lundi 7 décembre 2009 - par barbouse, KECK Mickaël

Interview de l’homme qui battait sa femme

Bonjour. Trouver un homme ayant frappé sa femme et qui accepte de répondre à des questions sur le sujet pour faire un article sur internet, c’est loin d’être évident. Mais, finalement, après plusieurs semaines où je cherchais à faire cet article, j’ai interviewé monsieur X, condamné pour violence conjugale, ancien alcoolique, avec suffisamment de souvenirs précis et volonté d’en parler pour pouvoir le soumettre à votre attention.

Pour diverses raison et avec son accord, j’ai reformulé les réponses de monsieur X sans en modifier le sens, mais le vocabulaire, supprimer les noms de marques, les dates, les lieux, modifier les détails rendant son histoire trop précise et repérable, afin de rendre décemment lisible cette interview et faire en sorte que la femme qui a été victime de cet homme ne puisse revivre son calvaire en lisant cet article, j’ai fait attention, ce n’est pas fictif mais lissé autant que possible, modifié et mis hors contexte véritable. Toute ressemblance néanmoins avec une situation criminelle et subie autre que celle de monsieur X est purement fortuite.

Sur le même principe que lorsque des campagnes de préventions montrent publiquement des photos de visages de femmes battues par volonté de dénonciation, cela rappelle en même temps aux femmes qui l’ont vécu ou le vivent ce qu’elles ont traversé ou subissent encore, cette interview est aussi pour lutter contre la violence faite au femme, mais sous un angle réaliste et masculin, et j’espère qu’il sera bien lu et compris comme tel.

Cet article est issue d’une conversation « entre homme » qui à durée plus de 5 heures sur quelque jours d’intervalles, par téléphone, le temps que monsieur X remette une partie de ses souvenirs en ordre et que je prépare des questions qui ne sont pas toute là mais dont ses réponses sont dans cet article, qu’il a lu et a accepté que je le propose à votre attention.

  • bon, on va prendre les faits dans l’ordre chronologique si vous voulez bien, alors commençons par le début, vous avez rencontré votre ex femme il y a combien de temps ?

  • Il y a 9 ans.

  • Et vous étiez quel genre d’homme en la rencontrant, déjà porté sur l’alcool, déjà d’un tempérament violent ?

  • Oh je picolais un peu, mais j’avais l’alcool plutôt fêtard, un peu bagarreur à l’école, mais plus vraiment après. Je pensais être un type normal quoi, il fallait pas me pousser mais à part une fois, au volant, un jour où j’étais pressé et où on m’a rentré dans le c..., je suis sorti de ma bagnole et le type s’est barré, mais à part ça, rien d’aussi grave.

  • D’accord, et entre le début de votre couple et votre première violence conjugal il s’est passe combien de temps ?

  • Un peu plus de trois ans, la gamine était déjà en route.

  • Vous pouvez en dire plus ?

  • J’étais sous pression. Je voulais rester avec encore un peu, mais je voulais pas lui faire de gosse. J’étais pas malheureux mais pas heureux non plus, je me sentais juste casé et un peu piégé. Et c’est arrivé. Elle m’a fait une scène parce que je ne réagissais pas comme elle voulait. Un jour elle avortait, le lendemain elle la gardait et moi je savais plus où j’en étais. Je rentrais crevé d’un boulot en CDD et je savais déjà pas s’ils allaient me garder, alors dans 9 mois avec un gosse sur les bras... J’étais sous pression. Elle m’a fait une scène pour une connerie de série Télé. Elle parlait, parlait, parlait et n’écoutait rien, j’ai craqué, je l’ai giflé.

  • Et ?

  • J’ai voulu retenir mon bras, juste lui faire peur, mais c’était trop tard. Elle a pleuré directement. Je suis passé des cris aux larmes, et de la prise de tête à une autre prise de tête, mais finalement ça s’est calmé le soir même.

  • Elle ne vous a pas quitté ?

  • Non. Au contraire, je ne sais pas si c’est vrai cette histoire d’hormone quand les femmes sont enceintes, mais nos avons été plus proche. Avec le recul je me dis que j’aurais dû partir tout de suite, la ligne était déjà franchie, je savais que je serais malheureux et me sentait pris au piège, mais sur le moment, elle était enceinte et je voulais voir ma gosse, je me sentais pas de partir comme ça.

  • Donc votre première violence n’a pas porté à conséquence, vous avez eu l’impression que la ligne était plus loin, qu’une gifle c’était pas si grave ?

  • Non, je savais que c’était la ligne, mais ensuite c’est petit à petit devenu comme une sorte de routine qui revenait, ça ne se dit pas, mais c’était comme une facilité et j’ai oublié que c’était la ligne. Elle et moi étions sous pression, financièrement, au niveau familiale, la grossesse difficile, l’arrivée de la gamine, les nuits sans dormir. Elle stressait beaucoup et me stressait, et dès qu’elle « avait sa claque », la tension retombait pour elle, et moi j’allais me saouler la gueule après pour me détendre, mais je me souviens que ça me dégoutait déjà d’en arriver là.

  • On dit souvent que les hommes violents ont été enfants battus, c’est votre cas ?

  • C’est ce que j’ai raconté à la psy pour le tribunal, mais en vérité à part quelques fessées, un coup de pied au cul, rien de si grave.

  • Et vous franchissez quand et pourquoi la ligne rouge, celle qui vous amène au tribunal ?

