samedi 14 mars 2015 - par Hamed

L’or, un enjeu mondial. Pourquoi l’Algérie, pour sa sécurité, doit augmenter ses réserves d’or ?

(8ème Partie)

 

 Peut-on croire à l’adage « Celui qui possède de l’or fait la loi » ? Il faut rappeler que la Chine et la Russie, depuis la crise financière de 2008, se sont lancées dans une course effrénée pour remplir leurs coffres d’or. Mais est-ce pourtant un pronostic suffisant pour conclure que ces achats d’or constituent l’envers d’une facette de la guerre des monnaies entre l’Est et l’Ouest ? Autrement dit, une guerre des monnaies par une guerre de l’or. Peut-on croire que la Chine a privilégié l’or comme arme dans une guerre des monnaies qui a pour objectif d’éliminer le « privilège exorbitant » que possèdent les États-Unis depuis la conférence de Bretton Woods (New Hampshire, États-Unis), en 1944 ? 

 Il faut rappeler que le « privilège exorbitant » consiste à avoir sa monnaie comme monnaie de réserve principale internationale, sans même la couverture en or que le président a supprimée en 1971. C’est le « droit de seigneuriage » ou le droit du prince de frapper la monnaie qui dépasse de loin les frais de fabrication de la monnaie.

 Aujourd’hui, le dollar US compte pour environ 62% dans les réserves de change mondiales, l’euro environ 24%, la Grande-Bretagne et le Japon environ 7%, le yuan environ 2%. Les pays occidentaux pèsent pour 93% dans les réserves de change qui existent au niveau de toutes les Banques centrales du monde. Les pays du reste du monde pour 5%.

  Pour les réserves de change dans le monde en yuans, il faut signaler que cette monnaie est dirigée par la Banque de Chine, et donc par ses faibles fluctuations, est très stable. Le yuan compte par conséquent un « droit de seigneuriage très faible », à la fois par sa faible taille sur les réserves de change mondiales et par sa faible « flexibilité ancrée » sur le dollar.

 Une question cependant, la Chine procède à des achats massifs d’or. Qu’en sera-t-il demain de ces achats massifs d’or par la Chine et de l’internationalisation en cours de sa monnaie ? Qu’augurent-t-ils ?

 

  1. La Chine n’a pas cessé d’acheter de l’or, depuis 2009, au prix fort

 La Chine n’a pas cessé de procéder à des achats massifs d’or depuis la crise de 2008 ? Selon le World Gold Council, depuis le deuxième semestre 2005, la Chine et son allié la Russie, par leurs achats, ont incité les autres banques centrales à augmenter la part aurifère dans leurs réserves de change au détriment de celle du dollar ou de l’euro. Ces deux pays ont, à plusieurs reprises, sensiblement renforcé leurs réserves de ce métal via leurs propres banques centrales. Les banques centrales sont devenues des acheteuses nettes depuis 2009. Elles ont augmenté leurs réserves de 446 tonnes en 2012 et déjà de 180 tonnes rien que pour le premier semestre 2013.

 Mais c’est la chine qui détient le palme dans les achats massifs de l’or au point que tous les observateurs, y compris l’ancien gouverneur de la Fed américaine, Alan Greenspan, soupçonnent la Chine de procéder discrètement à une augmentation de ses stocks aurifères. « La Chine vise-t-elle à attaquer le dollar américain par ses achats massifs d’or ? », titrent des médias occidentaux. En 2009, Pékin avait confirmé qu’elle détenait 1 054 t d’or, soit 75% de plus que 6 ans auparavant. En 2010, ses importations d’or sont passées à 209 tonnes en 2010. En 2011, la Chine a importé 431 tonnes d’or. En 2012, elle a encore importé le montant colossal de 834,5 tonnes. En 2013, elle a battu tous les records en important 1176 tonnes d’or. En 2014, elle importa 886 tonnes d’or.

