lundi 6 mai 2019 - par Carlo Gallo

Jeux de guerre et menaces du Sultan d’Ankara (Union européenne, Chypre, Grèce, Syrie, Kurdes…)

L’Agence France Presse (AFP) rapporte de Bruxelles, le 4 mai que la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini s’est dit « gravement » préoccupée samedi par l’intention annoncée par la Turquie de mener des activités de forage de gaz dans « la zone économique exclusive de Chypre ». « En mars 2018, le Conseil européen a fermement condamné la poursuite des actions illégales de la Turquie en Méditerranée orientale », a-t-elle rappelé, dans un communiqué.

« Dans ce contexte, nous appelons instamment la Turquie à faire preuve de retenue, à respecter les droits souverains de Chypre et à s’abstenir de toute action illégale à laquelle l’Union européenne répondra de manière appropriée et en pleine solidarité avec Chypre », a-t-elle ajouté.

L’AFP précise encore que dans un message publié vendredi sur le service international de message maritime NAVTEX, les autorités turques ont annoncé leur intention de mener des opérations de forage de gaz jusqu’en septembre dans une portion de la mer Méditerranée qui, selon des médias chypriotes, déborde sur la zone économique exclusive de Chypre.

De son côté, le ministère des Affaires étrangères chypriote dit, dans un communiqué que « cette provocation de la Turquie constitue une violation flagrante des droits souverains de la République de Chypre ».

Rappelons que la Turquie occupe depuis 1974 la partie nord de l’île de Chypre, membre de l’Union européenne, en violation du droit international et de nombreuses résolutions de toutes les Instances internationales et européennes.

Rappelons aussi que la découverte ces dernières années de gigantesques gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé les appétits des pays de la région.

La République de Chypre a signé des contrats d’exploration avec des géants des hydrocarbures comme l’italien Eni, le français Total ou l’américain ExxonMobil.

Mais Ankara s’oppose à toute exploration et exploitation de ces ressources gazières qui exclurait l’autoproclamée République turque de Chypre du Nord, non reconnue par la communauté internationale et soutenue économiquement et militairement par Ankara.

Sur le même sujet, le Porte-parole du ministère français des Affaires étrangères dit (lors du point presse du 6 mai 2019) : « Au moment où la Turquie annonce qu'elle est sur le point de conduire des activités de forage en Méditerranée orientale dont une partie déborde dans la zone économique exclusive de la République de Chypre, la France rappelle son attachement indéfectible au respect du droit maritime international et de la souveraineté de Chypre. La France presse les autorités turques d'éviter de s'engager dans une action provocatrice, clairement contraire au droit international, qui ne peut qu'accroître les tensions dans une région qui a besoin de stabilité. La République de Chypre peut compter sur la solidarité et le soutien de la France et de l'Union européenne comme l'a exprimé la Haute représentante, Mme Mogherini. »

L’ensemble de la communauté internationale, comme la France et l’UE, a rappelé à la Turquie à plusieurs reprises ses obligations internationales ainsi que celles à l’égard de sa propre population.

Néanmoins, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont l’autoritarisme et la mégalomanie ne sont plus à démontrer, agresse allégrement la Syrie, dont il occupe une partie du territoire, continue à menacer la Grèce, renforce sa pression sur l’Union européenne au sujet des migrants, serre de plus en plus l’étau sur la minorité kurde de son pays et sur les opposants, laïcs, intellectuels ou tout simplement démocrates.

L’épisode de la violation de la zone économique exclusive de Chypre n’est que le dernier d’une longue série.

Les pressions internationales n’ont rien donné jusqu’à présent ; le salut ne peut probablement venir que du peuple turc qui, pour l’instant au moins, est muselé et emprisonné par celui qui veut rétablir l’Empire ottoman…



14 réactions


  • Matlemat Matlemat 6 mai 2019 17:13

     Tout dépend de ce que l’on nomme « république de Chypre », ou est le problème si les Turcs veulent forer dans la zone qui appartient à la république turque de Chypre du nord ?

