lundi 11 septembre - par suispersonne

Jardiner est politique

La fertilité du sol, naturelle ou prétendument améliorée ?

 

Un sol fertile humifère est caractérisé par la superposition de plusieurs horizons :

 

  1. En surface les champignons consomment, dans des processus aérobies, les matières cellulosiques (dont les bois morts), en produisant des sucres utilisés dans leur proximité par des bactéries et autres organismes qui participent à la richesse de l’humus.

  2. En subsurface leurs mycéliums interconnectés échangent (même à grandes distances) leurs nutriments, y compris en les fournissant aux plantes et aux arbres du voisinage, qui en restituent d’autres au réseau.

  3. De multiples organismes, dont les vers de terre, participent alors à d’autres transformations biochimiques bénéfiques en reliant les horizons profonds anaérobies à la surface (minéralisation, biodégradation, composés électronégatifs, ...)

 

=> Ce premier horizon est détruit par les labours et les fongicides.

 

Un sol naturellement fertile est considérablement plus productif que les sols labourés et amendés,

parce que la richesse et la variété des échanges dans ce milieu dépasse très largement les tristes critères du fameux équilibre C/N/P,

qui conduisent rapidement à des sols stériles,

qu’il faut sans cesse compléter ou abandonner.

 

Un sol naturellement fertile

 

  1. n’a aucun besoin d’engrais chimiques

  2. est détruit par les engrais chimiques et les labours

 

Pour ceux qui veulent approfondir, et mieux percevoir les multiples interactions naturelles qui font un sol fertile naturel, de nombreuses études bio chimiques sont disponibles sans difficulté.

 

Deux sujet passionnants : la terra preta et le bois raméal fragmenté.

 

 

Amis jardiniers, reprenez tout à la base

 

L’aspect « esthétique » de votre jardin vous satisfait, et peut provoquer l’admiration des passants.

Qu’en est il ? Pas de mauvaises herbes, des légumes gros et luisants, qu’il faut sans cesse aider à résister ? Mais, … votre sol est il vivant ?

Cessez les apports de chimie

Vous avez abandonné les pesticides, les herbicides, les hormones, les engrais du pétrole, … tant mieux !

 

Vous utilisez des procédés naturels pour compenser les carences actuelles de votre sol, et lutter ponctuellement contre les ravageurs, … tant mieux !

 

Vous savez avec quelle facilité on peut fabriquer des purins d’ortie, de prêle, de consoude, de fougère, de bardane, de feuille de rhubarbe, … , vous savez aussi faire cohabiter coccinelles, chrysopes, syrphes, fourmis et pucerons, …, aucun des ces insectes n’est un ennemi de votre jardin !

 

Vous multipliez la variété de vos floraisons dans une jachère, vous savourez l’activité d’insectes pollinisateurs nombreux et variés … et vous constatez la visite régulière d’oiseaux qui avaient disparu : vous suivez le chemin de la vie.

Cessez les labours

Vous continuez à labourer … depuis 4000 ans … mais un sol naturellement fertile ne se laboure pas : il a une couverture végétale permanente, une prolifération de champignons en surface et subsurface, des arbres vivants à proximité, des bactéries éminemment désirables dans le sous sol, et d’innombrables espèces de vers et d’organismes, qui ont tous un rôle complémentaire à jouer : laissez les faire.

Cessez l’éradication de plantes que vous ne comprenez pas

Votre jardin contient des millions de graines que vous ne soupçonnez pas.

Leur germination, déclenchée par des conditions climatiques spécifiques, fera apparaître des plantes significatives.

Aucune plante n’est « mauvaise » : il faut seulement accepter qu’elle a une bonne raison d’être là, éventuellement étudier cette raison, et au moins s’en servir comme paillage sur place.

Cessez l’achat de plants hybrides

Il n’est vraiment pas souhaitable de continuer à faire la fortune des semenciers multinationaux, dont le seul but est le monopole du brevet, et donc la rente .

Testez sur la tomate

Comparez le goût de deux plants identiques de tomates, dont l’un aura bénéficié régulièrement de purin dilué de consoude. Ne nous remerciez pas, c’est offert.

 

 

Non qualité des produits de l’agriculture industrielle

 

Les qualités nutritionnelles et organoleptiques des productions agricoles ont dramatiquement diminué depuis les années 50.

 

Une dizaine d’études d’universités canadiennes, américaines et britanniques, publiées entre 1997 et aujourd’hui, font état d’une dégringolade de la concentration en nutriments dans nos aliments.

 

Même dans les aliments réputés sains, vitamines A et C, protéines, phosphore, calcium, fer et autres minéraux ou oligo-éléments ont été divisés par deux, par 25, voire par 100, en un demi-siècle.

 

Pour retrouver les qualités nutritionnelles d’un fruit ou d’un légume des années 50, il faudrait aujourd’hui en manger une demi-cagette.