  • Il y a 3 ans et quelques mois. A force de boire, je n’ai pas remarqué que je ne me contrôlais plus. Au début je gérais, je buvais les soirs pour dormir, les weekends pour oublier ma semaine, mais au bout de plusieurs années à ce rythme, j’ai perdu le contrôle.

  • Donc pour vous le coupable c’est l’alcool ?

  • Non. Il y a des types qui picolent et qui envoient pas leurs femmes à l’hôpital. Cela a accéléré ma chute, mais ce n’est pas la raison de ma chute.

  • Vous pouvez donnez les raisons de votre chute, comme vous dites ?

  • Ça a commencé par une fois où j’ai frappé trop fort. Là j’ai senti que j’avais fait mal, et elle n’a pas réagi comme les autres fois. Là j’ai compris que je risquais les flics et j’étais sur un boulot la semaine d’après, je me suis dit qu’il fallait que j’assure, que je me calme, que j’aille me défoncer au taff, et que ça irait mieux, mais au fond, je sentais une boule dans l’estomac qui ne me quittait pas, j’en avais mal aux tripes parfois.

  • Vous avez eu peur des conséquences pour la première fois au bout de toutes ces années ?

  • Oui. Je dis pas qu’après les premières fois j’avais pas eu de coup de stress et me sentai bien et heureux de vivre comme ça, mais vu que ça se calmait à chaque fois, que parfois elle dansait, souriait, m’aimait, était même jalouse, j’étais rassuré.

  • Mais après avoir frappé trop fort ?

  • Dans ses yeux j’ai vu la peur, et j’ai tendu le dos. J’ai commencé à être parano. Ses amies étaient mes ennemis. J’allumais la télé dès que j’entendais parler de femmes battues et d’hommes bourreau je zappais, ça me mettais en rogne et pouvait lui donner de mauvaises idées, à moi ça m’en donnait. Je me faisais des films dans ma tête où elle me tuait dans mon sommeil. Je voyais les flics dans mon quartier, c’était pour moi. Je craignais qu’elle raconte que je la battais, parle à une assistante sociale, aille aux médecin, aux flics ; porte plainte, même ses rendez vous chez le gynéco me mettait les nerfs en boule.

  • Mais c’était vrai, c’était le cas.

  • Oui. Mais je voulais pas allez en taule pour ça. J’espérais toujours reprendre le contrôle, un boulot, partir en vacances, relâcher la pression, et essayer de changer les choses, mais je stressais encore plus. J’ai voulu tout contrôler et surveiller : son téléphone portable, ce qu’elle faisait de ces journées, à qui elle parlait... J’étais constamment aux aguets, et côté boulot mon contrat s’est fini, je suis retourné à la maison toute la journée, et là c’était vraiment pas bon. Je lui parlais elle se mettait sur la défensive, et du coup j’imaginais le pire en me demandant ce qu’elle cachait. J’insistais, elle me répondait qu’il y avais rien, et j’entendais déjà dans ma tête les flics venir me coffrer, et ça finissait mal.

  • C ’était devenu votre quotidien ?

  • Au quotidien elle me regardait à peine dans les yeux, on n’avait plus d’intimité ou presque, j’avais l’impression d’être un violeur alors que bon, c’était ma femme, mais tellement sur la défensive que je la reconnaissais plus et ça me coupait tout. Et puis, dans mes moments de lucidité, je savais bien que j’avais cassé quelque chose chez elle et je me détestais pour ça autant qu’elle me détestait, alors je me prenais un verre en regardant la télé, puis un autre... Je pensais qu’à ma gueule, je le savais, mais je pensais qu’à sauver ma peau.

  • Et vous finissez par l’envoyer à l’hôpital ? Vous voulez en parler ?

  • C’était une sale journée de merde. Je suis rentré à cran, elle l’a tout de suite vu. Ma gamine était restée sale, j’ai hurlé, elle a hurlé, elle m’a menacé et j’ai été un animal. Je ne peux pas le dire autrement. J’ai été soulagé de redevenir humain devant les flics en signant mes aveux complets. C’est comme si le cauchemar s’arrêtait. J’allais être jugé, puni, faire de la taule et changer de vie. J’arrivais pas à m’avouer vaincu, à admettre que j’étais pas à la hauteur pour changer les choses, je repoussais tout le temps à plus tard, avec un peu de chance sur un truc à gratter, du fric, un boulot, mais j’étais vaincu et c’est devant les flics que j’ai compris que le sol au bout de ma chute était préférable à des années de plus dans cet enfer que j’ai créé.

  • Vous avez tout avoué, été jugé et condamné. Vous avez purgé votre peine, avez donc payé votre dette envers la société, et arrêté l’alcool, vous pensez pouvoir refaire votre vie ?

  • Oui. En taule j’ai fais une formation de plus, j’ai trouvé un boulot dans ma nouvelle ville, j’ai mis un peu moins d’un an, coup de bol pour un ex taulard, mais maintenant ça va, j’ai quitté le foyer et repris un appartement, je voulais pas retourner chez mes parents.

  • Vous avez revu ou tenté de recontacter votre ex femme ou votre enfant ?

  • Revu non, on s’est parlé par téléphone et sur le net. Elle refait sa vie aussi. J’ai toujours de la colère quand je repense à elle et ma gosse, alors je me suis dit que ma meilleur solution c’est de rester loin, de ne pas regarder en arrière et repartir à zéro. Je suis encore vaillant, je peux rebondir. Quand j’ai des coups de colère, maintenant je suis le conseil d’un flic, je fais du sport jusqu’à ce que je m’écroule, ça m’est arrivé assez souvent pendant un peu plus de 6 mois, en taule et en sortant de taule, mais depuis ça se calme aussi.