 Il est certain que les achats massifs d’or par la Chine ne sont pas motivés pour le seul objectif de diversifier ses réserves de change qui se montent à 4 trillions de dollars. Il y a comme une crainte sur la situation financière et monétaire dans le monde depuis la crise financière de 2008, et surtout ces milliers de milliards de dollars déversés par les États-Unis et l’Europe dans le cadre des politiques monétaires non conventionnelles ou « quantitative easing ou QE » pour soutenir leurs économies. D’autre part, la Chine est consciente que les États-Unis comme l’Europe ne peuvent détenir indéfiniment le leadership mondial sur le plan financier et monétaire, et qu’inévitablement ils vont le perdre, et le partager avec les puissances économiques montantes.

 Et si cette situation prévaudra dans un avenir plus ou moins proche, cela signifiera « la fin des politiques monétaires non conventionnelles. La fin des injections monétaires massives ex nihilo, la fin de l’augmentation de la dette publique américaine et européenne et le recours à l’imposition pour le financement des déficits publics. Les règles financières et monétaires internationales changeraient complètement  ».

 Aussi peut-on dire que la Chine ne fait qu’anticiper ce rendez-vous de l’histoire en achetant massivement l’or.

  Des analystes occidentaux avisés ne répèteront jamais assez que le métal jaune est « l’antimatière » de la planche à billet (QE). Et comme nous le rappelle la question de Gillian Tett, directrice de la rédaction américaine du Financial Time, posé à l’ancien gouverneur de la Banque centrale américaine, Alan Greenspan, sur l’or, lors de son interview le 29 octobre 2014, dans le « Council on Foreign Relations », un des think tanks les plus écoutés d’Amérique. (1)

Gillian Tett : J’imagine qu’en ce moment, c’est parce qu’il y a beaucoup d’interrogations sur la valeur des devises fiduciaires « qui perdent de leur crédibilité… »

Greenspan : Bien, c’est là que je voulais en venir. « A chaque fois qu’il y a de grosses incertitudes, la moitié de ce qui détermine le prix de l’or se met à bouger. »

 Et ce qu’on peut remarquer dans ces achats massifs d’or par la Chine, ils se sont effectués à des prix forts. Le 30 novembre 2009, l’once d’or est passée par un haut de 1175,75 US dollars. En 31 décembre 2010, le prix de l’once d’or a encore augmenté pour atteindre 1405,5 US dollars. Le 31 août 2011, le prix de l’once a atteint un pic historique de 1813,5 US dollars. Le 28 septembre 2012, le prix a légèrement baissé mais toujours très haut, à 1776 US dollars. Idem, le 31 janvier 2013, à 1664,75 dollars. Le 28 février 2014, à 1326,5 US dollars. (Source : voir note 2)

 Les achats d’or se sont effectués malgré la formidable hausse des prix de l’once par rapport au prix courant (le plus élevé) de l’année 2000. A 293,65 US dollars, le 31 octobre 2000. Des augmentations de prix de 400,39% en 2009 par rapport à 2000. A 478,63% en 2010, 617,57% en 2011, 604,8% en 2012, 629,39% en 2013 et 451,72% en 2014.

 

  1. Une hausse des « Réserves d’or de la Chine », selon le World Gold Council, pour « un cas de coup dur »

 La Chine est le premier producteur d’or mondial. Elle a produit 428 tonnes en 2013. La 7ème fois consécutive que la Chine était numéro un mondial en terme de production. La consommation a également progressé rapidement. Le volume des ventes de bijoux en or a été de 400 milliards de yuans en 2013 (60,84 milliards de dollars). Ses gisements d’or se montent à 8196 tonnes, la Chine est classée au 2ème rang mondial. Pourquoi alors malgré « ce quadruplement, quintuplement des prix de l’or… depuis la crise financière de 2008 », la Chine pourtant « premier producteur mondial » est aussi le « premier importateur d’or mondial » ? Que cachent ces achats massifs ?

 Les experts internationaux à travers mass-médias européens et américains, y voient, depuis la crise financière, les achats massifs d’or par la Chine comme une volonté de Pékin d’asseoir le yuan en monnaie internationale avec « pour visée de disputer le leadership du dollar et de l’euro dans le commerce mondial ».

