vendredi 8 novembre 2019 - par Desmaretz Gérard

L’arme de poing semi-automatique

Il semble que l'idée du pistolet à « répétition semi-automatique » (chaque action sur la détente entraîne le départ du coup et l'approvisionnement de la munition suivante) ait germé dans le cerveau d’un Américain vers 1854. Il faut attendre par contre 1892 pour que Steyr fabrique industriellement le Schonberger en calibre 8 mm. Cette arme fut bientôt suivie par le mythique Luger lui même dérivé du pistolet Borchardt. Ce pistolet était le premier à posséder un chargeur séparé qui était, non pas introduit sur le devant du pontet, mais dans la crosse même. En 1898, Georg Luger présenta son pistolet qui allait être modifié et devenir l’arme réglementaire de l'armée Allemande sous la dénomination P08 parabellum. A l’aube de la première guerre mondiale l’on vit l’apparition d’une autre arme célèbre, le Colt 45-1911. Une autre idée (que l’on doit à Savage) apparue dès la grande guerre n'allait faire son chemin qu'assez tardivement, il s’agissait non plus de placer les cartouches en pile simple dans le magasin, mais en quinconce (double colonnes) pour en accroître la capacité. Principe que l’on retrouve sur toutes les armes à plus de 12 coups. L'année 1929 marqua une évolution avec le Walter PP, le premier pistolet semi-automatique DA à culasse non calée possédant un indicateur de chargement de la chambre.

Les mécanismes des armes à répétition à course rectiligne accomplissent entre chaque tir une série de mouvements appelés cycles mécaniques. Ceux-ci se décomposent en plusieurs phases. Pour le premier tir, le tireur ramène manuellement la culasse en arrière en la saisissant au niveau des cannelures de manœuvre (phase d’ouverture), la laisse ensuite revenir librement sous la pression du ressort récupérateur venir prélever, au passage, une cartouche sur la planchette élévatrice du magasin pour l’introduire dans la chambre (phase de fermeture). La munition étant chambrée, une pression sur la détente libère le percuteur qui vient frapper l’amorce de l'étui, les gaz produits par la détonation de la poudre projettent la balle hors du canon (phase de tir) et une autre partie des gaz est refoulée vers l'arrière, repoussant la culasse entraînant l’ouverture de la chambre d'extraction et permettre l'éjection de l'étui vide par la fenêtre située sur le côté droit de l’arme (phase d’ouverture). Lors de ce recul sous la poussée des gaz, il y armement du percuteur, la culasse revient à sa place sous l’effet du ressort récupérateur (phase de fermeture) et chambre une nouvelle cartouche. Tant que le tireur presse et relâche la détente, ces trois cycles se répètent jusqu'à épuisement du chargeur. Lors du dernier tir la culasse reste ouverte car l'élévateur de cartouche soulève le tenon de l'arrêtoir de culasse maintenant celle-ci en arrière. Puisque la culasse ferme la chambre, on parle alors d’arme à culasse fermée.

Dans ce principe, la pression des gaz engendrée par le départ du coup peut amorcer prématurément le recul de la culasse sur sa glissière avant que la balle n’ait quittée le canon. Cette perte de gaz, vers l'arrière, entraîne une réduction de la vitesse du projectile, mais risque d'entraîner des brûlures par la haute température des gaz ou la projection de résidus de poudre brûlants pour le tireur. Pour y remédier, on retarde le recul de la culasse en solidarisant, momentanément, le canon et la culasse. Ce principe que l’on doit à Andréa Schwarzlose (1896) sera repris en 1900 par Browning. On parle alors d’arme à culasse calée dont le Colt Governement 1911 est le digne représentant. Au départ du coup, le canon rendu solidaire de la culasse grâce à des tenons et mortaises commence à reculer (d’environ 2 mm), comme le canon est fixé à la carcasse par une biellette, le canon commence à amorcer un arc de cercle anti-horaire, ce qui a pour effet de dégager les tenons des mortaises, déverrouillant le canon de la culasse qui peut poursuivre son cycle d’ouverture. Il existe aussi un système à rainures hélicoïdales dans lequel sous l’effet du court recul, le canon tourne sur son axe et libère progressivement la culasse (MAB manufacture d'armes de Bayonne). Dans d’autres systèmes la culasse est bloquée par un axe ou un poussoir.

Sur un pistolet semi-automatique, la faible course de la culasse (voisine de la longueur de l'étui) risque de provoquer le départ du coup suivant avant que le doigt du tireur ait quitté la queue de détente. C’est la raison pour laquelle un dispositif permet au percuteur ou chien de ne pas se réarmer tant que la détente n’est pas revenue en avant. Dès qu’il y a eu départ du coup et retour de la culasse, le mentonnet vient accrocher le talon du percuteur ou le cran d’armé du chien (en limant cette pièce, on transforme certains pistolets en armes automatiques). L’arme ne peut tirer de nouveau que si le doigt libère la détente pour lui permettre de reprendre sa position initiale.

Autre système similaire, moins répandu, le principe à long recul du canon. Le canon est solidaire de la culasse jusqu'à la position arrière de celle-ci et le canon revient seul vers l’avant, la culasse restant bloquée en arrière. Elle n’est libérée que par l’action du doigt sur la détente permettant à la culasse de revenir vers l’avant pour percuter l’amorce de la cartouche. L’on parle alors d’arme à culasse ouverte. Le cycle est : retour du canon - extraction - éjection - décrochage - alimentation - verrouillage - et tir.

