lundi 24 septembre 2018 - par Bertrand Loubard

Kagamé - Rever : (5/n)[1] : Génocide des Tutsis du Rwanda et silence des armées. 3ième partie : Karegeya, Nyamwasa, Higiro et Consorts

Il faut avouer que les noms du Colonel Patrick Karegeya, du Général Kayumba Nyamwasa, et du Major Robert Higiro, tous « ex » de l’APR, (Armée Patriotique Rwandaise, ante et post – « Génocide des Tutsis du Rwanda, qui a fait, selon l’ONU, entre 800.000 et 1.200.00 morts, principalement Tutsis et Hutus modérés, en moins de 100 jours) se bousculent, indissociables, dans les esprits dès qu’on parle de ces « last but not least » bras droits de Paul Kagamé, tant ces « bras droits » semblent ne pas se distinguer des doigts d’une même main, celle du Diable, comme dirait Roméo Dallaire !.

J’ai adopté la méthodologie d’aborder, à travers le prisme du livre de Judi Rever les cas de la Lieutenant-Colonel Rose Kabuyé et du Dr Major Théogène Rudasingwa, « objets » de mes précédents « papiers »[2], et ce, en me référant à l’index de la fin du livre en question. Je ferai de même pour le trio en titre, en commençant par Karegeya. Son cas est assez « simple » et « résolu ». Judi Rever n’en parle pas tellement puisqu’il avait (déjà) été assassiné à Johannesburg depuis le 31 décembre 2013. Elle avait signalé, en anglais, ce « fait divers » à l’époque dans le « Globe and Mail » de Toronto - détail de l’« histoire » passé inaperçu de ce « côté francophone-ci » de l’Atlantique Nord. A cette époque les services secrets d’un certain nombre de pays s’étaient intéressés aux menaces que des fonctionnaires rwandais proches des services des ambassades rwandaises en Afrique du Sud, Belgique, Canada, France, Kenya, Pays-Bas, Royaume Unis, USA, etc. (énumération, non exhaustive, mais néanmoins, en ordre alphabétique) faisaient planer justement, et entre autres, sur Judi Rever (en Belgique, au Canada, et ailleurs.) et sur des exilés et autres néo-réfugiés rwandais d’ici et de là-bas. A ce propos ne faudrait-il pas rappeler que les diverses ambassades rwandaises (dans les pays dont question ci-dessus) avaient déjà fournis à plusieurs reprises des tueurs à gages. Par exemple, on se souviendra que l’attaché d’Ambassade du Rwanda à Nairobi (Kenya), Alphonse Mbayire, assassin (mais « cadavéré » et donc « présumé » innocent !) de Seth Sendashonga[3], qui avait été pris « smoking gun » en main, sur les lieux de l’« incident » a été « sauvé » par « son immunité diplomatique ». L’ambassade du Rwanda au Kenya avait été fermée suite à cette « anicroche ». Nbayire, était naturellement revenu au Rwanda et il y a été « normalement » assassiné un mois plus tard, à Kigali .... (Il ne faut pas voir du « grand complot » dans tout ça... : simplement un crime « crapuleux », dans un bar à filles, comme cela peut arriver). « Dernièrement », un citoyen rwandais et un citoyen belge (d’origine rwandaise et employé de la Régie Autonome des Transports en Commun de Belgique) se sont vu refuser le droit de poser les pieds sur le sol anglais, soupçonnés qu’ils étaient d’être chargés de la mission d’assassiner deux opposants rwandais résidant en Grande Bretagne, « sic » le MI 6, qu’on ne peut pas soupçonner de négationnisme, révisionnisme, etc. ....... MI6 qui avait d’ailleurs aimablement prévenus ces deux cibles potentielles .... Quelle suite a été réservée à cet « incident » du côté de la diplomatie belge ? (« Gentlemen's agreement » ?). Et pour en terminer avec Patrick Karegeya, il faut savoir qu’il était Directeur Général des Services de Renseignements Extérieurs de l'APR (Armée Patriotique Rwandaise). À ce titre, il avait coordonné (avec l’aide de la CIA-NSA-Pentagone-Nasa and Co) notamment, les activités des services de renseignements rwandais durant les deux guerres du Congo, guerres parmi les plus meurtrières du vingtième siècle .... Mais il semblerait qu’il ne connaissait « rien » des assassinats de Gapyisi, Gatabazi, Ndadaye, Habyarimana, Ntaryamira, Sendashonga, Lizinde, Bayingana, Bunyenyezi, Rwigéma, Rwigara, etc., etc..... par contre il « savait d’où les missiles étaient partis »[4]. S’il n’avait été assassiné aurait-il pu prétendre à une place, au soleil du drapeau rwandais[5] post-Kagamé ? Cela n’aurait-il pas « ombragé » d’autres « candidats » ? .......... Un autre détail de l’histoire : il semblerait que Karegeya, à l’époque, avait demandé un « visa » pour se rendre en Belgique ce qui lui aurait été refusé par le ministère belge, compétent en la matière, bien qu’il n’y ait aucune mise en examen, poursuite judiciaire ou mandat d’arrêt international à son encontre !! ....... (« Gentlemen's agreement » ?) Les Renseignements belges auraient-ils été avertis que la sécurité de Karegeya ne serait pas garantie dans leur propre pays ? Par qui ? Toutes les personnes sous menace des « escadrons de la mort » rwandais qui passent par ce pays ne devraient-elles pas s’attendre à avoir une protection policière rapprochée, sans discrimination, comme, justement, Judi Rever et Faustin Twagiramungu[6] en avaient disposée ?