 Et si ce processus au fond n’est que naturel, et doit se faire parce que tout simplement, il est en rapport avec la taille de la puissance économique de l’économie chinoise « qui ne cesse de grandir et s’étendre sur le monde ». Les États-Unis et l’Europe pensent-t-ils détenir « perpétuellement » la suprématie de leurs monnaies sur le monde ?

 Et si la Chine cherche-t-elle à supplanter le dollar américain par son yuan ? Ces achats d’or de la Chine peuvent s’inscrire dans cette perspective. La Chine détient plus de 4 trillons de dollars, la Russie environ un demi-trillion de dollars avant la crise du rouble en 2014 – après la crise, les réserves de change russe sont passés à environ 380 milliards de dollars.

 Et la Chine commerce avec le monde entier. L’internationalisation de son yuan qui a commencé dans ses transactions commerciales lui permettra à la fois une maîtrise de sa monnaie, une implantation progressive du yuan en monnaie de réserve dans les Banques centrales de l’ensemble des pays du monde, une libération progressive de sa monnaie des monnaies occidentales et surtout une « remise en question » de l’ordre des grandes monnaies de réserve de change du monde (dollar, euro, livre sterling et yen). Ce qui n’est au fond qu’un « processus naturel » auquel ne peuvent s’opposer les grandes puissances occidentales. Comme cela fut d’ailleurs pour sa montée en puissance, depuis la doctrine de Deng Xiaoping,

le grand architecte de l'ouverture et la construction moderne de la Chine.

 Evidemment, lorsque cette échéance surviendra, des conséquences extrêmement graves se manifesteront sur le plan économique que sur le plan financier et monétaire tant pour l’Occident que pour les pays du reste du monde. En réalité de grave, c’est peut-être trop s’alarmer. Probablement ce ne sera qu’un meilleur réajustement de l’ordre de puissance économique à la réalité des évolutions économiques dans le monde. La question essentielle : « Comment l’Occident acceptera-t-il ce paradigme naissant » ?

 L’or jouera certainement un rôle central dans ce paradigme. Et la répartition des réserves d’or dans le monde sont éclairants à plus d’un titre. Les États-Unis disent contrôler environ 8000 tonnes d’or alors que les pays européens, pris dans leur ensemble, en possèdent près de 10 000 tonnes. Officiellement, la Chine se contenterait d’à peine 1000 tonnes – 1054 tonnes, selon le World Gold Council –, en un mot, pas de quoi s’asseoir à la table des grands. Et si la réalité de ses réserves est tout autre que celle déclarée ? Combien d’économistes n’hésitent pas à déclarer que la chine n’est pas transparente dans les indicateurs macroéconomiques qu’elle transmet aux institutions internationales.

 Barry Eichengreen, un économiste américain, dans son article « Le yuan en chute libre » (3), écrit : « La Chine est un État si opaque qu’il est difficile de déterminer depuis l’extérieur laquelle de ces deux interprétations est correcte. Les mouvements futurs du renminbi nous en diront davantage. » Dans une autre analyse, « Certains observateurs estiment toutefois que l’Empire du Milieu a massivement acheté lors de la baisse récente par des voies détournées et que l’on pourrait bientôt apprendre que la Chine contrôle désormais 5000 tonnes d’or environ. Si tel était le cas, les règles du jeu auraient changé et les privilèges monétaires occidentaux, vieux de plusieurs générations, seraient mis à mal. On verrait alors que le roi est nu, comprenez que nos économies survivent grâce à de l’argent gratuit. » (4) Et cet auteur n’a pas si bien dit. Les économies occidentales survivent réellement grâce aux QE, de l’argent gratuit. Mais que faire ? L’occident n’a pas le choix que d’appuyer sur la pédale de la « planche à billet ». CRISE OBLIGE.

 En revenant à la donne aurifère et son corollaire les questions géoéconomiques, géofinancières et géomonétaires, force de dire qu’une autre crise couve et n’augure rien de bon. Et le métal jaune n’a pas aussi bien mérité son nom qu’aujourd’hui, celui de « l’antimatière » de la planche à billet (QE). Le monde ne prend pas conscience de cette nouvelle donne. Evidemment, celle-ci baigne encore dans l’opacité des politiques monétaires tant occidentales que chinoise. Ce qui nous fait dire que l’or, loin d’être « démodé », il est plus que jamais d’actualité. Il demeure le « baromètre » qui permet de juger la crédibilité à la fois des institutions financières et monétaires et des organisations politiques des Etats.

