mercredi 10 avril 2019 - par Michel J. Cuny

L’Europe enchaînée à une Allemagne impériale ?

 

Au sein de l’Europe, et s’il faut en croire ce qu’Alexandre Mirlicourtois nous a dit dans la vidéo que nous sommes occupé(e)s à étudier (15 mai 2012) : 
« L’Allemagne de la dame d’acier défend bec et ongles ses seuls intérêts stratégiques sans se préoccuper des conséquences sur ses partenaires […]. »

Langage parfaitement militaire, mais qui, comme nous le savons, ne s’applique ici qu’à des questions économiques… Encore que…

Encore qu’il se pourrait que nous n’ayons pas vu passer la guerre… mais que les traités « de paix », eux, soient là, et qu’ils soient en mesure de nous obliger, sans que nous n’y puissions désormais plus rien… et sans qu’il fût nécessaire, à la bourgeoisie allemande, de disposer d’un Pétain dans un quelconque Vichy, pour prendre au peuple de France tout ce qu’elle peut lui prendre…

Et puis encore, au-delà de la France, de spolier les populations travailleuses de tous les pays environnants à travers les limites du champ que dessine la zone euro…. pour ne parler encore que de cela…

Mais revenons à Alexandre Mirlicourtois :
« Si l’on se souvient bien, la France s’était prononcée en faveur d’une forme de monétisation de la dette des pays membres par la Banque Centrale Européenne. »

C’est que la France était restée dans l’ancien monde… ce qui veut dire : dans le temps de l’après-Libération… En ce temps-là, il y avait une Banque de France… qui, tout en leur attachant un fil à la patte, pouvait donner du mou aux finances publiques du pays en ouvrant des crédits aux autorités centrales, à charge pour elles de lever les impôts qui couvriraient ces dépenses supplémentaires dans un délai plus ou moins long…

Toutes choses qu’en 2012 la Réserve fédérale états-unienne (FED) réalisait en achetant des titres de sociétés qui garantissaient ainsi ses émissions de dollars, solution qu’Alexandre Mirlicourtois aurait souhaité retrouver dans les pratiques de la Banque centrale européenne (BCE) :
« Une BCE qui aurait joué le rôle d’acheteur d’actifs en dernier ressort. Une BCE s’inspirant du modèle américain de la FED. »

Et de se désoler :
« Une solution refusée catégoriquement par Angela Merkel. »

Il y en avait une autre… qui a subi le même sort :
« Le gouvernement allemand a également refusé toute avancée, souhaitée par la France, en termes de fédéralisme que ce soient par la mise en place des Eurobonds ou de toutes autres formes de mutualisation de la dette ou des budgets. »

C’est l’affaire du bagnard qui traîne son boulet… Et pourtant, nulle part en Europe, nous ne voyons les troupes allemandes… Elles sont reparties, et nous savons dans quel état, en 1944… Et puis la loi allemande (Maastricht, par exemple) est revenue par la fenêtre… et pfuitt… plus de Banque de France : rien qu’un boulet… que maintenant il va falloir carrément avaler à longueur d’années, et de décennies peut-être. En effet, ainsi que nous le dit Alexandre Mirlicourtois :
« Mais surtout, l’Allemagne a obtenu que tous ses partenaires, France compris, s’engagent à réduire d’urgence leurs déficits publics. Cela consacre LA vision allemande de l’Europe. La conséquence, c’est la multiplication des politiques d’austérité et la récession dans la zone euro en 2012. »

La suite (pour autant que nous ne sommes encore qu’en 2019 au moment où j’écris tout ceci) n’a pas dérogé outre mesure à cette prévision qui n’était pourtant d’abord que de court terme…

Mais qu’imposait donc le traité de Francfort du 10 mai 1871 au-delà de l’abandon, par la France, de l’Alsace-Lorraine ? Voici le début de son article 7 :
« Le payement de cinq cents millions aura lieu dans les trente jours qui suivront le rétablissement de l’autorité du Gouvernement français dans la ville de Paris. Un milliard sera payé dans le courant de l’année et un demi milliard au 1er mai 1872. Les trois derniers milliards resteront payables au 2 mars 1874, ainsi qu’il a été stipulé par le Traité de paix préliminaire. »

Les sommes étaient considérables : elles ont scellé l’unité allemande… qui se manifestera si joyeusement durant les décennies suivantes, qu’en 1914 l’Angleterre devra obtenir d’urgence que soit déclenché ce qui allait devenir la Première Guerre mondiale…

Encore l’Allemagne avait-elle mis en place un très joli mécanisme qui contraignait la France à faire fissa… C’est ce que nous rapporte la suite de l’article 7 :
« À partir du 2 mars de l’année courante, les intérêts de ces trois milliards de francs seront payés chaque année, le 3 mars, à raison de cinq pour cent par an. Toute somme payée en avance sur les trois derniers milliards cessera de porter des intérêts à partir du jour du payement effectué. »

