jeudi 8 mars 2018 - par Méchant Réac

Journée internationale des droits des femmes : « Lilith, une femme avant une femme » ou le féminisme dans la Bible

 

En cette journée internationale des droits des femmes, je vous propose de découvrir un mythe mésopotamien, démon féminin, repris par la tradition juive. Dans ce texte étonnant dit L’alphabet de Ben Sira, on découvre une femme, Lilith, présentée comme la première femme d’Adam, créée par Dieu « comme il avait créé Adam lui-même » (et non à partir de lui) et qui dénonce la soumission masculine en refusant, dans l’acte sexuel, de se « tenir au-dessous ».

 

Selon Samuel Noah Kramer, Lilith apparaît dans un poème sumérien du IIIème millénaire. Dans la Bible, il n’est fait qu’une seule fois référence à Lilith dans le livre d’Isaïe (34,14). L’Alphabet de Ben Sira, attribué à l’auteur de l’Ecclésiastique (IIème siècle av. J.-C.), est une composition médiévale, rédigée en Perse au cours du Xème siècle.

 

Le statut de Lilith comme première femme d’Adam, vient du double récit de la création dans le livre de la Genèse.

 

GENESE 1,27 « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu. Il créa l’homme et la femme. »

GENESE 2,22 « L’Eternel Dieu forma une femme à partir de la côte qu’il avait prise à l’homme et il l’amena vers l’homme. »

 

Le premier verset correspondrait à Lilith, le second à Eve. Les femmes tiennent souvent le premier rôle dans la Bible. Sarah, la femme d’Abraham, a remis son mari sur le droit chemin à plusieurs reprises. Le livre de Judith nous montre un personnage féminin qui sauve la foi.

Marie-Madeleine est l’apôtre des apôtres dans les Evangiles. Pour les chrétiens, Marie est le titre de Théotokos (du grec Θεοτόκος, « qui a enfanté Dieu »), ou de Mère de Dieu. Au moment du supplice de la Croix, seules les femmes sont présentes, les hommes ayant renié leur foi.

 

Mais, depuis des millénaires, dans l’Eglise comme partout ailleurs, ce sont les hommes qui ont le pouvoir, et ils n’ont pas envie de le partager avec les femmes. Alors dans les textes, on insiste sur la soumission d’Eve née d’une côte d’Adam, sur le péché originel dont les menstruations témoignent de l’impureté des femmes. Au Moyen Âge et pendant la Renaissance, le pouvoir est resté aux mains des hommes. Saint Thomas d’Aquin, qui a pourtant écrit de très belles choses sur Marie-Madeleine, dit des femmes qu’elles sont des imbéciles, des êtres inférieurs, récitant ainsi les leçons d’Aristote.

 

Il faudra attendre Vatican II pour que la femme obtienne une réelle considération, mais ne tiennent aucun premier rôle. Le pape François est en train de le comprendre. Que resterait-il de l’Eglise catholique en Europe et particulièrement en France sans les femmes ?

 

« Alors que Dieu a créé Adam, qui était seul, Il dit : “Il n'est pas bon que l'homme soit seul” (Genèse 2,18). Il créa une femme de la terre, comme Il avait créé Adam lui-même et l'appela Lilith. Adam et Lilith commencèrent immédiatement à se battre. Elle disait : “Je refuse à me tenir au-dessous”, et il répondait : “Je ne veux pas me tenir en dessous de toi, mais seulement au-dessus. Car tu es juste bonne à être dans la position la plus basse, alors qu'il me revient d'être le plus élevé.”

 

Lilith répondit : “Nous sommes égaux l'un à l'autre car nous avons tous deux été créés à partir de la terre.” Mais personne ne répondit. Lorsque Lilith vit cela, elle prononça le Nom Ineffable et s'envola dans les airs. Adam était en prière devant son Créateur : “Souverain de l'univers ! dit-il, la femme que tu m'as donnée s'est enfuie.” Alors le Seigneur envoya trois anges pour la ramener.