 Quant à la Chine, combien même nous ne pouvons pas lire les pensées de ses dirigeants, et qu’il y ait une opacité dans leur politique sur l’or, elle reste tout compte fait légitime. Les Chinois ne vont pas crier sur les toits leur stratégie. Comme d’ailleurs les Banquiers centraux occidentaux américains et européens ne crient pas leur stratégie, comme ils l’ont fait en conciliabule avec leur allié, l’Arabie saoudite, sur le prix du pétrole. Ont-ils apporté, mis à part le pétrole de schiste, des arguments tangibles sur cette baisse rapide du pétrole ?

 Quant à la Chine, on comprend leur souci. Mieux vaut l’or que le dollar, et elle s’y prépare. Pour les Américains et européens, mieux vaut le dollar, l’euro et l’or. Ce qui signifie qu’en dernière analyse, et c’est une hypothèse présentée par le World Gold Council – il est loin d’être exclu que le gouvernement chinois puisse considérer que l’importante épargne des chinois (autorisés à détenir de l’or depuis 2004), en grande partie placée en or, ajoutée aux réserves d’or de la Banque de Chine, constituent « une réserve en cas de coup dur ».

 D’autre part, les nouvelles places de cotation et d’échange d’or en Chine cherchent à faire pièce aux principales places boursières de métaux précieux, de Londres (London Bullion Market) et des États-Unis (COMEX). Pékin a ainsi lancé, dès les années 2000, le Shanghai Gold Exchange (SGE) et le Shanghai White Platinum (WPSE). Ainsi la ceinture de l’or sur une partie du monde, par la Chine, est bouclée.

 

  1. Brève rétrospective de l’économie algérienne

 Comme tous les nouveaux pays du Tiers Monde qui devaient poser les premières assises d’un État structuré et vu l’ampleur des besoins d’une population restée à l’état sous-développé par la colonisation, il fallait à l’Algérie de se pourvoir de moyens de financement suffisants pour payer les équipements importés. Ces moyens financiers qui dépassaient ses possibilités allaient être mobilisés grâce à des emprunts. C’était le début de son endettement, et du Tiers Monde. Vinrent ensuite les nationalisations opérées dans les secteurs économiques et financiers encore détenus par l’ex-puissance coloniale, ainsi que la revalorisation des matières premières par la constitution d’un cartel groupant plusieurs pays, l’OPEP, dont l’Algérie fait partie, et qui devaient contribuer à une meilleure mobilisation des ressources financières.

 Une autre donne qui a contribué tant à asseoir l’Algérie et les pays du Tiers-monde, sur le plan de la défense de la souveraineté nationale d’une part, que sur le plan de la course aux armements compte tenu de l’antagonisme qui opposait les deux leaderships des blocs Est et Ouest – la militarisation à outrance de la planète –, et par conséquent le développement considérable de l’industrie d’armement. Des années 50 jusqu’aux années 1980, cette industrie va doper la croissance des pays développés – sans distinction pour les pays du bloc Ouest que les pays de l’Est – au détriment bien entendu des pays du Tiers Monde qui eux doivent débourser pour doter leur Défense nationale. Mais c’est le prix à payer pour leur défense.

 L’Algérie à l’instar des autres États progressistes du tiers monde a calqué son régime politique et économique sur la configuration mondiale - un monde bipolaire – qui prévalait à l’époque. Jusqu’au début des années 1970, elle va matérialiser son développement par différents plans économiques (triennal, quinquennal, etc.) accompagnés de la nationalisation des terres agricoles en 1963 (ce secteur devint autogéré), et du secteur minier (les hydrocarbures le 24 février 1971).

