lundi 26 novembre 2007 - par phiconvers

Ingrid Betancourt : et si on se plantait complètement ?

On a l’impression d’avoir tout lu et tout entendu sur le Chavez maladroit et bonhomme, interrompu dans sa bienveillante médiation par un Uribe pète-sec, boutefeu et pas plus humain que les vilains dictateurs militaires auxquels il vouerait un culte secret sous les caissons de son palais d’opérette.

Ingrid Betancourt est la seule personne qui vaille en effet aux Andes du Nord l’hommage d’un certain intérêt de la presse française. Périodiquement, on excave quelques experts et il nous est demandé d’écouter religieusement Mélanie Delloye-Betancourt nous expliquer la complexe géopolitique de la région, laquelle tourne évidemment exclusivement autour de la Jeanne d’Arc d’Amérique du Sud. Et nous sommes censés verser une larme compassionnelle en frémissant avant de nous replonger vite fait dans notre actualité nombriliste où, à défaut de guérilleros, nous admirons ou craignons des cheminots syndiqués et où en guise de discours martiaux on applaudit ou fustige les rodomontades sarkozyennes sur la décote, la surcote et les annuités des régimes spéciaux.

Cinq ans et quelques mois de gesticulations françaises et Ingrid n’a pas été libérée. Elle est aujourd’hui morte ou vivante, mais est en tout cas sans aucun doute possible le plus bel atout que nous avons offert aux Farc, ses ravisseurs, par notre impéritie et notre satanée coutume de caresser les méchants plutôt que de soutenir ceux qui leur tapent dessus.

J’aurais voulu vous parler de tout ce qu’il y a d’autre en Colombie que cette triste affaire, des montagnes magnifiques, de la cumbia, de la salsa, des soupes chaudes et savoureuses de la montagne, des jolies filles, des corridas, de l’incroyable joie de vivre de tout un peuple qui a décidé d’être heureux malgré les salopards. Je l’ai fait jusqu’il y a quelques mois sur un blog dédié à l’Amérique latine, mais la monochromie de la photo qu’on veut encore nous vendre en France m’impose de me concentrer à la difficile tâche de pigmenter un peu pour vous cette seule photo de Chavez, Uribe et la famille Betancourt.

Chavez : un drôle de bonhomme, lieutenant-colonel parachutiste et putschiste malheureux qui s’est rangé aux règles de l’élection quand il a senti qu’elles lui étaient favorables. Dix fois ou presque adoubé par un peuple fatigué des démocrates fantoches à la solde d’une invraisemblable oligarchie le Chavez. Il a suffi à don Hugo de distribuer quelques miettes aux pauvres pour faire mieux en matière de redistribution que tous ses prédécesseurs réunis. Mais j’ai bien dit quelques miettes. Et j’oubliais des milliers d’heures de discours plus ou moins fleuris mordant au grand dam des Vénézuéliens sur les telenovelas qui ont l’immense mérite de distraire leurs aficionados des soucis quotidiens. Jusque-là, rien de bien méchant donc. Sauf que Chavez se veut l’héritier de Fidel Castro et préfère aller crier sa haine de l’Occident aux côtés du bon petit père Ahmadinejad et acheter des armes au courageux Loukachenko que de faire fructifier le pactole d’un pétrole cher au profit de ses électeurs... Dans quelques jours, don Hugo demande aux Vénézuéliens d’assurer au socialisme radieux un avenir sans obstacle. Pour ça, il faut réformer la constitution et permettre au seul interprète du libertador Simon Bolivar, j’ai dit Hugo, de se représenter « jusqu’à ce que ses os soient désséchés ». Et cet abruti de peuple doute, dit-on. Rien de tel qu’une bonne diversion internationale pour faire taire ces insolents d’opposants, lesquels doivent de toute façon être à la solde du démon Bush... Se fâcher avec Bogota, en voilà une idée qu’elle est belle ! Après avoir voulu faire du malheureux Juan Carlos d’Espagne l’héritier belliqueux des plus sauvages des colons espagnols, avoir disserté sur Victor Hugo à Paris faute de pouvoir présenter les premiers résultats tangibles de sa médiation avec la guérilla, exciter l’opinion publique contre ces méchants Colombiens butés va distraire ce fichu peuple...

Uribe : un phénomène dans son pays méconnu, qui continue d’atteindre une popularité supérieure à 70 % cinq ans après sa première élection à la présidence de la République. Et ceci malgré la guerre, atténuée, mais pas terminée, malgré les otages que les Farc ne lâchent pas, malgré les péripéties d’une vie politique viciée par la drogue, les alliances impardonnables des caciques locaux avec les groupes armés, malgré l’opprobre de la gauche et de certains démocrates américains. Le problème, c’est que les Colombiens savent que leur pays n’est pas la Suisse et jugent leur président à l’aune du possible et non de l’idéal. Et les progrès enregistrés par leur Alvaro Uribe leur semblent considérables. Et puis, les Colombiens, comme leur président, ils n’aiment pas les Farc, mais pas du tout. Et ils savent qu’il n’y a aucune négociation possible avec ces tarés. Ils espèrent seulement qu’un jour, lesdits tarés, affaiblis, isolés, menacés d’extradition vers les Etats-Unis, tenteront alors un compromis avec les institutions qu’ils combattent depuis plus de quarante ans.

La famille Betancourt : une famille de l’oligarchie colombienne, qui a plus vécu en France qu’en Colombie. Un carnet d’adresse qui n’a rien à envier au who’s who. Le père qui fait le lien avec la France, Fabrice Delloye, ex-mari et conseiller commercial viré pour son manque de diplomatie, ne comprend pas que l’on n’ait pas compris qu’il avait tout compris mieux que tout le monde. Il trouve très normal de parler géopolitique sud-américaine à l’Elysée chaque semaine et est sûr de le faire mille fois mieux que l’ambassadeur de Colombie. Astrid, la sœur de la captive, qui s’est dégottée un compagnon, diplomate de choix, en la personne de l’ancien ambassadeur de France à Bogota, devenu l’architecte de la stratégie française dans le dossier. Insubmersible Daniel Parfait, qui a vendu sa politique depuis 2002 aux autorités françaises successives, avec les résultats que l’on sait. Mélanie, la fille, qui aurait pu être touchante si elle ne s’était pas trompée de cible et si son juste chagrin se suffisait à lui-même. Mais non, la gamine nous explique la vie politique colombienne et exige de nous que nous comprenions que sa mère, otage parmi des milliers, est le principal déterminant de l’histoire andine. Sa grand-mère, Yolanda Pulecio, ne comprend plus l’époque. Comment peut-on lui faire ça à elle, l’ex-miss Colombie qui a dûment fréquenté les meilleurs salons de Bogota et de la jet-set latino ? Juan-Carlos, le mari d’Ingrid, qui m’est le plus sympathique parce qu’il comprend que toute l’agitation dans les hôtels particuliers du 7e arrondissement n’est pas d’un grand secours pour lui rendre sa chérie. Et puis Ingrid elle-même, dont on ne sait rien depuis 2003 et son message vidéo dans lequel elle refusait d’être échangée contre des guérilleros emprisonnés (on l’a oublié, cet épisode, au fait ?).

Voilà, ce triptyque un peu tragique. Et si nous changions de stratégie et décidions d’exercer nos modestes pressions sur les Farc, les seuls coupables de l’affaire ? Et si nous décidions de comprendre que la médiation Chavez pose de fort légitimes difficultés aux Colombiens ? Et si nous nous posions la question de savoir si Chavez n’a pas dépassé les limites fixées par Uribe parce qu’il savait que sa médiation était vouée à l’échec et qu’il voulait en faire porter la responsabilité aux Colombiens ?

Puisse mon témoignage de colombianophile convaincu vous donner un autre éclairage sur ce triste jeu de dupes. Moi, je crois qu’un mandat d’arrêt contre les responsables des Farc et une coopération opérationnelle accrue avec le gouvernement colombien sont bien plus susceptibles de faire réfléchir les Farc et de les pousser à négocier. Et j’ose espérer que si négociation il y a un jour, celle-ci ne concernera pas l’infime minorité d’otages « échangeables », sur lesquels portent toutes les discussions depuis cinq ans, mais sur l’ensemble des otages anonymes. Pour l’instant, on ne peut que reconnaître la puissance de la stratégie de communication des prétendus amis d’Ingrid et, tout à la fois, sa profonde inanité.



136 réactions


  • Jacinto Lopera 28 novembre 2007 07:40

    « Je suis persuadé que la LIBERTÉ obtenue par des moyens malhonnêtes ou avec le sang des autres n’est pas LIBERTÉ » GANDHI. Je suis convaincue de mon côté, que la liberté des français, de la France, les démocraties européennes, ont été obtenu par des moyens assez malhonnêtes, avec le sang et la souffrance des autres, ses crimes n’ont jamais été condamnés ni les victimes indemnisées. Le 16 novembre 2007, 150 personnes ont défilé en demandant la libération d’Ingrid, 150 personnes qu’ont prises en Otages les 40 million de colombiens pour libérer qu’une seule, Ingrid, 40 millions de colombiens qui cherchent la Paix, Paix que s’éloigne chaque jour plus par « l’affaire Betancourt ». Samedi dernier seulement 30 personnes defilerent devant la maison de l’ambassadeurs de la Colombia, seulement 30 personnes qui prennent en otages 40 millions de COLOMBIENS. « Yo me despido » de vous, avec l’espoir qu’un jour nous serons libres et indépendants de l’impérialisme occidental. I HAVE A DREAM, THAT ONE DAY, INDIA Y CHINA CALLARAN AL ARROGANTE OCCIDENTE ;


  • Jacinto Lopera 28 novembre 2007 08:48

    Pour mon il est très clair : Que ce qui ont fait les PINOCHET’S au nom de la dictature en Amérique latine, l’ont fait les FRANÇAIS, les EUROPÉENS au nom de la démocratie, de la civilisation en Afrique, en Asie. Je voudrais vous présenter les nouveaux amis de la Colombie, d’abord les petits-fils de « Léopold » Roi des Belges, un grand démocrate en Europe, mais sanguinaire et exterminateurs en Afrique, et les Petits-fils de Jules Ferry, père de l’école publique en France, un grand démocrate en Europe, mais sanguinaire et colonisateur en Afrique du Nord.

    Je voudrais finir avec deux phrase : une de Victor Hugo au capitaine Butler qui lui avait demandé son opinion sur l’expédition anglo-française de 1860 et la destruction du Yuan ming Yuan : « Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France. L’autre s’appellera l’Angletterre. Mais je proteste, et je vous remercie de m’en donner l’occasion : les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés ; les gouvernements sont quelquefois les bandits, les peuples jamais »

    Et l’autre de Phan Boi Chau un de lettré qui lutta contre l’occupation civilisatrice de la française au Vietnam quand ses amis voulais qu’il se rend à l’arme française pour sauver la vie de son frère : « Depuis que je suis dans notre mouvement, j’ai oublié les problèmes de ma famille, ou de mon village. Car je n’ai qu’une seule tombe, très grande, à défendre, celle de mon pays, la terre du Vietnam. Et mon frère en danger, ce sont mes vingt millions de concitoyens. Si je sauve mon frère, qui donc sauvera les autres .

    ...Si nous sauvons Ingrid, qui sauvera les reste de Colombiens ? Los SUPER EUROPEOS civilizadores.