Pour ce qui est du cas du Général Kayumba Nyamwasa, Judi Rever rappelle qu’il était celui qui avait créé en 1990 la sinistre DMI[7] : « ..... celui qui dirigeait la DMI avant et pendant le Génocide ...…… Rien n’était fait sans son consentement, suivant un rapport top secret d’un enquêteur du TPIR »[8]. Il fait partie des proches de Kagamé sous le coup d’un mandat d’arrêt international délivré par les justices française et espagnole. Judi Rever rapporte à son propos [9] qu’il aurait dit au juge Herbaut (successeur du Juge Trévidic) que : « Kagamé est effectivement responsable de l’assassinat d’Habyarimana », mais étonnamment il clamait « n’être pas impliqué lui-même ». Il vit en exil en Afrique du Sud depuis 2010. Ce n’est pas dans le Township de Soweto ... mais dans un compound à gardiennage et miradors, muré et sécurisé par des « milices » privées, ex-ghetto « white-only, reconverti en asile pour « réfugiés », ayant certains moyens... Et c’est là, malgré les mesures sécuritaires dignes de l’apartheid, qu’il subit deux tentatives d’assassinat. Lors de son admission dans une clinique privée à Morningside (en banlieue sécurisée ! s’il vous plait ! rien que ça !) après la première agression, les tueurs tentèrent de l’achever dans son lit d’hôpital. Mais ils ratèrent leur coup (ce qui est « rare » dans les procédures de Kagamé ... en général d’une pierre deux coups et pas l’inverse !.......). Une dernière fois à l’entrée de sa « résidence », ses gardes du corps l’ont encore sauvé de justesse. Les quatre « malfrats » (trois Rwandais natifs et un belge d’origine rwandaise), non sans avoir préalablement tenté de soudoyer les policiers qui les arrêtaient, ont été incarcérés, jugés, condamnés et emprisonnés. Le ministère belge des affaires étrangères ne semble pas, s’être trop interrogé sur la trajectoire suivie par le ressortissant belge avant ce « fait divers de plus » ni de son sort actuel (« Gentlemen's agreement » ?). Faut-il souligner que Nyamwasa a fondé un parti politique d’opposition à Kagamé avec Théogène Rudasingwa, Gérald Gahima[10] et Robert Higiro et quelques autres dès 2012 « The Rwanda National Congress (RNC) ». Il semble qu’actuellement ce parti politique a d’ores et déjà implosé et que, de ses débuts, seul Nyamwasa reste encore dans le « comité » comme premier Vice –Coordinateur[11]. La devise, de ce parti serait « Tires-toi de là, que je m’y mette ». Ce qui est, manifestement, incompatible avec celle de Kagamé : « J’y suis, j’y reste ».