 Elle créera sa propre monnaie, le dinar algérien, le 10 avril 1964, et l’émission de billets de banques algériens. Dans le cadre de sa politique monétaire, elle instaurera trois mesures : le contrôle de changes pour parer à la fuite des capitaux, l’inconvertibilité externe du dinar algérien et enfin la nationalisation du système bancaire. Le dinar est défini au plan international à 180 mg d’or fin. Sur le plan de la parité, la monnaie algérienne est ancrée à la monnaie française. Ce n’est qu’à la dévaluation d’août 1969 en France, que le dinar se déconnecte du nouveau franc jusqu’alors à parité égale.

 Malgré la passivité de la monnaie dans l’ajustement des prix, la centralisation offrait une certaine protection à l’économie algérienne tant que les éléments constitutifs de la donne monétaire n’avaient pas subi d’altérations notables. Et c’est le cas puisque de 1967 au début des années 1980, la politique monétaire en Algérie – le dinar administrée par l’État – n’a pas posé de problèmes majeurs, ce qui veut dire que le système retenu en fonction du régime politique pris par l’Algérie, dès son accession à l’indépendance, était en adéquation avec l’environnement extérieur, la stabilité monétaire ayant été assurée sur plus de quinze années. En outre, à cette époque, la déréglementation financière n’ayant pas fait son apparition, ne commandait pas une refonte du système monétaire et financier algérien.

 La plupart des pays en développement, et c’est aussi le cas de l’Algérie, lorsqu’ils ont accédé à l’indépendance, se sont d’abord préoccupés de mettre en œuvre des programmes de développement à moyen et à long terme. Ils se sont donc tournés vers les procédures de planification, mais l’insuffisance des techniques de la prévision, la méconnaissance d’une vision globale de l’équilibre macro-économique et la priorité donnée d’abord à la planification, ont fait que les budgets économiques issus des lois de finances n’ont pas rempli leur fonction principale, c’est-à-dire assurer la cohérence des décisions pour les objectifs visés. Et ce déficit en matière de projection économique, de connaissance des interdépendances des économies dans un environnement international houleux dans lequel furent projetées ces économies jeunes, ne pouvaient que déboucher pour celles-ci sur des déséquilibres politiquement intolérables et économiquement dangereux : forte inflation, chômage excessif, crise de la dette extérieure, déficits budgétaires.

 Si l’euphorie financière qu’ont suscitée les deux chocs pétroliers et entraîné l’emballement de l’économie algérienne, la situation va se renverser en 1986 avec le contrechoc pétrolier. Nous connaissons la suite. L’islamisme armé en Algérie, une crise économique de grande ampleur, un programme d’ajustement structurel accablant en 1994, un chômage de masse, etc.

 L’économie algérienne, après une stabilisation macroéconomique à la fin des années 1990, et il faut rappeler « entièrement dépendante des cours du pétrole (pays monoexportateur) », ne recommence à croître qu’avec la hausse des prix de pétrole, à partir de 2000. Pratiquement de 2000 jusqu’à l’été 2014, le prix du baril du pétrole a toujours été à des niveaux élevés, oscillant entre 90 et 115 dollars US, surtout à partir de 2009. Les réserves de change ont atteint des sommets historiques inégalés, jusqu’à 200 milliards de dollars. Qu’en est-il de l’Algérie, aujourd’hui, en 2015 ?

 

  1. L’Algérie doit augmenter ses réserves d’or, pour « un cas de coup dur », à l’instar de la Chine

 Tout d’abord une mise au point. On reproche à l’Algérie « que la ressource pétrolière a graduellement pris l’ascendant sur le reste des activités économiques au point de mériter le terme de rente qu’on lui donne aujourd’hui. Comment ce fil conducteur a pu mettre la machine dans un « emballement » que personne ne pouvait, ni peut arrêter ? Une ressource, censée être une bénédiction, qui a fait le vide autour d'elle. Un vide qui, loin s'en faut, ne se limite pas à l'absence ou à la sous-représentation des autres activités, mais va au-delà en créant des clientèles qui font aujourd'hui l'actualité politique du pays, en annihilant l'effort, le labeur et les valeurs du travail ; en pervertissant les relations familiales et en déconsidérant gravement les études et la valeur des diplômes. » (5)

 Ce que dit cet auteur est très juste. Mais le problème dans ce fil conducteur, « c’est que l’Homme ne dirige pas réellement sa vie bien qu’il cherche à la diriger ». Et ce qui et valable pour l’homme vaut aussi pour une nation. Qu’est-ce qu’une nation, si ce n’est aussi une grande communauté d’hommes.