  • Et vous l’aidez financièrement ?

  • Non. Ce que je fais c’est tous les mois je met de l’argent sur un compte, et quand ma fille aura 18 ans, je lui verserai le total.

  • Si vous pouviez parler au mec que vous étiez il y a 6 ans, celui qui vient de franchir la ligne, qu’est ce que vous lui diriez ?

  • De se tirer. On commence par des claques et on contrôle rien du tout. Un homme malheureux ne peut pas être un bon père, et si je m’étais barré, je ne me sentirais pas autant comme une merde quand je te parle et je verrais encore ma fille.

  • Et à celui qui a senti une boule dans l’estomac après avoir frappé trop fort ?

  • D’aller chez les flic tout de suite pour demander un encadrement au lieu de rentrer dans la parano, il faut assumer, et seul, il y a que comme ça que ça s’en va. Au début j’avais peur qu’elle me balance, à la fin je la haïssais, alors qu’elle n’y était pour rien et j’ai fini par l’envoyer à l’hosto. C’est lourd, ça te tue à l’intérieur, mais c’est ce qu’il y a de mieux, aujourd’hui je m’en rends compte, allez direct se faire encadrer .Et puis ne pas glander à la baraque, ni sortir pour se démolir, il faut s’inscrire faire du sport, se défouler au maximum avant de rentrer, bref, tout sauf être hors contrôle et à cran. Mais bon, si on m’avait dit fonce chez les flics ou va voir un psy, je n’y serai pas allé. Il manque un truc pour pouvoir se faire encadrer correctement, un truc genre armée, et qui remette la tête à l’endroit autrement qu’en racontant sa vie à un psy en taule, pas un truc de baratin quoi. Ce n’est pas en zonzon avec des pointeurs et des niqueurs de mère que je suis sorti meilleur avec ma violence. Il manque un endroit pour ça.

  • Des stages encadrés par l’armée pour apprendre à gérer sa violence et partir reprendre le contrôle loin de sa femme ?

  • Oui, un truc comme ça, au lieu d’être enfermé en cage, à faire vivre et à vivre l’enfer, autant aller faire des chantiers sociaux, ou humanitaires, mais encadré viril. Se sentir utile, c’est quand je me sentais utile que je n’étais pas violent et pas castré pour autant.

  • Je n’ai plus de question, vous avez une dernière chose à dire ?

  • Je veux juste dire, ça va être lu sur internet votre article ?

  • Oui, si ça passe, je ne peu rien vous garantir, c’est un vote.

  • bon, si ça passe pas, merci de m’avoir permis de vider mon sac, si ça passe, je veux dire à vos lecteurs que le seul truc un peu intello que je peux dire parce que c’est vrai pour moi, c’est que j’ai été un môme qui rêvait d’être un héros, comme dans les films, et qu’en frappant ma femme, je tuais mes rêves d’enfant, m’en suis rendu compte en revoyant un film de quand j’étais petit.

Je n’ai pas de conclusion a donner à cet article, je l’ai fait pour différentes raisons, une des principales étant qu’en respectant les limites de la limite, en faisant cette interview je ne donne pas de notoriété à monsieur X ni ne laisse la possibilité de perturber à nouveau son ex femme et sa fille, et il reconnait de lui même l’innocence de sa victime.

Bien des femmes qui connaissent ces situations peuvent j’espère lire qu’une fois le besoin de chercher des excuses notamment avant d’aller au tribunal, et une fois sorti de prison, des hommes peuvent reconnaître qu’ils sont exclusivement coupable de la gestion de leur force physique, là où avant, ils exploitent autant qu’ils peuvent les émotions aliénées par les coups qu’ils donnent et la fragilité de leur victime. C’est une fois mis devant la vérité, et la peine infligée par la justice, que certains hommes peuvent assumer leur responsabilité.

Ce qu’il faut lire aussi, c’est qu’on ne peut pas rassurer ou gérer un homme qui rentre dans un tel état paranoïaque et de dégout de soi. Il n’y pas d’attitude, pas de façon de se tenir, pas de façon de lui parler, pas moyen de le soulager , ce n’est tout simplement pas faisable, et à l’impossible nul n’est tenue, encore moins à son corps défendant.

J’ai orienté mes questions en voulant montrer ce que je savais déjà après avoir écrit mon essai sur les douleurs masculines et monsieur X a ce trait de caractère de l’homme qui maintenant veut assumer parce qu’il a compris que c’est ne pas le faire, ne pas réagir à sa dérive puis sa chute dans la violence conjugale, qui l’a amené au pire.

Si les hommes savaient ce que ça fait de vivre en homme qui bat sa femme avant de le devenir le message passerait mieux. Nous savons tous à quel point c’est un crime condamnable pénalement, médiatiquement, moralement, mais rarement aussi à quel point c’est un basculement vers un quotidien de dégout de soi avec cette boule dans l’estomac comme celle que nous raconte monsieur X, (il a beaucoup insisté sur elle pendant l’interview), et qu’il faut réagir avant la chute et le pire, autant pour sa victime que pour soi même.

Amicalement barbouse. A ma grand mère, que j’adore.

