jeudi 7 octobre 2010 - par Aimé FAY

Kerviel : la Société générale ne savait pas. Impossible !

« Nous, Société générale ne savions pas que Kerviel prenait des risques disproportionnés ! ».
 
C’est ce que la justice vient d’ériger en vérité judiciaire, et décider de punir le jeune trader immature. Trois ans de prison ferme et 5 milliards d’euros de dommages et intérêts !
Ce jugement est inique, incompréhensible et entaché de méconnaissance de l’état l’art en matière de système d’information bancaire.
 
Nous affirmons ici, que la Société générale savait très bien ce que faisait Kerviel. Elle le savait, car, comme tout employé susceptible d’utiliser l’outil informatique − partie du système d’information bancaire − Kerviel était doté d’un code d’habilitation. Code d’habilitation qui sert à reconnaître quel salarié intervient à quel moment, sur quel poste de travail, pour y faire quelle opération, de quel montant, vers quel compte, etc. Et, si l’opération effectuée dépasse l’autorisation d’engagement associée à l’habilitation du collaborateur, un signal d’alerte est envoyé au responsable concerné dans toute la chaîne hiérarchique, jusqu’à la direction générale si le montant le justifie. De plus, cette alerte est "loggée" (enregistrée) puis archivée pour plusieurs années.
 
Tel est rapidement énoncé le système d’habilitation / autorisation de toute banque. Rien ne peut lui échapper ! C’est un véritable mouchard logiciel.
 
Il faut dire que les systèmes d’information d’une grande banque comme la Société générale contiennent plus d’une centaine de milliers de programmes informatiques totalisant des millions d’algorithmes (instructions en langage(s) de programmation). Chaque programme contient, d’une part un appel au système d’information dédié à la sécurité des opérations et d’autre part, sa propre piste d’audit qui organise la traçabilité de toute opération…
 
Chaque année, une grande banque du type Société générale dépense plusieurs centaines de millions d’euros pour ses systèmes d’information.
 
Faut-il rappeler que les activités bancaires sont les plus contrôlées au monde − la banque étant la principale source de création monétaire − avec celles des centrales nucléaires !
 
Donc, la Société générale savait minute par minute, via ses systèmes d’information, ce que faisait Kerviel.
 
Donc, la justice d’appel, doit le savoir et diligenter les enquêtes nécessaires à l’émergence de la vérité.
 
Rien ne peut échapper aux logiciels de contrôle d’une banque, comme l’a rappelé récemment l’autorité de tutelle qu’est la Commission bancaire (composante de la Banque de France). Et nous rajouterons : surtout quand cette banque est la Société générale. En effet, cette banque est à la pointe de l’état de l’art logiciel de la Place française. Son informatique jouit sur le marché d’une très grande notoriété. Elle est de surcroît, sur les produits dérivés, ceux utilisés par Kerviel, l’une des plus performantes au monde.
 
Alors, la Société générale, personne morale, savant tout ce que faisait Kerviel, la question est désormais la suivante : la Société générale, personne morale, peut-elle vraiment se prévaloir longtemps du fait qu’elle ne savait pas ?
 
Non ! Car une personne morale est nécessairement placée sous l’autorité juridique d’une personne physique. En l’espèce et en dernier ressort, le Président de son conseil d’administration… qui est par ailleurs responsable pénalement des infractions commises par son organisation.
 
Bien sûr, le jeune et immature Kerviel est responsable et coupable. Les deux, car lui n’est pas un politique. Il ne fuit d’ailleurs pas ses fautes. Mais sa structure de travail est aussi responsable, car elle savait pertinemment les sommes qu’il engageait (50 milliards en tout) et elle l’a laissé faire… durant deux ans. 
 
Pourquoi nier l’évidence technique ? C’est ce que devra prouver la nouvelle défense de Kerviel.
 
Peut-être un conseil : Kerviel devrait demander à Bernard Tapie comment faire quand la justice officielle du pays vous accable, pour sortir vainqueur d’un tribunal. Proposer à la Société générale un tribunal arbitral, comme l’a fait Tapie avec l’Etat dans l’affaire du Crédit lyonnais ! Nous sommes persuadés que là aussi, l’Elysée, qui s’occupe de tout, donnera son accord.
 
