Journal d’un BAC+5 SDF #97 (Bêtes comme un âne ?)
Samedi 3 Août 2024
Il est presque une heure du matin lorsque j’entreprends la traversée du camping pour rejoindre ma tente. J’aperçois le gardien de nuit au loin et on s’échange quelques signaux lumineux. Sa lampe torche est largement plus puissante que la mienne.
La limace en tenue de camouflage m’attendait à la même place que l’autre fois, scotchée à l’entrée de la bâche interne. Et elle a bien résisté à ma petite branche avant de voltiger dans la nature.
Essayant de dormir, j’entends des bruits de souris. Je grogne bruyamment, ça a l’air de marcher, ou bien c’est juste une coïncidence.
Tôt ce matin de nouveaux arrivants se sont installés non loin de mon emplacement. Des enfants jouent à un entraînement équestre et la petite cheffe mentionne son nom à mainte reprises. C’est « Idjilit » Linda !
Sur la terrasse je vois les sacs de David. J’installe mes affaires, me vidange un coup et puis je pars faire quelques courses pour passer le week-end. A mon retour les sacs de David ont disparu. Il parlait hier d’aller randonner, c’est peut-être bien ce qu’il est allé faire.
Un débilos qui critique sans lire mes journaux a encore frappé. Je serais un vilain consommateur de l’aggro business parce que je ne préparerais pas mes repas et que je ne serais même pas le faire… Ca me fait vraiment peur d’être d’aussi mauvaise foi, on croirait un macroniste pur jus. Je me plains depuis le début qu’il n’y a qu’un micro-onde au camping, et qu’il me tarde de pouvoir à nouveau cuisiner de bons petits plats maison. Mais bon, ça ne fait que vérifier mes dires de l’autre jour. La vérité il s’en contre-fout, ce n’est pas intéressant. Il a ses idées préconçues et ça lui suffit. Un adolescent borné dans un corps d’adulte. C’est marrant, je ne l’ai pas vu commenter « un homme est quelqu’un qui s’empêche. » ^^ Juste pour info, c’est pour la vie, pas occasionnellement.
Et non, je ne vais pas acheter des plaques électriques portatives et des ustensiles de cuisine parce que je n’ai plus aucune place pour les mettre ou pour les déplacer plus tard. Moi être sans véhicule et mon matos est déjà beaucoup trop lourd et encombrant pour en ajouter encore.
« Bump ! » Un petit oiseau vient de se cogner à la vitre. Mais cette fois celui-ci n’a pas eu de problème de se remettre du choc et à s’enfuir dans une haie toute proche.
Eh ben, c’est la cheffe Carène qui s’efforce de nettoyer la terrasse de l’infiltration de sable. Elle frotte avec un grand balais bien poilu.
C’est la journée, un nouvel oiseau vient visiter l’intérieur de la salle commune. Jusqu’à présent il inspecte le sol fraîchement nettoyé, et quelques tables désinfectées. Il ne s’est pas encore confronté au plafond ni aux vitres closes.
Après une très longue visite il s’est envolé par là d’où il est entré : la porte. C’est pas si compliqué finalement.
V’la autre chose, me voilà concurrencé sur ma crinière. Un gars viens d’arriver avec une looooongue natte.
Ah ben ça me fait penser aux indignés de pacotille qui se sentent outrés lorsque quelqu’un utilise un vocabulaire « animal » en parlant d’attributs humains. Vous vous rendez compte, c’est de l’animalisation malsaine que de parler de la crinière de madame/monsieur ! Ne seriez-vous pas raciste sur les bords ? Hein ! Evidement vous êtes RACISTE comme les NAZIS ! C’est les mêmes qui militent pour l’anti-spécisme, vous voyez le problème de raisonnement dans leur tête ? Soit il n’y a pas de « hiérarchie » animale, et dans ce cas le vocabulaire devrait pouvoir être utilisé pour n’importe qui/quoi ; soit il y a « hiérarchie » animale et utiliser ce vocabulaire serait alors forcément dépréciatif. Si vous considérez donc que ces termes sont toujours dépréciatifs c’est bien que pour vous l’anti-spécisme n’existe pas. Mais en dehors de votre idéologie très limitée, voyez-vous, beaucoup d’êtres humains, comme moi-même, reconnaissons des caractéristiques particuliers à de nombreux animaux et les utilisons de manière élogieuse. D’ailleurs la langue française regorge d’expressions telles que « rusé comme le renard » ou encore « malin comme un singe ». Quand on parle de crinière pour la chevelure humaine, on pense tout de suite au lion, « roi de la savane ». Alors en quoi comparer une chevelure à celle d’un « roi » serait dépréciatif ? En vérité c’est juste que vous êtes bêtes comme un âne. Ah non, pardon, en fait contrairement aux idées reçues l’âne serait particulièrement intelligent, lui. Ce serait l’insulter que de le comparer à vous.
Hop là ! Encore une médaille d’or en judo, cette fois en équipe contre les Japonais !
Ce soir c’est soirée tartes flambées + concert du groupe Blech’Art. Les musiciens se sont installés dehors, à coté des barbecues. Espérons que personne n’avait prévu de les utiliser ce soir.
Je viens de remarquer que le jus de pommes que j’ai acheté ce matin semble vachement opaque, comme s’il y avait beaucoup plus de dépôts que d’habitude.
Carène est revenu dans la salle commune pour faire quelques pchit pchit pour désinfecter les tables.
Jérémy est de retour de vacances. Il n’a rien foutu puisque chez lui aussi il pleuvait sans cesse. Il m’apprend que le mari de la cheffe du camping faisait partit du groupe de musiciens présents aujourd’hui… Hum hum un petit conflit d’intérêt avec de l’argent public ?
Il me donne l’adresse d’un studio en vente à à peine 22k€ dans une petite ville de moins de 10k habitants. Ca vaut le coup de se renseigner.
On discute de plein de choses à chaque fois qu’il rentre d’une ronde. Il est déjà presque une heure, il va manger son sandwich au saumon, et moi je vais rejoindre ma tente.
Bonne grasse matinée à ceux qui ont la chance de pouvoir la faire !