 

Le Seigneur dit à Adam : “Il sera bien qu'elle accepte de revenir, sinon, chaque jour cent de ses enfants mourront.” Les anges avaient quitté Dieu et poursuivi Lilith, qu'ils atteignirent dans le milieu de la mer, dans les eaux puissantes où les Égyptiens étaient destinés à se noyer. Ils répétèrent les paroles de Dieu mais elle ne voulait pas revenir. Les anges dirent : “Alors nous devrons te noyer dans la mer.”

 

“Laissez-moi !” dit-elle. “J'ai été créée seulement pour provoquer la maladie chez les nourrissons.” Si l'enfant est mâle, j'ai le pouvoir sur lui pendant huit jours après sa naissance, si c'est une fille, pendant vingt jours."

 

Quand les anges entendirent les paroles de Lilith, ils insistèrent pour qu'elle revienne. Elle leur jura par le nom de l'Éternel : “Chaque fois que je vous vois, ou vos noms ou vos amulettes, je n'ai aucun pouvoir sur le nourrisson.” C'est pourquoi on écrit le nom des jeunes enfants sur des amulettes. Elle accepta également qu'une centaine de ses enfants meurent chaque jour. Aussi, tous les jours cent démons périssent. »



12 réactions


  • Diogène Diogène 8 mars 2018 18:09

    Dalila n’était pas mal non plus.


    • Samson Samson 14 mai 2018 20:09

      @Christ Roi
      « ... ils ne savent pas ce qu’ils disent. »
      Ben si ! L’étude des textes sacrés réserve bien des surprises aux esprits libres, soit ceux qui les lisent en refusant toute espèce de soumission ou de compromission à l’interprétation « définitive » qu’en donnent ces clercs qui fondent ainsi la justification à leur petit pouvoir (et leur morale pour mal-baisé-e-s !) smiley
      Mais bon, les textes sacrés ne se lisent pas comme un manuel de morale, une œuvre philosophique ou une chronique sportive. Histoire donc de ne pas mourir (totalement) idiot si vraiment ils vous intéressent, des rudiments d’exégèse n’ont rien d’un luxe ! smiley


  • Samy Levrai samy Levrai 8 mars 2018 18:35

    Comment continuer à passer du temps sur cela quand on sait aujourd’hui que toute la genèse n’est qu’un très mauvais plagiat (il faut lire les textes originaux) de poèmes sumeriens multi deistes... 

    Un scribe taré a tout transformé , il y a moins de 3000ans pour en faire un récit pour malades mentaux, adoré par des debiles

    • Samson Samson 14 mai 2018 18:58

      @samy Levrai
      "Comment continuer à passer du temps sur cela quand on sait aujourd’hui que toute la genèse n’est qu’un très mauvais plagiat (il faut lire les textes originaux) de poèmes sumeriens multi deistes...« 
      Et quels textes »originaux" nous conseillez-vous donc, si l’on tient compte du fait que ces textes ne sont jamais que les recueils et transcriptions de différentes versions de mythes originellement transmis oralement et parfois très largement antérieurs au patriarcat, et en conséquence à l’écriture ??? smiley


  • Loatse Loatse 8 mars 2018 19:38


    “Il sera bien qu’elle accepte de revenir, sinon, chaque jour cent de ses enfants mourront.” smiley

    c’étaient des histoires de jadis pour endormir les enfants le soir ????

    bin dit donc...



     



  • Montdragon Montdragon 8 mars 2018 19:50

    Mais p..... que d’articles sur Jésus ou les xxxx écritures sans parler du PQoran, sur Ago.
    Les grecs, les perses, le summum de la philo, celle qui élève..rien qued’nib !


    • Samson Samson 14 mai 2018 20:27

      @Montdragon
      « Les grecs, les perses, le summum de la philo, celle qui élève..rien qued’nib ! »

      « J’ai connu ce qu’ignorent les Grecs : l’incertitude. »
      (Jorge Luis Borges / La loterie à Babylone)

      Et puis chacun s’amuse comme il peut, mais qu’attendez-vous donc pour participer à notre élévation philosophique et intellectuelle ?
      Je piaffe littéralement d’impatience à cette enthousiasmante perspective ! smiley

      En vous présentant mes très cordiales salutations ! smiley


  • Crab2 10 mars 2018 16:06

    Être propriétaire du corps de l’autre, exiger de l’autre une fidélité contre nature, au lieu de l’accepter tel qu’il est ou telle qu’elle est - aimer qui...