 


16 réactions


  • ZEN ZEN 7 octobre 2010 11:54

    Impossible, bien sûr


  • ZEN ZEN 7 octobre 2010 12:05

    Le lien n’est pas passé :

    La hiérarchie de Kerviel savait tout....« Si Jérôme saute, tout le monde saute ! »
    Dit autrement :La Société générale ne pouvait pas ne pas savoir
    Ou plus clairement : La Société générale savait


  • Francis, agnotologue JL 7 octobre 2010 12:41

    Faut-il croire que la Société Générale dispose d’un moyen de pression sur Kerviel ? Ou bien que c’est un deal entre JK et la SG ? JK accepterait de de devoir rembourser 4.9 mds d’euros - tout ce qui est excessif est insignifiant - en échange d’un pont d’or quand il aura passé quelques mois dans une prison VIP ?

    En fait, « Une libération conditionnelle est envisageable au mieux au bout de 14 mois et demi, mais ça veut dire plus d’un an derrière les barreaux. » (Eolas)


  • aquad69 7 octobre 2010 12:47

    Bonjour Aimé Fay,

    voyons ! Il s’agit ici d’un procès politique.

    Plus que la Société Générale et ses responsabilités, c’est toute l’évolution des sociétés modernes et leurs méthodes de gestion du personnel, et tout en particulier ce que l’on appelle « la culture du résultat », qui sont ici en question.

    Acculé à la nécessité de produire des résultats excessifs, Jérôme Kerviel a fini par tricher, soit. Le seul élément remarquable de l’affaire, c’est l’échelle à laquelle il l’a fait.
     D’autres que lui, dans d’autres sociétés, ont fini par se suicider, était-ce mieux ?

    Il n’est aucunement besoin d’être banquier et d’avoir des connaissances de trading pour comprendre cette affaire : toute personne travaillant dans une grande société d’aujourd’hui, soumise à l’obligation de résultats chiffrés excessifs, aux entretiens d’appréciations, et aux pressions quotidiennes peut le comprendre aisément.

    Celà peut vous étonner, mais, pour ma part, je vois aujourd’hui des Jérômes Kerviel partout :
    Le chauffeur-livreur obligé de rouler à fond la caisse et de prendre des risques pour rattraper les minutes qui lui ont été grattées sur sa tournée pour « augmenter la productivité » s’en sortira pendant des mois ou des années, au prix peut-être d’un ou deux PV pour excès de vitesse.
    Et puis un jour la chance tournera et il fauchera quatre ou cinq gamin sur un trottoir... Serait-ce moins grave que de perdre cinq milliard d’Euros ?

    Jérôme Kerviel devait être condamné lourdement pour que ne soit pas remis en question le Système économique et d’entreprises actuel.

    Celà nous rappelle les grands procès staliniens ou maoistes de naguère...

    Cordialement Thierry






    • Philou017 Philou017 7 octobre 2010 15:02

      Par ce jugement qui exonère totalement la société générale, on aurait voulu lui éviter des débours fiscaux conséquents qu’on ne s’y serait pas pris autrement :

      Écoutons un avocat préciser les choses :

      C’est d’abord une mesure symbolique, une « preuve » que la banque est, aux yeux de la justice, totalement innocente dans l’affaire Kerviel. C’est ensuite une mesure fiscale. Si le tribunal de Paris avait retenu une responsabilité de la banque, elle aurait été contrainte de rembourser 1,5 milliard d’euros à l’administration fiscale, au titre de cette perte. Grâce au jugement, « la banque va pouvoir inscrire ces 4,9 milliards perdus comme des pertes comptables exceptionnelles », poursuit Me Ludot. « Elle va pouvoir diminuer ses bénéfices annuels. » Et donc payer moins d’impôts...

      http://www.20minutes.fr/article/605061/economie-proces-kerviel-comment-rembourser-49-milliards-euros-

      Tout bénef donc.


  • morice morice 7 octobre 2010 13:11

    elle a été condamnée le 4 juillet 2008 pour ça... 



    condamnée pour quoi ?

    La commission chargée du contrôle interne du secteur bancaire a condamné vendredi 4 juillet la Société Générale à 4 millions d’euros d’amende et un blâme. Motif : les « carences graves du système de contrôle interne » qui avaient fait perdre près de 5 milliards d’euros à Jérôme Kerviel et à sa banque en janvier dernier.