 Les Treize colonies britanniques d’Amérique du Nord qui ont fait sécession de la Grande-Bretagne le 4 juillet 1776 pour former les États-Unis d’Amérique savaient-ils qu’elles allaient devenir plus tard la première puissance écrasante du monde sur tous les plans ? Pareillement l’Algérie savait-elle qu’elle allait être colonisée par la France, pendant 130 ans ? Pareillement la France, après la perte de ses colonies et de son empire, savait-elle qu’elle aura affaire à plusieurs millions de musulmans qui lui disputeront le droit du sol, le droit du sang et le droit de culte ? L’humanité évolue en boucle.

 Pareillement l’Algérie a combattu pour son indépendance, son peuple comme son gouvernement se devaient d’assumer les aléas de l’existence qui se posent pour chaque être humain qui vit sur terre, pour chaque nation dans le monde. L’indépendance de l’Algérie commence seulement à l’indépendance, et encore aujourd’hui, elle ne fait que commencer, même après 52 ans d’indépendance. Le chemin est long pour arriver au niveau des vieilles nations. D’autre part, il n’y a pas d’« emballement », l’Algérie est certes dotée d’une bénédiction, le « pétrole ». Est-ce qu’elle est fautive parce qu’elle a le pétrole ? 

 Comme pour dire, est-ce que les États-Unis sont fautifs d’être la première puissance du monde ? Mais il n’empêche que les États-Unis doivent assumer leur rôle pour lequel ils sont parvenus historiquement dans l’ordre hiérarchique de puissance dans le monde. L’Algérie est aussi dans ce même cas de figure d’assumer sa place dans ce même ordre de puissance. Donc, toute chose qui arrive est relative, et obéit à un ordre qui transcende le monde.

 Cependant il demeure que les hommes comme les nations, comme ils sont transcendés, doivent aussi se transcender, se dépasser. Comprendre les forces qui agissent dans le monde, prendre ce qui est nécessaire, ce qui est perceptible pour tenter de faire son histoire, pour tenter de s’inscrire dans l’histoire. Et pour ne rappeler que l’Algérie qui, au début des années 1980, tout lui souriait – comme aujourd’hui, les réserves de changes sont encore au plus haut –, le dinar était plus fort que le franc français, et ni les politiques ni les financiers ne savaient, lorsque brusquement surgissait le contrechoc pétrolier, et commença alors quinze années de remise en cause, de maladies politiques et sociales, et ce traumatisme historique que vécut l’Algérie était cependant nécessaire pour son réveil…

 Ce traumatisme est encore présent dans les consciences parce qu’il est encore récent, il n’est pas oublié. Et qu’il ne faut pas recommencer.

 L’Algérie est fatiguée de souffrir. Comme tous les autres peuples et surtout les peuples qui souffrent aujourd’hui, et sont dans le dénuement complet et la violence quotidienne. Aussi l’Algérie doit chercher à se prémunir des aléas des politiques occidentales en cours, instrumentalisant les haines internes propres aux pays musulmans pour ses intérêts géostratégiques immédiats. Elle sait qu’elle a le dos au mur, qu’elle n’a que le pétrole qui lui permet d’assurer ses ressources extérieures. L’Algérie n’est pas la Chine qui, même si elle repose sur un potentiel industriel le plus puissant du monde, est en train de prendre ses devants en matière monétaire, puisqu’elle augmente son stock de réserve d’or pour « en cas de coup dur ». L’Algérie n’est pas l’Arabie saoudite qui, bien que dépendante du pétrole, repose sur les plus grands sous-sols de pétrole du monde.