  • pouny 28 novembre 2007 17:54

    Tout d’abord merci à Phiconvers de enfin montrer la véritable problématique du problème Bettancourt en Colombie. J’y suis allé plus d’une de vingtaine de fois et j’aimerais répondre à un certain nombre de personnes :

    Tout d’abord en ce qui concerne la sécurité, la situation c’est beaucoup améliorée depuis 5 ans. Coincidence ou non cela correspond a l’arrivé de Uribe au pouvoir et a la reprise de la lutte armée contre les FARC (offensives dans les provinces du sud et de l’est et reconquete de plusieurs villages).

    Sur le fond je pense que le pb Bettencourt est tres delicat. Savez-vous que au moment des elections presidentielles au cours desquelles fut enleve Ingrid et sa directrice de campagne, le gvt colombien Pastrana de l’epoque avait prevenu la candidat du risque qu’elle encourait et de son incapacite a assurer sa protection. Par ailleurs Ingrid n’etait a l’epoque que credite de tres peu de sondages, sa campagne se revelant un veritable flop politique. Je ne comprends pas l’action de la France et de son « partenaire » Venezuelien. Ne sont-ils pas concient que le cas de Ingrid est celui de milliers d’autres colombiens ? Existe-t-il une hierarchie dans la valeur d’une vie humaine ? Ingrid etait parfaitement conciente du danger auquel elle s’exposait. C’est triste a dire mais j’eprouve plus de compassion para un pobre chico de nuestro pais qui n’a rien demandé a personne et se retrouve prisonnier en pleine jungle a la suite d’une de ces innombrables « peches miraculeuses ».

    Enfin je partage une partie des observations de M.Phiconvers a savoir que le gvt colombien malgré ses innombrables défauts, les reels pb de corruption qui existe, rest néanmoins la seule autorité legale. Et ca messieurds sur le plan du droit international cele s’appelle un Etat souverain au meme titre que la France d’ailleurs. Je rappelle d’ailleurs que les FARC sont une organisation criminelle qui vit sur l’argent de la drogue et reconnu comme tel par l’UE et les Etats- Unis. C’est en cela que la legitimisation de leur statut et de leur revendications par Chavez est un acte innacceptable. Le simple fait de recevoir les FARC au meme titre qu’une delegation etatique constitue un accident diplomatique gravissime ! Imaginez la Grande Bretagne soutenir et recevoir ouvertement a Londres une delegation du FLN Algerien en plein coeur du conflit Algerien (1955-1962) !

    Je ne suis pas entierement d’accord avec tous les arguments et les observation de M.Phiconvers mais cette article a l’immense merite de enfin donner une autre vision du pb Bettancourt qui mine les relations franco-colombiennes. De plus il met parfaitement en lumiere le jeu de dupe que mene la France depuis 5 ans tout cela orchestré longtemps par la clique villepeniste en la personne de Daniel Parfait. Sachez que la Colombie est un pays riche qui fait ce qu’elle peut pour s’en sortir. Mais si les puissances telles que la France ou le Venezuela sont decidees a recinnaitre les FARC et a leur octroyer une legitimite internationale, c’est une veritable multinationale de la drogue que l’on creera, sans parler des souffrances du peuple, qui loin d’etre attenuées en seront renforcées.


  • Proudhon Proudhon 28 novembre 2007 20:08

    Si il est une chose que j’ai appris sur les forums de discussion c’est que vous ne ferez pas changer d’avis celui qui pense avoir raison de toute façon. C’est peine perdue.

    Les nazis qui croyaient au nazisme sont toujours restés nazis et celà jusqu’à la fin de leur vie.

    Les adeptes des USA et du capitalisme mondial ne changeront jamais d’avis. Même lorsque leur système bien aimé aura sombré ou qu’il aura entrainé une troisième guerre mondiale. Ils l’attribueront toujours au bouc émissaire que leurs amis leur auront proposé.

    Je me suis toujours demandé si un mec comme Bush baisait leur femme et leurs gosses, ce qu’ils feraient vraiment. Ils lui demanderaient sans nul doute un autographe ou un chèque.

    Un forum hormis l’article de base est bien souvent un défouloire.


  • phiconvers phiconvers 28 novembre 2007 21:42

    == Message général ==

    A ceux qui sont intéressés par des sources sur la Colombie que je consulte, voici quelques lignes et plusieurs liens que j’avais écrit il y a plusieurs mois. Il y a matière à potasser :

    — - http://fr.groups.yahoo.com/group/info_colombie/message/398 (article du Monde)

    http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/05/05/AR2007050500793_pf.html

    Le gouvernement colombien est en difficulté. Accusé par une (fraction de la) gauche hargneuse et jalouse de ses succès d’avoir partie liée avec les groupes paramilitaires depuis le début de sa carrière politique, le président Uribe s’en est toujours défendu et a manifesté pendant son gouvernement beaucoup plus de fermeté à l’égard de ces groupes armés que les gouvernements précédents. Les Autodéfenses unies de Colombie (AUC), principale fédération paramilitaire, sont démobilisées depuis l’année dernière. Bien sûr, certaines pousses ont repris et les combattants démobilisés ne sont pas encore réinsérés. Les principaux responsables de ce mouvement sont en prison et, dans le cadre de la loi de Justice et Paix, peuvent obtenir des peines inférieures à ce qu’ils méritent (jusqu’à huit ans de prison) s’ils disent toute la vérité sur leurs agissements et indemnisent à concurrence de leurs moyens (souvent immenses) leurs victimes. Ce processus, qui ne fait pas suite à une défaite militaire des AUC, a été l’objet d’une âpre négociation et d’une vigilance intense de la part des institutions judiciaires et constitutionnelles du pays, mais aussi de l’organisation des Etats américains (OEA). La loi Justice et Paix, si elle est correctement appliquée, restera comme l’un des rares cadres juridiques d’une démobilisation de groupe armé prévoyant des peines de prison pour ses responsables.

    Et pourtant, certains leaders de gauche, souvent démobilisés eux-mêmes de guérillas communistes, ont réussi, à la faveur de la victoire démocrate aux élections législatives américaines fin 2006, à convaincre une partie des parlementaires démocrates US qu’il fallait punir Uribe pour ses liens supposés avec les paramilitaires. Premier coup de semonce, 55 millions de dollars qui devaient être versés au gouvernement colombien dans le cadre du Plan Colombia ont été gelés la semaine dernière par un comité du congrès américain présidé par un démocrate. La ratification du traité de libre-échange entre les deux pays est également compromise. Enfin, l’ex VP Al Gore (l’écolo grand consommateur d’énergie) vient de renoncer à participer à un forum sur l’environnement pour ne pas s’afficher sur les planches à côté du président Uribe.

    A ceux que la question intéresse, je vous invite à vous faire votre propre idée de la question en consultant les sites suivants, ce qui suppose de comprendre l’Anglais et l’Espagnol ; je place quand même quelques liens en Français :

    La gauche colombienne dénonce les liens entre des proches du président Uribe et les milices paramilitaires : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-898407,0.html

    Merci Petro : http://www.ikiru.ch/tonio/merci-petro/

    En Anglais et en Espagnol :

    Conférence de presse du président Uribe à Miami le 20 avril http://www.presidencia.gov.co/prensa_new/sne/2007/abril/20/12202007.htm Rapport (particulièrement fouillé) de l’International Crisis Group sur l’émergence de nouveaux groupes armés en Colombie (10 mai 2007) :

    http://www.crisisgroup.org/library/documents/latin_america/20_colombia_s_ne w_armed_groups.pdf

    Le point de vue de la presse colombienne : http://www.elpais.com.co/paisonline/notas/Abril212007/parapo.html http://www.elpais.com.co/HOY/OPN/opi1.html http://www.semana.com/wf_InfoArticulo.aspx?idArt=102283 http://www.eltiempo.com/opinion/editorial/2007-04-19/ARTICULO-WEB-NOTA_INTERIOR-3519551.html

    Le point de vue de la presse des Etats-Unis : http://www.miamiherald.com/579/story/80945.html http://www.elnuevoherald.com/167/story/31462.html

    La réaction du président Uribe en Colombie : http://www.presidencia.gov.co/prensa_new/sne/2007/abril/19/22192007.htm


  • mi2nmi 1er décembre 2007 03:08

    Comment Uribe a torpillé la médiation Chavez

    01/12/2007 - Le Figaro, AFP

    La diffusion hier des preuves de vie de l’otage franco-colombienne et d’autres captifs aux mains des rebelles colombiens est une victoire diplomatique pour le président Uribe, un tenant de la manière forte.

    Contre toute attente, c’est le gouvernement colombien qui a présenté les preuves de vie tant attendues d’Ingrid Betancourt. Jeudi dans la nuit, à Bogota, Luis Carlos Restrepo, le haut-commissaire pour la paix d’Alvaro Uribe, a annoncé que les autorités colombiennes avaient arrêté des miliciens des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) en possession de vidéos, de photos et de lettres des otages.

    Un soulagement, certes, pour les familles. Mais pour les partisans d’une solution négociée, la divulgation des preuves de vie par Alvaro Uribe reste le pire scénario possible : elle consacre l’échec d’une médiation prometteuse, celle du président vénézuélien Hugo Chavez. Et elle signe le retour en force dans le dossier d’Alvaro Uribe, qui a toujours prôné la manière forte pour le régler.

    Tout indique que le président colombien, dont la volonté de négocier avec la guérilla un échange de prisonniers (otages contre guérilleros emprisonnés) peut être sérieusement mise en doute, a tout fait pour torpiller les efforts de Chavez, finalement démis la semaine dernière de son rôle de médiateur. Depuis, les deux pays voisins sont à couteaux tirés.

    Les preuves de vie des otages, et notamment d’Ingrid Betancourt, étaient attendues comme un trophée diplomatique. Malgré trois ans d’un patient et discret travail de facilitation, la France n’était pas parvenue à les obtenir, et Paris se félicitait de l’entrée en jeu de Chavez, considéré comme le seul homme capable de fléchir l’implacable guérilla. Depuis, les nouvelles des otages étaient plutôt attendues du côté de Caracas.

    Chavez, médiateur depuis le mois d’août, avait réussi à nouer d’étroits contacts avec la direction des Farc. Il avait demandé à la guérilla de lui faire parvenir les preuves de vie et espérait remettre en mains propres, le 20 novembre, celles d’Ingrid Betancourt à Nicolas Sarkozy lors de son voyage à Paris. La guérilla n’avait pu respecter cette date mais s’était engagée à les lui remettre d’ici à la fin de l’année. On disait même les Farc prêtes à faire d’importantes concessions sur les conditions d’un échange de prisonniers. Peut-être même à libérer un premier groupe de séquestrés. Bref, pour la première fois depuis des années, le dossier, enfin, semblait se dégripper.

    Est-ce parce que l’affaire avançait qu’Uribe, prétextant une gaffe diplomatique de Chavez, le démettait brutalement, la semaine dernière, de son rôle de médiateur, provoquant la colère de l’imprévisible tribun vénézuélien ? Ulcéré de voir pêle-mêle Chavez, les Farc, et même l’une de ses plus féroces opposantes, la sénatrice colombienne Piedad Cordoba, gagner grâce aux otages une audience internationale, Uribe attendait son homologue vénézuélien au tournant. Si ce dernier était arrivé à Paris avec les preuves de vie d’Ingrid, Uribe aurait difficilement pu le congédier ainsi.

    Les preuves auraient fait l’objet d’une traque dans les jungles colombiennes. Selon une source proche des Farc, Uribe aurait mis en branle pour les intercepter tout l’appareil militaire. Ces dernières semaines, plusieurs régions où pouvaient se trouver les otages ou les messagers des Farc acheminant les vidéos et les lettres auraient été le théâtre d’opérations militaires et de bombardements accrus.