Ceci nous conduit au Major Robert Higiro. Judi Rever et Geoffrey York ont rapporté dans le « Globe and mail » l’histoire rocambolesque de ce personnage assez étonnant[12]. Il devait recevoir l’asile politique en Belgique lorsqu’après ces révélations[13], ce sont les services secrets étasuniens eux-mêmes qui lui ont conseillé de quitter au plus vite le territoire belge compte tenu des menaces qui planaient sur lui dans ce pays !!!!. Arrivé aux USA il témoigna devant le “Subcommittee on Africa, Global Health, Global Human Rights, and International Organizations - U.S. House of Representatives”, le 27 septembre 2017, il y a donc à peine un an. On peut lire[14] son témoignage, le voir et l’écouter ci-dessous, sous l’URL [15] C’est assez hallucinant ! Mais ce qui l’est plus encore c’est que non seulement il a témoigné en tant que militaire dissident mais qu’il a été « accompagné dans cette » initiative par un certain Himbara David, citoyen civil canadien d’origine rwandaise[16]. Celui-ci non plus n’y a pas été avec le dos de la cuillère concernant Kagamé et ses « sicaires[17] » . Il devait bien les connaître, depuis belle lurette qu’il avait été un des proches collaborateurs de celui qu’il dénonce aujourd’hui comme un sanguinaire dictateur....Or il semblerait que pour avoir accès à ce Comité des Affaires étrangères US, il faut un certain savoir-faire dans le « lobbying » .... C’est à dire avoir des moyens financiers pour se voir ouvrir « des » portes grâce à l’entremise d’intermédiaires tout à fait désintéressés ... Et c’est là qu’on retrouverait un certain Tribert Rujugiro[18], tycoon-naba rwandais du tabac pour l’Afrique....... Mais cela est une autre histoire.... Il suffit de regarder un carte pour voir que les pays sont étrangement toujours les mêmes : Afrique du Sud, Belgique, Canada, USA, etc. et les tueurs aussi ......

Une parenthèse pour terminer : je me demande pourquoi avec une moyenne de 2.000 « visites », mes derniers textes n’appellent-ils aucun commentaire, aucune controverse, aucune correction de mes erreurs factuelles, de mes lapsus calami ou clavis, des errements de mon imagination, aucune contestation de mes points de vue ?

A suivre ?

 

[1] n=(a+ib) soit « n » nombre complexe, encore indéterminé », dont « a » est la partie réelle et « ib » la partie imaginaire

[3] Ministre de l'Intérieur et du développement communal dans le gouvernement rwandais d'unité nationale prévu par les accords d'Arusha, jusqu’n 1996 (2 ans après la prise du pouvoir par Kagamé).

https://hapakenya.com/2016/11/17/the-assasination-of-a-former-rwandan-minister-in-kenya/

 

[4] « Si nous n’avions pas la preuve de l’implication de Kagamé dans l’attentat du 6 avril 1994, nous ne dirions pas ça » in http://www.rfi.fr/afrique/20130708-patrick-karegeya-nous-savons-missiles-sont-partis

[6] Ex-Premier Ministre : juillet 94- août 1995

[7] P 65, dernier alinéa de “In Praise of Blood” : « ”The DMI was created in 1990 headed by Kayumba Nyamwasa. A man who fled Rwanda in 2010…..” (DMI = Department of Military Intelligence)

[8] P 69 2ième alinéa Paragraphe 1 -Ibidem

[9] P 193 2ième alinéa - Ibidem

[10] Ex - Prosecutor General of Rwanda, en exile aux USA ; « Tombeur » avec P-R. Prosper de Carla Del Ponte du TPIR (sous Kofi Annan – 2003)

[11]http://www.therwandan.com/meet-the-new-rnc-team/

[12] Geoffrey York Africa Bureau Chief – JOHANNESBURG - Updated March 23, 2018

Rwandan officer who leaked assassination-list evidence becomes a target

[13] Sollicité qu’il aurait été pour commettre des assassinats pour le compte de ....... ?