PS : Agoravox n’est pas qu’un blog collectif, comme le pensent certains, j’espère qu’en voici une preuve, et j’ai tout effacé de ces entretiens avec monsieur X, aucune trace, pas la peine d’en demander, il n’y en a tout simplement plus, je n’ai pas d’autres moyen de couvrir des sources.

Et humainement, oui j’ai eu envie de lui casser la gueule deux fois en réagissant à certaines de ses réponses, même si je savais qu’il avait purgé sa peine, mais au téléphone... et je pense que du point de vue du début du journalisme citoyen, une de mes motivations étant d’explorer ce nouvel espace de la vie citoyenne numérisée qu’offre agoravox, j’ai trouvé dans cet interview une limite à l’amateurisme.

 



15 réactions


  • stephanemot stephanemot 7 décembre 2009 12:22

    merci pour ce temoignage franc et sans fard.

    utile, sinon pour les victimes, du moins pour ceux qui sont passes a l’acte ou ne savent pas trop ou ils en sont

    « J’ai été soulagé de redevenir humain devant les flics en signant mes aveux complet. C’est comme si le cauchemar s’arrêtait. J’allais être juger, puni, faire de la taule et changer de vie » / « aller chez les flic tout de suite pour demander un encadrement au lieu de rentrer dans la parano » : oui, sachant qu’il existe en outre des hotlines pour conjoints violents (aux US tout du moins, probablement en France aussi)


    • barbouse, KECK Mickaël barbouse, KECK Mickaël 7 décembre 2009 19:22

      @ rodier,

      au lieu de vous énervez sur le journalisme, l’avantage c’est que rien ne vous empêche de compléter cet article avec les statistiques que vous citez, ou d’en faire un article complémentaire et non stérilement opposé.

      ensuite, oui, monsieur X est dans le « cliché », et tous les hommes violents ne sont pas peu diplomé, chomeur, alcoolique, etc... loin de là, mais en même temps je crois que lui comme moi on « c’est trouvé », j’allais pas lui dire « non, votre témoignage m’intéresse pas, vous êtes trop banal, trop dans l’idée qu’on ce fait du type qui bat sa femme », si cette idée existe de façon populaire, c’est bien qu’elle à un fond de vrai, j’ai pu le constater.

      ensuite, si ça vous énerve que des journaliste citoyen commencent a faire des interview et ne font pas semblant de recouper l’info avec un dossier de presse déjà fait pour eux, et bien c’est un début, et à la place de certain, je commencerais a réfléchir.

      amicalement, barbouse


    • La mouche du coche La mouche du coche 8 décembre 2009 09:05

      z
      z
      Immense félicitation à l’auteur pour nous avoir enfin écrit un véritable article de terrain sur ce sujet. Ici on n’est plus dans l’idéologie publicitaire pour lectrice de revue féminine. Voilà la réalité.`

      Quand on voit toutes les conneries que ce sujet sécrète, et dont l’apothéose est le film « La domination masculine », cela fait un bien fou. Merci encore.
      z
      z


  • libellule 7 décembre 2009 14:09

    merci

    on peut en plus noter que ce type de « ligne » à ne pas franchir est valable dans bien d’autres circonstances où une personne franchie une ligne qu’elle ne devrait pas : vol, viol, drogue, meutre (TOUTES proportions gardées bien sur ...)


  • Laminak 7 décembre 2009 17:05

    Coucou,

    Article tres interessant et difficile pour les deux. Difficile car on se met en danger....
    Pour le bien et l’edification de nous tous.
    Je pense qu’il faut bien relire cet article que l’on soit un homme ou une femme.
    Pas de parti pris ( et c’est dur).
    Une phrase a retenue mon attention : « J’étais sous pression. Je voulais rester avec encore un peu, mais je voulais pas lui faire de gosse. »
    Cela n’excuse en rien. C’est une source d’explication. Bien d’autres existent. Et ca me fait bien plaisir qu’il ne faille pas les chercher dans la jeunesse de M.X.
    La place de l’alcool est bien decrite aussi.

    Juste : merci.

    Lami.


    • Annie 7 décembre 2009 22:03

      @Rodier,
      Aussi surprenant que cela puisse vous paraître, même un âne qui n’a pas soif a besoin de boire de temps en temps, et ce que vous avez écrit n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde ou de quelqu’un qui ne voulait pas entendre.


    • Annie 7 décembre 2009 22:07

      « Ce que vous avez écrit n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde »
      Aïe, aïe, aïe, le choix des mots est terrible, mais tant pis, il me faudra vivre avec.


    • barbouse, KECK Mickaël barbouse, KECK Mickaël 8 décembre 2009 02:25

       a rodier,

      tout d’abord, le discours dominant dominé, monsieur X a lu l’article avant que je le propose a publication, oui c’est ce qu’il veux dire. Encore une fois vous êtes dans l’interprétatif, et ce qui semble vous ennuyez c’est que ce témoignage, d’un seul homme, ne correspond pas a vos études, tableaux et statistiques, mais a l’idée commune de ce que disent les gens.

      pour la prise en responsabilité exclusive, aussi bizarre que ça puisse paraitre, il existe des personnes qui quand elles sortent de prison reconnaissent leur tort et leur faute, ça y es, il l’ont payé à la société, et n’hésitent pas a considérer qu’ils sont seul coupable de la violence physique, ne serais ce que parce que c’est bien d’eux qu’elle est venue.