 Et ce n’est pas, déclassée déjà à la 25e place au lieu de la 24e qu’elle tenait dans le classement mondial du World Gold Council, et ses 173,6 tonnes d’or et leur équivalent, d’environ 6 milliards de dollars, qui lui permette tout au plus de répondre à moins de deux mois d’importation, que l’Algérie s’en sortira. « En cas de coup dur dont on ne peut jamais dire qu’il arrivera ou n’arrivera pas. Mais rien n’interdit d’y penser, au contraire tout incite à le penser à voir le cours cahoteux de l’économie mondiale. » 

 D’autant plus que l’or est au cours le plus bas aujourd’hui, depuis 2009, à 1158 dollars l’once.

 L’Algérie ne peut pas dire aujourd’hui, comme au début des années 1980, qu’elle ne savait pas. Et recommencerait la galère des années 1980 et 1990. D’ailleurs cette exhortation d’augmenter ses réserves d’or ne s’adresse pas uniquement à l’Algérie mais à tous les pays du monde. Quant aux pays occidentaux tels les États-Unis, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie…, ils en sont prémunis puisqu’ils disposent des plus grandes réserves d’or du monde.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.

www.sens-du-monde.com

 

Note :

1. Source : Cfr – https://www.goldbroker.fr/actualites/alan-greenspan-recommande-investir-or-proteger-crise-645

2. Ces chiffres peuvent être consultés dans le site : http://www.gold.org/. [Downlad the gold price in a range of currencies since december 1978]

3. « Le yuan en chute libre », par Barry Echeingreen, paru le 12 mars 2014, www.project-syndicate.org

4. « L’or mondial : un formidable enjeu  », par François Gilliéron, le 29 juillet 2013. www.letemps.ch

5. « Le fil conducteur de la rente », par Saâd Taferka, journal Les débats, le 12 mars 2015, www.lesdebats.com,

6. « La question de l’or, presque « insoluble » qui fâche les puissances. Les forces historiques en marche » (7ème partie), par Medjdoub Hamed, le 12 mars 2015. www.sens-du-monde.com, www.agoravox.fr

7. « Le Rôle de l’Or dans les Crises Financières Internationales. Le « Bancor » de John Maynard Keynes  », » (6ème partie), par Medjdoub Hamed, le 7 mars 2015. www.sens-du-monde.com, www.agoravox.fr

8. « Déséquilibres macro-économiques mondiaux, pierre d’achoppement entre les puissances » (5ème partie), par Medjdoub Hamed, le 7 mars 2015. www.sens-du-monde.com, www.agoravox.fr, www.lequotidien-oran.com,



10 réactions


  • Le p’tit Charles 15 mars 2015 10:43

    La Russie a des mines d’or a ne plus savoir qu’en faire...faut bien le mettre quelque part.. ?
    Et un jour (comme la monnaie) tout retombera à zéro...et les gens qui auront de l’or..pourront aller chez le dentiste pour le monter en dentier.. !


  • Laurent 47 15 mars 2015 12:07

    Je préfère encore me baser sur la valeur de l’or, car depuis la nuit des temps, on n’a rien trouvé de mieux pour refléter la richesse d’un pays, plutôt que sur celle du dollar, qui n’est jamais qu’un billet de Monopoly ( quand il ne s’agit pas en plus d’un faux billet ), et dont la valeur ne reflète que celle du papier sur lequel il est imprimé !

    Si l’or n’a aucune valeur, je ne comprends pas pourquoi les Etats-Unis ont rempli la réserve fédérale de Fort Knox de 640.000 lingots de 400 onces « plaqués or », l’intérieur étant fourré de tungstène d’une valeur de 41 € le kilo. Cette arnaque a été organisée sous l’administration Clinton, et entre 1,3 et 1,5 million de ces lingots ont été fabriqués en tout, qui sont partis vers les banques de Londres, New York, Paris, Singapour, Francfort, Hong Kong, et surtout dans les coffres des gens qui vendent de l’or papier ! Le pot-au-rose a été décelé en 2012 par une banque de Hong Kong qui s’est étonnée de constater une très légère différence de poids, par rapport à un lingot en or massif ( l’or et le tungstène ont presque la même densité ). Cette énorme escroquerie a été révélée par Rob Kirby, éditorialiste vedette de Goldseek.com, un site spécialisé dans le commerce de l’or. D’ailleurs, l’administration américaine a refusé tout audit sur la question, ce qui prouve que la valeur du dollar ne repose que sur la crédulité des utilisateurs de cette monnaie de singe !
    L’avenir nous dira qui a raison, et dans pas longtemps !