    Les preuves de vie d’Ingrid Betancourt et des autres otages sont un premier résultat, tardif, de la médiation avortée d’Hugo Chavez. Il n’est pas anodin que l’obtention de ces preuves par Alvaro Uribe soit le fruit d’une opération militaire. Les cruelles conditions de détention des otages, mises en évidence par les images montrant l’otage franco-colombienne en triste état, permettent au président colombien de durcir encore son discours. Une fois de plus, les familles des otages sentent qu’elles ont été jouées. Elles misent à présent sur le groupe des trois « pays amis » (la France, la Suisse et l’Espagne), qui devraient reprendre, dans un contexte plus difficile que jamais, leur rôle de bons offices.

    http://www.betancourt.info/indexFr.htm

    Les paramilitaires au cœur du terrorisme d’Etat colombien

    Explicitement soutenu par Washington, le gouvernement colombien a annoncé, le 27 novembre 2002, l’ouverture de pourparlers avec les paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC). Un cessez-le-feu est entré en vigueur le 1er décembre avec cette organisation liée au narcotrafic, massivement impliquée dans la violation des droits humains, alors que les négociations avec l’opposition armée n’ont jamais progressé. Mais Etat et paramilitaires ont toujours fait bon ménage en Colombie.

    Par Hernando Calvo Ospina

    Pour mettre en échec les organisations d’opposition armée qui s’opposent à lui depuis plus de trente-cinq ans, l’Etat colombien a, de tout temps, employé une stratégie : détruire ou neutraliser le tissu social qui les soutient de façon réelle, potentielle ou présumée. Véritable terrorisme d’Etat, la « sale guerre » qu’il mène repose sur deux piliers fondamentaux : « Les opérations cachées ou clandestines des forces militaires et la mise en place de groupes paramilitaires. Ces derniers sont le centre névralgique de la contre-insurrection menée par l’Etat et, en particulier, par ses forces militaires (1). »

    Tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, certains médias et intellectuels notoires ont servi le discours de l’establishment, répétant que le mouvement paramilitaire constitue un « troisième acteur » dans le conflit, un « électron libre » qui ne peut être contrôlé, même par l’Etat, affaibli, impuissant et victime des « violents » au même titre que la population. Le discours officiel affirme également que ce mouvement est le fruit d’une relation entre narcotrafiquants, militaires dévoyés, propriétaires fonciers et paysans organisés contre les abus de la guérilla - les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l’Armée de libération nationale (ELN) essentiellement.

    Très connu pour ses positions de défense des droits humains, le jésuite Javier Giraldo ne partage pas cette vision : « Une perspective historique nous interdit de définir le mouvement paramilitaire comme un « troisième acteur » dans le conflit, déclarait-il lors d’une conférence publique donnée à Chicago le 17 mars 2001. Ce n’est pas un troisième acteur.C’est le bras clandestin et illégal de l’Etat et il existe depuis plusieurs décennies. Cette même perspective historique nous empêche de considérer l’Etat colombien comme un « Etat de droit ». »

    Après le triomphe de la révolution cubaine, en 1959, les Etats-Unis ont conçu la doctrine de sécurité nationale et légitimé les forces armées dans le rôle de garant des institutions et leur a donné pour tâche essentielle - sinon unique - de lutter contre l’« ennemi intérieur ». Ainsi, et en dépit des particularismes nationaux, l’axe de la sécurité repose-t-il dès lors sur la contre-insurrection. « La destruction de l’« ennemi interne » devient l’objectif, voire la finalité suprême de l’Etat (2). » En Colombie, l’un des premiers manuels traitant de la contre-insurrection définit l’« ennemi intérieur » de manière aussi simple que dangereuse : « Tout individu qui, d’une manière ou d’une autre, favorise les intentions de l’ennemi doit être considéré comme traître et traité comme tel (3). »

    En 1965, lorsque apparurent les premiers groupes insurgés, le gouvernement émit un décret visant à « organiser la défense nationale » (décret 3398/1965). Un paragraphe autorisa le ministère de la guerre à « armer des groupes de civils avec un matériel habituellement réservé aux forces armées ». Le mouvement paramilitaire bénéficiait ainsi d’un soutien juridique. En 1968, le décret se transforma en législation permanente (loi 48) jusqu’à 1989, année au cours de laquelle la Cour suprême la déclara inconstitutionnelle.

    En 1969, un règlement de l’armée avait ordonné « l’organisation militaire de la population civile dans le but de soutenir les opérations de combat (...) sous contrôle direct des unités militaires (4) ». En 1976, la revue des forces armées (n° 83) affirmait que, « si une guerre circonscrite et non conventionnelle entraîne trop de risques, les techniques paramilitaires sont une force sûre, utile et nécessaire aux objectifs politiques ». Sous des sigles aussi fantomatiques que l’Alliance anticommuniste américaine (triple A), des groupes commencèrent à menacer, à assassiner et à faire disparaître les opposants et autres détracteurs du système. Organisés en haut lieu, ces groupes étaient en fait des structures spéciales du service de renseignement militaire.

    Au début des années 1980, les FARC et le gouvernement de M. Belisario Betancur s’accordèrent pour négocier une solution au conflit. Les FARC participèrent à la création d’un parti politique, l’Union patriotique (UP), destiné à prendre sa place dans la vie institutionnelle et démocratique. Immédiatement, la « sale guerre » redoubla contre les dirigeants populaires, syndicaux et paysans. « Les efforts pour chercher une solution non violente ou politique au conflit interne ont été perçus par le haut commandement militaire comme des avancées de la « guérilla communiste » vers le pouvoir (5). » Comme les enquêtes officielles l’ont amplement démontré, le haut commandement impliqua des caciques du Parti libéral et du Parti conservateur, des propriétaires fonciers et les chefs de mafia dans le développement de structures paramilitaires criminelles. De plus, l’armée produisit un autre « règlement de combat antiguérilla » (EJC 3-10, Réservé, 1987) divisant les forces subversives en deux camps : « la population civile insurgée et le groupe armé ». Par conséquent, « la population civile est l’un des objectifs fondamentaux des unités de l’armée ».

    A elle seule, l’Union patriotique a vu assassiner trois mille de ses militants et sympathisants, parmi lesquels deux candidats à la présidence (MM. Jaime Pardo Leal et Bernardo Jaramillo), presque tous ses maires, édiles et parlementaires. Pour ce « génocide politique », une plainte a été déposée devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme de l’Organisation des Etats américains (OEA) contre l’Etat colombien.

    Au total, au milieu des années 1990, le terrorisme d’Etat a fait disparaître quelque 25000 personnalités progressistes et membres de la gauche. Ironiquement, tandis que l’opposition légale se faisait massacrer, les mouvements d’opposition armée se sont fortifiés.

    Principaux exportateurs de cocaïne

    Dans son rapport de 1996, l’organisation américaine Human Rights Watch démontre que la CIA et le Pentagone ont contribué à la réorganisation « des systèmes de renseignement pour aboutir à la création de réseaux de surveillance identifiant et assassinant les civils suspectés d’aider les guérillas (6) ». En 1994, le gouvernement de M.Cesar Gaviria avait mis en place (décret 3567 du 11 février) des associations communautaires de sécurité rurale, les « Convivir », supposées aider la force publique à prévoir les activités des groupes insurgés, grâce à un réseau d’informateurs. La réalité a démontré que les Convivir ont permis de légaliser les réseaux de tueurs à gages au service des narcotrafiquants et des propriétaires fonciers tout en ayant pour objectif principal d’utiliser la population civile comme cache-sexe du mouvement paramilitaire.

    Confronté aux pressions internationales, le gouvernement de M. Samper a créé, en décembre 1997, une unité spéciale chargée de capturer les chefs des actuelles Autodéfenses unies de Colombie (AUC) - nouvelle appellation des paramilitaires. Un an plus tard, les résultats brillaient par leur absence. Le jésuite Javier Giraldo raconte que « les groupes de recherche ont non seulement appris à arriver sur les lieux des crimes quand ceux-ci étaient déjà consommés et les criminels en lieu sûr, mais également à désigner des délinquants comme paramilitaires ».

    Le 7 janvier 1999, le président Andrés Pastrana accepta de dialoguer avec les FARC, la guérilla la plus puissante militairement, tout comme il prétendit le faire, par d’autres canaux, avec l’ELN. Comme cela avait été le cas pendant l’administration Betancur, la violence paramilitaire s’accrut : tandis qu’en 1999 on enregistrait 168 massacres (assassinat de trois personnes ou plus), leur nombre atteignait 236 en 2000. Le nombre de morts s’éleva à 1226, soit 297 de plus qu’en 1999.

    Les statistiques montrent indiscutablement que la diminution des cas de violations des droits de la personne dues aux militaires est allée de pair avec l’augmentation des crimes imputables aux AUC. L’explication de cet « étrange » constat a été donnée par le défenseur du peuple (7) : « Il s’agit d’une nouvelle forme de répression illégale et sans limites que certains analystes ont finement nommée la violence par délégation (8). »

    Un autre « détail » n’a pas non plus bénéficié de l’attention nécessaire : les faibles confrontations entre l’armée et les principaux assassins de la population civile, les paramilitaires, à qui sont imputés au minimum 70 % des victimes du conflit. Les AUC compteraient environ 11000 membres dispersés sur tout le territoire national, principalement dans des zones stratégiques visées par d’importants projets économiques. D’après le chef paramilitaire Carlos Castaño, « les pressions de la communauté internationale peuvent influencer le haut commandement, mais, sur le terrain, personne ne pourra jamais diviser des frères unis contre un même ennemi. Je n’ai pas à craindre l’armée parce qu’elle ne peut rien me faire (9) ». Le rapport de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, présenté en 2001, confirme : « Le bureau a été témoin de déclarations des autorités de l’armée indiquant que le mouvement paramilitaire n’attente pas à l’ordre constitutionnel et que, par conséquent, l’armée n’a pas à le combattre (...). En revanche, les militaires mènent des opérations d’envergure contre les guérillas, dans lesquelles ils déploient des ressources humaines et logistiques énormes (...). Généralement, l’attaque contre les groupes paramilitaires ne fait l’objet que de faibles escarmouches, réquisitions ou détentions individuelles et sporadiques. »

    Outre qu’il reconnaît avoir bénéficié des services d’instructeurs des armées israélienne et colombienne, M.Castaño admet entretenir des relations amicales avec le haut clergé catholique et une bonne partie des dirigeants politiques. Il ajoute que « les Américains ont toléré » l’organisation criminelle (tardivement reconnue par eux comme « terroriste », le 10 septembre 2001). Il admet aussi sans réserve le fait que les AUC sont financées par le trafic de drogue, pire, qu’elles le dirigent (10). Rien de cela n’a empêché M. Castaño d’avoir des relations « amicales » avec la Drug Enforcement Administration (DEA - service américain de lutte contre le narcotrafic) et la CIA, et de participer directement, en lien avec le groupe de recherche de la police colombienne (bloque de búsqueda), lui-même aidé par la CIA et la DEA, à la traque d’autres narcotrafiquants, comme celle qui se termina par la mort de Pablo Escobar en 1993.

    En septembre 1997, l’Observatoire géopolitique des drogues de Paris informait que la majorité de la cocaïne arrivant dans les ports espagnols, belges et hollandais provenait des zones côtières colombiennes contrôlées par les AUC. Comme en témoigne un sénateur, on insiste peu sur le fait pourtant avéré que les AUC sont « un nouveau cartel mafieux et militarisé (...) principal exportateur de cocaïne du monde (11) ».

