J’aime la personnalité des dindes
Titre emprunté à Gabriel Combris pour sa lettre sur notre santé dépendante de notre alimentation. Je ne la restitue pas en entier ( je vous donne le lien en bas de page) mais je prendrai quelques morceaux qui m’ont fait réagir.
Comme je prends du champ avec l’actualité covid puisque la catastrophe s’accroît tandis que les libertés se ratatinent, sans parler du danger accru par la vaccination, je vois les dangers oubliés pendant plus d’une année, qu’il est important de prendre en compte puisque tout est lié.
« En France, entre 1970 et 2010, le nombre d'exploitations agricoles est passé d'1,2 million à 490.000. »
C’est la suite logique de l’exode rural programmé plus qu’incité par l’industrie et vanté aux yeux des jeunes, femmes particulièrement. Le dédain pour le travail agricole, sa difficulté certaine, furent instillés savamment par le cinéma, la publicité. Et pendant que dans les régions où la grande agriculture industrielle en vogue aux USA n’était pas faisable, on aliénait les petits éleveurs de montagne avec des aides et des prêts importants. Il y eut quelques années d’euphorie mais dès qu’il se fut agi de rembourser, les bâtiments préfabriqués qui jalonnaient les vallées furent abandonnés ; je ne suis pas sûre qu’il en reste un seul en activité aujourd’hui, sauf peut-être dans des coins précis où les voies de communications sont faciles.
À ce moment précis, le Crédit Agricole poussa comme un champignon en quelques années. Jusqu’à devenir la ou une des plus grandes banques de France.
Du mépris inculqué naquit l’impossibilité de vocation, et les lycées agricoles construits dans les années soixante, ne firent plus le plein.
Restèrent dans les anciennes exploitations, ceux qui ne « pouvaient » rien faire d’autre, et les hommes se virent célibataires de fait, avant longtemps plus tard et pour quelques-uns seulement, faire venir des femmes de Russie, d’Europe de l’est ou d’Afrique.
Cette politique dictatoriale déjà, mais apportée drapée de tant de charmes, montre, si cela était utile, qu’une poignée d’humains, avides en plus, sont incapables d’organiser une société sans « dégâts collatéraux » immenses. Mais des dégâts chez le petit peuple seulement, dont tous les « puissants » se sont toujours foutus, mais qui à cette époque commençaient à avoir des moyens énormes :
La chimie qui déjà répandait ses poisons mais qui se commercialisa en petits empaquetages inondant le monde agricole amateur par la publicité et la grande distribution naissante. Quand on a sué sur un lopin à désherber et entretenir, on comprend l’enthousiasme des pratiquants devant la facilitation certaine des travaux agricoles. Cela ne cessa pas pendant des lustres, les outils qui démultipliaient les bras, les intrants magiques finirent la désertification de nos campagnes. Aucun dégât encore, l’exode rural n’étant pas vu par tout le monde comme un dommage mais par beaucoup comme un progrès. Et peu de gens encore ont compris que la facilité se paye au centuple !
Aujourd’hui, les effets sur le foncier et sur la destinée économique de certaines contrées sont actés, rentrés dans les mœurs sans plus aucun questionnement.
On passe donc à la vitesse supérieure :
« Un exemple récent a fait l’objet de quelques coupures de presse. Discrètes…
Celui de la société chinoise "Hongyang International Investment Company", qui a racheté six exploitations dans le Berry pour un total de 1.750 hectares de terres céréalières. Des céréales destinées au marché chinois2.
On a appris depuis que cette société n’était qu’un paravent pour cacher la vraie identité de l’acheteur : une société chinoise spécialisée dans l'immobilier de tourisme, l'industrie laitière et…les détergents ménagers.
Un monstre industriel ! »
Cela fait un petit moment que le vignoble de luxe se vend aux plus riches, que ce soit Gérard Depardieu, des Chinois ou des Américains, le produit reste mais les profits ont changé de mains, comme partout ailleurs il rentre dans les mains des incompétents qui payent la compétence de leurs employés ou dans certains domaines carrément en sous-traitance. Les riches au mieux sont des hommes d’affaires.
Mais aujourd’hui, ce sont des plaines céréalières entières qui se vendent. C’est la faillite totale de ce qui fut la grande richesse de la France. À ajouter aux autres faillites, industrielles particulièrement.