 

Vitamine C : une pomme hier = 100 pommes aujourd’hui

Vitamine A : une orange d’hier = 21 oranges d’aujourd’hui

Fer : la viande en contient deux fois moins.

 

Autre dommage collatéral : le lait « a perdu ses acides gras essentiels », déplore Philippe Desbrosses, dont ddes acides essentiels à nos membranes cellulaires, notre système nerveux et notre cerveau.

Naturellement présents dans l’organisme en très petite quantité, ils doivent nous être apportés par l’alimentation.

En bout de chaîne, l’animal devenu steak apportera moins de micronutriments dans nos assiettes.

Tel est l’effet domino identifié par le chercheur américain David Thomas.

Dans son étude publiée dans la revue Nutrition, il constate qu’à poids égal, un même morceau de viande apporte deux fois moins de fer qu’un demi-siècle auparavant.

 

Calcium : quatre fois moins dans le brocoli.

 

Les facteurs de ce déclin sont multiples.

 

Des sols plus pauvres, des végétaux cueillis trop tôt, des traitements de conservation plus fréquents, des croissances plus rapides dopées par les engrais et une réduction du nombre de variétés, sélectionnées pour leur résistance aux parasites et leur rapidité de croissance …

 

Ajoutons la certitude que les cultures sur des sols stériles, ou sur laine de roche, irriguées par quelques nutriments et traitements du pétrole, font l’impasse sur les millions d’interactions et de molécules produites par les espèces qui seraient présentes dans un sol vivant, humifère, non labouré, avec couvert végétal permanent.

 

La pauvreté nutritionnelle est un résultat inévitable de l’impasse de l’agriculture industrielle.

 



8 réactions


  • Grincheux Grincheux 11 septembre 11:40

    "La permaculture est une démarche de conception éthique visant à construire des habitats humains durables en imitant le fonctionnement de la nature." - lien


  • SilentArrow 11 septembre 14:59

    @suispersonne

    J’avais laissé deux commentaires sous le vôtre ici.

    Sur l’horticulture bio : il y a loin de la théorie à la pratique. Je cultive tous nos légumes + blé, maïs, sésame ou sarrasin depuis plus de 40 ans de façon la plus bio possible, et qui s’améliore avec les années. Beaucoup de mes semences (tomates, paprikas, aubergines, concombres, potirons, melons, pastèques) viennent de la mer Noire, Russie, Ukraine ou Bulgarie, pas hybrides, donc réutilisables.

    Broyats de branches, compost de tous les déchets végétaux, fumier de poule. Et de la chaux car le sol est terriblement acide et ne contient pratiquement pas de calcium.


    • suispersonne 11 septembre 16:51

      @SilentArrow
      Il est vrai que reconstituer un humus analogue à celui des forêts primaires (celui de la monoculture sylvicole est déséquilibré) est plutôt difficile.
      On est donc obligé d’étudier de près l’évolution, et les déséquilibres actuels de la terre en question, sachant que par exemple les premiers dépôts de brf créent une faim d’azote qu’on est obligé de traiter sans attendre (ce que vous faites, évidemment).
      Pour les semences, j’ai appris de Pascal Poot (Conservatoire de la tomate) la nécessité de récupérer les graines des ultimes plants dans les parcelles, parce que ces plants, ayant supporté les premiers froids et une pénurie d’eau, sont beaucoup plus productifs et résistants que les beaux plants récoltés en premier.
      La solution c’est la permaculture à toutes les échelles de surface.


    • SilentArrow 11 septembre 17:49

      @suispersonne
       

      La solution c’est la permaculture à toutes les échelles de surface.

      Je suis pragmatique, pas doctrinaire. Ce qui fonctionne chez vous ne fonctionne pas nécessairement sur mon fuseau horaire de Yakutsk. J’essaye d’améliorer à partir de ce qui fonctionne, pas à partir de théories.
      La méthode du Japonais Masanobu Fukuoka semble attrayante, mais il est trop doctrinaire à mon goût.

    • suispersonne 11 septembre 22:24

      @SilentArrow
      Je suis surpris que vous trouviez doctrinaire un agronome qui ne fait qu’éviter les pratiques qui ne marchent pas, avec des preuves vécues dans les champs, et qui suppose meilleur de les éviter.


  • titi titi 12 septembre 08:53

    @L’auteur

    "Un sol naturellement fertile est considérablement plus productif que les sols labourés et amendés,

    "

    Vous donnez des conseils de jardinage. Bien.

    Pouvez vous nous dire à quelle date vous avez jardiné pour la dernière fois ?


    • suispersonne 12 septembre 14:47

      @titi
      Votre question fielleuse ne révèle que votre penchant naturel à éviter de discuter des données proposées à votre vérification, et que vous ne savez pas comment contester.


  • un sol naturellement fertile ne se laboure pas , presque oui,,,,

    Un sol se bine ou il faut l’aérer .... vice et versa

    L’amender naturellement en fonction de son état de santé et de la région géographique ....Absolument interdit de le vaxxiner !

    Guignole !


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