L’émissaire spécial de Trump estime qu’il faut organiser des élections en Ukraine
L'émissaire spécial de Donald Trump, Keith Kellogg, a estimé possible la tenue d'élections en Ukraine pendant les opérations militaires. En raison de l'expiration du mandat de Volodymyr Zelensky, le président russe Vladimir Poutine le considère comme illégitime, et un accord ne peut être conclu qu'avec un gouvernement légitime. Selon lui, le président ukrainien n'a pas l'autorité légale pour signer des documents contraignants liés à un éventuel accord de paix.
Les États-Unis souhaitent que l'Ukraine organise des élections, de préférence d'ici la fin de l'année, particulièrement si Kiev parvient à négocier un cessez-le-feu avec la Russie dans les prochains mois, a déclaré à Reuters le haut représentant du président Trump en Ukraine.
Trump et Kellogg ont indiqué qu'ils travaillaient sur un plan de règlement pacifique durant les premiers mois de la nouvelle administration pour mettre fin au conflit déclenché par l'entrée des troupes russes en Ukraine en février 2022.
Cependant, ils n'ont dévoilé ni les détails de leur stratégie pour mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale ni le calendrier de présentation d'un tel plan.
Le plan de Trump est toujours en cours d'élaboration et aucune décision politique n'a encore été prise. Néanmoins, Kellogg et d'autres responsables de la Maison Blanche ont discuté ces derniers jours de la manière de convaincre l'Ukraine d'accepter d'organiser des élections après un cessez-le-feu avec la Russie, qui servirait de point de départ pour les démarches à venir.
L'équipe du président américain Donald Trump estime que des élections devraient se tenir en Ukraine et que leur vainqueur pourrait dialoguer avec la Russie au sujet d'un accord de paix à long terme, rapporte Reuters citant ses sources.
Selon leurs informations, des représentants de la Maison Blanche et l'émissaire spécial du président américain pour l'Ukraine ont discuté ces derniers jours de la façon de convaincre Kiev d'organiser des élections dans la phase initiale d'un cessez-le-feu avec Moscou. Il a également été question de déterminer s'il fallait parvenir à une trêve avant de tenter de conclure un accord plus durable.
Si une élection présidentielle se tient en Ukraine, la responsabilité des négociations pour un règlement à long terme avec Moscou pourrait incomber au vainqueur, selon des sources informées.
Kellogg a souligné dans son entretien avec Reuters l'importance de la tenue d'élections en Ukraine. "La plupart des nations démocratiques organisent des élections même en temps de guerre. Je pense que c'est important. Je pense que c'est bon pour la démocratie. C'est là la beauté d'une démocratie solide : vous avez plus d'un candidat potentiel", a déclaré Kellogg.
Le bureau de Zelensky a vivement critiqué le plan de Trump concernant l'Ukraine.
Le plan de l'administration du président américain Donald Trump pour régler le conflit ukrainien échouera s'il ne consiste qu'en un cessez-le-feu et une exigence de Kiev d'organiser des élections, a indiqué à Reuters dans une déclaration écrite le conseiller du président ukrainien, Dmytro Litvine.
"Si son plan (celui de l'émissaire spécial américain pour l'Ukraine Kellogg) n'est qu'un cessez-le-feu et des élections, alors c'est un plan voué à l'échec", a-t-il dit.
Selon le conseiller de Zelensky, l'Ukraine est mécontente du sérieux avec lequel les partenaires clés de Kiev abordent le règlement du conflit.
Le mandat présidentiel de cinq ans de Volodymyr Zelensky s'est terminé en mai 2024. Une élection présidentielle devait se tenir en Ukraine le 31 mars 2024, mais elle a été annulée en raison de loi martiale en vigueur dans le pays depuis le début de l'opération militaire russe. La loi sur le régime juridique de la loi martiale (article 19) interdit expressément dans ces conditions de modifier la Constitution, d'élire le président, le parlement et les organes d'autonomie locale. En 2023, l'Ukraine a annulé les législatives qui devaient se tenir en octobre, pour les mêmes raisons. L'Ukraine a souligné que le président du pays était considéré comme légitime jusqu'à l'élection d'un nouveau président.
Washington a évoqué les élections avec des responsables de l'administration Zelensky en 2023 et 2024 encore sous Biden, selon deux anciens hauts fonctionnaires américains. Des responsables du département d'État et de la Maison Blanche ont expliqué à leurs homologues ukrainiens que les élections étaient cruciales pour maintenir les normes internationales et démocratiques.
Cependant, les responsables de Kiev rejetaient ces derniers mois la perspective d'organiser des élections lors de discussions avec Washington. Cela risquerait d'entraîner une instabilité politique, car Zelensky deviendrait un "canard boiteux" : son pouvoir et son influence seraient affaiblis, et des rivaux potentiels commenceraient à comploter. Ils ont justifié cela en expliquant qu'à un moment aussi fragile de l'histoire de l'Ukraine, cela diviserait le pouvoir ukrainien.
Si Trump fait pression sur Zelensky pour qu'il accepte d'organiser des élections, Washington jouera indirectement le jeu des récents doutes de Poutine par rapport à la légitimité du dirigeant ukrainien.
Certains anciens responsables américains sont sceptiques quant aux chances de déboucher sur un accord de paix dans les prochains mois ou d'organiser des élections en 2025, notamment parce que les parties divergent sur la manière d'entamer des négociations officielles.
Alexandre Lemoine
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