10 réactions


  • Paul Leleu 24 septembre 2018 21:50

    le Rwanda ne fut-il pas un sinistre « régime-change », destiné à placer le Kivu et le Katanga voisins (ressources minières rares) sous l’emprise des américains ? « A qui profite le crime ? » Certainement pas à la France.


    D’ailleurs, Paul Kagamé a été formé militairement en 1990 aux USA, avant de revenir faire la guerre civile au Rwanda de 1990 à 1993. Cela a été un échec, car la France a soutenu le régime Hutu (opération Noroît). Il a donc été fait pression, pour chercher une issue négociée, entre Hutus et rebelles Tustis. Ce furent les accords d’Arusha. Cet accord permettait de maintenir les Hutus (pro-français) au pouvoir, en échange de quelques concessions aux tutsis (pro-américains). Mais cela n’arrangeait pas les affaires des sponsors de Kagamé. Il est possible qu’ils aient donc eu recours à l’assassinat d’Habiarimana pour provoquer les hutus-durs et déclencher un génocide qui justifierait un « regime-change ». Moins de 24h après l’attentat, les troupes de Kagamé (prépositionnées et en alterte ?) franchissaient la frontière et fonçaient sur Kigali. Les USA ont tout fait pour retarder à l’ONU la déclaration de « génocide » qui aurait impliqué un statu-quo et la mise sous tutelle des casques bleus du pays. Ils n’ont concédé que lorsque l’offensive de Kagamé fut suffisament avancée pour que l’affaire soit pliée. Par la suite, le Rwanda a servi de base arrière à la conquête du Zaïre, et au « regime-change » au Zaïre au profit des pro-américains (famille Kabila), au prix de milions de morts. Main-basse fut faite sur les ressources du Kivu et du Katanga. 

    • Dom66 Dom66 24 septembre 2018 22:54

      @Paul Leleu

      Oui c’est possible, mais il ne faut pas oublier, rien obligeait les Hutus à massacrer autant de monde femmes et enfants….


      « Moins de 24h après l’attentat, les troupes de Kagamé (prépositionnées et en alterte ?) franchissaient la frontière et fonçaient sur Kigali. » moins de 24h Ah bon ??? 


      Les troupes françaises et ONU ont bien baissé leurs frocs, non ? Ou alors on m’aurait menti à l’insu de mon plein grès.


      Hutu-et autres Tustis une bonne bande de ***, mais sauf que mon dernier voyage comme pilote fut sur Kigali bien après le génocide, et c’est pourquoi invité par un ami, j’ai fais le voyage cette fois en cabine, pour Kigali aussi mais ça il y a 2 ans

      Et c’est 3 choses qui frappent le visiteur : la propreté, la sécurité, la gentillesse des habitants."

      Et pour cela un pps que j’ai trouvé il y a quelque temps ici Le Rwanda aujourd’hui



    • Bertrand Loubard 25 septembre 2018 09:55

      @Paul Leleu
      Merci pour votre commentaire. Il est évident que comme pour Lumumba, les circonstances se prêtaient bien pour faire accroire que l’invasion du Rwanda par l’Ouganda était une « affaire » intérieure. La Belgique a prétexté d’une « rébellion » pour refuser d’activer les accords bilatéraux de défense mutuelle dans le domaine de la coopération militaire, accords tout ce qu’il y a de plus légaux. La France, seule, a tenté, dès octobre 1990, de respecter ses engagements internationaux, devant une agression armée venue de l’étranger. Et cela avec les critiques que l’on sait de la part de qui on sait. Le Rwanda était à ce moment là encore présenté comme un exemple dans l’Afrique pour ce qui était de la faible corruption, la gestion assez rigoureuse des dépenses, le minimum de tensions interethniques, une armée « microscopique ». (15.000 hommes de troupe et 5.000 gendarmes). Actuellement l’armée compte officiellement 30.000 hommes de troupe mais avec les milices Abakada, Intore, Défense Locale et DMI le chiffre des « forces armées » approche les 100.000 personnes !
      La victoire du FPR est due non pas uniquement par le fait que des pays ont « lâché » le Rwanda tandis que d’autres soutenaient les premiers fauteurs de crime de guerre (crime contre la Paix) et de la provoquée ... mais surtout par le monde des affaires. Comme l’argent n’a pas d’odeur....les multinationales n’ont pas de nationalité ... évidemment .... Les intérêts français étaient minimes dans le pays ... Même si déjà le pétrole du Lac Albert attisait des convoitises.
      Bien à vous.


