samedi 30 mai 2015 - par Claude Courty

L’ascenseur social collectif, une imposture idéologique

Le combat pour la vie est purement individuel. C'est sa collectivisation – l'union fait la force – qui le transforme en lutte des classes, sans se soucier de ce qui, incontournablement, structure la société en classes, ou catégories sociales. C'est ainsi que les idéologies alternativement au pouvoir, prétendent parvenir par la loi – mesure collective entre toutes – à des surclassements sociaux collectifs qui n'ont jamais rien changé aux inégalités de condition des hommes.

Les "conquêtes sociales" ne modifient pas les conditions du même nom, qu'illustre imperturbablement, à travers les millénaires, la pyramide*. Aucune doctrine ne peut faire mieux que de conduire à l'illusion de changements collectifs au demeurant éphémères. Par contre, chaque parcours individuel est porteur des résultats – succès comme échecs – des luttes ou plus simplement des efforts de chacun. Deux concepts s'affrontent ainsi : l'un considérant que le bonheur de chacun DOIT résulter de l'organisation de la société, l'autre que le bonheur de tous ne PEUT être que la somme des bonheurs individuels, abusivement dénoncés comme égoïstes par des idéologies qui se fondent sur le nombre.

L'ascenseur social commun est à compter au nombre des phantasmes dont nous bercent ces idéologies, dès lors qu'elles le conçoivent comme l'instrument d'une accession collective à davantage de richesse. L'amélioration de son sort par chaque individu pris isolément, contribue évidemment à l'amélioration de la condition de tous, mais quelle doctrine en convient ouvertement et reconnaît que cette amélioration collective résulte de motivations et d'efforts individuels ? Il y aurait pourtant de quoi rassurer ceux qu'inquiète le sacrifice de l'individu –pauvre aussi bien que riche – sur l'autel d'un égalitarisme qui le détruit en le rendant chaque jour un peu moins responsable de son propre destin ? C'est pourtant sur l'activité de ces seuls "individualistes égoïstes", qui sont loin de tous se reconnaître pour ce qu'ils sont, que repose le progrès de tous

Il faut donc dénoncer le caractère illusoire d'un ascenseur social collectif. Les seules énergies qui le meuvent sont avant tout individuelles, au bénéfice de tous, y compris de ceux qui, plutôt que de contribuer à son fonctionnement, attendent de l'assistanat une amélioration de leur sort. Il faut répéter que l'ascenseur social ne peut raisonnablement et durablement fonctionner qu'avec toutes les énergies personnelles. Si pour des raisons humanitaires il doit prendre en charge ceux que le sort frappe d'incapacité réelle, il ne doit ni ne peut admettre que soient considérés comme tels ceux qui attendent tout de la collectivité. La condition humaine a été améliorée dans des proportions considérables au cours des deux derniers siècles, grâce à l'industrialisation des tâches, et attribuer le progrès social à la lutte des classes est une erreur, devenant duperie lorsque des maîtres à penser, pseudo intellectuels qui en tirent avantage, s'entêtent à ne pas l'admettre.

Convaincu du caractère immuable de la pyramide sociale et de notre hérédité du même nom, Bourdieu a contesté le fonctionnement de l'ascenseur social, au-delà des cas particuliers dont il était et demeure personnellement la démonstration. A-t-il pour autant "craché dans la soupe", comme l'en accusent ceux dont il a ce faisant ébranlé l'idéologie ? N'a-t-il pas plus simplement fait preuve de clairvoyance et d'honnêteté ?**

Seul le progrès mérite d'être désigné comme moteur de l'élévation de notre niveau de vie. Or il résulte de l'activité du plus grand nombre et c'est un mensonge, au détriment des idéaux de solidarité les moins exigeants, que de vouloir faire croire à l'individu qu'il puisse s'élever socialement au-delà de la mesure dans laquelle il y contribue activement. Toutefois, là aussi des limites existent, qui sont celles de la planète sur laquelle nous vivons, avec les autres espèces qui la peuplent ; mais c'est une autre histoire.

 

* Ceux qui contestent la pyramide en tant qu'outil de représentation de la société, pourront voir dans le concept d'ascenseur social – collectif comme individuel – la meilleure preuve de leur erreur.

** « Le constat est sans appel : les conditions de la naissance continuent à déterminer le destin des individus. » Le destin au berceau, de Camille Peugny - Seuil. Mars 2013.



2 réactions


  • ddacoudre ddacoudre 31 mai 2015 10:11

    bonjour Claudec

    Personne ne nourri l’autre en mangeant à sa place. Ainsi chacun raménera toute chose à lui car il ne peut les analyser et les vivre que si il les absorbe : c’est notre condition humaine.
    Mais nous savons que l’homme seul n’existe pas, et qu’aujourd’hui plus qu’hier ce sont les autres qui lui disent comment il s’appelle et comment il faut qu’il vive. Nos interactions sont telles que l’homme individuel n’existe pas plus en dehors de la définition que j’en ai donné au début.
    le jour où pour survivre l’humain à du exploiter son intelligence face à l’adversité de l’environnement pour retirer de celui-ci ce dont il avait besoin pour survivre, car son essaimage la conduit dans des espaces hostiles où il devait produire. ce fut la sédentarisation et son long cortège d’organisations humaines sur la base du rapport dominant/dominer pour s’approprier les productions réalisé, et construire des sociétés allant de la guerrière par la classe dominante à la démocratique qui par la nécessité de la répartition des tâches maintien de fait ses classe sociales pour accéder à la reconnaissance de soi et au moyen de la développer par ce que l’on possède. ce que l’on mange pour soi. mais dans ce long processus c’est l’évolution technologique du au phénomène de concentration humaine qui l’emporte sur la tendance aux idéologies de vouloir figeait les organisation. ainsi l’assenceur social n’existe que dans le désir de posséder ce que la société reconnait comme valorisant. les hommes préhistoriques devaient avoir également le leur, puisque pour se singulariser et être choisit il faut pouvoir se distinguer les uns des autres.aujourd’hui c’est essentiellement la possession qui joue ce rôle et la notoriété que l’on trouve dans les us et coutumes qui suivent les phénomène d’évolution. hier les comédiens étaient des pestiférés aujourd’hui ils sont adulés. cet exemple démontre que l’échelle sociale n’est qu’une représentation dans la quête d’un but que l’on se donne pour exister.
    c’est en cela que j’espère qu’un jour les hommes pourrons se rémunérer pour apprendre car c’est bien dans notre cerveau que prennent forme les réalisation que les interaction des hommes et de son environnement suggère pour soi, même quand elles visent la collectivité.
    http://ddacoudre.over-blog.com/2015/03/essai-de-1999-remunerer-les-hommes-pour-apprendre-7.html..
    cordialement


    • Claude Courty Claudec 1er juin 2015 08:37

      @ddacoudre

      La rémunération de ceux qui apprennent ne réside-t-elle pas dans les savoirs qu’ils conquièrent ?
      Il existe aussi une inéluctable pyramide du savoir, allant de ceux qui ne savent rien sur tout à ceux qui savent tout sur rien (spécialistes et experts en tous genres).
      Et il existe probablement autant d’ignorants que de savants heureux ou malheureux. 

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