plus molle mais aussi plus implacable que jamais. Le principal obstacle à son identification tient à ce que le totalitarisme indique que le système est partout. Par là, il tend à rendre cohérents les signes qui émanent du monde. Or, comme le disait Platon, la pensée naît là où un objet renvoie un signe et son contraire. Ainsi, quand je pense à un couteau, j'imagine une arme létale mais aussi un instrument de cuisine qui me permet de me nourrir et donc qui maintient la vie. C'est dans cette ambiguïté que nait l'idée « couteau ». Mais quand un système s'impose dans toutes les sphères de la vie, quand il occupe tout l'espace et tout le temps, il met les signes que renvoient les objets en conformité avec son fonctionnement. Il uniformise le monde. C'est la force de la norme. Dans un monde ainsi réglé, la pensée ne peut que s'éteindre tant elle n'a plus de problèmes sur lesquels se poser, plus de contradictions à résoudre, plus de dialectiques à analyser. Telle est l'essence du totalitarisme.

 

Images du totalitarisme : les rives de l'étang de Berre

 

Notons que ce terme est particulièrement bien trouvé. Il reste compréhensible, donc d'actualité, malgré l'évolution des sociétés modernes mais bien plus, il s'enrichit en même temps qu'il accroît notre compréhension de ce qu'il décrit. C'est un mot qui possède une capacité heuristique exceptionnelle. La perfection du contrôle total qui s'abat sur nous en même temps que la mise en coupe réglée de la planète (deux mouvements qui se condensent dans le terme de « mondialisation ») s'accordent parfaitement avec le terme « totalitaire » alors que son inventeur, Giovanni Amendola, et ceux qui lui ont succédé, d'Arendt à Orwell, ne pouvant évaluer ce terme qu'à l'aune de ce qu'on en savait à leur époque, n'étaient pas en capacité d'en comprendre toutes les implications.

 Certes, tout cela est un peu théorique mais finalement, la mise en pratique s'avère enfantine : il suffit de regarder le monde avec cette paire de lunettes non-conformiste pour découvrir l'incroyable avancement du phénomène totalitaire à notre époque. Tous les domaines sont susceptibles d'être ainsi observés. Ainsi, une zone, parmi tant d'autres il est vrai, me semble paradigmatique : une partie de ce qui fut un temps la Provence et que l'on nomme aujourd'hui les Bouches-du-Rhône.

 

Concentrons-nous en particulier sur les rives de l'étang de Berre, une zone qui a été, jadis, d'une grande beauté (on peut se reporter sur ce site incroyablement riche fait par des amoureux de l'étang – il y en a donc encore – pour en avoir un aperçu). Pour comprendre cela, il faut s'imaginer le joyau que fut la Provence. De ce qu'il nous est permis d'en savoir, on peut essayer de concevoir ce qu'y fut la vie. Ce rythme d'antan, d'avant le grand chamboulement de la révolution industrielle, sans moteur à explosion, sans salariat, sans usine, sans surveillance, bref, une vie où l'on pouvait exister en étant soi-même, dans ses petitesses et ses grandeurs1. Un temps où l'on était paysan, où l'on gardait les animaux, où l'on travaillait aux champs au rythme des saisons, où l'on savait réparer soi-même la maison, les outils, où la technologie ne nous était pas hostile, où l'on pouvait ajouter quelque chose de soi au monde commun. Une époque dans laquelle les enfants pouvaient encore être des enfants, menant une vie qui n'était pas bouffée par l'école et ses mensonges. Une existence à la sociabilité intense, aux fêtes nombreuses, où la sexualité n'était pas un drame tel que nous le fait vivre l'ordre féministe et puritain qui règne aujourd'hui2, où la virilité n'était pas un problème à traiter. Une terre où ce que faisaient les humains était habité par l'esthétisme et non par la seule efficacité. Il faut voir la beauté de ce qui reste de cette ancienne Provence et ce malgré la détérioration majeure que lui inflige le tourisme (car partout où il reste un peu de cet éclat, l'économie l'exploite par l'intermédiaire du tourisme). On peut visiter le Vieux Miramas et tenter d'imaginer le monde de silence dans lequel il baignait dans les siècles jadis, frappé par les vents, à se mirer dans l'étang de Berre. La Provence était une terre de poésie aux noms agréables tels que « Miramas », « Istres », « St Mitre », l'étang de « Vacarès », la « Crau », La « Camargue », etc. 