    Soutien actif de Washington

    Se cantonnant à la répression des guérillas et des paysans producteurs de coca, le plan Colombie, appuyé par Washington, a pour but avoué d’en terminer avec le trafic de drogues. Il n’a mis en oeuvre aucune mesure contre les paramilitaires. Comme à l’accoutumée, le gouvernement américain s’est longtemps contenté de discours, sans imposer d’exigences particulières à son homologue colombien (12). Devant cet état de fait, le jésuite Giraldo pouvait déclarer : « La stratégie militaire et répressive qui, dans le cadre du plan, est mise en place contre le trafic de drogues est pure fiction. Elle ne sert qu’à déguiser l’implication militaire des Etats-Unis dans le conflit politique colombien. »

    suite ici :

    http://www.monde-diplomatique.fr/2003/04/CALVO_OSPINA/10081


  • Jacinto Lopera 1er décembre 2007 05:40

    AIME césaire

    Discours sur le colonialisme

    Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois (européen) du xx siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il le vitupère, c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardone pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est pas l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, c’est l’humiliation de l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algerie, les coolies de l’inde et les nègres d’Afrique.

    Et c’est là le grand reproche que j’adresse au pseudo-humanisme : d’avoir trop longtemps rapetissé les droits de l’homme, d’en avoir eu, d’en avoir encore une conception étroite et parcellaire, partielle et partiele et, tout compte fait sordidement raciste.


  • Jacinto Lopera 1er décembre 2007 05:52

    JEAN-LOUIS PLANCHE Sétif 1945, Histoire d’un Massacre Annoncé. Perrin 2006

    Entre le 8 mai et le 26 juin 1945, en huit semaines, 20000 à 30000 Musulmans sont tués par les Européens dans le département alors français de Constantine en Algérie. ....Officiellement, il s’agit de la réponse à une insurrection dont l’ampleur justifie la sévérité de la répression.

    Pour une centaine d’européens tués, tant de Musulmans massacrés ?..........Le chiffre des morts, on le comprendra, a été identique à celui de la Commune de Paris, et le rythme des mises à morts, 400 à 500 par jour, celui d’une boucherie quotidienne. Or les lieux du massacre ne sont pas une grande ville en révolte mais un paisible département rural.

    ......Le 8 mai 1945, jour qui célèbre la victoire sur l’Allemagne nazie, les autorités ont demandé de pavoiser l’Algérie, terre française, aux couleurs de la France et de ses alliés, et interdit de déployer un autre emblème.

    Effectivement, le 8 mai, en plusieurs villes, le drapeau algérien se mêle aux drapeaux alliés et français parmi les Musulmans que défilent. Le plus souvent il est saisi par la police après une algarade plus ou moins violente. Les massacres de SETIF, GUELMA.

    La conquête a réduit en 1871 à un tiers la part du Constantinois dans la population d’Algérie. La surmortalité liée à la guerre et à la répression pendant quarante ans est estimée a plus de 800000 morts (la colonisation avait commençait en 1830). Par la violence et la durée, elle ne peut se comparer qu’à celle des guerres menées en Amérique du Nord contre les Indiens. Encore les chiffres ne tiennent-ils pas compte des non-combattants, victimes des épidémies, et d’une disette rendue bientôt endémique par le séquestre de 400000 hectares des meilleures terres. La colonisation française peut désormais, prospérer. Au contraire de l’anglo-saxonne, elle a horreur du vide. Elle ravage et terrorise, mais n’extermine pas.

    ....Dans les administrations, les services publics ou privée, un Musulman (Les européens appelerent ainsi les Algeriens) ne sera jamais placé derrière un guichet, selon le principe qui’il serait inconvenant de laisser un Musulman assis faire attendre debout un Européen.

    A tout instant et en tout point de la colonie, la racialisation de la vie quotidienne rappelle au colonisé que l’universalisme des Droits de l’homme ne saurait le concerner. Plus qu’un système socio-économique, le colonialisme est une imprégnation des conduites et des esprits qui induit des comportements de violence, d’arrogance ou de mépris permanents.

    ..........L’Eglise, seule à pouvoir protester, approuve. Il y a dans l’air « une atmosphère de mourchardage continu ». En décembre 1940, il remue dans les fossés au long de la route de Sétif à Constantine une multitude que blanchit le givre. Ce sont les tribus arabes, chassées de la steppe par la faim, qui sont venues agoniser à l’abri de la bise. Dans l’indifférence, au fil de moins et des années, leurs biens séquestrés, chassés de leurs emplois, désignés à la vindicte publique, les Juifs dépérissent de faim, d’humiliations er d’avanies. Le docteur Bendjelloul, denonce l’injusticen la corruption, la famine, et surtout le racisme dont les Musulmans souffrent au quotidien. Ferhat Abbas AML ..........masse énorme de peurs et de phantasme qui se rapprochent lentement et vont s’agréger le masacre et le meurtre en série. Le 1er. Mai, les Musulmans défilent dans la plupart des villes, ....La solidarité syndicale joue le plus souvent. La CGT accepte les Musulmans avec leurs mots d’ordre dans son cortège ou les relègue à la fin quand le mot « independance » apparaît sur les pancartes. Quand ledrapeau algérien est déployé, ce qui est le cas à Bône et à Cosntantine, son service d’ordre intervient et livre à la police les récalcitrants. Messali, le seule prisonnier de Vichy encore emprisonné.

    Modèle de bombes antipersonnel, produit par les britanniques, pour equiper les avions français Martin B26. Sur les civils à découvert, l’effet est si terrifiant, hachant et mutilant que les bitanniques refuseront d’en réapprovisionner les Français. L’emploi qu’ils sont fait des ses bombes est si excessif, dit le consul de Grande-Bretagne au Foreing Office, que « réapprovisionner pourrait nous créer des embarras dans le monde arabe » Lieutenant-colonel Feyler : « C’etaient des opérations punitives et non des opérations de guerre. Il n’y a pas eu de combats, faute d’ennemi ». Autant affirmer qu’il n’y a pas eu d’insurrection et que seule la volonté de réprimer, associée à la psychose ambiante, l’ont construite. Général Leonard : En 1945 « dans un petit centre des environs de Sétif, l’officier chef de détachement fit exécuter, sur le conseil du maire, tous les anciens conseillers municipaux musulmans de la précédente municipalité. S’étant ensuite adressé à l’ancien maire, il fit également exécuter sur l’avis de ce dernier tous les conseillers municipaux (musulmans) en exercice. Il se rendit compte trop tard que c’était des haines locales qui s’étaient ainsi asouvies » Les liens entre les européens et l’armée en mai-juin 1945, ont dàonné à la répression une légitimité populaire.


    • phiconvers phiconvers 1er décembre 2007 12:51

      Jacinto, ton post n’a rien à voir... Et si tu veux aller parler de Sétif ailleurs, je t’engage à parler également des massacres d’Européens qui précédèrent la répression que tu évoques. Enfin, il y a suffisamment de blogs où tu pourras débattre de la guerre d’Algérie. Ici, c’est la gestion du dossier des otages des FARC qui est discutée.


  • Basebou Basebou 1er décembre 2007 10:14

    Ce qu’on voit surtout, c’est qu’en interceptant les documents de témoignages des otages de la guérilla à Bogota, Uribe a tout fait pour couper l’herbe sous le pied de Chavez. Ces documents devaient parvenir au président vénézuélien qui devait notamment les présenter à Sarkozy. En les interceptants, les militaires colombiens montrent qu’ils ne veulent pas de cette médiation et coupent l’herbe sous le pied de Chavez


    • phiconvers phiconvers 1er décembre 2007 12:47

      Basebou, je reposte ici un commentaire que j’ai laissé sur un blog contenant une « analyse » semblable à la tienne :

      == Pauvre Ingrid, même si je commençais sérieusement à la croire morte (ce qui n’est pas tout à fait exclu)... Acceptera-t-on une bonne fois pour toutes de prendre les FARC pour ce qu’elle sont, des barbares concentrationnaires ? Je regrette que tu n’aies pas un mot sur ce point dans ton interprétation. Celle-ci est défendable, même si elle montre une fois de plus l’instrumentalisation des otages que comptaient faire les FARC, cette fois-ci au profit de Chavez et de son difficile référendum.

      Je reste convaincu que les FARC ne lâcheront rien ou n’auraient rien lâché, leur objectif politique étant la défaite complète, la capitulation en rase campagne, du gouvernement colombien légitime.

      Quant à Piedad Cordoba, tu ne peux pas nier qu’elle est au minimum une alliée objective de la guérilla, qui a gravement manqué de la plus élémentaires des pudeurs en enlaçant l’enfoiré d’I. Marquez à Caracas, non ?


  • Jacinto Lopera 1er décembre 2007 14:51

    « Muy estimado » phiconvers, des parenthes qui nous rapelle l’histoire sanguinaire de l’Europe, et c’est pas a toi de me dire où je dois aller, même si je suis completement d’accord avec ton article. Mais J L Planche le dit tres clairement Pour une centaine d’européens tués, tant de Musulmans massacrés ?........... Au fond « lo que me mama », c’est que je ne supporte pas, c’est le rôle que vous vous avez donné, de croire que vous les habitants du premier monde doivent nous faire la MORALE, nous civiliser commme dirait Jules Ferry.

    I HAVE A DREAM, THAT ONE DAY, L’INDE ET LA CHINE « CALLARAN » L’ARROGANT OCCIDENT.


  • Proudhon Proudhon 1er décembre 2007 19:43

    Un peuple sous le feu

    (Traduit par l’ESTI)

    • LE Venezuela, dont le peuple a hérité de Bolívar des idées qui vont au-delà de son époque, fait face aujourd’hui à une tyrannie mondiale mille fois plus puissante que la force coloniale de l’Espagne et celle de la République des États-Unis qui venait de naître et qui, par le biais de Monroe, a proclamé le droit à la richesse naturelle du continent et à la sueur de ses peuples.

    Martí a dénoncé le brutal système et l’a qualifié de monstre dans les entrailles duquel il a vécu. Son esprit internationaliste a brillé comme jamais auparavant lorsque, dans une lettre inachevée à cause de sa mort au combat, il a dévoilé publiquement l’objectif de sa lutte incessante : ... « je cours désormais tous les jours le risque de donner ma vie pour mon pays et pour mon devoir - puisque c’est ainsi que je le comprends et que j’ai assez de force pour l’accomplir - qui est d’empêcher à temps, par l’indépendance de Cuba, que les États-Unis ne s’étendent dans les Antilles et ne retombent avec cette force de plus, sur nos terres d’Amérique... »

    Ce n’est pas pour rien que, dans un vers simple, il a exprimé : « Aux pauvres de la terre, je veux mon sort lier. » Plus tard, dans une phrase lapidaire, il a proclamé : « La patrie, c’est l’humanité. » L’apôtre de notre indépendance a écrit un jour : « Que le Venezuela me demande comment je peux le servir : je suis son fils. »

    Les moyens les plus sophistiqués développés par la technologie, utilisés pour tuer des êtres humains et assujettir les peuples ou les exterminer ; l’introduction massive des réflexes conditionnés dans les esprits ; le consumérisme et toutes les ressources disponibles sont aujourd’hui employés contre les Vénézuéliens pour mettre en pièces les idées de Bolívar et de Martí.

    L’empire a créé des conditions favorables à la violence et aux conflits internes. J’ai parlé sérieusement avec Chávez lors de sa dernière visite, le 21 novembre dernier, des risques d’assassinat auxquels il était constamment exposé en voyageant en véhicules décapotés. Pour cela, je me suis basé sur mon expérience en tant que combattant entraîné dans l’emploi du fusil automatique à lunette et, après le triomphe de la Révolution, en tant que cible de plans d’attentats directement commandés par presque toutes les administrations états-uniennes depuis 1959 ou sur leur demande.