À bon entendeur ! Et en quelle monnaie paiera-t-on ?… Bonne question… Et excellente réponse (article 7, encore et toujours) :
« Tous les payements ne pourront être faits que dans les principales villes de commerce de l’Allemagne, et seront effectués en métal, or ou argent, en billets de la banque d’Angleterre, billets de la banque de Prusse, billets de la banque royale des Pays-Bas, billets de la banque nationale de Belgique, en billets à ordre ou en lettres de change négociables, de premier ordre, valeur comptant. »

L’euro-mark n’est pas mal non plus…

NB. Cet article est le vingtième d'une série...
« L’Allemagne victorieuse de la Seconde Guerre mondiale ? »
Pour revenir au document n° 1, cliquer ici



6 réactions


  • SPQR audacieux complotiste chasseur de complot SPQR Sono Pazzi Questi Romani 10 avril 2019 20:33

    Avec un texte comme ça vous risquez gros...

    « La conspirations des poudres » en l’occurrence LREM and C° vont vous pourrir la vie ou vous boire le sang jusqu’à ce que m..t s’ensuive .

     smiley

    Bon courage ...


  • acab2 10 avril 2019 21:20

    Bang !

    Un pavé dans ta vitrine toi. Si tu comprend pas pourquoi, demande a ton employeur.

    ++


  • Attila Attila 10 avril 2019 22:30

    « Mais surtout, l’Allemagne a obtenu que tous ses partenaires, France compris, s’engagent à réduire d’urgence leurs déficits publics"

    .

    Oui, mais en échange, la France a obtenu que l’Union Européenne se dote d’une langue unique : et c’est le français qui a été choisi !

    Trois langues étaient en compétition :

    · Le français (parlé par le plus grand nombre de pays de l’Union)

    · L’allemand (parlé par le plus grand nombre de pays de l’Union)

    · L’anglais (langue internationale par excellence).

    L’anglais a vite été éliminé, pour deux raisons : l’anglais aurait été le cheval de Troie économique des états Unis et les Britanniques ont vu leur influence limitée au profit du couple franco-allemand en raison de leur légendaire réticence à s’impliquer dans la construction européenne.

    Le choix a fait l’objet d’un compromis, les Allemands ayant obtenu que l’orthographe du français, particulièrement délicate à maîtriser, soit réformée, dans le cadre d’un plan quinquennal, afin d’afin d’aboutir à l’eurofrançais.

    1 - La première année, tous les accents seront supprimés et les sons actuellement distribuées entre « s », « z », « c », « k » et « q » seront répartis entre « z » et « k » ze ki permettra de zupprimer beaukoup de la konfuzion aktuelle.

    2 - La deuzieme annee, on remplazera le « ph » par « f », ze ki aura pour effet de rakourzir un mot komme « fotograf » de kelke vingt pour zent.

    3 - La troizieme annee, des modifikazions plus draztikes zeront pozzible, notamment ne plus redoubler les lettres ki l’etaient : touz ont auzi admis le prinzip de la zuprezion des « e » muets, zourz eternel de konfuzion, en efet, tou kom d’autr letr muet.

    4 - La katriem ane, le gen zeron devenu rezeptif a de changemen majeur, tel ke remplaze « g » zoi par « ch » zoi par « j », zoi par « k » zelon le ka, ze ki zimplifira davantach l’ekritur de touz.

    5 - Duran la zinkiem ane, le « b » zera remplaze par le « p » et le « v » zera lui auzi apandone, au profi du « f ».

    Efidamen, on kagnera ainzi pluzieur touch zur le klafie. Un foi ze plan de zink an achfe, l’ortokraf zera defenu lochik, et le chen pouron ze komprendr et komunike.

    Le ref de l’Unite kulturel de l’Europ zera defenu realite !



  • Doume65 11 avril 2019 15:14

    «  En ce temps-là, il y avait une Banque de France...  »

    La Banque de France existe toujours.


  •  C BARRATIER C BARRATIER 11 avril 2019 19:31

    C’est facile d’appeler au secours. C’est mieux de ne pas faire de dette, que ce soit au titre familial ou international.

    L ’Allemagne avant 1939 était déjà dans l’inflation. Elle s’est relevée

    Ses dirigeants furent meilleurs que les nôtres, ou plutôt nous fumes très mauvais

    Notre chef d’état major GAMELIN a organisé, je ne suis pas sûr que ce soit par simple bêtise, la chûte immédiate de la France, alors que nous pouvions clouer au sol immédiatement et en Allemagne même les colonnes de chars qui attendaient que notre chef d’Etat major écarte notre aviation de la zone nord est, vers les Ardennes. Bref on leur a fait cadeau de la France. C’est démontré

    Voir en table des news

    France terre de Résistance.

    Nous aurions pu résister dès 39, avant que le premier allemand soit sur notre sol ou dans les airs

    Heureusement, nous nous somme rattrapés

    Peut être Macron est il en bonne voie, mais Merckel n’a pas à nous faire de cadeau immérité


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