    • Bertrand Loubard 25 septembre 2018 11:13

      @Dom66

      Merci pour votre commentaire.
      « .... mais il ne faut pas oublier, rien obligeait les Hutus à massacrer autant de monde femmes et enfants…. » C’est absolument vrai mais dans quelle mesure les premiers crimes contre la paix, les premiers crimes de guerre n’ont-ils pas été commis par ceux qui voulaient faire faire à l’autre l’erreur fatale, comme dans les arts martiaux. Les Hutus génocidaires ont commis le crime abominable du Génocide, aboutissement d’une spirale de la violence dont tout le monde se rendait compte qu’elle allait finir par une catastrophe. Même Kagamé avait été prévenu de ce qu’il risquait de se produire si la guerre reprenait après les accords d’Arusha (suivant Roméo Dallaire)... Les USA lui concédaient 50.000 morts. Le piège diabolique consistait à en faire faire 500.000 et à en annoncer 500.000 autres de plus. Comme dirait Staline : 50.000 morts c’est une catastrophe dont on peut rechercher et analyser les causes. 1.000.000 de morts ce sont des calculs, des statistiques, des graphiques, de la théorie des nombres .... rien de plus. A l’instar de Madeleine Albright, Kagamé a estimé que c’était le « prix à payer » ... sacrifier les « petits Tutsis » de l’intérieur .... pour instaurer la Paix, la Liberté, la Démocratie ?....Pourquoi aurait-t-il déclaré à la BBC, alors qu’il lui était fait remarquer que les accords de Paix étaient signés à Arusha, qu’il avait le droit d’assassiner Habyarimana .... ? De l’analyse des résultats actuels on peut facilement découvrir l’origine de la catastrophe. Et ce ne sont pas les rues propres de Kigali, l’architecture bling-bling à crédit, une armée de près de 100.000 hommes disciplinés .... mais bien les petits voleurs de rue abattus (shoot to kill), les arrestations arbitraires, les exécutions extra judiciaires, la presse muselée, les « opposants » politiques assassinés, disparus, en prison ou en exile, les paysans qui ont faims, un Président à vie de la deuxième Démocratie d’Afrique à Parti Unique (après l’Ouganda de Musévéni). Du Rwanda on peut dire maintenant que ce n’est plus un pays qui a une armée...mais une armée qui a un pays. ! .
      A propos du froc abaissé de la France et de l’ONU il faut se rappeler de ce que disait Mitterrand : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. »....et cela est vrai depuis les accords de Yalta .... Les valets de tous poils sont les portes coton des patrons multinationales. Et il y encore tant à dire .... La propagande est bien exploitée par les « visionnaires » comme disait Tony Blair de Paul Kagamé....
      Bien à vous.


    • Dom66 Dom66 25 septembre 2018 15:03

      @Bertrand Loubard

      Merci pour votre réponse, je pense que vous en savez plus que moi sur le Rwuanda, et j’ai bien lu vos articles, Et avant de donner des excuses aux Hutus les poules auront des dents.

      Mais il se trouve que je connais aussi bien l’Afrique, et sur 100 pays Africain 97 sont dirigés par des ethnies, sans partage, et qu’ils sont prêt à se massacrer entre eux, si ont leurs donne l’occasion et des coupe-coupe.