 

Images du totalitarisme : les rives de l'étang de Berre


photo du site Infos Étang de Berre

 

Qu'en est-il aujourd'hui ? Les Bouches-du-Rhône sont une succession de voies rapides, de lotissements hideux, avec des murs en parpaings affublés de cet horrible crépi que vendent les entreprises. Dans ce département, il n'y a plus de campagne digne de ce nom. Tout est urbanisé et quand ça ne l'est pas, ce qui fut jadis la nature s'assimile davantage aujourd'hui à une suite de terrains vagues, parsemés d'ordures, de gravats, rongés par l'érosion. Cette terre est salie pour les siècles des siècles.

 Les rives de l'étang de Berre, qui ont dû jadis être une des expressions les plus certaines de la vie bonne, ressemblent désormais à l'enfer. Littéralement saccagées par EDF, le complexe militaro-industriel, la pétro-chimie, etc., il n'y a plus de lieu à l'abri de la fureur moderne. Tout est construit, modifié, travaillé. L'étang est mort. Les espaces sont aplanis, soumis à la géométrie.  L’œil souffre de ces angles acérés, de ces cylindres parfaits ; la vue fatigue à force de se heurter à des formes préfabriquées. Parlons un peu de cette géométrie qui, rappelons-le, n'a pas de réalité car elle n'est qu'une vue de l'esprit, un idéal : il n'existe pas de cercles dans la nature, pas de carrés ou que sais-je encore. Mais notre regard aliéné est en train de générer un monde nouveau, fait de ces formes imaginaires. La simplicité des formes géométriques a prit la place de la complexité de celles de la nature. Il est même de bon ton de s'extasier en trouvant cela beau, de pérorer sur « les formes épurées » d'une architecture, ce qui revient à acquiescer à l’œuvre d'appauvrissement des formes de la matière qu'opère le système. Notre regard est en train de construire un monde sans souci de ce qu'est le monde. L'idée du beau remplace ce qui est naturellement beau et s'en émancipe progressivement. Dans l'ancienne façon d'exister, nous façonnions nos constructions en épousant les formes du terrain. Maintenant, nous aplatissons tout et après nous construisons géométriquement. Bref, l'idéologie est en train de donner sa forme au monde. Un jour, si cette civilisation ne s'écroule pas avant, Marseille sera les Bouches-du-Rhône. Tout sera absorbé dans la gigantesque conurbation qui est en train de naître. Cette généralisation de la laideur sera, et est déjà, un des signes les plus cohérents de la généralisation du fonctionnement comme nouvel ordre de marche du monde. La poésie n'y est plus possible. Il y a là une expression majeure de ce qu'est le totalitarisme, une expression que ne pouvaient imaginer les premiers penseurs à avoir travaillé sur ce thème.

Au bout de l'étang, un feu dantesque émane d'une gigantesque torchère, sur le complexe pétrolier de La Mède. Quand le ciel est nuageux, il enlumine les cieux d'un rouge satanique. Et l'on est perdu face à la taille de ce titan. Rien ne semble humain dans ce monstre technologique. La taille des aménagements industriels de la région dépasse l'entendement. De l'étang de Berre à Port-Saint-Louis-du-Rhône, des installations pharaoniques singent les phénomènes naturels avec des cuves grandes comme des collines, des cheminées qui crachent comme des volcans. Face à de tels colosses, il n'est d'autre alternative que de se cacher, de se faire petit, d'accepter sa condition d'être de chair et de sang face à des forces mécaniques qui se jouent désormais de la nature. Et l'on apporte son offrande à ces champions cyclopéens qui nous alimentent comme jadis la nature nous nourrissait ; on sacrifie sa vie, ses enfants (il semblerait d'ailleurs que la mortalité infantile soit particulièrement élevée sur les rives de l'étang de Berre mais chut...) que l'on renonce à éduquer et que l'on met dans les mains de la mégamachine industrialo-étatique, dans des écoles qui inculquent la soumission en éteignant cette jeunesse qui mourra bien rapidement de tout ce temps perdu. Ainsi, le monde s’engloutit chaque jour dans ces mastodontes, pour en ressortir le soir, épuisé. Jamais un dieu n'a exigé autant que ceux-là. C'est dans cette ambiance de fin des temps que, quotidiennement, dans un air vicié, pollué par la production et les déplacements, une foule immense rentre chez elle, exténuée. Chacun se cloître après les courses effectuées dans d'immenses centres commerciaux, lieux de reproduction de la force de travail où, là encore, rien n'est naturel, où la masse est gérée en flux comme le bétail qu'elle est devenue, lieux où règne une beauté d'artifices qui n'a d'autre fonction que de nous tromper. 