    Les occidentaux s’estiment être les seuls à pouvoir modifier les frontières du monde, le Kosovo c’est bien, la Crimée c’est pas bien. 

     On aimerait avoir la même indignation quand Israël fait ses activités dans la zone maritime revendiquée par le Liban.


  • Pere Plexe Pere Plexe 7 mai 2019 09:43

    Une agression contre un membre de l’UE ?

    Sûr que l’UE va réagir fermement, menacer, exiger,imposer !

    Ah ben non.

    L’UE inaudible impuissante et incapable s’écrase une fois de plus

    Quelle surprise...


    • Matlemat Matlemat 7 mai 2019 10:06

      @Pere Plexe
      La Turquie pourrait très bien laisser filer vers l’Europe les millions de réfugiés syriens qu’elle a sur son territoire. 


    • popov 7 mai 2019 16:54

      @Matlemat

      La Turquie pourrait très bien laisser filer vers l’Europe les millions de réfugiés syriens qu’elle a sur son territoire.

      Et pour chaque Syrien ou autre qui entre illégalement en Europe par les soins du sultan, L’UE, si elle en avait, pourrait très bien lui renvoyer un de ses migrants Turcs, en commençant par les imams et prêcheurs payés par la Turquie et qui infestent les pays européens.

      Et tant qu’elle y est, l’UE, toujours si elle en avait, pourrait saisir toutes les mosquées financées par la Turquie et les transformer en musées comme la Turquie a fait avec la basilique St Sophie.

      Mais l’UE préfère baisser son pantalon, et le sultan le sait.


    • Matlemat Matlemat 8 mai 2019 16:08

      @popov
      Pas vraiment d’accord, il y a beaucoup plus de syriens qui pourraient entrer que de turcs à expulser.


    • popov 8 mai 2019 16:52

      @Matlemat

      Alors, pour un Syrien qui entre, vous lui renvoyez les Syrien et un Turc, jusqu’ à épuisement des stocks.


    • Matlemat Matlemat 8 mai 2019 18:55

      @popov
       Un Turc ou un Syrien n’a aucune difficulté à passer en Grèce, et les Turcs résident en europe dont vous parlez sont pour la plupart nés en Europe ou ont obtenus la nationalité allemande principalement donc non expulsables.

       L’entrée de la Turquie dans l’UE n’est plus d’actualité car nous avons aujourd’hui suffisamment d’Ukrainiens à exploiter pour concurrencer nos Polonais et autres Roumains et éviter toute augmentation des salaires des travailleurs européens.  


  • popov 7 mai 2019 16:39

    Il est loin le temps où les Cosaques répondaient à une lettre de Sultan leur ordonnant de se soumettre sans résistance.


  • Olivier 8 mai 2019 15:14

    « La République de Chypre peut compter sur la solidarité et le soutien de la France et de l’Union européenne  » On sait ce que valent les promesses du sieur Macron. Autant dire que la partie restée libre de Chypre ne peut compter sur personne, étant donné la lâcheté et la complaisance de l’UE envers le satrape d’Ankara qui se rêve en successeur de Soliman.

    Dire que pendant des décennies on a à toute force voulu faire entrer la Turquie dans l’UE ! Cela donne une idée de l’incompétence et de l’irresponsabilité des bureaucrates de Bruxelles : on se serait retrouvé avec des dizaines de millions de Turcs installés en Europe, alléchés par les allocs...

    Vous me direz que ce n’est pas pire que les africains et les maghrébins qui têtent par milliards l’argent du con-tribuable français, dont la niaiserie est il est vrai illimitée.


    • Matlemat Matlemat 8 mai 2019 16:15

      @Olivier
       La Turquie a une position géostratégique importante, c’est l’ex-empire byzantin, ce n’est pas rien, et l’empire ottoman était très puissant, Erdogan le sait.

       Les Turcs n’ont ils pas obtenus déjà le droit de rentrer en Europe sans visa ?


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