Étant donné le prix du foncier aujourd’hui, il n’est pas étonnant qu’il n’y ait que les riches, les industriels, les « grands groupes » qui puisent l’acheter. Il serait urgent de réfléchir à une politique qui évite la vente : la propriété privée, socle de notre civilisation, nous montre, montre à ceux qui ne voyaient pas ou ne voulaient pas voir, ses limites.
On se gausse chez les bourgeois du développement de la petite exploitation de jeunes gens riches en authenticité, qui travaillent dur et bio. Certes, mais il n’est pas la peine d’entendre Claude et Lydia Bourguignon à ce sujet pour comprendre qu’il ne s’agit même pas du combat du pot de terre contre le pot de fer ; cependant, le pot de fer commence à craindre les semences paysannes, la diversité qui échappe à son contrôle :
« Dans un autre registre, Interfel, l’organisation professionnelle de la filière fruits et légumes frais, a voté peu avant la crise du covid une nouvelle norme concernant la vente directe d’abricots.
Et ?
Celle-ci suppose pour les paysans qui vendent en direct à la ferme « de s’équiper en matériel de calibrage et de sceller tous les abricots à confiture dans des emballages fermés »
Avec à la clé des coûts trop importants pour les petits producteurs, et une menace réelle sur la vente directe d’abricots au consommateur…3.
Même chose avec l’abattage… »
Pas besoin d’en dire plus. On a compris, les obligations, les restrictions nettes et insultantes de liberté n’attendent pas en ce domaine « l’état d’urgence sanitaire » pour s’imposer.
Mais voici le bonheur pour finir et expliquer le titre ( pour ceux qui n’auraient pas la curiosité d’ouvrir le lien donné plus bas et lire l’intégralité de cette letre) :
« J’ai toujours aimé la personnalité des dindes »
« Je m’appelle Franck Reese et je suis éleveur de volailles. J’y ai consacré ma vie. »
« Je ne sais pas d’où cela m’est venu. Ma mère raconte que l’un des premiers textes que j’ai écrits était une histoire intitulée : « Moi et mes dindes ».
« J’ai toujours adoré la beauté des dindes, leur majesté, la façon dont elles se pavanent, j’adore les motifs que dessinent leurs plumes. J’ai toujours aimé leur personnalité. Elles sont tellement curieuses, tellement joueuses, amicales et pleines de vie. »
« Pour avoir côtoyé les dindes depuis près de soixante ans, je connais tout leur vocabulaire. Au bruit qu’elles font, je sais reconnaître quand ce sont deux d’entre elles qui se disputent, ou si c’est un opossum qui s’est introduit dans le hangar. »
« C’est très étonnant d’écouter une maman dinde. Elle a une incroyable gamme vocale pour s’adresser à ses petits. Et les petits comprennent. Elle peut les appeler pour qu’ils viennent se blottir sous ses ailes, ou bien leur dire de se rendre de tel endroit à tel autre. Je n’essaie pas de leur attribuer des caractéristiques humaines, ce sont des dindes. Je vous dis simplement ce qu’elles sont. »
« Beaucoup de gens ralentissent en passant devant ma ferme. Je reçois beaucoup de groupes scolaires. Il arrive que des gamins me demandent comment ça se fait qu’une de mes dindes ait grimpé dans un arbre ou sur le toît. Je leur réponds que c’est un oiseau et qu’elle y est allée en volant. Ils ne me croient pas ! »
« Pas une dinde de supermarché ne serait capable de marcher correctement, encore moins de courir ou de voler. Toutes les dindes vendues dans le commerce ou servies à une table de restaurant ont été obtenues par insémination artificielle. Parce que ces animaux ne peuvent tout simplement plus se reproduire de façon naturelle. »
« Mes dindes à moi, elles supportent le froid, la neige, le gel. Nous ne les vaccinons pas, nous ne leur donnons aucun antibiotique. C’est inutile. Nos volailles s’activent toute la journée. Et du fait qu’on n’a pas traficoté leurs gènes, elles ont des systèmes immunitaires naturellement forts ».
Quand on pense que des millions de dindes sont abattues pour thanksgiving !!
Voici le lien de la lettre de Gabriel Combris :
« J’aime la personnalité des dindes » - Directe Santé
Et le lien de mon travail publié ici il y a quelques années !! :
S O S Agriculture - AgoraVox le média citoyen