 

Images du totalitarisme : les rives de l'étang de Berre

 

Il y a quelque chose de surréaliste à se promener aujourd'hui dans les villes martyres qui jouxtent l'étang de Berre. Tôt le soir, les rues sont désertes, balayées par un vent qui fait voler quelques plastiques. Les portes sont fermées, il n'y a plus de lieux publics, les rares cafés ouverts sont peu fréquentés, sans ambiance. Quelques rares arabes, plutôt jeunes, déambulent : vieux réflexe oriental qui aura disparu dans une génération, avec l'embourgeoisement. Dans la ville moderne, il n'y a quasiment plus de sociabilité. Des fenêtres des habitations émanent la lueur bleutée caractéristique des écrans. Il est fascinant d'imaginer ces millions d'yeux obnubilés par cette même lumière, par ces mêmes programmes planifiés par des professionnels pour divertir une main-d’œuvre abêtie. La population3 est esseulée en même temps qu'entassée. Alors dans les faubourgs, dans les lotissements, on lit l'angoisse grandissante dans ces murs qui, au fil du temps, se rehaussent. Même si personne n'arrive à mettre en mot l'horreur quotidienne, chacun a soif d'intimité dans son foyer, dans ce dernier pré-carré qui échappe aux furieux battements de queue du monde, où l'on nous fout un peu la paix. Telle est l'expression de la désolation dont la ville méditerranéenne française est l'archétype. Il n'y a plus de peuple car l'action est confisquée par une oligarchie ultra-minoritaire qui décide de tout. Il n'y a plus de production populaire non plus car la production est désormais l'apanage des entreprises. Même dans l'intimité du foyer règnent les rythmes modernes qui, de l'organisation de la cuisine à celle des divertissements, préviennent toute pensée. Et, partout, le bruit : que ce soit celui de la production ou des transports, le bruit est constant, même la nuit où perdure toujours un fond sonore. Voilà ce qu'est la désolation. Mais comment l'idée du totalitarisme ne nous frappe-t-elle pas davantage ? Est-ce pour maintenir ce mode de vie que l'oligarchie fasciste nous enjoint de combattre le « terrorisme » ? 

 

Images du totalitarisme : les rives de l'étang de Berre

 Roland Topor : L'homme à la cape

 

Poursuivons cette charmante balade dans ce que les dépliants touristiques nomment encore « la Provence ». Le passé y est aboli : à peine bâtis, les bâtiments sont rasés ; avec quelques raisons d'ailleurs puisque la qualité de leur construction ne leur laisse qu'une espérance de vie de quelques décennies. De cette époque ne subsistera rien d'autre que la désolation. Le paysage est en déstructuration permanente : malheur à celui qui s'attache à un lieu car il le retrouvera, à terme, irrémédiablement transformé. Comment une terre ainsi annulée peut-elle engendrer la moindre poésie ? Imagine-t-on un Brassens composer son « Heureux qui comme Ulysse » en pensant aux Bouches-du-Rhône ? Celui qui aura vu « cent paysages » et reviendra « au pays des vertes années » ne pourra qu'être frappé de stupeur et se résigner à la destruction de sa mémoire par le chamboulement permanent que la mégamachine organise en tout lieu.

 Dans ce cadre, la population n'a plus de culture, plus d'attache et vadrouille au gré des besoins de l'appareil productif qui la balade par le chantage à l'emploi. Sans racine, sans identité, elle n'a plus aucune force ; à se demander si ce n'est pas ce que recherche l'oligarchie... Que s'est-il passé ? Comment cette configuration de l'horreur a-t-elle pu naître ? Il faut bien comprendre qu'aux XIXème et XXème siècles se produisit quelque chose de primordial dans les rapports que le pouvoir central entretient avec les peuples. D'une configuration de simple ponction exercée sur les richesses créées par les communautés paysannes, le pouvoir central est passé à une idéologie de mise en service de la population. En d'autres termes, alors que, dans la configuration de base de la sédentarisation issue du néolithique, les peuples dépendaient des cycles de la nature pour leur survie, avec le salariat s'effectue un transfert gigantesque vers la mise sous dépendance des gens vis-à-vis d'un appareil productif nouveau : l'industrie. Avec ce mode de production, nous n'avons d'autre alternative que de nous en remettre au bon vouloir d'un système aux mains d'une classe sociale qui nous est hostile (et non plus de la nature) pour assurer notre survie. Bref, nous sommes dans l'ère de l'arbitraire et de l'insécurité car nous ne sommes plus dépendants de cycles naturels mais de situations politiques qui nous dépassent. Tout le monde a peur, attend la prochaine crise la tête dans le guidon et se concentre sur la subsistance de son foyer en cherchant les moyens de s'adapter au mieux aux réquisits d'un système de domination démesuré. Ne restent plus que les anxiolytiques pour tenir...

