L’extraordinaire diversité des fleurs de montagne de France
Comme chacun sait, le printemps est marqué par l’apparition de très nombreuses variétés de fleurs, familières ou méconnues, dans les espaces naturels. C’est notamment le cas, dès le mois de juin, dans les prairies et les pierriers d’altitude. Petite balade en montagne, en quête de ces fleurs, souvent très belles, et si différentes les unes des autres. Toutes s’offrent à l’admiration des randonneurs et des photographes amateurs...
Depuis des milliers d’années, les hommes utilisent les fleurs à des fins diverses, notamment pour la décoration des habitations, pour l’élaboration des parfums, pour la tenue des cérémonies civiles ou religieuses. Certaines de ces fleurs, comestibles, ont même été récoltées, et le sont encore en divers lieux de la planète, pour enrichir et diversifier les nutriments de l’alimentation humaine. Par chance, peu d’activités nécessitent des collectes préjudiciables au milieu naturel, la plupart des plantes en question faisant l’objet de cultures. Un grand nombre d’espèces est d’ailleurs sévèrement protégé, tout particulièrement dans les parcs nationaux et dans les réserves dédiées à la protection de la flore.
En montagne, le climat est rude, et la végétation y est, de ce fait, exposée à des épisodes d’intempéries très prononcés. Mais plus que la pluie, particulièrement abondante en certaines périodes, ou la neige et le givre, c’est le vent qui est le principal ennemi des plantes à fleurs. C’est pour cette raison que de très nombreuses espèces, qualifiées de « naines » ou « rampantes », présentent un faible développement en hauteur afin d’offrir le moins de prise aux vents violents et aux bourrasques. Certaines se nichent en outre dans les anfractuosités des parois et les anciens éboulis de roches afin de limiter plus encore leur exposition aux frimas. D’autres sont dotées d’un duvet protecteur.
Toutes les plantes ne prennent cependant pas les mêmes précautions, au risque de sembler présomptueuses, à l’image de la laitue des Alpes, de la gentiane jaune, du laurier de Saint-Antoine, du lys martagon, du pied d’alouette ou de la vipérine, pour ne citer que celles-là. Mais ce ne sont pas les plus nombreuses, loin de là. Les autres, plus prudentes, vont même plus loin que la petite taille pour préserver la pérennité de leur espèce : celles-là vivent souvent en colonie, serrées les unes contre les autres en formant parfois un coussin solidaire. Ajoutons à cela que toutes ces plantes disposent d’un réseau de racines particulièrement robuste et solidement ancré dans le substrat.
Généralement, l’on distingue plusieurs niveaux d’altitude : l’étage collinéen, l’étage montagnard, l’étage subalpin, l’étage alpin et l’étage nival (cf. lien). À l’exception de ce dernier, où l’on ne rencontre guère que la renoncule des glaciers et quelques rares saxifrages, tous sont riches en espèces variées dont les couleurs, les formes, et parfois la profusion, sont un régal pour les yeux des observateurs. Cela va du très abondant rhododendron ferrugineux jusqu’aux espèces naines de gentianes dont les différents bleus, plus ou moins intenses, sont aussi caractéristiques de la flore des alpages et des rocailles d’altitude que le blanc des edelweiss ou des dryades et le jaune vif de l’arnica ou du doronic.
La plupart des espèces sont observables dans tous les massifs montagneux. Il existe néanmoins des spécificités liées à la nature des sols, ici calcaire ou argileux, là granitique ou schisteux, ailleurs volcanique. Observer les espèces de chaque terroir montagneux fait à cet égard partie de la satisfaction que l’on éprouve à randonner sur des terrains aussi diversifiés au plan géologique. Avec une certitude à la clé : que ce soit dans les Alpes, dans le Jura, dans le Massif central, dans les Pyrénées ou dans les Vosges, partout l’on ressent le même plaisir de la découverte. Et parfois de l’émotion lorsque l’on voit surgir des cristaux d'un névé la frêle tête bleutée d’une soldanelle ou la corolle violette d’un crocus.
Note : Les photos, toutes signées Fergus, ont été prises dans les Alpes, le Jura, le Massif central et les Pyrénées.
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