      Alors cela n’aurait rien changé si les Hutus avaient gardé le pouvoir, là j’en suis certain ; Si avec le génocide en plus.


      Pour moi et encore, il n’y a que le Sénégal qui est un exemple


    • Bertrand Loubard 25 septembre 2018 16:53

      @Dom66
      Merci pour votre réponse.
      Je ne connais rien du Sénégal, je ne peux donc malheureusement pas comparer.
      Personnellement je n’essaye pas de trouver des excuses aux Hutus génocidaires. Mais plus je tente de comprendre comment « on » en a pu arriver là, plus je me rends compte que la complexité de ce chapitre de l’histoire est un prétexte pour que certaines portes s’ouvrent à la pensée correcte, à la bien-pensance et finalement à l’intolérance. Je ne crois pas que se poser des questions sur la prise du pouvoir par Bonaparte, sur la Restauration, sur les guerres de 70, 14-18, sur le traité de Versailles et la guerre de 40-45 est une « recherche » pour donner des excuses à qui que ce soit. Ce serait plutôt une tentative de décrypter les causes et les effets et d’analyser les liens « logiques » qui relient justement les antécédents et les descendants de ces faits historiques même effroyables comme le génocide des Tutsis du Rwanda. Peut-on se demander si la situation au Rwanda avant la guerre de 1990 (si elle n’était pas parfaite, loin s’en faut) s’est trouvée améliorée après le génocide ? Ne peut-on pas tenter de savoir si les avantages et les inconvénients d’une entreprise, ne doivent pas être évalués avant sa mise en œuvre et « comparés avec et sans projet ». Dans le cas rwandais : « avec et sans » la guerre de 1990, « avec et sans » le génocide ? J’ai rappelé, ci-dessus, qu’avant la guerre de 1990 le Rwanda était considéré comme un exemple. N’y aurait-il pas plus de Tutsis dans l’opposition actuellement que du temps d’Habyarimana ? N’y-a-t-il pas plus d’exilés et de réfugiés Rwandais, Hutus et Tutsis, à l’étranger actuellement ? Il est vrai que le problème des conceptions différentes de la démocratie dans nos pays occidentaux et dans les pays africains est difficile à résoudre ... il n’y a plus de noblesse en France, celle-ci ayant été abolie en 1870 ..... 92 ans avant l’abolition, au Rwanda, du régime monarchique et féodo-vassalique de droit divin, basé sur un code ésotérique de tradition purement orale d’avant 1962...... Il n’empêche que les clans, les castes, les classes, les filiations, les branches, les familles, les ethnies, les groupes culturels ont, partout, un sens, encore très difficile à appréhender particulièrement pour les « héritiers » de notre culture judéo-chrétienne. Pour ce qui est des entretueries avec ou sans coupe-coupes « importés » il est vrai qu’on en connait aussi un bout par chez nous. Il n’y pas que là-bas que « le crime fleurit ». J’ai entendu dire que chez les Mau Mau (Kenya), les guerres se terminaient traditionnellement dès qu’un combattant perdait du sang. Les temps auraient-ils changés ou bien est-ce une légende ?
      Bien à vous.


    • Paul Leleu 27 septembre 2018 19:25

      @Dom66


      concernant la France, elle s’est fait plier le bras... il se jouait dans l’état profond français une lutte entre les souverainistes et les atlantistes : n’oubliez pas que François de Grossouvre s’est fait « suicider » dans le Palais de l’Elysée de Mitterrand... ambiance baiser de la mafia à Paris... Le but était précisément de bloquer la France entre deux chaises : d’un côté « soutenir » des génocidaires, et de l’autre côté se faire piller ses positions géopolitiques. Le coup fut admirablement mené (si j’ose dire, vu qu’on parle d’une abomination). 

      Dans un premier temps, les USA ont refusé à l’ONU d’employer le mot « génocide » qui aurait imposé une force d’interposition, et bloqué le régime-change. Dans le même temps, 10 casques-bleus furent massacrés opportunément, servant de prétexte au désengagement total. Puis, quand les forces de Kagamé furent assez avancées, on parla enfin de « génocide », mais pour cette fois-ci légitimer l’expulsion totale du pouvoir Hutu, et un régime-change total à Kigali. 

