vendredi 7 avril 2017 - par Robin Guilloux

L’Europe au coeur de la campagne

"Le rêve des constucteurs de la Tour de Babel : l'unification de l'humanité dans une "pensée unique", le disparition des différences se réalise puis s'écroule. Hier le communisme et le nazisme, aujourd'hui la "mondialisation" et le nivellement par le "marché". Il y a des idéologies qui sont pour l'humanité l'équivalent d'un déluge, noyant l'être parlant dans la parole indifférenciée. Quelque arche pourtant, toujours, s'est construite et une force a été dispersée, tôt ou tard, la fourmilière avant que ne meure la parole et avec elle, les hommes en tant qu'ils sont humains." (Marie Balmary, Le sacrifice interdit, Freud et la Bible)

Contrairement à 2012 et contre toute attente, ce n'est pas le chômage, la dette ou le pouvoir d'achat qui sont au coeur de la campagne électorale, mais la question de l'Europe.

J'en profite pour dire rapidement - vox clamentis in deserto  ? - ce que j'ai sur le coeur.

La vérité, c'est que les Français aiment bien les Allemands, les Italiens, les Espagnols, les Belges, les Polonais et les Lettons, et éventuellement "l'Europe" mais qu'ils n'aiment pas l'Union européenne.

Je défie quiconque de se promener à Bruxelles de voir la Tour de Babel de l'Union européenne et d'éprouver de l'amour. Personne n'aime l'Union européenne, sauf les lobbies.

La double escroquerie - j'en parlais hier à un proche qui va voter pour Jean-Luc Mélanchon - c'est de nous faire confondre l'Europe et l'Union européenne, c'est de faire passer ceux qui veulent sortir de l'Union européenne et de l'OTAN (je ne crois pas comme Mélanchon que l'on puisse "renégocier les traités") pour des fascistes.

Ce n'est pas "l'Europe" qui a accueilli pour grand-père maternel, Jacques Saoutchik, juif askhénase, originaire de Biélorussie, échappé des pogroms de Kischinev et de Bessarabie, en 1905, mais la France, c'est la France qui a accueilli ses proches.

C'est grâce à la France qu'il est devenu l'un des plus grands créateurs automobile du XXème siècle... Sa patrie, c'était la France. Ma patrie, c'est la France.

Non, je ne veux pas de la double nationalité comme Daniel Cohn-Bendit, qui a vendu son droit d'aînesse contre un plat de lentilles au parlement de Bruxelles et qui appelle maintenant à voter pour Emmanuel Macron, non, je ne veux pas d'un gouvernement mondial, comme Jacques Attali, avec Jérusalem comme capitale, non je ne veux pas refaire le monde à mon image comme Bernard-Henri Lévy, non je ne veux pas danser autour du veau d'or.

Je l'affirme contre les partisans du "grand Israël", contre ceux qui aiment Israël plus que la France et contre les antisémites : on peut être juif, pauvre comme Job et patriote.

J'aime la culture allemande, italienne, espagnole, belge... Mais je n'aime pas "l'Europe". Je n'éprouve aucun amour pour un empire supranational dirigé par des technocrates non élus (la commission de Bruxelles) et dominé par l'Allemagne et les Etats-Unis d'Amérique et je ne voterai pas pour des gens qui "aiment l'Europe" et qui n'aiment pas la France ou qui aiment l'Europe plus que la France... Et que l'on ne fasse pas le coup du "vote utile" pour Emmanuel Macron au premier tour ou du "front républicain" au deuxième, comme en 2002. Je ne marche plus.

La philosophe militante Simone Weil avait trouvé les mots justes pour dire ce que j'éprouve :

"Le sentiment de tendresse poignante pour une chose belle, précieuse, fragile et périssable, est autrement chaleureux que celui de la grandeur nationale. L'énergie dont il est chargé est parfaitement pure. Elle est très intense. Un homme n'est-il pas facilement capable d'héroïsme pour protéger ses enfants, ou ses vieux parents, auxquels ne s'attache pourtant aucun prestige de grandeur ? Un amour parfaitement pur de la patrie a une affinité avec les sentiments qu'inspirent à un homme ses jeunes enfants, ses vieux parents, une femme aimée. La pensée de la faiblesse peut enflammer l'amour comme celle de la force, mais c'est d'une flamme bien autrement pure. La compassion pour la fragilité est toujours liée à l'amour pour la véritable beauté, parce que nous sentons vivement que les choses vraiment belles devraient être assurées d'une existence éternelle et ne le sont pas.

On peut aimer la France pour la gloire qui semble lui assurer une existence étendue au loin dans le temps et dans l'espace. Ou bien on peut l'aimer comme une chose qui, étant terrestre, peut-être détruite, et dont le prix est d'autant plus sensible." (Simone Weil, l'Enracinement p. 219)

 



3 réactions


  • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 7 avril 2017 12:50

    Très juste et très beau. Peut-être dans l’avenir en sera-t-il autrement, mais aujourd’hui personne ne va sacrifier sa vie pour défendre l’Europe, il est donc irréaliste de rechercher à en faire une fédération, ce serait mettre la charrue avant les bœufs.

    Ce serait peut-être différent s’il existait une réelle armée européenne qui combatte réellement pour défendre le territoire, mais pour le moment, c’est une utopie.


  • mmbbb 7 avril 2017 19:19

    il est vrai que les Con bendit les BHL sont des vrais putes Vous rachetez cette image délétère que ces personnes véhicules et qui attisent l antisémitisme . Quant à cette Europe nous avons le résultat diamétralement opposé des promesses du Traité de Maastricht, Vedrine a tenu une tribune concernant le sauvetage de cette europe il a raison cette construction ne tiendra pas tres longtemps tant cette europe est desormais rejetée Bruxelle est un « machin » non democatique


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