      la part de responsabilité mutuelle dans un couple qui dérive dans la violence conjugale n’était pas le thème de l’article, et si elle est un angle efficient pour comprendre ce drame humain sous un angle sociologique, ce n’est pas avec un témoignage que cela se fait, aussi redescendez de vos théories, et prenez un témoignage pour ce qu’il est, surtout qu’il n’a pas valeur scientifique d’étude sociologique du comportement qui avalise ou non.

      ensuite je ne vous reproche rien, et si c’est la mise en avant de votre option sociologique qui vous importe, rien ne vous empeche de faire un copier coller de vos liens et de les mettre ici, au lieu de les rendre peu accessible.

      amicalement, barbouse. et pour vous ce sera monsieur Keck :))


  • homosapiens homosapiens 7 décembre 2009 23:20

    bravo
    article intéressant.
    Bonne idée de sujet
    traité avec honnetteté.
    j’ai apprécié.
    et je n’ai pas de commentaire sur le sujet, preuve, à mes yeux en tous cas, que vous avez
    dit ce qu’il fallait dire.
    a+


  • Salsabil 8 décembre 2009 11:14

    Bonjour Barbouse,

    Il m’est difficile de m’exprimer sur ce sujet. La seule chose que je puisse dire est que si j’entends bien ce que ce Mr X a à dire, à aucun moment je n’éprouve la moindre pitié, la moindre compassion ni même une forme de compréhension à ses actes.

    Ce qu’il a fait ne s’effacera jamais de la mémoire de sa victime, qu’il en soit de même pour lui et qu’il en paye les conséquences ad vitam eternam, honnêtement, ça me semble bien le minimum.

    Je t’embrasse.


  • guillaume 8 décembre 2009 11:42

    Aimer, c’est respecter. Je respecte mon environnement, mon enfant, mon mari, mon père, la société et toutes les violences que j’ai subies. Je respecte ce qui est là. Cela ne justifie rien, je n’ai pas à justifier. La vie n’a pas à être justifiée ; elle est ce qu ?elle est. Je fais face à la réalité, non pas à ce que la réalité devrait être selon ma fantaisie intellectuelle. Le voisin est exactement comme il doit être, il ne peut pas être autrement. Quand je vois clairement comment il fonctionne, j’ai de bons rapports de voisinage. Quand mon voisin bat sa femme, je comprends profondément que sa terrible souffrance l’amène à battre sa femme. Cela ne veut pas dire que, dans certains cas, je ne vais pas appeler la police, faire une remarque ou intervenir physiquement. Cela veut dire que je sais que quand on bat sa femme on le fait par souffrance, que quand on est violent c ?est que l’on se sent agressé. On peut se sentir agressé par un sourire...

    .
    .
    .

    Souvent je me pose la question de ce que c’est qu’aimer vraiment quelqu’un...

    C’est un concept. On ne peut pas aimer quelqu’un. C’est un fantasme. La personnalité ne peut pas aimer. Aimer, c ?est ce qui est essentiel, ce n’est pas quelque chose que l’on peut faire ou non. Quand on arrête de faire, il reste l’amour. Mais aimer quelqu’un... On aime quelqu’un s’il correspond à son fantasme. La personne que vous aimez, si elle fait ceci ou cela, vous ne l’aimerez plus. Un amour qui commence et qui finit, ce n’est pas vraiment un amour. Aimer, c’est écouter, c’est être présent.

    Aimer vos enfants, c’est ne rien leur demander et tout leur donner. Un jour, ils disparaîtront, ils ne seront plus en contact avec vous. Demander à votre enfant de vous téléphoner, de vous donner des nouvelles, ce n’est pas de l’amour. L’enfant fait ce qu’il sent le besoin de faire ; on ne demande rien à un enfant. Mais aimer quelqu ?un sur un plan humain, c’est un fantasme. L’ego ne peut pas aimer. Il utilise, prétend, se sécurise.

    Quand vous trouvez quelqu’un qui correspond à votre fantasme physique, psychologique, intellectuel, affectif, vous dites l’aimer profondément. Quand cette personne fait ensuite ceci ou cela, vous dites que c’est quelqu’un de détestable.

    On ne peut pas aimer quelqu’un. Ressentir une forme d’amour est profondément juste. C’est avant le fantasme du « j’aime quelqu’un ». Le sentiment d’amour est profond, essentiel. Mais, par manque de maturité, on pense aimer quelqu’un. On n’aime pas quelqu’un ; on aime tout court, parce que l’amour est sans direction. Ce que j’aime, c’est ce qui est présent devant moi. Il n’y a rien d’autre. Que pourrait-il y avoir de plus beau, de plus extraordinaire que ce qui se présente à moi dans l’instant si je n’ai pas l’idée que la beauté, la sagesse sont là-bas ?

    L’amour est ce qui est quand on arrête de prétendre aimer quelqu’un. Aimer quelqu’un, vouloir être aimé, c’est une histoire. Que veut dire être aimé ? Personne ne vous aime, personne ne vous aimera jamais, personne ne vous a jamais aimé et c’est merveilleux ainsi. Les gens ne peuvent que prétendre. Si vous correspondez à leurs critères psychologiques, physiques, affectifs, ils vous aiment quand ils vous rencontrent. Si vous correspondez à l’inverse, ils vous détestent. Et alors ? Il y a des chiens qui vous aiment, d’autres qui ne vous aiment pas. C’est biologique. Pourquoi s’occuper de ces choses-là ? Que signifie être aimé ? C’est un fantasme. Qu ?est-ce que cela peut faire que quelqu ?un projette sur moi quelque chose d ?attirant ou de repoussant ? C’est complètement fantasmatique ! À un moment donné, vous vous rendez compte que vous n ?avez pas besoin d’aimer, pas plus que d ?être aimé. Que reste-t-il ? Il reste le sentiment d ?amour, cette communion qu’on a entre tous les êtres et qui n’est pas directionnelle.