    Mais les JTs, qui avaient largement suivi l’affaire jusque là, n’ont pas relevé cette décision.


    • bo bo 7 octobre 2010 20:14

      En effet, cette condamnation est dans la logique du Comité de Bâle qui depuis 2000 travaille sur la réglementation bancaire.
      Pour toute banque des pays OCDE et assimilés les procédures et les contrôles obligatoires sont très clairs
      En ce qui concerne les lignes autorisées de trading et d’opérations de produits sophistiqués sont mises « à jour en temps réel » et les procédures interdisent tout dépassement des limites autorisées par les DIRECTIONS GENERALES et validées par les Conseils d’Asministration.
      Tout dépassement et appel de marges interbancaires font l’objet d’un contrôle immédiat (les outils les détectent en tant réel pour les plus simples produits à maximum quelques jours) et d’un reporting immédiat à la DIRECTION GENERALE pour décision. Celle-ci informe le Conseil d’Administration si elle n’a pas de « délégation à la marge » pour traiter le problème et informe à posteriori le dit Conseil d’Administration de l’incident et de son traitement.
      Si le traitement de ce dépassement sort de cette délégation à la marge la DIRECTION GENERALE doit avoir l’accord du Conseil d’Administration pour le traitement du dépassement.
      Enfin, il est bon de préciser que devant les autorités de contrôle Les DIRECTION GENERALE des banques sont GARANTES du sytème de controle interne, de sa pertinence et de son efficacité, le tout VALIDE par les Conseil d’Administrations.
      Une banque ne fonctionne pas autrement.
      Le motif « graves carence du contrôle interne » englobe tous les éléments sans exception mentionnés ci-dessus.
      C’est pour cela que la Commission de contrôle des banques a condamné la Société Générale.
      Enfin, lorsque les dirigeants de la Société Générale et son Conseil d’Administration ont pris la décision de déboucler les opérations, ils sont sortis après toute une série d’opérations étalées dans le temps et n’ont connu leur perte définitive qu’au bout de ce laps de temps.
      Dernier point, dans un cas comme cela, la DIRECTION GENERALE avec son Conseil d’Administration définissent une politique de COMMUNICATION pour présenter « le bébé ».....
      Maintenant, faites vous votre propre opinion .......................  smiley


  • non666 non666 7 octobre 2010 14:57

    Il y a un autre moyen de prouver que la SG ment.
    Il suffit de verifier les logs des chambres de compensation...
    C’est un intermediaire obligé de tout engagement interbancaire et des transactions boursieres.
    C’est eux qui font les appels de marge quand il y a des pertes a reclamer....

    Vous voyez des gens qui n’auraient pas envis que l’on reparle de Clearstream ou d’Euroclear, dans le coin ?


    • non666 non666 7 octobre 2010 15:20

      Et puis merde !

      Balancons davantage.
      Quelques mois avant l’affaire kerviel, la CGT distribuait devant la banque(les deux tours de la defense) des tracts.
      J’en ai pris un au passage.
      Sur ces tracts , il etait ecrit que sur D Boutin n’etait que le 14eme salarié du groupe et que les 13 premiers etaient des traders.

      Si la banques n’est pas une pousse au crime, peut on verifier la comptabilité de ces 13 jeunes gens la ?
      Il n’y avait pas deja kerviel, dans le lot ?
      Si ils ont tous respecté les regles d’engagement, toute leurs operations etant enregistrées, on devrait le voir, non ?
      Quelle serait la signification d’une « decouverte » d’un depasement systematique des regles qui serait chaque fois couverte par la banque quand il y a des gains, leurs auteurs recompensés et qui se vengerait de celui qui perd ?


      il va falloir vous sortir les doigts du cul, les petits juges.
      Etre les marionettes de sarkozy et de sa bande, ce n’est plus le moment.
      Les journalistes ne sont pas honetes et ça, on le sait deja.

      Et vous(les juges), vous voulez quel statut à la Liberation ?

      verifiez les operations de ceux qui etaient les PLUS GROS gagnants au loto de la bourse.

      Pile  : la banque et moi on gagne
      face : risque systemique pour la banque, les français paient et on vire le trader ?



    • Francis, agnotologue JL 7 octobre 2010 15:39

      non666,

      dans un cas comme dans l’autre, la banque gagne.

      C’est le moment de poser la question : « A qui profite le crime ? » !


