vendredi 28 octobre 2005 - par Daniel Picamoles

L’homme courbé a encore frappé

Chikungunya, du swahili « l’homme courbé », un virus, de longtemps connu mais oublié, vient de refaire des dégâts pour la deuxième année consécutive. Connu, délaissé, oublié, ou simplement considéré comme négligeable ?

4000 cas recensés dans le département français de l’île de la Réunion, durant ce mois d’octobre. Pour la deuxième année consécutive, un mal oublié, et jamais réellement étudié, a refait surface. Pourtant connu depuis longue date, il n’a jamais fait l’objet de grande diffusion ou de tapage médiatique.

En effet, dès 2004, une épidémie de ce virus, nommé chikungunya, a sévi sur la région de l’Océan indien. Or, à la surprise générale, ce virus était connu depuis 1953 en Tanzanie et en Ouganda, selon le CNRS. Aux Comores il a surpris, faisant quelques 1200 victimes recensées. De la même manière, et curieusement, Mayotte, île distante d’à peine 80 kilomètres des Comores, avec une immigration importante, ne devait dénombrer, cette même année 2004, que 40 cas.

Les raisons en sont simples, seuls sont enregistrés les cas ayant fait l’objet d’hospitalisations. Quand on sait que cette maladie contractée n’est pas mortelle, peu de personnes sont effectivement hospitalisées. Mieux, il n’existe à ce jour aucun vaccin. Mieux encore, aucun traitement ! Votre serviteur peut réellement vous en parler, ayant contracté cette maladie et survécu.

D’après concertation avec les populations atteintes, ce sont principalement les sujets impaludés qui auraient subi de manière grave les assauts du chikungunya. Dès lors, le lien de cause à effet aurait largement pu être étudié et soit confirmé, soit infirmé. Or, il semblerait que rien n’ait été étudié en ce sens.

Je me permets d’intervenir personnellement dans ce cas. Étant impaludé depuis près de 25 ans, ayant subi chikungunya en 2004, j’ai observé que les mêmes symptômes sont apparus à la même période, soit à chaque changement de saison. Nombre de témoignages recueillis sur place vont dans le même sens.

Une fois qu’on est affecté par ce virus, les symptômes sont identiques à ceux d’un palu. Seul problème, dès le lever, au lendemain de la contraction, il est impossible de se tenir debout, d’où l’appellation de : « maladie d l’homme courbé ». Imaginez-vous avec une pointe de charpentier enfoncée, au plus profond, en plein milieu de votre colonne vertébrale : impossible de marcher, et même de se lever.

Puis arrivent des sueurs froides, ceci expliquant la comparaison avec une crise paludéenne, à ceci près qu’il s’agit de transpirations des plus nauséabondes, suivies d’inflammations urinaires et de coliques accompagnées d’une poussée de fièvre pouvant atteindre 41°. Curieusement, un sentiment d’évacuation de toutes les impuretés ingérées est ressenti par les victimes de ce virus. Ceci laisse place à une sensation, étrange, d’un certain nettoyage intérieur.

Aucun vaccin ou médicament n’est connu à ce jour, à l’exception de l’aspirine ou du paracétamol prescrits pour pallier la fièvre. A ce sujet, d’aucuns peuvent s’étonner de l’absence totale de suivi, et surtout de recherche, d’autant qu’il semblerait fort probable que les personnes impaludées soient largement plus réceptives au virus que les sujets sains. Ceci semble relativement logique dans la mesure où le vecteur reste le même, à savoir le moustique. Toutefois, aucun étonnement ne saurait être justifié à en croire la D.A.S.S. qui considère que le traitement contre les moustiques est un confort, et non un besoin impératif contre le phalsiparum.

De la même manière, les personnes impaludées ayant contracté chikungunya un an auparavant, lorsque épidémie a sévi, ont fait une rechute cette année, comme pour le palu : au changement de saison. Pourtant, aucune relation avec une crise de palu n’est reconnue par le corps médical.

A la suite de ces constatations, une question se pose : est-il nécessaire qu’un minimum de population soit menacé pour engendrer une réaction du milieu hospitalier ? Nombre de virus menaçant l’espèce humaine, nous passerons sur les problèmes actuels, ne seraient-ils pris en considération que lorsque le nombre de plaignants serait trop important, à l’instar de la mise en place d’une signalétique aux endroits dangereux, installée à partir d’un nombre conséquent d’accidents ?




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