      Concernant les massacres, bien-sûr que rien ne les justifie (on parle d’êtres humains !). Reste à en connaitre la mécanique exacte. Habiarimana avait réussi à calmer les Hutus-ultras par un accord. Son assassinat laissa redouter à ceux-ci qu’ils allaient tout perdre. En effet, l’armée Hutu était beaucoup moins forte que l’armée Tutsie visiblement équipée et entrainée par les américains. Ceux qui ont tués Habiarimana (quels qu’ils soient) connaissaient ce risque, et peut-être même en cherchaient l’effet de levier (sinistre). La peur de tout perdre alimenta l’action nihiliste et la fuite en avant des Hutus-génocidaires (« épurer » ethniquement la population en espérant ainsi empêcher tout retour des Tutsis de Kagamé). Par ailleurs, les massacres également commis par les tutsis (on parle quand même de dizaines de milliers de morts potentiels) n’ont certainement pas contribué à désamorcer la dynamique génocidaire des Hutus. 

      Ce sont juste des suppostions possibles, pour alimenter la réflexion sur ce drame. Je n’ai pas d’actions chez les hutus ! Et ce n’est pas ma vie. Je cherche juste à comprendre ce qui s’est passé en arrière-plan de ce drame. Je ne suis pas satisfait de l’explication vaguement raciste que « les noirs sont des sauvages qui se massacrent sans raison ». Il faut aussi observer le dessous géopolitique des cartes. 

  • Paul Leleu 27 septembre 2018 19:38

    concernant le nombre des victimes, il y a aussi des problèmes. On parle de 800 000 à 1 million de morts. Je ne le remets pas en doute. Mais cela pose des questions. 


    La Banque mondiale donne 5,6 millions d’habitants au Rwanda en 1994, dont 10% de Tutsis officiellement. Cela donne donc 560 000 Tutsis pour un génocide d’au moins 800 000 personnes. 

    D’autant que le gros des populations tutsis avaient certainement fuit à l’étranger après 1990, avec la guerre civile (1990-1993). Les chiffres de la Banque Mondiale font passer la population de 7,1 à 5,6 millions. 

    Combien restait-il de tutsi à l’intérieur au moment du génocide ? Même en partant sur une moyenne haute, et en supposant une éradication absolue et totale, on est à 600 000. Ca fait quand même un écart de 200 000 victimes (hutus ? autres ?). On aimerait savoir. 

    Ces chiffres n’ôtent rien à l’horreur du génocide des Tutsis. Mais cela demanderait quelques explications. 

    • Bertrand Loubard 28 septembre 2018 16:38

      @Paul Leleu
      Merci de votre commentaire. Je crois comme vous que sous les cartes, des objectifs inavouables se cachent. Je suis absolument d’accord avec vous qu’il n’y a manifestement pas une seule réponse (toujours la même d’ailleurs) aux milliers de questions qui restent sans réponse. Mais certaines réflexions peuvent conduire à des « démonstrations » par l’absurde (des plus simples au plus compliquées, du type « à qui profite le crime ? » au type « d’où proviennent les missiles »). D’autres réflexion mettent en relief des faisceaux de « trajectoires d’advenues potentielles de faits indiscutables » (et indiscutés par exemple le fait « attentat ») qui forment un système dont la cohérence devient de plus en plus élevée jusqu’au niveau de « corrélations fortes » et d’intervalles de confiance très élevé. Je suis complétement d’accord avec vous qu’il y a eu, dans chaque pays, tout un arc en ciel de positions. Entre celles-ci, il y a dû avoir effectivement des « coups » bas, vu les enjeux immédiats, à moyens et à logs termes. Je crois aussi (comme vous ?) que l’action nihiliste des Hutus génocidaires s’est apparentée à un monstrueux « géno–sui-cide » : « s’il faut « tout » perdre ce sera dans la catastrophe pour tous – l’apocalypse ». Un peu ce qu’aurait dit Bagasora (qui n’a pas cependant été condamné pour la planification du génocide ... Or cela aurait été tellement plus logique, plus simple. Condamnation à laquelle personne n’aurait pu s’opposer après tant d’années de procès et qui n’aurait rien changé au verdict....Alors pourquoi un acquittement sur ce point ? C’est finalement relativement important et interpellant au niveau de l’ensemble de « ce qui » peut être au-dessus de tout doute raisonnable) .... Tant le fait que Grossouvre se fasse « suicider » que le fait que les 10 casques bleus belges se fassent « assassiner » alimentent effectivement le bien-fondé de l’adoption d’un devoir de prudence mais ne doivent pas non plus « censurer » l’expression d’une intime conviction à propos des « possibles ».
      Bien à vous.