  • tchoo 7 octobre 2010 15:20

    D’abord la SG a gagné de l’argent (avant d’en perdre beaucoup) grace aux prise de position "risquées’ de JKet semble t-il illégale.
    Tous ces supérieurs hiérarchique ont touché des commissions grâce à ses actions.
    Ils doivent tous, rendre tout ce qu’ils ont touchés dans ces cas de figure.

    A partir de là, toute discussion de culpabilité avec amendes pourra être discuté.

    Rendez tous le pognon illégalement gagné !


  • NeverMore 7 octobre 2010 15:30

    « Nous, Société générale ne savions pas que Kerviel prenait des risques disproportionnés ! ».

    Correctif

    « Nous, Société générale savions que Kerviel prenait des risques disproportionnés, mais pas à ce point là ! ».

    Je continue à réclamer la cour martiale pour Bouton, Prot, Pauget et consorts. Quant aux bureaucrates de Bruxelles, de la BCE et de la Banque de France et nos élites politiques, j’hésite entre leur envoi à Guentanamo ou dans quelques rizières de Chine.


  • Vipère Vipère 7 octobre 2010 15:45

    Bonjour Aimé FAYE

    Selon vous, la Société Générale savait que J. Kerviel bidouillait le système ( tous ceux qui ont travaillé sur un ordinateur savent qu’ils peuvent forcer le système programmé d’ une entreprise et passer les sécurités) admettons !

    Comment les moyens de preuve, en défense n’ont pas pu être produits par le conseiller de Kerviel, spécialisé dans la finance, d’après les médias ???

    Et que la banque ait pu, seule, produire les moyens de preuve contre Kerviel ?


  • Bulgroz 7 octobre 2010 16:34

    4,9 milliards de perdus pour la Société générale et ses 100 000 salariés.


    A mon avis, si cette somme devait être reversée à chaque salarié soit 49 000 Euros par tête de pipe, je pense qu’il y en a pas mal qui feraient cracher Kerviel à coups de boules dans les gencives.

    Je ne parle pas de l’état et les contribuables grugés dans cette affaire car 4,9 Milliards de pertes c’est 1,5 de moins dans les caisses de l’état via l’impôt sur les sociétés.


  • Anonymous Republic Punisher Rigel 7 octobre 2010 22:43

    Je serais banquier je fermerais mes agences qui sont sur le passage des manifs !


  • furio furio 8 octobre 2010 08:16

    immature ? Vous manquez pas d’air pour qualifier un escroc de bas étage ! Ce petit con a quand même accumulé et produit des faux pour donner le change.

    Autre chose aucune entreprise n’est à l’abri d’une arnaque d’un de ses employés. AUCUNE !
    Il existe pour chaque entreprise un temps de latence. Les employés malhonnètes sont toujours découverts. Et il se trouve que la Sg a mis à jour l’arnaque. On peut effectivement se dire que le laps de temps a été long. Mais c’est le teigneux avait de grandes compétences pour faire des faux et donner le change.

    Vous raccoursissez tout en disant en gros la Sg savait donc elle savait !! Un peu court pour aller en justice.
    Un peu court aussi la défense de MEZNER qui sur canal disait encore«  :- l’écran de Kerviel était dans une salle et cet écran tout le monde pouvait le consulter » !!. CONSTERNANT !
    Vous êtes comme MEZNER, vous n’avez aucune compétence pour parler de ce pan de l’activité bancaire ..le trading (vous en avez certainement pour beaucoup d’autres choses mais pas pour celle là). Et ainsi votre défense fait flop comme celle de MEZNER d’ailleurs.
    Le tort de la banque est justement d’avoir placé au « contrôle » de Kerviel des agents qui ne connaissaient rien au trading.

    Mais une chose est certaine, aucune personne à la Sg ne pouvait être au courant de ces positions de Kerviel qui mettaient la banque au bord du précipice avec un seul « trader » et donc un sur seul « pari ». IMPOSSIBLE IMPOSSIBLE !

    ps : mais d’accord il faut combattre ces produits dérivés, ces marchés de la spéculation....oui mais c’est aussi mettre à mal le capitalisme.
    Les milliards des banques sont produit sont obtenus par ce « casino » qui massacre l’emploi, ronge les acquis sociaux, devenant ainsi un véritable cancer pour l’économie mondiale. 


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