Johnny a oublié de vivre
Il était né dans la rue un soir de juin 1943 et n’était le fils de personne, il aurait pu connaître le pénitencier mais fut probablement sauvé par la musique qui l’aimait et le lui rendait bien.
Il y mettait ses joies, il y mettait ses peines et tout ça devenait le blues et il rendait hommage aux mains noires qui lui avaient donné le jour.
Il devint pourtant l’idole des jeunes, les gens l’enviaient mais ils ne savaient pas combien parfois il s’ennuyait. En dépit de cette soudaine célébrité, il se sentait souvent seul, désespéré malgré les Carole, Suzie, Gabrielle, Lucille, qui le guettaient quand s’éteignaient les projecteurs.
C’était l’alcool qui lui donnait les plus beaux rêves qu’il faisait même si autour de lui on disait que de jours en jours il se détruisait. Sa belle gueule qui avait fait toutes ses guerres en avait souffert, chaque nuit blanche, chaque jour sombre, chaque heure saignée y était ridée mais au moins elle ne l’a jamais lâché d’une ombre.
Tous ceux qui étaient adolescents en même temps que lui l’ont gravé dans leur vie car les souvenirs, souvenirs, on les retrouve dans notre cœur et il nous reste ses chansons et de l’amour, de l’amour, de l’amour.
On aurait bien voulu lui donner de l’envie, l’envie d’avoir envie de vaincre sa maladie, de rallumer sa vie mais à force de briser dans ses mains des guitares sous des lumières bizarres il a oublié de vivre.
On aurait voulu que ça dure encore un bout de temps et on essaiera de suivre si on le peut son dernier conseil : rester vivants.
PS : Pardon aux auteurs des chansons de Johnny pour les multiples emprunts qui parsèment ce petit billet.