    Suite  :

    https://laicite-moderne.blogspot.fr/2018/03/sous-le-soleil-exactement.html


  • Samson Samson 14 mai 2018 18:11

    Merci pour ces fort intéressantes précisions !

    « Le premier verset correspondrait à Lilith, le second à Eve. »
    Tout comme le « créateur » est Elohim dans le premier récit, le tétragramme patriarcal n’apparaissant qu’ensuite dans le second.

    A noter que dans le second récit, le péché originel, soit le fait - inspiré par le serpent - de goûter du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, est le fait de la femme qui est donc la première à sortir de l’état de nature en accédant à cette connaissance qu’elle ne transmets qu’ultérieurement à l’homme. Et pour qui sait lire, le tour de passe-passe consistant à la créer à partir d’une cote de l’homme ne suffit guère à pallier cette évidence, pas plus d’ailleurs que la trop classique et très « freudienne » réduction du serpent à un vulgaire symbole phallique ou sexuel !

    Même quand le mythe patriarcal s’attache à justifier la supériorité masculine, il ne peut entièrement masquer la large antériorité du matriarcat et de ses apports sur un patriarcat qui n’a émergé qu’il y a 7000 ans, soit hier soir ou ce matin à l’échelle de la très longue épopée humaine.

    En vous présentant mes très cordiales salutations ! smiley


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 mai 2018 20:21

    La majorité des hommes mûrs préfèrent de loin la femme qui lui est égale en valeur. La soumission de la femme à l’homme cache surtout une soumission de la femme à sa mère qu’elle perpétue dans son rapport à l’homme. Bel exemple : dès qu’une femme se soumet au rôle pour lequel la bible l’a reléguée, l’enfantement, elle délaisse son mari sexuellement, retombant sous la coupe de sa famille. Et le mari part ailleurs, chercher un vraie femme. Résultat l’enfant n’a plus de père, qui s’est barré,..étant relégué au second plan. Parfaite idéologie catholique qui dénie presque Joseph réduit seul rôle de géniteur,....cherchez l’erreur,...


    • Samson Samson 14 mai 2018 21:54

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Il y a pas mal de vrai dans ce que vous dites, et probablement êtes vous mieux placée que moi pour le savoir !

      « Parfaite idéologie catholique qui dénie presque Joseph réduit seul rôle de géniteur,....cherchez l’erreur,... »
      Le moins qu’on puisse dire est que les écritures sont peu prolixes sur Joseph, réduit aux seules fonctions sociales de charpentier et de mari (mais ni de géniteur, ni par là d’époux, ce rôle étant dévolu par le mythe à l’Archange Gabriel, soit à la Sephiroth Geburah, associée à la force mâle !).
      Hé oui, même dans les textes sacrés, la logique de transmission patriarcale se révèle - à l’inverse de l’évidence matrilinéaire - toujours putative ou supposée, d’où probablement sa férocité à imposer ses règles.

      Et les meilleures blagues étant les plus courtes ( 7000 ans quand même !), toute la logique d’organisation sociale élaborée par les sociétés patriarcales trouve définitivement son terme dans l’invention du test génétique de paternité biologique. Révolue, finie, terminée l’ère patriarcale ! smiley


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 15 mai 2018 09:15

      @Samson


      Ah, je vois que vous aussi lisez les Séphiras (anagramme de mon nom de famille).Je suis IMMAMIAH On a fait de Lilith la méchante, la tueuse de bébés pour des raisons politiques. Si, on l’avait écoutée, la planète ne serait pas surpeuplée détruisant une autre mère (la nature). Je me bats depuis sept ans contre la PMA, GPA, et le Droit à la filiation. Signée Lilith. Et je m’en revendique. 

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