 

Images du totalitarisme : les rives de l'étang de Berre

Roland Topor : L'homme déraciné

 

Ainsi, la Provence (mais aussi la France) est une terre sans peuple. Quasiment plus personne ne la protège (les gens du site Infos Étang de Berre - et d'autres j'en suis sûr - me font mentir, je le concède, mais ils sont parmi les rares exceptions qui, malheureusement, confirment la règle). Elle est livrée au pillage de ce qu'elle fut, abandonnée à l'hybrys de l'oligarchie fasciste régnante. Avec le déracinement, plus personne ou presque ne mesure l'ampleur du saccage dont elle est victime. Obnubilée par la verroterie du progrès, la population la voit se déliter sous ses yeux apathiques, acquiesçant par son silence à la destruction de l'environnement et de l'histoire. Le bouleversement permanent du paysage s'effectue sans la moindre nostalgie et la poésie disparaît sous la géométrie, et la terre fonctionnalisée devient « territoire ».

Et je me revois sur cette côte de la Couronne, à coté de Martigues, à regarder éberlué un nombre inquiétant de supertankers croiser au large de cette poubelle qu'est devenue la Méditerranée, surplombée par un ciel maladif au blanc étrangement laiteux, à essayer de comprendre pourquoi tout semble s'effondrer sous mes pas, à tenter de saisir l'ampleur de mes mutilations. Comment en sommes-nous arrivés-là ? Comment cela est-il possible ? Sur les rives de l'étang de Berre, comme ailleurs (finalement, peu importe le lieu puisque tout est pareil), que reste-t-il à faire si ce n'est d'allumer une torche en plein jour, à la manière de Diogène, pour partir en quête d'un humain dans la pénombre de la Modernité ?

 

Christophe Hamelin

 

 

1Je vois d'ici éructer les habituels catéchumènes du progrès avec leur sempiternelle rengaine de moutons obnubilés par leur sécurité et prêts à toutes les compromissions. : l'espérance de vie très basse (argument en partie fallacieux mais qui, même invalidé devant eux, leur ressert dès le lendemain, comme si l'invalidation n'avait servi à rien), les seigneurs qui dominaient tout le monde (comme si un seigneur du Moyen-Âge avait eu autant de pouvoir qu'un bourgeois aujourd'hui. Là, même problème que précédemment : la démonstration ne sert à rien), la violence (comme si aujourd'hui, elle était moindre qu'avant), les famines (même si on leur répète que le phénomène ne prend vraiment de l'ampleur qu'à l'époque moderne), etc., toutes ces bêtises transmises par l'école et l'industrie culturelle auxquelles ils croient dur comme fer. Une autre de leur stratégie consiste à faire comme si l'on parlait du temps d'après la révolution industrielle – donc qu'ont pu connaître nos arrières grands-parents – et de là, se plaindre, par exemple, de la condition de la femme et transvaser ainsi son aliénation dans la société bourgeoise (qui n'est pas supérieure à celle de l'homme, n'en déplaise aux féministes) dans les temps pré-industriels de façon à dire que « ça a toujours été comme ça ». Ces aveugles abhorrent l'idée que le passé ait pu être mieux que le présent, donc il ne faut pas la dire. Non pas parce qu'ils se sont renseignés, non pas parce qu'ils ont cherché, mais parce que c'est comme ça. C'est comme si il y avait une loi de l'histoire, « l'évolution », qui fait que tout ne peut que s'améliorer ou, au pire, ne peut pas se dégrader. D'ailleurs, une partie de l'extrême-droite a cette nostalgie du passé : voilà donc une preuve supplémentaire que c'est faux puisque l'individu d'extrême-droite est une sorte de bestiole, ou un malade, qui ne peut avoir raison puisqu'il a tort en tout vu qu'il est d'extrême-droite. CQFD. Quand on dit ce qui a pu être bon jadis, leur petite dictature de demi-instruits oblige à tempérer immédiatement le propos en affirmant ce qu'il y avait de mauvais également, pour bien montrer qu'on ne fait pas l'apologie du passé. Je conseille à ces endoctrinés d'aller se cultiver un peu avant de rabâcher ces préjugés que leurs maîtres leur ont appris pour les priver de toute confiance en l'humain. De toute façon, ces gens, que je connais par cœur (d'ailleurs chacun remarquera que les arguments que je viens de mentionner sont exactement les leurs, car c'est toujours la même antienne), cultivent cette posture pour ne pas remettre en cause le fragile équilibre psychologique que leur entêtement à ne pas comprendre entretient de façon à survivre aux conditions d'exploitation du travail actuelles. Bien plus, cette attitude nous jette dans les bras du progrès et des institutions bourgeoises en nous plongeant dans le pessimisme du fait que, puisque « ça a toujours été comme ça », il ne reste qu'à s’accommoder de ce qui est. En cela, j'affirme être un optimiste car, au regard du passé, je peux affirmer que notre condition actuelle ne tient pas à notre nature (sinon, le contrôle total aurait toujours existé, ce qui reviendrait à nier le caractère de nouveauté qui réside dans le phénomène totalitaire) mais à une configuration particulière, donc qu'elle peut s'améliorer alors que ces soumis n'ont que l'adaptation à nous proposer.