    Le gouvernement irresponsable de l’empire ne consacre même pas une seconde à analyser que l’assassinat du président ou que le déclenchement d’une guerre civile au Venezuela, compte tenu de ses énormes réserves d’hydrocarbures, feraient éclater l’économie mondiale globalisée. Ces faits n’ont pas de précédent dans l’histoire de l’homme.

    Cuba, pendant l’étape la plus difficile qui a suivi la disparition de l’URSS et la recrudescence du blocus économique imposé par les États-Unis, a resserré ses liens avec le gouvernement bolivarien du Venezuela. Les échanges de biens et services sont passés de presque zéro à plus de sept milliards de dollars par an, ce qui s’est avéré mutuellement avantageux du point de vue économique et social. Le Venezuela nous fournit actuellement le gros des carburants que consomme le pays, difficiles d’acquérir ailleurs du fait de la pénurie de brut léger, de la capacité insuffisante de raffinage, du pouvoir des États-Unis et des guerres qu’ils ont déclenché pour s’approprier des réserves de pétrole et de gaz du monde.

    Aux cours élevés de l’énergie viennent s’ajouter ceux des aliments, déterminés par la politique impériale visant à les transformer en carburant pour les voitures voraces des États-Unis et d’autres pays industrialisés.

    La victoire du OUI du 2 décembre ne suffirait pas. Les semaines et les mois qui suivront cette date pourraient s’avérer extrêmement difficiles pour nombre de peuples, dont celui de Cuba, au cas où les aventures de l’empire ne conduiraient pas avant la planète à une guerre nucléaire comme l’ont avoué ses propres chefs.

    Nos compatriotes peuvent être convaincus que j’ai eu suffisamment de temps pour y réfléchir.

    Fidel Castro Ruz 29 novembre 2007

    20h12 •


    • Proudhon Proudhon 1er décembre 2007 19:45

      VENEZUELA Chavez dénonce l’escalade de la violence

      • CARACAS, le 26 novembre.- « Ceux qui essaient de déstabiliser le pays seront vaincus par le peuple et par les lois car ce nous ne sommes plus dans le Venezuela de 1999 », a affirmé le président Hugo Chavez en faisant référence à l’escalade de la violence promu par une partie de l’opposition dans le pays, face à l’imminence de la victoire du Oui lors du référendum du dimanche 2 décembre.

      Le président vénézuélien est intervenu ce lundi 26 lors d’une cérémonie de stimulation des travailleurs du secteur de la santé et lors d’une réunion avec un haut responsable des Forces Armées. Il a profité de ces deux occasions pour défendre la réforme constitutionnelle visant à accélérer les processus de changement démocratiques dans le pays.

      Chavez, comme le vice-président de la république, Jorge Rodriguez ont déploré les épisodes de violence observés dans les Etats de Carabobo et Aragua, à la suite desquels un jeune travailleur de l’entreprise Petrocasa, une entreprise étatique qui se charge de la construction de logement au Venezuela, a été tué.

      José Anibal Olivero Yépez, âgé de 19 ans, a essayé de traverser un groupe de manifestants partisans du Non dans la commune de Guacara, dans l’État de Carabobo, pour se diriger vers son travail quand une personne -qui a déjà été identifiée par les services de police- lui a tiré dessus, le tuant sur le coup.

      L’incident a été condamné par la majorité de la population et il est interprété par des analystes comme un signe du désespoir de l’opposition qui ces derniers jours a bloqué des routes et a commis d’autres actes de déstabilisation, alors que l’appui au président Chavez et au Oui grandit.

      Par ailleurs, des paysans venant de différentes régions du Venezuela ont marché jusqu‘au parc Carabobo de Caracas en signe d’appui à la Réforme et à la politique de protection et de stimulation du secteur rural mise en place par le gouvernement bolivarien. (Juan A. Borrego)

      APPEL AU PEUPLE ET AUX FORCES ARMÉES A RESTER VIGILANTS

      Face à un possible plan de déstabilisation, après la tenue du referendum, le président Chavez a appelé le peuple et les forces armées à rester vigilants, rapporte PL. Dans un discours dans l’État de l’ouest Zulia, lors de l’inauguration d’un projet de développement, Chavez a demandé de rester vigilants face à toute entreprise perverse de l’opposition, après la probable victoire du OUI au referendum sur la réforme constitutionnelle.

      La modification de 69 des 350 articles de la Constitution, objet du referendum, propose d’accorder un rang constitutionnel au pouvoir communal et établit de nouveaux concepts politico-administratifs qui renforcent la participation populaire.

      Le dirigeant a mis en garde contre la manipulation des sondages afin de tromper les Vénézuéliens et de dénoncer des fraudes.

      Il a précisé qu’il s’agissait, pour certains, devant la probable victoire du OUI, de dénoncer des fraudes et de sortir dans la rue pour provoquer des violences et déstabiliser le pays, c’est pourquoi, a-t-il souligné, le peuple, les forces armées, les communautés organisées, doivent rester vigilants.

      Dans son analyse, Chavez a accusé les évêques de participer à un plan pour essayer de terroriser la population par des déclarations comme celles du cardinal Jorge Urosa, qui a déclaré que la liberté religieuse disparaîtrait avec cette réforme de nature socialiste. •


  • vivelecentre 2 décembre 2007 08:56

    la voix de cuba a parlé !!

    proudhon nous fait encore du copié collé de granma, mettons le site en reference

    chacun pourat ainsi juger de la clairvoyance et de l’independance de la presse de la havane....

    http://www.granma.cu/frances/index.html


  • Jacinto Lopera 2 décembre 2007 13:44

    Quelques réactions que j’ai lu dans LIBERATION : Dominique44 On se croirait arrivé à la fin du monde ! Le cinéma que certains politiques nous servent (je ne parle pas de la famille dont les préoccupations sont naturelles) , y compris notre président, montre le peut de considération qu’ils ont pour les français qui ont des problèmes de santé, de famille et d’argent ! Ingrid Bétancourt a, malgré l’avis de ses proches, pris le risque de s’aventurer dans une zone non contrôlée, et le résultat ne s’est pas fait attendre ! Qu’elle se débrouille ! Qu’est-ce que ça va encore couter à la France ! Ils ne se sont pas tant investis pour le malheureux éleveur enlevé au Vénézula et relâché après versement d’une rançon par sa famille ! Deux poids-deux mesures, il n’avait pas fait ses études parmi la classe politique française, lui. Vendredi 30 Novembre 2007 - 17:43


    • Jacinto Lopera 2 décembre 2007 13:45

      Quelques réactions que j’ai lu dans LIBERATION : Juan C Desde Colombia N’en déplaise au porte parole de ce comité, le gouvernement colombien et l’armée y sont pour quelquechose dans l’obtention de cette preuve !!! Quelle mauvaise foi ! Ca leur arracherait les trippes de reconnaitre de temps en temps que les autorités colombiennes sont efficaces. Je vous informe également que la semaine dernière, 3 otages ont été libérés grace à l’armée colombienne, mais bon ce n’étaient que des colombiens sans nationalité française alors on s’en fout. En plus, il aurait fallu admettre que l’armée fait son travail...alors là non, faut pas exagérer quand même !! Vendredi 30 Novembre 2007 - 17:25


    • Jacinto Lopera 2 décembre 2007 13:46

      Réaction journal LIBERATION : Starck Vivante ? Pas si sûr ! S’agit-il d’Ingrid Betancourt ou de son cadavre ? A bien regarder la vidéo, permettez-moi d’en douter ! A part le mouvement style « tête attachée à de la ficelle », rien de plus, pas d’expression, pas un mouvement de cil, rien ! C’est une preuve bidon... continuons à espérer tout de même, mais cette vidéo n’a rien de rassurant, bien au contraire ! Vendredi 30 Novembre 2007 - 19:31


    • Jacinto Lopera 2 décembre 2007 13:48

      Reaction dans LIBERATION : Manuel a Tristan Ce sont les français qui ont auto décrété que Ingrid Betancourt était un symbole des otages colombiens. Et ce, apres les avoir totalement ignoré pendant 4 ans. En France, on entend parler des autres otages en Colombie que depuis l’année dernière !! Je proposerais plutot de prendre les 11 otages assassinés il y aquelques mois par exemple. Vendredi 30 Novembre 2007 - 18:45


  • Daniel Duquenal Daniel Duquenal 4 décembre 2007 05:54

    phiconvers

    effectivement, invoquer Chavez parait être une façon certaine de baisser le niveau du débat.


  • mi2nmi 4 décembre 2007 13:15

    Colombie, la mort facile, les preuves de vie

    Une série spéciale de reportages en Colombie

    Reportage :Daniel Mermet, Giv Anquetil, Antoine Chao.

    Du lundi 3 décembre au vendredi 14 décembre 2007, France inter, 15 heures

    En poster, en T shirt, en chanson, Ingrid Betancourt est devenue une icône nationale.

    On peut la voir aussi comme l’icône idéale de la vacuité médiatique.

    Passée l’émotion de « la preuve de vie », passée la souffrance familiale mille fois exhibée et les indignations des professionnels de l’indignation, qu’avons nous appris depuis cinq ans sur les causes de cet enlèvement, sur son contexte politique, social, historique ? Sur les protagonistes du conflit armée qui depuis des décennies déchire et terrorise la Colombie ?

    Yolanda, la mère d’Ingrid est constamment questionnée par les médias. Mais à condition qu’elle reste dans son rôle de mater dolorosa. Lorsqu’elle interpelle le président colombien en disant « Monsieur Uribe, je vous hais ! » la phrase ne passe pas.

    On nous apprend qu’un alpiniste plante un drapeau à l’effigie d’Ingrid Betancourt au sommet du Kilimandjaro mais on ne parle guère de l’énorme scandale qui secoue le pouvoir en Colombie : les paramilitaires et la parapolitique.

    Régulièrement, les journalistes déplorent le manque d’intérêt du public pour les pays lointains. Or la figure de la « franco-colombienne » Ingrid, ouvre une passerelle pour aller voir là-bas si j’y suis.

    On sait que les otages sont prisonniers des Farc, la guérilla « marxiste ». Des terroristes, selon la liste établie par les Etats-Unis. Quelle est leur histoire, leur lien avec le narcotrafic, la raison de leur impopularité alors qu’ils prétendent combattre pour le peuple ?

    Et sait-on que les paramilitaires d’extrême droite figurent sur la même liste dressée par Washington ?

    Tout comme la lutte contre le terrorisme (war on terror) a permis de renforcer l’hégémonie des Etats unis dans le monde après les attentats de septembre 2001, la lutte contre la guérilla en Colombie a fourni le prétexte au développement d’un véritable terrorisme d’Etat.

    Les unités paramilitaires, regroupées au sein de l’AUC (Autodéfense Unie de Colombie), sont responsables de la majorité (70%) des homicides. Entre 1997 et 2003, 5 millions d’habitants ont été spoliés de leur terre par les paramilitaires afin d’implanter des palmiers à huile dans le cadre du développement des agro-carburants voulu par l’actuel pouvoir.

    On estime à 4 millions le nombre de déplacés venus s’échouer dans les bidonvilles autour des grandes villes. En 1999 selon un rapport de l’ONU, 73% des massacres d’autochtones étaient imputables aux « Paras ». En 2006, 72 dirigeants syndicaux ont été assassinés en Colombie. En avril 2007, la multinationale Chiquita Brand était condamnée à payer 25 millions de dollars pour avoir financé des paramilitaires impliqués dans des meurtres de syndicalistes.