Le pistolet Simple Action : principe déjà évoqué à propos des revolvers et que l'on retrouve également sur les pistolets semi-automatiques. Pour le premier tir en simple effet, le tireur doit ramener la culasse en arrière pour armer le chien et chambrer une cartouche. L’arme est alors prête à tirer en SA, ce qui signifie faible pression et faible course de la queue de détente. C’est très rapide pour le premier tir, mais cela entraîne un inconvénient, celui de toujours devoir porter l’arme en condition one, c’est à dire chien armé et sécurité enclenchée. Dans cet état, l’arme risque en cas de chute de faire feu accidentellement. C’est la raison pour laquelle le Colt 1911 a une sûreté manuelle (la pédale) placée sur le dos de la crosse et qui doit être enfoncée par la paume de la main pour permettre de libérer la queue de détente (principe que l'on retrouve sur d'autres armes).

Double action : l’arme offre l’avantage d’un premier coup tiré rapidement, mais une résistance plus dure et une course plus longue pour le départ du premier coup. Les coups suivants sont en simple action puisque le percuteur et ou le chien est armé automatiquement lors de la phase d’ouverture. Du fait de ce principe DA et SA, le premier et deuxième coups ne sont pas aussi groupés. C’est pourquoi nombre de tireurs portent ce type d’arme avec une cartouche chambrée, percuteur armé et levier de sécurité en place, ou condition two. Pour tirer le premier coup en simple action, il suffit de dégager le levier de sécurité.

Safe action : voilà un procédé ingénieux apparu vers 1982 et que l’on doit à l'ingénieur Autrichien Gaston Glock, qui a donné son nom à cette arme qui a inspiré S & W, Sigma, etc. Dans ce principe, le percuteur placé vers l’avant de la culasse est partiellement armé pour diminuer la pression à exercer sur la queue de détente. Dès cet instant, on a tous les avantages du SA pour le départ du premier et des coups suivants. Après chaque tir, l’arme est automatiquement assurée grâce à son système de sécurité placé dans la queue de détente. Cette arme est sûre au choc tout en étant toujours prête à tirer rapidement puisqu’il n’y a pas de levier de sécurité à actionner.

SÉCURITÉ ET SÛRETÉ : pour prévenir tout départ indésiré, certaines armes possèdent un ou plusieurs systèmes de sécurité et de sûreté combinés. Il convient de faire une différence entre un dispositif de sécurité qui permet, selon le choix du tireur, de faire feu ou de s’abstenir, et les systèmes automatiques de sûreté qui permettent de prévenir le départ accidentel du coup. Cette sûreté dépend du type de l’arme et non du choix du tireur. L’on rencontre plusieurs dispositifs :

sur certaines armes, le seul fait d'ôter le magasin bloque automatiquement le percuteur évitant le classique départ du coup lors du nettoyage de l’arme.

- La pédale placée sur le dos ou le devant de la crosse s’oppose à tout départ du coup, tant que cette pédale n’est pas enfoncée (pression d'environ 4 kilos).

· Un autre dispositif empêche le départ du coup en cas d'une munition partiellement chambrée. Si la culasse est fermée incomplètement, la liaison bielle avec le talon de gâchette n’est plus assurée.

· Pour prévenir un décrochage accidentel du chien qui pourrait quitter le bec de gâchette lors d’un choc ou de l’armé, un second cran de sûreté ou de demi-armé l’accroche automatiquement pendant sa course. Ce deuxième cran de sécurité sert pour transporter l’arme chargée. L’on parle alors de chien à l'abattée.

Pour les sécurités qui nécessitent l’action volontaire du tireur, on a le levier de sécurité placé sur le côté de l’arme (à droite pour les ambidextres) qui peut être relevé du pouce par le tireur pour immobiliser la détente et son mécanisme. Position marquée par la lettre « S » ( sécurité, safe, sicherheit). Ce dispositif est placé parfois sur la glissière pour assurer le blocage du percuteur ou du chien. Pour le tir, il faut la désengager vers le bas position indiquée par la lettre « F » ( feu, fire, feuer).

Savez-vous amis collectionneurs que certains sites en présence d'une photographie d'arme sont capables d'en lire les indications gravées : marque, modèle, numéro, etc., pour ensuite les rattacher à l'adresse IP correspondant à leur mise en ligne !

https://www.thefirearmblog.com/blog/2019/10/22/google-firearm-serial-numbers/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+TheFirearmBlog+%28The+Firearm+Blog%29

 

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4 réactions


  • popov 8 novembre 2019 12:43

    Le sergent qui faisait passer un test à ses nouvelles recrues : Comment s’appelle cette force qui réarme automatiquement une arme automatique à chaque coup ?

    Le troufion : la force de l’habitude ?


  • Rincevent Rincevent 8 novembre 2019 13:24

    Il faudrait envoyer ce genre d’article aux rédactions des médias, ça nous éviterait bien des âneries. Depuis la confusion assez systématique entre pistolet et revolver jusqu’à la carabine de 22 millimètres (en fait 22 Long Rifle = 5,5 millimètres). A partir de 20 mm on est dans la DCA légère…


    • generation désenchantée 8 novembre 2019 18:41

      @Rincevent
      le problème c’est que nos journalistes , des fois des auteurs de livres , et d’autres ne savent pas a quoi correspond , les calibres , ils pensent que tout est en unités métrique


  • Faedriva 8 novembre 2019 22:49

    En Résumé une arme semi automatique récentes tirent entre 40 et 180 projectiles à la minute.
    Les armes automatiques beaucoup plus.
    OUf pour tous ! Les tireurs jusqu’à présent sont de mauvais chasseurs.


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