    • Bertrand Loubard 29 septembre 2018 14:21

      @Paul Leleu
      Merci pour vos commentaires. Il est évidemment très difficile de parler du nombre de victimes. Ce que vous dites très justement je le traduirais en disant : « il ne faut pas tuer tous les Rois pour commettre un Régicide ». Les chiffres ont été souvent remis en cause. Ils ont entre autre été étudiés par « a team of researchers at the University of Maryland » suivant un certain, Chris Black. De même Howard W. French avance des chiffres très différents de ceux de la version officielle. Il y a de sérieuses contestations, non pas de la réalité du génocide, mais des chiffres en tant que tels..... et le doute peut légitimement s’insinuer. En effet, par exemple, il aurait été question de 40.000 corps rejetés à la Nyabarongo. Mais il semble que ce sinistre décompte ait été tiré de l’observation d’un seul témoin dont on ne connaît pas les conditions d’observation. Il faut se souvenir que le Génocide s’est déroulé en saison des pluies et que le lit majeur de la Nyabarongo était, quasiment partout trois à quatre fois plus large à ce moment que le lit mineur de saison sèche et donc inaccessible sur des dizaines de mètres depuis les rives et, de plus, souvent en pleine zone de papyrus. Les corps ne pouvaient pas arrivés au plus « fort » du courant. Il n’y avait que quatre ponts sur la Nyabarongo (1 - en aval de la confluence Nyabuggogo et Nyabarongo, 2 - entre Butamwa et Kazenze, 3 – Gashora - Sake et, 4 - à la frontière avec la Tanzanie aux chutes de Rusumo). Ce sont les seuls endroits où une telle quantité de corps aurait pu être jetée au fleuve (dépouilles transportées par camions), pour se voir transporter de Kigali à Rusumo. Les marais de Gashora sont quasiment inaccessibles en saison des pluies. Personnes n’a vu des corps rejetés au droit du pont de Rusumo. Il reste donc deux endroits où il aurait fallu déverser 20.000 corps/site !!!..... A 100 corps par camions il aurait fallu 200 camions par pont donc 2 camions par jour (durant les 100 jours du Génocide) et combien de témoins, autre que le seul témoin sur le témoignage duquel le chiffre de 40.000 corps a été avancé ? Quant aux corps observés à la Chute de Rusumo qui peut attester qu’il s’agit de corps de Tutsis ou de Hutus modérés génocidés par les Hutus extrémistes génocidaires. Quant au corps qui seraient arrivés au Lac Victoria...il faut avoir une totale méconnaissance du parcours qu’ils auraient dû faire (à travers les papyrus et marais infectés de crocodiles) et d’autre part une sérieuse dose d’ethnisme pour y reconnaître un Tutsi ou un Hutu modéré, génocidé par des génocidaires Hutus extrémistes. Il faut se souvenir aussi que le Gouvernement Kagamé a refusé à Carla Del Ponte et à Alison Desforges (même) que des charniers fassent l’objet d’« études ». Les chiffres avancés officiellement ne devaient-ils pas provoquer un horreur suffisante pour tétaniser les esprits, interdire toute analyse ?
      Bien à vous.


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