    Et ceci avec l’étroite complicité de l’armée, avec la bienveillance de l’élite politique, avec le soutien et le financement des milieux d’affaire et du narcotrafic.

    Aujourd’hui dans le cadre de la « démobilisation », les chefs paramilitaires parlent. La classe politique au pouvoir est éclaboussée jusqu’aux plus hautes autorités. Chef de la Police, chef des services secrets, membres du Congrès, maires, élus, sont accusés de soutien logistique, formation, financement, conduite d’organisations d’extrême droite.

    En mai dernier, dans ses déclarations à la justice, l’ancien chef paramilitaire d’extrême droite, Salvatore Mancuso dévoilait comment ces milices se sont développées à l’instigation de la classe dirigeante. « Le plan a été orchestré d’en haut. Le secteur privé a financé, les hommes politiques en ont tiré profit et l’armée tirait sur tous les opposants, guérilleros ou pas ».

    Peu à peu le cercle se resserre autour du président Uribe. Lâché par les démocrates états-uniens, même son ami W. Bush prend ses distances...

    Or, curieusement c’est le président du pays voisin qui fait l’objet de toute la vigilance des médias et des « intellectuels » français. Le vénézuélien Hugo Chávez est la cible quotidienne d’un peloton acharné de critiques qui - étrangement-, n’éprouvent pas la même curiosité pour son homologue colombien.

    Comment expliquer ce bien curieux déséquilibre ?

    Comment les aider à diversifier un tant soit peu les cibles de leur courageux courroux ?

    Avec cette question (et quelques autres) nous partons pour la Colombie...

    Dans le sud, à Puerto Asis, dans le Putumayo, avec les familles des disparus et des massacres opérés par les paramilitaires en 1999. Avec les paysans victimes des fumigations voulues par le plan Colombie. Des milliards de dollars fournis par les Etats-Unis depuis 1999 afin d’éradiquer la culture de la coca. Aujourd’hui le narcotrafic est toujours aussi prospère.

    Avec Doña Amparo, chef Awa, avec Marina, jeune femme Kofan. En Colombie, 80% des 13 millions d’autochtones et des « afro colombiens » vivent en dessous du seuil de pauvreté alors que les 25% des Colombiens les plus riches se partagent des revenus 30 fois plus élevés que les 25% les plus pauvres.

    Avec la section des Droits de l’Homme de la Fiscalia, équivalent de la police judiciaire, une longue (!) marche pour exhumer et identifier les restes des innombrables victimes du conflit armé qui déchire le pays depuis quarante années.

    À Bogotà, tout sur les vêtements blindés, le Jésus dont les cheveux poussent chaque jour, le cinéma porno, la conversion d’Antoine Chao, les plus belles musiques du monde et les petites boutiques obscures.

    Et Yolanda Pulecio, la mère d’Ingrid, grande bourgeoise courageuse et engagée, (oui vous avez bien lu) qui, dans l’émission destinée aux otages (Voces del secuestro) sur Radio Caracol, mêle sa voix à toutes celles qui, dans la nuit, envoient des messages sans retour pour des frères, des enfants, des bien aimées murées dans la jungle.

    Avec le chœur des jeunes auxiliaires de la police venus à la radio en uniforme pour chanter bon anniversaire à leur capitaine, prisonnier des Farc.

    Avec les paysans de la Communauté de paix de San José de Apartado, animé par Javier Giraldo, prêtre jésuite ami de Noam Chomsky. Superbe exemple de résistance, volontairement coincé sur la ligne de front entre la guérilla et les « paras ». Sous la pluie, une longue marche vers la ville à la mémoire des quatre paysans de la communauté abattus au cours du dernier mois.

    Avec Juana, entrée dans la guérilla à treize ans et qui vient d’en sortir au bout de 11 années en arme. Elle parle longuement d’Ingrid Betancourt, dont elle avait la garde et qu’elle rêve de soutenir lors des élections de 2010.

    À Ciudad Bolivar, avec des paramilitaires en rupture, avec de joyeux retraités qui jouent à lancer des palets de plombs sur des pétards roses.

    Avec Jorge Enrique Botero, journaliste et écrivain qui nous dévoile enfin ce que sera l’issue du conflit.

    Plus une ancienne reine de beauté, plus un cheval maigre et sa charrette de fleurs, plus un déjeuner de soleil dans la Candelaria, plus, tout au long du voyage, remontant lentement des profondeurs, les Cien años de soledad...

    http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1307


  • carlota 4 décembre 2007 14:44

    Voici mon adresse e-mail : [email protected] N’hésitez pas à m’écrire, vous avez l’air de vous y connaitre sur le sujet de la colombie et ça m’interesse beaucoup.

    A tres vite


  • vivelecentre 4 décembre 2007 15:08

    m2nmi..

    tentative de réhabilitation des Farcs...

    comme les autres sont des mechants, le mouvement marxisme ne fait que se defendre ?

    ah, l’internationale communiste....

    tout cela a l’appui de l’emmission militante de Merlet, sur une radio publique subventionnée par la redevance, donc par tout les français !!

    Ah , ce noyautage marxiste sous marin mais toujours très actif en France...


  • mi2nmi 5 décembre 2007 12:42
    Si vous êtes intéressés par un suivi quotidien de l’info sur la colombie, les FARC et Ingrid Betancourt, je vous recomande ce lien.
     

  • Argo Argo 6 décembre 2007 11:35

    @ l’auteur,

    Je partage vos vues, d’autant que vous connaissez très bien la Colombie. Je suis par ailleurs assez frappé par le décalage d’opinions entre ceux qui connaissent la Colombie et ceux qui n’en ont que des images réductrices et pré-fabriquées par les médias français, plus avides de sensationnalisme et d’émotions, que regardants sur les faits et les réalités. 


  • phiconvers phiconvers 22 décembre 2007 19:36

    Cet article m’ayant été pour l’instant refusé par Agoravox, je vous le livre ici !
    — -

    Ingrid Betancourt : déraison d’Etat

    Après vous avoir présenté les protagonistes de ce malheureux dossier (Ingrid Betancourt : et si on se plantait complètement), j’imagine que, comme la plupart de mes concitoyens, vous avez suivi avec espoir ou scepticisme les derniers développements de l’Affaire.

    Pour ce qui me concerne, j’avoue avoir été (heureusement) surpris par les preuves de (sur)vie de ladite Ingrid. A la longue, j’imaginais qu’elle était peut-être morte. Comme vous, j’ai suivi la théâtralisation présidentielle, avec message personnel à Marulanda et tout le tralala. J’ai également relevé la hargne anti-Uribe de Chavez, décuplée par son échec au référendum (lequel, comme en France, sera bientôt oublié par des mesures qui, cette fois-ci, se passeront de l’assentiment populaire).

    Je ne sais pas vraiment si je dois rigoler quand j’entends notre Président en appeler à l’humanité d’un vieux guérillero endurci, qui partage avec Kadhafi et quelques autres de tristes records d’inhumanité, ou s’il faut au contraire s’affliger de notre myopie ou, plus certainement, de notre immense arrogance, mâtinée de complaisance et d’ignorance.

    Les FARC viennent de confirmer une nouvelle fois leur sens tactique (et ouais, on ne survit pas quarante ans à la haine de tout un peuple sans un certains sens de la manœuvre). Clara Rojas, la proche collaboratrice d’Ingrid qui avait refusé d’être libérée en 2002 pour rester aux côtés de son égérie, son fils, fruit d’un fascinant syndrome de Stockholm ainsi qu’une malheureuse parlementaire malade vont être libérés, annoncent les FARC. Pas à n’importe qui, au frère Chavez, que la guérilla replace ainsi au centre du jeu, d’autant plus qu’il ne se cache plus de ses sympathies pour cette vieille guérilla stalinienne, qui partage avec lui son aversion des institutions colombiennes. Ingrid, c’est par pour tout de suite, pensez donc ! Un si bel atout dans les mains râpeuses des vieux guérilleros ! Ingrid, la malheureuse qui permet à la guérilla d’obtenir un certain répit militaire et de déchaîner contre Bogota les bataillons d’idiots utiles au premier rang desquels figurent Nicolas et François !

    Partagé entre l’ironie que m’inspire la naïveté de nos dirigeants (ou leur obsession de la communication) et la rage que suscitent de tels errements, je lis ces propos ahurissants du Premier ministre : « Le monde entier a les yeux rivés sur la Colombie, sur Ingrid Betancourt et sur l’action du président Uribe. Le président Uribe doit être celui qui va permettre la libération d’Ingrid Betancourt. C’est plus important que tout pour lui et pour son pays » et je bascule définitivement vers l’indignation.


  • Guyonnet fred (---.---.12.149) 5 janvier 2008 12:55

    Tout à fait d’accord. Merci pour m’avoir aiguillé sur cet article. http://apre.over-blog.com/article-15085042.html


  • Yltes 15 janvier 2008 22:17

    Bonsoir, Phiconvers ,

    Je réitère dans le lieu adéquat le fait que je partage votre point de vue sur le cas D’Ingrid et que je trouve votre analyse très fine.

    Comme il est rare de pouvoir trouver des reportages complets avec des images sur les Farcs, je me permets de rajouter le lien du dossier de l’Express sur les Farcs que j’ai mis sur une autre discussion, autrement animée sur Agoravox . "Pero toca torear el toro smiley"

    Donc pour ceux que cela intéresse ils peuvent aller jeter un coup d’oeil c’est assez édifiant : sutout la vidéo du journaliste colombien Botero qui est le seul à avoir pu tourner un reportage chez les Farcs. http://www.lexpress.fr/info/quotidien/reportage-photo/default.asp?id=269

    Le dossier qui accompagne les videos et les photos est assez complet.

    Je signale également la mobilisation le 4 février 2008 pour une manifestation géante contre les Farcs en Colombie et dans le monde. Ce qui me semble assez extraordinaire tant la lassitude et l’indifférence avaient fini par les atteindre face à ce fléau auquel aucun gouvernement successif n’a réussi à mettre fin : http://www.colombiasoyyo.org/

    Merci.

     

     

     


    • phiconvers phiconvers 17 janvier 2008 20:01

      Merci de votre soutien Yltes. J’ai réussi à faire publier ce texte, mais pas le suivant, qu’Agoravox n’a pas jugé recevable... Je l’ai du coup posté en commentaire, et vous le trouverez un peu plus haut. Si j’en ai le temps et l’énergie, je referai un point dans les prochains jours pour revenir sur plusieurs bêtises lues et entendues depuis le début de l’année. J’ai noté que le dernier numéro du Courrier international est particulièrement venimeux, notamment l’éditorial de Thureau Dangin, quitus lamentable pour la stratégie Chavez...

      Merci pour le lien vers l’Express, qui a en effet bien bossé sur le sujet ces derniers mois.

      Je serai à Paris devant l’hôtel de ville le 4 février et/ou de tout coeur avec les centaines de milliers de Colombiens qui tenteront d’expliquer au monde la détresse dans laquelle les plongent les FARC et leurs soutiens volontaires ou pas de par le monde.


