Jeux de guerre et menaces du Sultan d’Ankara (Union européenne, Chypre, Grèce, Syrie, Kurdes…)
L’Agence France Presse (AFP) rapporte de Bruxelles, le 4 mai que la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini s’est dit « gravement » préoccupée samedi par l’intention annoncée par la Turquie de mener des activités de forage de gaz dans « la zone économique exclusive de Chypre ». « En mars 2018, le Conseil européen a fermement condamné la poursuite des actions illégales de la Turquie en Méditerranée orientale », a-t-elle rappelé, dans un communiqué.
« Dans ce contexte, nous appelons instamment la Turquie à faire preuve de retenue, à respecter les droits souverains de Chypre et à s’abstenir de toute action illégale à laquelle l’Union européenne répondra de manière appropriée et en pleine solidarité avec Chypre », a-t-elle ajouté.
L’AFP précise encore que dans un message publié vendredi sur le service international de message maritime NAVTEX, les autorités turques ont annoncé leur intention de mener des opérations de forage de gaz jusqu’en septembre dans une portion de la mer Méditerranée qui, selon des médias chypriotes, déborde sur la zone économique exclusive de Chypre.
De son côté, le ministère des Affaires étrangères chypriote dit, dans un communiqué que « cette provocation de la Turquie constitue une violation flagrante des droits souverains de la République de Chypre ».
Rappelons que la Turquie occupe depuis 1974 la partie nord de l’île de Chypre, membre de l’Union européenne, en violation du droit international et de nombreuses résolutions de toutes les Instances internationales et européennes.
Rappelons aussi que la découverte ces dernières années de gigantesques gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé les appétits des pays de la région.
La République de Chypre a signé des contrats d’exploration avec des géants des hydrocarbures comme l’italien Eni, le français Total ou l’américain ExxonMobil.
Mais Ankara s’oppose à toute exploration et exploitation de ces ressources gazières qui exclurait l’autoproclamée République turque de Chypre du Nord, non reconnue par la communauté internationale et soutenue économiquement et militairement par Ankara.
Sur le même sujet, le Porte-parole du ministère français des Affaires étrangères dit (lors du point presse du 6 mai 2019) : « Au moment où la Turquie annonce qu'elle est sur le point de conduire des activités de forage en Méditerranée orientale dont une partie déborde dans la zone économique exclusive de la République de Chypre, la France rappelle son attachement indéfectible au respect du droit maritime international et de la souveraineté de Chypre. La France presse les autorités turques d'éviter de s'engager dans une action provocatrice, clairement contraire au droit international, qui ne peut qu'accroître les tensions dans une région qui a besoin de stabilité. La République de Chypre peut compter sur la solidarité et le soutien de la France et de l'Union européenne comme l'a exprimé la Haute représentante, Mme Mogherini. »
L’ensemble de la communauté internationale, comme la France et l’UE, a rappelé à la Turquie à plusieurs reprises ses obligations internationales ainsi que celles à l’égard de sa propre population.
Néanmoins, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont l’autoritarisme et la mégalomanie ne sont plus à démontrer, agresse allégrement la Syrie, dont il occupe une partie du territoire, continue à menacer la Grèce, renforce sa pression sur l’Union européenne au sujet des migrants, serre de plus en plus l’étau sur la minorité kurde de son pays et sur les opposants, laïcs, intellectuels ou tout simplement démocrates.
L’épisode de la violation de la zone économique exclusive de Chypre n’est que le dernier d’une longue série.
Les pressions internationales n’ont rien donné jusqu’à présent ; le salut ne peut probablement venir que du peuple turc qui, pour l’instant au moins, est muselé et emprisonné par celui qui veut rétablir l’Empire ottoman…