    Vous vous rendez compte que c’est à vous d’aimer. Ce qui vous rend heureux, c’est d ?aimer. Si quelqu’un vous dit vous aimer profondément mais que vous ne l’aimez pas, cela ne vous fait rien. Par contre, quand vous aimez, cela vous rend heureux. Les choses étaient vues à l’envers : c’est à moi d’aimer. Quand j’aime mon corps, mon psychisme, mon environnement, il y a tranquillité. Mais vouloir être aimé est un concept.

    Quand vous aimez, vous n’aimez pas quelqu’un, vous aimez tout court. La personne avec laquelle vous vivez, couchez ou allez au cinéma, c’est autre chose. Vous ne pouvez pas coucher avec tout le monde, habiter avec tout le monde. Une sélection organique se fait. Mais l’amour ne se situe pas là. Ce n’est pas parce que vous couchez avec un homme que vous l’aimez plus qu’un autre avec qui vous ne couchez pas ! Ce n’est pas parce que vous vivez avec une femme que vous l’aimez plus qu ?une autre avec qui vous ne vivez pas. C’est fonctionnel. Il y a des gens que l ?on aime profondément et l’on ne vit pas avec eux, on ne couche pas avec eux. Les circonstances ne sont pas là. Je n ?ai pas besoin d ?aimer quelqu ?un pour vivre avec lui, coucher avec lui, partir en voyage avec lui. Cela se passe à un autre niveau. Mais aimer quelqu’un, tôt ou tard vous verrez que cela ne veut rien dire. C’est comme se prendre pour quoi que ce soit, se prendre pour un Français, par exemple ; c’est une image.

    Je peux être stimulé par quelqu’un. Lorsque mon corps passe à trente mètres de tel autre corps, une forme d’intensité se manifeste, et à dix mètres c’est encore plus intense, et dès que l’on s’effleure c’est comme une folie qui vient : son odeur, la forme de son corps, le son de sa voix, sa manière de bouger, sa douceur ou sa violence, sa richesse ou sa pauvreté font que je suis touché. Mais pourquoi mettre le mot « amour » là-dessus ? C’est purement chimique. Selon ce à quoi ressemblait votre père, votre grand-père, si à trois ans vous avez été battu ou caressé, vous allez aimer telle ou telle forme de corps, telle ou telle odeur, tel ou tel mouvement. Tel homme vous attire, tel autre pas du tout. Cela remonte à très, très loin. Il n’y a pas à mettre le mot « amour » là-dessus. Ce n’est que lorsque vous voyez cela que vous pouvez vivre avec quelqu’un, vous marier, avoir des enfants, tout cela sans besoin de jouer la comédie. Vous vivez fonctionnellement avec quelqu’un, avec tout le respect et l’écoute que cela implique. Mais vous n’êtes pas obligé de croire que vos enfants sont vos enfants, que vos parents sont vos parents, que votre mari est votre mari. Ils le sont aussi, bien sûr, occasionnellement.

    Aimer, c’est écouter. Vous êtes en face d’une situation, avec un homme ? Vous l ?écoutez. Vous écoutez ce qu’il est, pas uniquement ce qu’il prétend être. Vous écoutez profondément, sans commentaire. Quand vous écoutez, vos enfants sont parfaits, votre mari est parfait, vos parents sont parfaits, votre corps est parfait, votre psychisme est parfait. Telle est la vision claire qui vient de l’écoute.

    Lorsque je pense que mes enfants, mon mari, mon corps doivent changer, c’est que je n’écoute pas. Je parle, j’ai une idéologie à propos de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. C’est cela, le fascisme : vouloir que les autres soient comme je décide qu’ils devraient être. Ce fascisme psychologique n’a pas de sens.

    Aimer, c’est respecter. Je respecte mon environnement, mon enfant, mon mari, mon père, la société et toutes les violences que j’ai subies. Je respecte ce qui est là. Cela ne justifie rien, je n’ai pas à justifier. La vie n’a pas à être justifiée ; elle est ce qu ?elle est. Je fais face à la réalité, non pas à ce que la réalité devrait être selon ma fantaisie intellectuelle. Le voisin est exactement comme il doit être, il ne peut pas être autrement. Quand je vois clairement comment il fonctionne, j’ai de bons rapports de voisinage. Quand mon voisin bat sa femme, je comprends profondément que sa terrible souffrance l’amène à battre sa femme. Cela ne veut pas dire que, dans certains cas, je ne vais pas appeler la police, faire une remarque ou intervenir physiquement. Cela veut dire que je sais que quand on bat sa femme on le fait par souffrance, que quand on est violent c ?est que l’on se sent agressé. On peut se sentir agressé par un sourire...

    Dans une absence totale de critique, il y a une compréhension de la situation. J’appelle cela respect. Certains l’appellent amour. Mais aimer quelqu’un, quelle histoire extraordinaire ! Et être aimé, c’est encore plus merveilleux comme histoire ! Souffrir de ne pas être aimé, c’est le summum ! Voir comment on fonctionne.