    • Yltes 20 janvier 2008 13:27

       Il y a vraiment de quoi être indigné lorsqu’on voit tous ces protagonistes qui utilisent ce fléau des Farcs qui sévissent en Colombie depuis tant d’années. Face à ce constat on peut osciller entre incrédulité ou franche rigolade si la situation ne sous tendait pour les otages et leurs familles tant de souffrances inhumaines

       
      Les conditions de détention des otages pourtant bien connues là bas ont été pour tous les Colombiens un immense choc, à travers le récit de la lettre d’Ingrid Betancourt puis à présent dans les écrits d’une autre poignée d’otages censés apporter les preuves de leurs « survie ». La presse ne cite que les chaînes autour du cou mais leur calvaire quotidien, la dégradation de leur état de santé et les photos soulèvent le voile sur les pires horreurs que des humains peuvent infliger à leurs semblables. Il y a de quoi s’inquiéter pour tous les autres otages qui croupissent dans l’ignorance et l’indifférence car ils ne bénéficient pas de la notoriété et de la couverture médiatique d’Ingrid Betancourt.
       
      La propagande et l’autoglorification de Chavez et des Farcs à travers la libération « cool » de Clara et Consuelo suscite chez moi bien des interrogations ? Quelles peuvent être les motivations, à part des raisons diplomatiques et la real politik, des gouvernements et de la presse internationale, sauf quelques exceptions, et de la famille Betancourt pour occulter l’impossibilité de négocier ouvertement et sérieusement avec les Farcs. Par le passé ils n’ont jamais démontré une sincère aspiration à négocier une paix durable. Leurs revendications préalables avant de procéder à un échange qualifié « d’humanitaire » restent absurdes ! D’autant plus après le fracassant fiasco de la démilitarisation du Caguan qui reste un immense échec dans la mémoire de tous les Colombiens. On sait bien que nul part au monde un état de droit négocierait avec des terroristes, en leur cédant une partie de leur territoire avec de la population civile , en le débarrassant totalement de présence militaire et policière tout en acceptant que ces terroristes conservent leurs armes. Ca ne tient pas debout ! C’est tout aussi crédible que Ben Laden cessant le combat à condition que Bush démissionne et que les Espagnols leur rendent l’Andalousie !
       
      Quelle surprise de voir dans la presse et sur le net les réactions et les commentaires qui projettent sur les Farcs une idéologie d’extrême gauche et anti-américaine tout en faisant preuve d’une arrogante ignorance de l’histoire des Farcs et de la Colombie et de ce que représente réellement là bas ce mouvement depuis des décennies. Comme vous j’ai été choquée par le dossier du Courrier International, avec cette photo d’accroche d’un beau guérillero avec son béret, savant mélange du Che et du commandant Massoud, propice à entretenir l’image romantique d’un homme courageux qui lutte pour la juste cause de l’égalité des hommes. Par ailleurs ils sèment volontairement la confusion en comparant les crimes des paramilitaires dont les abominations de groupes armés sont indiscutablement condamnable mais sont les conséquence néfastes et bien connue de tout intérêt maffieux sur fond de guerres civile. Oui la guerre engendre des crimes abominables, sales et pas beau à voir ! Pourtant il me paraît difficile de mettre sur le même plan les séquestrations et les conditions ignobles de détention d’otages innocents, sous couvert de fallacieux prétextes et de fausses justifications dans un but propagandiste.
       
      Je m’interroge également sur la motivation de tous ces idéologues, qui falsifie les informations qui rejettent du bout des lèvres les méthodes des Farcs « Oui c’est regrettable, mais …. » voire même nie leur existence lorsque cela ne cadre pas avec leur credo .Comme Chavez ils proclament que les Farcs ne sont pas des terroristes mais juste une armée belligérante. Oui quand l’idéologie, les intérêts personnels et les écrans de fumée médiatique prennent le pas sur l’esprit et la dignité des hommes alors oui il y a vraiment de quoi être indigné.
       
       
       

  • phiconvers phiconvers 3 février 2008 21:25
    LES COLOMBIENS METTENT EN CAUSE LE COMITE BETANCOURT POUR SON REFUS DE MANIFESTER CONTRE LES FARC DEMAIN 4 FEVRIER A PARIS

    Si des dizaines de millions de Colombiens et leurs amis vont manifester ce lundi 4 février dans leur pays et dans 125 villes étrangères contre la barbarie des FARC, le comité Ingrid Betancourt en France, complice objectif de la guérilla, sera, lui, absent de cette mobilisation.

    Les FARC, rappelons-le, détiennent près de 800 otages dont Ingrid Betancourt et trois Américains.

    Je publie ici une lettre ouverte de Clara Cardena, membre du comité d’organisation de la manifestation du 4 février, adressée au Comité Betancourt :

    Messieurs du Comité Ingrid Betancourt,
     
    Sur votre communiqué appelant à ne pas rejoindre le rassemblement du 4 février à Paris, je souhaite de vous exprimer, en tant que citoyenne colombienne et personne humaine, ma totale réprobation. Non seulement vous déformez à dessein le message des organisateurs de cette manifestation, mais vous leur prêtez des intentions et des opinions qu’ils n’ont jamais exprimées…. 
     
    Comme à votre habitude, et aidés en cela par vos contacts avec les média français (bravo, vous avez une excellente com !), vous pretendez détenir une vérité qui n’en est une que pour votre comité et ceux qui croyez naïvement qu’en adoptant une attitude plus que conciliante avec ceux-là mêmes qui sont à l’origine du sort de Mme Betancourt, et en portant tous les torts sur le président colombien, vous réussirez à libérer Mme Betancourt, et tous les autres otages, dont vous avez finalement eu le bon reflexe de vous préoccuper.

    Vous semblez ignorer la nature de ce groupe terroriste.. ou peut-être que vous le savez trop bien et vous agissez finalement guidés par la peur, la même peur qui a maintenu dans une indigne passivité tant de millions de colombiens face à l’infamie des FARC et de tous les autres groupes terroristes, dont les paramilitaires, nés des abus et de la violence irrationnelle dans laquelle semblent se complaire les FARC.
     
    Mais au fait, qu’entendez vous par ACCORD HUMANITAIRE ?????
     
    Faut-il céder une partie de notre territoire à ces fous des FARC pour libérer Mme Betancourt ???? Sachez que nous tous les Colombiens et les amis de la Colombie qui marcheront à nos côtés le 4 février entendons avant tout exprimer notre rejet total des FARC et de ses méthodes, et par là même signifier que la libération des otages, immédiate et sans condition, est un impératif humanitaire, qui ne doit pas être l’objet d’aucun marchandage. 
     
    D’abord la libération des otages, puis le dialogue. Peut-être qu’à vos yeux de Français bien pensants, il vaudrait mieux agir comme Pétain l’a fait en 1940, car il était un vrai patriote qui voulait éviter la débâcle à son pays, n’est-ce pas ? Laisser occuper une partie de notre territoire par les FARC, comme Pétain a laissé les Allemands occuper la moitié de la France, puis autre moitié avec la bénédiction des patriotes collaborateurs qui n’agissaient que pour le bien de la patrie !

    Je constate qu’il y a des leçons de votre histoire que bien des Français, dont vous autres du Comité IB, n’avez pas retenues. Vous passez sur l’existence des camps de concentration des FARC, de la même manière que nombre de vos concitoyens de l’époque ont ignoré sciemment l’existence des camps de la mort en Europe de l’Est avant et après la 2e guerre mondiale.

    Les histoires se répètent, peut être afin que nous autres humains nous apprenions à évoluer. Nos nazis à nous en Colombie , ce sont les FARC, et cela ne veut pas dire qu’ils sont l’unique problème de notre pays, mais le principal et le plus grave.
     
    Votre communiqué a eu pour effet de renforcer ma détermination de participer au rassemblement du 4 février, et je suis loin d’être un cas isolé. Nombreux nous sommes les Colombiens et Vénézueliens à Paris qui trouvons indignes et malavisés les agissements de Mme Pulecio (mère d’Ingrid Betancourt). Dommage que son attitude soit devenue cause de mépris et réprobation à son égard dans notre pays. 
     
    Je ne doute point qu’Ingrid vaut bien une messe, mais si vous êtes des bons catholiques, pensez aussi à prier pour les milliers de Colombiens et de Vénézueliens victimes des FARC qui passeront dans la colonne pertes et profits dans cet ignoble marché dont vous vous faites les avocats. 
     
    NO AL DESPEJE !!!!! LIBERACION DE LOS SECUESTRADOS SIN CONCESION !!!!
     
    Clara Cardenas

    Comité Rassemblement Paris 4 février


  • Yltes 12 février 2008 11:18

    Je crois que le summum a été atteint lors de la visite de Yolanda Pulecio auprès du pape et qui lui a demandé de prier pour la chute de la présidence d’Uribe.Par moment on croit vraiment rêver !

    Souhaitons lui néanmoins la prochaine libération d’Ingrid qui semble bénéficier actuellement d’un regain d’activité diplomatique secrète avec de nouvelles rumeurs quant à sa prochaine libération. Même s’il faut prendre cette information avec prudence et des pincettes.

    source :

    http://jacquesthomet.unblog.fr/

     


    • phiconvers phiconvers 12 février 2008 20:22

      Je crois qu’il n’y a rien à dire de plus sur Yolanda Pulecio, idiote utile au service des ravisseurs de sa fille. Le commandant des forces armées colombiennes a d’ailleurs dit les choses on ne peut plus clairement. Je serais surpris par une libération rapide d’ingrid Betancourt, cela signifierait que les FARC sont encore plus affaiblies que ce que l’on croit et que cette libération négociée représenterait leur dernière carte pour éviter l’anéantissement.

      J. Thomet fait oeuvre utile. Il faut se mobiliser et adresser à la presse et à nos dirigeants les bons messages, sans se décourager. Il en va de l’avenir de la relation franco-colombienne, abîmée par tant d’années d’aveuglement français, et de la vérité sur la situation de la Colombie, passée par pertes et profits par des idélogues marxistes bien secondés par des ignorants trompés et peu curieux de la réalité.


    • Yltes 13 février 2008 18:53

      J’aimerais partager votre optimisme quant à la possibilité d’influer sur l’information, le politiquement correct et la diplomatie secrète de mise dans cette affaire car le silence de la presse française sur la mobilisation des colombiens contre les Farcs me laisse extrêmement songeuse ...

      Aucune image à la télé, juste un entrefilet sous forme de depêche AFP sur les sites de Libé et du Nouvel Obs... D’où provient donc cette aveuglement pour ne pas dire censure ? comment la famille Bétancourt pourrait elle disposer d’une telle influence au niveau des médias ? autant de questions que je me pose et qui pour l’instant n’ont trouvées aucune réponse...

      Même Jacques Thomet sur son blog dans son article intitulé : "La france se bouche les yeux pour ne pas voir les 10 millions de colombiens soulevés contre les Farcs écrit je cite :"" Dans l’histoire de la presse française, le mutisme de nos médias face au déferlement de dix millions de Colombiens le 4 février dans tout le pays contre la guérilla des FARC sera marqué d’une pierre blanche, noire plutôt tant elle entache l’honneur de la profession à laquelle j’appartiens."

      Actuellement le site du nouvel Obs dans la rubrique "indiscrétions" signale que mardi dernier, une réunion secrète s’est tenue sur les bords du Lac Léman à propos de la libération d’Ingrid Betancourt puis mentionne le déplacement des émissaires en Colombie afin de négocier directement avec les Farcs. Suite à cela Piedad Cordoba assure la prochaine libération d’Ingrid sans que les Farcs n’infirment ni ne confirment tout en laissant sur leur site un communiqué sous forme de commentaire sybillin...genre " si elle le dit..." ???

      Face à cela on plonge de nouveau dans un abîme de perplexité et on se demande vraiment quels types de négociations secrètes sont en train de se dérouler actuellement ? Quels peuvent être les accords et compromis en jeux entre Chavez, la diplomatie française et les chefs des Farcs, alors que les principales revendications de ces derniers ne peuvent être accordées par les différents partis en présence.

