mardi 11 janvier 2022 - par Patrice Bravo

L’UE réclame une place à la table des négociations entre la Russie, les Etats-Unis et l’Otan

Les pourparlers stratégiques sur la stabilité et la sécurité débuteront à Genève le 10 janvier. L'UE cherche à participer aux négociations de la Russie avec les Etats-Unis et l'Otan sur les garanties de sécurité et veut obtenir un rôle militaire fort à côté de ses actions politiques. Avec la présidence du Conseil de l'UE du 1er janvier au 30 juin 2022, Emmanuel Macron veut repenser le rôle de l'UE dans le monde.

 L'UE a demandé une place à la table des prochains pourparlers entre la Russie, les Etats-Unis et l'Otan sur les garanties de sécurité. C'est ce que rapporte le Financial Times, citant une source parmi les hauts fonctionnaires. Ainsi, les représentants de l'UE étaient mécontents du format des négociations qui n'implique pas la participation de l'UE au processus de discussion de l'interaction future avec l'Otan et des priorités de la politique de défense. Dans un entretien donné au quotidien Die Welt le haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell a déploré que l’UE soit tenue à l’écart des débats sur la refonte de l’architecture de sécurité en Europe, faisant observer que « plusieurs de ses membres ne font pas partie de l’Otan », comme la Suède et la Finlande. « Si Moscou […] a l’intention de discuter de l’architecture de sécurité en Europe et des garanties de sécurité [qu’elle exige], alors cela ne concerne pas seulement les Etats-Unis et la Russie. L’UE doit être impliquée dans ces négociations », a insisté Josep Borrell signalant que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, partage ce point de vue. « Nous ne voulons pas et ne devons pas être un spectateur indifférent derrière le dos duquel les décisions sont prises », a-t- il précisé. Les Etats-Unis et la Russie sont « deux acteurs qui se partagent des sphères d’influence entre eux », rapporte le haut fonctionnaire qui annonce que l'UE n'accepte pas cela.

Le 17 décembre, le ministère russe des Affaires étrangères a publié les projets d'accords de la Fédération de Russie avec l'Otan et les Etats-Unis sur les garanties de sécurité en Europe. Le document, notamment, dit que Washington ne devrait pas créer de bases militaires sur les territoires des pays de l'ex-URSS qui ne sont pas membres de l'Otan. Les Etats-Unis n'ont pas non plus recommandé d'utiliser leurs infrastructures pour une quelconque activité militaire et de développer une coopération militaire bilatérale avec eux.

Avec la présidence de la France du Conseil de l'UE du 1er janvier au 30 juin 2022, il ne faut pas oublier la prise de direction de la France depuis le 1er janvier 2022 des forces de haute alerte de l'Otan (VJTF) pour une durée d'un an. Le but de la France est d'imposer aux Etats de l’UE une occupation de l’Otan renforcée. Plus que jamais, la France agit sous les ordres de Washington. Comme Observateur Continental l'indiquait, en 2022, la VJTF se composera d’une force multinationale de plusieurs milliers de soldats. S'appuyant sur le 1er régiment d'infanterie et le 3e régiment de hussards, la Brigade franco-allemande, forte de 3 500 soldats, constituera le noyau de cette force.

Le PCF met en garde envers « un réalignement atlantiste, en liant la ''boussole stratégique'' de l’UE, qui doit être adoptée, au sommet l’Otan qui se tiendra à Madrid en juin », en avertissant que « cela scelle l’effacement de la France au niveau stratégique », en « défendant l’impérialisme américain comme porte-parole des ''démocraties'' ». L'effacement de la prise de décision militaire de la France au sein de l'Otan au profit d'un pouvoir venant de l'UE signifie, en effet, l'effacement du poids de la France au niveau stratégique. La présidence française va accentuer cette politique.

Le drapeau français effacé. En réclamant un pouvoir de décision au niveau de l'UE et non plus à partir de Paris, la présidence française du Conseil de l'UE va accentuer la mise à disposition de l'armée française et de ses moyens stratégiques et techniques aux ordres de Bruxelles. Clément Beaune, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé des affaires européennes, a clairement exprimé la direction politique du gouvernement français actuel dans un entretien avec France Inter le 2 janvier 2022. Ce dernier déclare « assumer pleinement que le destin de la France soit en Europe, que temporairement et symboliquement, le drapeau européen flotte, qu'il illumine le palais de l'Elysée, qu'il illumine le Quai d'Orsay, qu'il illumine la tour Eiffel, qu'il illumine des mairies partout en France » et qu'il se trouve sous l'Arc de Triomphe, flottant au-dessus de la tombe et de la flamme du Soldat inconnu. Avec la politique du gouvernement actuel en place à Paris, la France disparaît avec son armée pour laisser la place au pouvoir supranational de Bruxelles téléguidé par Washington. 

Philippe Rosenthal

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Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3456



7 réactions


  • Gégène Gégène 11 janvier 2022 18:55

    Poutine ne voulait pas de Macron : peur qu’il ne jappe trop fort smiley


  • sirocco sirocco 11 janvier 2022 19:51

    Trois contre un... C’est la conception de l’égalité et de la parité en oxydent.


  • xana 11 janvier 2022 21:27

    L’UE a amplement démontré qu’elle est incapable d’avoir une politique qui ne soit pas servilement alignée sur les USA.

    Ce serait leur donner une importance qu’ils n’ont plus désormais.

    Les Russes ont bien raison de ne pas s’encombrer de ces débiles.


  • zygzornifle zygzornifle 12 janvier 2022 13:50

    La place de l’EU est sous la table a sucer ...


  • Thorgal 12 janvier 2022 21:42

    Peuvent toujours réclamer, les Russes en ont rien à branler de l’UE. Leur problème, c’est les US (et par conséquent l’OTAN, le bras armé des US en Europe). Par ailleurs, ce ne sont pas des négotiations mais une dernière chance donnée aux US de se plier VOLONTAIREMENT aux demandes (légitimes) de la Russie. Dmitri Orlov a écrit une note sur le sujet.


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