    Si je donne un biscuit au chien, le chien m’aime. Si je tape sur le museau du chien, le chien ne m’aime pas. Je fais ceci, mon mari m’aime. Je couche avec son frère, mon mari ne m’aime plus. Et alors ?... Laisser les gens libres. Les gens m’aiment, les gens ne m’aiment pas, c’est merveilleux ainsi. Avoir besoin d’être aimé est une mode qui va passer. Elle est le fruit d’une époque un peu décadente.

    Avoir besoin d’être aimé est une forme de maladie très intense sur le plan somatique. C’est terrible, tout comme la jalousie. Cela détruit le système hormonal, le système cellulaire. Ce besoin d’amour est un poison. Le remède, c’est d’aimer. On ne peut qu’aimer. Quand on dit : « Je n’aime pas », on nie l’essentiel en soi-même, parce qu’il n’y a rien que l’on puisse ne pas aimer. Quand je dis ne pas aimer telle personne, je nie l’amour qui est en moi. Alors, je souffre.

    C’est merveilleux d’aimer, d’être totalement attentif à quelqu’un. Comme avec un enfant. Est-ce que l’on peut empêcher l’enfant de mourir, de se faire écraser ? Non. On aime l’enfant comme il est maintenant, à chaque instant. On ne sait pas si, l’instant d’après, il aura toujours cette forme. On est présent sans demande. Que peut-on demander à un enfant ? On fait tout ce que l ?on peut, sans lendemain. C’est gratuit. Quand on vit avec un homme, c ?est la même chose : vous faites tout ce que vous pouvez, sans rien demander. Là, une autonomie, une maturationse crée. Si, un jour, par la nature de la vie, il y a séparation d’avec la personne qui a vécu dix ans avec vous, d ?abord vous verrez que cet amour ne vous quitte pas, et ensuite, si vous aimez profondément cette personne, il y aura une immense facilité pour vous de comprendre qu ?elle a besoin de rencontrer quelqu’un d’autre et vous aussi (ou pas).

    L’amour, c’est la plasticité. Aucune demande possible. Plus vous vous familiarisez avec l’attitude de tout donner et de ne rien demander, plus vos relations affectives deviennent simples, faciles, harmonieuses. Dès l’instant où vous demandez la moindre chose, vous rencontrez l’amertume, la déception, les regrets, l’hésitation, l’agitation, le conflit.

    Cela se transpose à tous les niveaux. Tant que j ?attends la moindre chose de mon corps, je serai déçu. Jusqu ?au moment où je me rends compte que, au contraire, c ?est moi qui dois donner, aimer. J’aime donc mon corps comme il est, avec ses maladies, ses limites, ses faiblesses, ses accidents. S’il est ainsi, c’est qu’il y a de très bonnes raisons. Il n’y a pas de hasard ? ce qui ne veut pas dire que cela ne changera pas. Je me rends disponible pour que mon corps puisse s’exprimer, dans la santé comme dans la maladie. Mais si je demande quelque chose à mon corps,si je veux utiliser mon corps, c’est encore la dictature, la volonté d’imposer la santé, le sport, un régime alimentaire, etc. C’est une forme de violence.

    J’écoute mon corps, qui transmet ce dont il a besoin. Tout ce que j’ai à faire, c’est d’être disponible. Chaque fois que mon corps a une faiblesse, je comprends que c’est un cadeau qui me permet d’en découvrir une qui est autrement plus importante : celle de croire que mon corps doit être sans faiblesse. C’est cela, la faiblesse. Quand je fais face clairement à cela, à un moment donné la faiblesse du corps reste ce qu’elle est : simple faiblesse du corps ; je ne me sens pas faible parce que mon corps est faible. Mais si la faiblesse du corps fait que je me sens faible, c’est à ma faiblesse psychologique que j’ai besoin de faire face. La faiblesse de mon corps m’aide à m ?interroger.

    Ce qui me touche est ce qui me mûrit. Le fantasme de l’amour est une chose très ponctuelle dans la vie humaine. Cela ne dure qu ?un moment, au milieu de la vie, pendant cette période où l’on entretient des voitures de course rouges. Un enfant de dix ans n’a pas ce fantasme ; il est très heureux sans être amoureux. À vingt-cinq ans, il se dit que, s’il n’est pas amoureux, la vie n’a pas d’intérêt ! Plus tard, à quatre-vingt-quinze ans, il n’a plus du tout envie que quelqu’un lui saute dessus pour le tripoter et il est très heureux quand même.

    L’amour tel qu’on l’entend habituellement est une absence d’amitié. C’est un troc, un échange, du business. Tu me donnes ceci, je fais cela. Je ne couche pas avec la voisine, tu ne couches pas avec le voisin ; nous sommes fidèles. L’amitié, c’est être disponible à tout ce qui est possible. On n’est pas obligé de savoir si l’on est l’amant, le mari, l’ami, le père, l’enfant. Il y a un tas de rôles humainement possibles. À un moment donné, on ne se situe plus en fonction de ces rôles. Tout est souple. Si on rencontre quelqu’un, on n’a pas de rôle. Le rôle se crée dans l’instant et il s’efface dans l’instant.