      Enfin quel peut être "le prix" que tout ce beau monde est prêt à payer afin de faire remonter d’une part la cote de Chavez et d’autre part celle de Sarkozy dans les sondages s’ils parviennent à une prompte libération d’Ingrid, sachant qu’il est peu probable qu’une rançon purement monétaire intéresse vraiment les Farcs ?

      Décidemment on n’a vraiment pas fini de s’interroger sur les tenant, les aboutissants et les dessous de cette complexe affaire...

       

       

       

       


  • phiconvers phiconvers 22 février 2008 20:52

    Deux excellents articles de J. Thomet, ancien patron de l’AFP à Bogota. A lire et diffuser d’urgence !!!

    LE CHANTAGE DU « FRENCH DOCTOR » KOUCHNER, PETIT TELEGRAPHISTE DE CHAVEZ, INDISPOSE LA COLOMBIE

    La France s’est à nouveau distinguée sous le règne de Nicolas Sarkozy avec une cascade de gaffes commises par son ministre des Affaires étrangères dans ses entretiens avec le président Alvaro Uribe à Bogota. Comme la Colombie n’a rien d’un République bananière, Bernard Kouchner a déclenché un haut-le-cœur général, avant d’être renvoyé dans les cordes par son interlocuteur dans l’affaire Betancourt.

    Bernard Kouchner a rencontré le chef de l’Etat colombien le jeudi 21 février, au lendemain de ses entretiens à Caracas avec Hugo Chavez. Avant son face à face avec Uribe, Kouchner avait distillé pour la presse le contenu hallucinant de l’argumentaire qu’il allait lui présenter. Le voici, relaté dans les médias :

    « Il devait aussi faire valoir à M. Uribe, selon des diplomates français, que c’est dans son intérêt d’avoir derrière lui cette affaire d’otages, qui empoisonne sa vie sur la scène internationale.
    En cas de décès de Ingrid Betancourt, aujourd’hui très affaiblie, M. Uribe pourrait en outre être tenu pour responsable s’il n’a pas fait les gestes nécessaires à temps, fait valoir la France.
    M. Kouchner devrait également appeler une nouvelle fois M. Uribe à ne rien faire qui puisse mettre “en danger” la vie des otages, après sa décision d’encercler les zones où la guérilla des Farc les détient.”

    Quel chef d’Etat admettrait un tel chantage de la part d’un ministre étranger ? « Le dialogue a été respectueux, mais sans aucune chaleur », relate ce matin le quotidien El Tiempo de Bogota. En d’autres termes, la discussion a atteint les limites de la rupture.


    Evoquer l’absence de « gestes nécessaires » à une libération immédiate d’Ingrid Betancourt signifie que la France attend de la Colombie qu’elle cède à toutes les exigences des FARC. Cette guérilla narcoterroriste retient près de 800 otages, certains depuis 10 ans, et devra un jour passer devant le tribunal international de La Haye pour crimes contre l’humanité. Les preuves abondent, n’en déplaise au docteur Kouchner qui a oublié de faire un diagnostic préalable.

    Pour la énième fois, Paris oublie toutes les concessions faites par Bogota pour parvenir à un échange entre 44 otages « politiques », dont Ingrid, et 500 guérilleros incarcérés. Le dernier geste d’Uribe consistait à proposer un territoire de 150 km2 pour un dialogue entre la guérilla, L’Eglise colombienne, et les « trois pays » (Suisse, France, Espagne) dans une zone inhabitée du sud-ouest, près de Cali. Les FARC viennent de rejeter cette offre, et ne veulent ni de l’Eglise ni de l’Espagne dans cette négociation. Cette avancée de Bogota avait été appuyée par Sarkozy.

    Ce que veulent les guérilleros, c’est l’octroi d’un mini-Etat, sans armée ni police ni justice, pour y faire régner sa loi, avec ses armes, comme elle en a eu l’usufruit de 1998 à 2002, sous la présidence d’Andrés Pastrana. Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy accepteraient-ils que la Colombie exige la même chose en faveur d’un groupe terroriste corse pour libérer une sénatrice française ayant aussi la nationalité colombienne ? !

    Exiger des forces de l’ordre colombiennes de ne pas mettre en danger la vie des otages revient à dire : une fois que des personnes sont séquestrées, la guérilla détient le pouvoir, on n’y touche plus, on attend ses instructions pour « négocier » sous la terreur. Tous les jours, des otages sont libérés par l’armée ou la police en Colombie, comme ce fut encore le cas hier jeudi. Le président Uribe ignore comment Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly, avait neutralisé un preneur d’otages dans une école primaire de sa commune en 1993. Uribe aurait pu le rappeler à Kouchner. Eric Schmitt, alias « Human Bomb », avait menacé de se faire sauter avec les enfants otages s’il n’obtenait pas une rançon de 100 millions de francs. Sous les ordres de Sarkozy, le RAID (service spécial de la police) avait encerclé les lieux puis abattu le ravisseur, malgré les risques encourus par les élèves… Mais Uribe a rejeté la requête du ministre français, au nom de ses obligations en sa qualité de président pour lutter contre les groupes en marge de la loi.

    Dans sa superbe, Kouchner a proposé à Uribe d’intégrer le Venezuela dans le dialogue avec les FARC, comme s’il était le porte-parole de Chavez, dans une nébuleuse dont ferait partie le Brésil et Cuba. Le président colombien a sèchement apporté une fin de non recevoir à cette demande ahurissante. Occupé par l’indépendance du Kosovo, le ministre français doit ignorer, ou a feint de ne pas savoir, que le président vénézuélien mène une politique agressive contre le gouvernement colombien et pour la légalisation des FARC, qu’il soutient, à l’international. Là encore, il a été refoulé dans son en-but.

    Comme je l’ai écrit hier, le drame des otages n’est pas près de s’achever. Ingrid Betancourt sera libérée prochainement, pour aider :


    - les FARC, grâce à l’intervention de Paris, à perdre leur label de terroristes et à ouvrir des bureaux partout dans le monde, y compris à l’ONU.

    - Hugo Chavez à recouvrer un soutien international après cette libération, pour pallier son discrédit total au Venezuela.

    - Nicolas Sarkozy à remonter dans les sondages grâce à cet « exploit » du retour d’Ingrid.


    Les 800 autres otages, dont trois Américains enlevés en février 2003, pourront attendre dix ans de plus, ou davantage s’ils ne meurent pas en captivité, pour bénéficier d’une mesure identique.


    Ni la France ni Caracas ne leur prêteront le moindre intérêt. Qui en France s’est préoccupé pour Aïda Duvaltier, cette Française décédée en 2006 après cinq années de captivité aux mains de la guérilla. Elle avait pris la place de son mari, malade, comme otage…


    — -

    REVELATION : POURQUOI LES FARC VONT LIBERER INGRID BETANCOURT

    La guérilla a perdu la bataille sur le terrain en Colombie, mais elle va remporter une victoire diplomatique primordiale. En échange de la prochaine libération d’Ingrid Betancourt, les FARC ne seront plus qualifiées de terroristes, disposeront d’un statut similaire à une organisation de libération nationale, et pourront installer des antennes dans les grandes capitales mondiales, dont Paris. C’est le prochain chapitre prévisible dans le drame des otages que je suis en mesure de vous révéler. J’ai longtemps écrit que l’ex-candidate à la présidentielle en Colombie, otage des FARC depuis le 23 février 2002, serait la dernière à être relâchée par ses ravisseurs. Les pressions publiques de Paris sur le pouvoir à Bogota pour l’inciter à céder aux exigences des rebelles en avaient fait une poule aux œufs d’or. Plus la France criait, plus la guérilla se gonflait d’importance et refusait la moindre concession. Deux éléments de taille ont changé la donne dans les derniers mois, et expliquent l’évolution de ma position :


    1- Les FARC ont été laminées par l’armée depuis la première élection en mai 2002 d’Alvaro Uribe, réélu en 2006 pour un nouveau mandat de quatre ans. Personne ne conteste cet état de fait. Les 18.000 rebelles de 2002 ne sont plus que 8.000 en 2008. Leurs rangs ont été décimés par les opérations militaires tous azimuts, et les défections en chaîne. La guérilla n’est plus en mesure aujourd’hui de menacer un seul des 350 maires – sur les 1100 municipalités du pays andin – qu’elle avait contraint à s’exiler en 2002.

    2- Le président vénézuélien Hugo Chavez, un populiste de gauche allié des FARC depuis son élection en 1999, a fait l’unanimité contre lui, d’abord à l’étranger, puis chez lui. Les denrées de base manquent dans un pays où le pétrole coule à flot, avec 2,3 millions de barils par jour.

    Conclusion de ce constat : les FARC et Hugo Chavez ont un besoin commun, pressant, de redorer leur blason. Qu’on en juge :


    - Les FARC ont perdu à jamais leur aura : Le scandale Emmanuel, l’enfant de l’ex-otage Clara Rojas conçu en captivité avec un guérillero, a bouleversé le monde, et décillé les yeux de ceux qui voyaient dans les rebelles un mouvement romantique à la Che Guevara. Le martyre de ce bébé arraché à sa mère à l’âge de 8 mois puis abandonné dans un état critique (paludisme, leishmaniose, humérus brisé) jusqu’à ce qu’il soit récupéré par l’Institut social de Bogota, a révélé à des millions de gens la barbarie d’une guérilla qui, encore aujourd’hui, détient près de 800 otages dans la jungle et tire ses revenus tant de leur rançonnement que du trafic de cocaïne. Les images d’Ingrid amaigrie, muette, sans vie apparente, ont achevé le sinistre tableau. Les FARC ne peuvent plus jouer avec le feu en se faisant passer pour victimes d’un conflit dont elles sont les principales responsables avec la révélation de leurs crimes contre l’humanité, comme à eu le courage de les dénoncer, à peine libre, Clara Rojas.



    - Hugo Chavez a été désavoué par le peuple le 2 décembre 2007. Il a perdu son référendum sur une réélection illimitée. Son siège tangue. Seul un succès diplomatique international, comme la libération d’Ingrid, peut lui permettre de survivre à terme à la tête de l’Etat.

    Cette conjonction de facteurs objectifs oblige les deux alliés, FARC et Hugo Chavez, à s’entendre pour retrouver un ballon d’oxygène. Le président du Venezuela n’a cessé d’abriter et armer la guérilla colombienne derrière les 2.300 km de frontière qui séparent les deux pays. Son nouvel objectif vise à les obliger à libérer Ingrid Betancourt, sous peine d’être privés de cette aide à même de compenser leur échec sur le terrain.

    En échange, les FARC, une fois Ingrid libérée, obtiendront d’être rayées de la liste terroriste établie en juin 2002 par l’Union européenne. Paris s’est déjà engagé à forcer la main au reste de l’Europe dans une telle éventualité. Dans la foulée, la guérilla sera reconnue à l’ONU comme une force de libération nationale, et ouvrira des « ambassades » à l’étranger, comme ce fut le cas pour le Fatah palestinien. La guérilla aura tout loisir d’intoxiquer les médias par des mensonges répétés, dans la ligne de Goebbels, pour faire passer sa « vérité ». Il suffit pour s’en convaincre de lire les textes publiés par les agences ANNCOL et ABP, bras politiques des FARC, basées en Suède et en Espagne respectivement.


    Le résultat est à vomir, mais il est proche de se concrétiser. Après la libération d’Ingrid Betancourt, les autres otages, près de 800, pourront continuer de pourrir dans la jungle. Ils en sortiront hélas les pieds les premiers, mais Paris se sera fermé les yeux en connaissant d’avance cette issue tragique…


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