 

2L’œuvre de Pier Paulo Pasolini nous donne un point de vue très accessible et très informé de ce que fut la sexualité jadis.

 

3Le terme de population est important car il nous fait passer du statut de peuple, c'est-à-dire de groupements humains possédant une identité, à celui de population, qui n'est qu'un agrégat statistique.



13 réactions


  • Le p’tit Charles 31 mars 2016 07:00

    +++++

    Le béton gagne la partie..c’est le « progrès » des hommes sur la nature, ou la connerie sur l’intelligence.. !

  • Passante Passante 31 mars 2016 08:14

    magnifique et terrible -

    comme une voiture.

  • riberon (---.---.30.76) 31 mars 2016 09:31

    venez habiter dans le perche 01 39 54 00 31

    campagne assurer taxe 320 € 


  • Ramponeau (---.---.141.199) 31 mars 2016 12:36

    Très bel article.

    Tout y est ... 

  • fcpgismo fcpgismo 31 mars 2016 13:05

    Magnifique article l’anthropocentrisme cause première, la cause des causes.


  • ZenZoe ZenZoe 31 mars 2016 14:53

    Alors là, on ne peut qu’être d’accord !
    J’ai connu ce coin (comme toute la côte de Nice à Perpignan d’ailleurs) et j’affirme sans ciller que le 20ème aura été le grand gagnant de la laideur maximale dans presque tous les domaines et surtout celui de l’environnement. Les dégâts subis sont irréparables, absolument, et pour quels résultats ? Des Français malheureux, appauvris, précaires, dégoûtés de presque tout. Et qui n’ont même plus de pinèdes avec des cigales pour aller se ressourcer !


  • TSS 31 mars 2016 18:29

     il y a quand même quelques progrès !

     le tunnel du Rove s’est effondré donc moins de bateaux.

     les effluents d’EDF sont devenus pratiquement inexistant .


  • alinea alinea 7 avril 2016 19:56

    C’est une merveille cet article, il nous englobe dans le froid de l’horreur et dans le chaud de la beauté d’un être, on ne peut que pleurer et où que l’on regarde, on ne peut que pleurer.
    L’émotion que donne ce regard, comme celui d’une âme soeur qu’on aurait ignorée, tisse une consolation, un petit espace de quiétude à n’y être pas seul.
    Mille fois merci


    • alinea alinea 28 août 2018 16:58

      @Christophe Hamelin

      Il faut choisir : le temps long, la beauté, le calme jusqu’à l’ennui parfois, la santé sans soins ou bien, l’immédiateté, la laideur, l’excitation jusqu’à la violence ou la guerre parfois, la maladie avec soins.
      Les hommes ont-ils choisi ou bien leur a-t-on fait choisir ?
      Il y a évidemment des deux, mais tant que je m’accrocherai,- bien que mes accroches soient de plus en plus rouillées-, à l’idée de mes égaux congénères, je penserai qu’agir sans conscience est une responsabilité. Sinon je n’arrive pas à savoir comment je pourrais concilier l’importance de cette réalité que les humains seraient mes confrères et constater que la plupart d’entre eux ne sont que les jouets de puissants psychopathes.
      Comment accepter l’enfer si on ne l’accepte pas ? Le jour où j’aurai pénétré cette équation, je serai peut-être moins con.

  • velors 16 août 2019 07:12

    Je n’ai pas aimé le passage suivant...

    « Quelques rares arabes, plutôt jeunes, déambulent : vieux réflexe oriental qui aura disparu dans une génération, avec l’embourgeoisement. Dans la ville moderne, il n’y a quasiment plus de sociabilité »

    qui constitue une faute grave de votre part.

    Néanmoins votre article philosophique est assez bon

    #velors


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