  • soi même 15 mars 2015 17:09

     ( Pourquoi l’Algérie, pour sa sécurité, doit augmenter ses réserves d’or ?) 

    Il y a là aucume garantie pour arrêter le tapis de bombe, je dirai même plus que l’on se sécurise en métal précieux pour se sécurisé plus que l’on attire les charognards, la Libye est devenue un cas d’école pour la région !


    • Hamed 15 mars 2015 17:50

      @soi même

      Vous n’avez compris pas compris le sens du métal jaune. C’est toute la planète qui risque d’être révolutionné, et de le payer par un chômage de masse. Le premier perdant sera l’Occident parce qu’il perdrait ce dont avec quoi il a dominé le monde, i.e. la monnaie.

       Quant au tas de tapis de bombes, le monde musulman fait avec comme les Occidentaux à leur époque.

      Et puis, il faut comprendre ce que j’ai énoncé « l’humanité est bouclé. » Aujourd’hui, c’est nous, demain c’est vous. Et ainsi va le monde.

      Ceux qui instrumentalisent tôt ou tard, rendront des compte. Il y a un ordre transcendantal au-dessus des hommes. Malheureusement ce sont les peuples qui n’ont rien fait qui paient.

      Voilà soi-même, il faut seulement réfléchir.


    • soi même 15 mars 2015 18:16

      @Hamed, il se pourrait que je fasse référence à d’autre critère économique qui se passe de métal jaune ?

      ( C’est toute la planète qui risque d’être révolutionné, et de le payer par un chômage de masse. ) certain apparemment promeut des solutions radicaux à ce problême .

      Ce qui veut dire que l’on est tous dans des beaux draps, si cela se réalise !

       


    • soi même 15 mars 2015 18:24

      certain apparemment promeut des solutions radicaux à ce problème .


    • Hamed 15 mars 2015 21:57

      @soi même

      Quel que soit le critère économique auquel vous faîtes référence, non pas que je l’évacue, simplement, tout est déjà « pliée ». A voir Mario Draghi qui prend le relais de Janet Yellen. Je ne sais si vous me comprenez.

      Il y a ici un problème de boucle du monde qui va en s’épuisant. Il n’y a ni promesse, ni solutions radicales. Il n’y a que la réalité nue, et certainement, quand le puzzle que les puissances ne cessent de fabriquer et refabriquer arrivera à sa limite, ce sera probablement douloureux pour tout le monde.

      Et l’Histoire en témoigne. Si vous regardez les paradigmes majeurs que l’humanité a traversés, ils ont toujours survenu dans la douleur.

      Donc solution radicale ou pas, les jeux sont pratiquement faits. Juste une question de temps. Et c’est la raison « pourquoi l’or ».

      Cependant, espérons si cela se réalise que nous ne serons pas dans de beaux draps, mais dans des draps tout courts. La raison l’emportera et les décideurs de la planète trouveront un terrain d’entente. Ce qui ouvrira une nouvelle ère.



    • soi même 15 mars 2015 23:21

      @Hamed, l’or n’est jamais devenue du pain !


  • smilodon smilodon 16 mars 2015 21:23

    L’Algérie aurait de quoi nourrir tous ses enfants, ceux de ses voisins et même ceux de France !... Mais « l »argent« algérien est pour »boutéflika« et ses apôtres !.... Donc, l’Algérie restera encore longtemps le »cassoce« milliardaire de la France !.. (Du moins celui des »contribuables« défroqués de ce misérable pays !...).. Jusqu’à la dernière goutte !.... Ce pays est assis sur une mine d’or, mais il envoit encore tous ses enfants en France pour toucher le RSA !... Dans 10 ou 20 ans (ou jamais), on saura ou pas que le vieux débris est l’homme le plus riche du monde !... Et ce sera encore les »français" qui seront responsables de tout !... Comme d’hab !.... Quelle bande de cons !... Adishatz.


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