    Il faut trouver une créativité dans les relations humaines. Il n’y a pas une seule alternative — faire l’amour ou ne pas faire l’amour — il y a de multiples possibilités de rencontres humaines physiques, mentales, psychologiques. S’ouvrir à toutes ces couches, corporellement. Il n’y a pas que la tendresse ou la violence. Il y a toute une palette d ?émotions. Par peur, par besoin de savoir quelque chose sur soi-même, on ne connaît généralement que l’un ou l’autre... et on néglige tout ce qui est au milieu.

    C’est facile, les relations humaines, très facile. Il suffit d’aimer ce que l’on rencontre. Aimer, c’est donner la liberté. Là où il ne peut pas y avoir de conflit psychologique, on ne peut pas se fâcher. Des gens se fâchent avec vous ? Vous respectez cela. À un certain moment, on ne peut plus être fâché.

    Il y a des souffrances inévitables, des souffrances physiques : quand on est torturé, quand on a certains accidents terribles. Mais la souffrance psychologique — souffrir parce que ma femme fait ceci, parce que mon mari fait cela, parce que telle personne est morte — est une chose inutile. On a déjà suffisamment de souffrances inévitables à affronter pour réserver notre capacité de souffrance à ces moments-là. Souffrir parce qu’on n’est pas aimé, de cela au moins on peut se passer. Cela ne nie pas l’intensité des rapports humains, au contraire. C’est le fantasme d’aimer qui rend mièvres les rapports humains.

    On peut très bien vivre toute une vie avec quelqu’un dans un profond amour. Dans ce cas, ce n’est pas un fantasme d’aimer, c’est une résonance qui est là. Si vous n’avez pas l’idée d’aimer quelqu’un, vous n’avez pas non plus besoin de changer de mari tous les dix ans. Vous savez très bien qu’avec un autre ce sera pareil ; on rencontre uniquement sa propre problématique. On peut passer toute une vie dans un rapport merveilleux, on peut passer toute une vie à approfondir ce rapport ; c’est un rapport sans demande, un rapport d’amour, dans le sens où l’on aime profondément ce qui est là. Autrement, il y a toujours déception. On est déçu, amer. On a la lèvre supérieure légèrement rétractée, symptôme physiologique des gens amers. On s’énerve facilement, on sursaute avec le téléphone, on est acariâtre parce que l’on est déçu sans le savoir, parce que l’on a demandé quelque chose qui n’existait pas. Cette prise de conscience nous libère de toute demande. Que reste-t-il alors ? Il reste l’amour, le non-besoin.

    http://www.bhairava.ws/livres/seuldesir.html



    • Salsabil 10 décembre 2009 00:07

      @ Guillaume,

      Votre commentaire que je n’ai lu qu’une seule fois m’a tout d’abord fait esquisser un sourire.

      Après réflexion et coup d’oeil sur le site que vous indiquez en lien, je vais vous dire quel est on sentiment par rapport à vos assertions.

      Il tient en très peu de mots, ce que vous prônez est tout bêtement la négation même de la Vie.

      La vie nous permet d’avancer, de penser, de réfléchir, d’opposer ou au contraire d’unifier, pour un temps donné long ou court, peu importe. La vie fait vibrer et c’est ce qui la rend intéressante et donne envie de la continuer coût que coût.

      Ce que vous proposez au travers de votre bien joli texte, c’est l’ennui absolu. Personnellement je n’ai aucune envie de ’emmerder voyez-vous, sinon je me pends tout de suite ! smiley

      Cordialement.


  • Salsabil 8 décembre 2009 12:02

     smiley........................


  • Le droit a la Parole 10 décembre 2009 15:58

    Merci pour cet article.

    C’est un peu comme si vous nous aviez permis de nous immiscer chez les « hommes violents anonymes » et que vous nous aviez permis d’écouter les confidences de l’un d’entre eux.

    J’ignore si cela permettra à des hommes violents de se regarder en face et de prendre conscience de leur attitude mais toutes les démarches, en la matière, me semblent intéressantes pour faire cesser ce fléau.

    L’exercice était périlleux et courageux. Vous vous en êtes plutôt bien sorti.

    Vous n’êtes, en tout cas, pas tomber dans le voyeurisme ni dans la compassion (elle n’avait d’ailleurs pas lieu d’être). Merci de cette attention pour les victimes d’autant plus remarquable que certains ne craignent encore pas de leur faire supporter une part de responsabilité.

    En lisant les remarques de Rodier, je me souviens d’une remarque d’un juge d’instruction qui avait osé s’interroger sur le fait que la victime d’un viol ait pu exprimer un « non » suffisamment clair pour être entendu par son bourreau.

    Par chance pour certains, le ridicule ne tue pas. Il reste que, plutôt que de se gargariser de références, ces derniers devraient se confronter à la réalité du terrain. Cela leur permettrait de ne pas alimenter davantage la désinformation à moins que cette dernière ne serve qu’à déguiser une haine farouche de la gente féminine.

    Malheureusement, accuser les femmes de tous les maux, c’est également faire fi des hommes victimes de violence aussi car il y en a même si les statistiques ne permettent pas d’en préciser le nombre ... mais heureusement pour les détracteurs des féministes victimaires, si on en parlait plus, cela mettrait en échec leurs prétentions.

    Quoi qu’il en soit, les victimes sont déjà suffisamment anéanties par l’indifférence qui entoure bien souvent ces situations et ont déjà suffisamment de mal à briser le silence qu’il ne me semble pas nécessaire d’en rajouter. A bon entendeur ...


  • Afro-dite Afro-dite 9 février 2010 13:45

    La culpabilitée ... La gangrène du genre humain.


Réagir