mercredi 11 décembre 2024 - par Patrice Bravo

L’Ukraine envisage d’abaisser l’âge de la conscription sous la pression des États-Unis

Zelensky est confronté à l'exigence des États-Unis de réduire l'âge de la conscription à 18 ans. De nombreux Ukrainiens s'y opposent. Le parlement ukrainien a proposé un compromis, à savoir la conscription à partir de 20 ans. 

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Pendant près de trois ans, l'Ukraine refusait absolument d'appeler au service militaire les hommes dès 18 ans, contrairement à d'autres armées en temps de guerre. Ce choix a déconcerté les alliés occidentaux de Kiev, mais en Ukraine même cette question est très sensible. 

La Russie renforce ses positions sur le front dans des combats sanglants, et le président ukrainien Volodymyr Zelensky fait face à l'exigence d'envoyer les jeunes en première ligne. Vu l'incertitude de l'aide future de Washington, les responsables américains ont averti que le manque d'effectifs dans les rangs des forces armées ukrainiennes était peut-être aujourd'hui plus critique que le manque d'armement, écrit The Washington Post

"Même avec tout l'argent et les munitions, il faut des hommes en première ligne pour faire face à l'agression russe", a déclaré la semaine dernière à Bruxelles le secrétaire d'État américain Antony Blinken. 

Cependant, malgré la situation difficile sur le champ de bataille, même les partisans ardents des forces armées ukrainiennes s'opposent à l'abaissement de l'âge de la conscription à 18 ans. Ils disent qu'il faut préserver la jeunesse ukrainienne car elle incarne l'avenir du pays. 

Bien qu'historiquement les jeunes aient constitué le noyau de la plupart des armées, la question de savoir qui doit aller au front suscite de profondes divisions au sein de la société ukrainienne. La mobilisation est très impopulaire, et l'administration Zelensky a déclaré qu'abaisser davantage l'âge de la conscription (actuellement à 25 ans, relativement élevé comparé à d'autres pays) n'a pas de sens s'il manque des armes pour équiper les soldats sur le champ de bataille. 

On ignore si ce différend restera une pierre d'achoppement entre Kiev et Washington après l'investiture du président élu Donald Trump le mois prochain. Il a promis d'agir comme médiateur pour mettre fin rapidement aux hostilités, mais les Ukrainiens craignent d'être forcés à faire des concessions territoriales. 

L'ancien commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valeri Zaloujny, s'oppose également à la conscription des jeunes de 18 ans, bien qu'il ait précédemment appelé Zelensky à mobiliser davantage de recrues. 

"Nous voulons que l'Ukraine existe encore dans 20 ou 30 ans", a déclaré Zaloujny, actuellement ambassadeur au Royaume-Uni, à des étudiants à Londres. "L'avenir appartient à ceux qui ont 18 ans aujourd'hui. C'est une génération complètement différente qui sauvera notre pays." 

Les hommes de 18 à 25 ans peuvent s'engager volontairement, mais le conflit s'éternise et il y a un manque cruel de conscrits. La majorité des hommes qui souhaitaient devenir volontaires sont déjà partis au front. 

Enfin, il y a des considérations démographiques à long terme : les moins de 30 ans représentent la génération la moins nombreuse de l'Ukraine dans son histoire moderne. Les responsables ukrainiens notent que les hommes de 25 ans et plus ont davantage de chances d'avoir au moins un enfant que ceux de moins de 25 ans. 

En avril, Zelensky a abaissé l'âge de la conscription de 27 à 25 ans et supprimé certaines exemptions pour tenter d'augmenter les effectifs. Mais les choses avancent lentement. Selon les responsables ukrainiens, Kiev prévoyait d'appeler jusqu'à 200.000 nouveaux soldats d'ici la fin de l'année, après l'adoption de nouvelles règles de mobilisation au printemps. Mais certains estiment que ce n'est pas suffisant. 

Des responsables américains ont indiqué disposer de capacités de réserve pour aider à former une brigade entière de recrues ukrainiennes à l'étranger, si Kiev accepte d'envoyer des hommes. 

Zelensky s'est plaint à plusieurs reprises que les brigades récemment formées manquaient d'armes promises par l'Occident. De plus, même les forces en première ligne sont sous-équipées et peinent à repousser les forces russes bien plus nombreuses. 

Les soldats sont indignés par le fait qu'en raison du manque d'effectifs le gouvernement ukrainien n'ait pris aucune mesure pour démobiliser les troupes qui combattent depuis le début du conflit. 

Les législateurs ukrainiens ont appelé à d'autres compromis, notamment abaisser l'âge de la conscription à 20 ans au lieu de 18 ans. 

Elsa Boilly

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Source : https://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=6542



11 réactions


  • Christophe 11 décembre 2024 13:30

    Mais pourquoi cela, Zelenski vient d’annoncer que l’armée ukrainienne n’a pas perdu plus de 15% de ses effectifs. Elle est où la logique ukrainienne ?

    Sauf si bien sûr Zelenski c’est trompé, c’est pas 15 mais 85% de pertes smiley


    • berry 11 décembre 2024 14:58

      @Christophe
      Un comédien qui ment, c’est normal, c’est son métier.
      Ils sont c.... les ukrainiens, ils n’ont rien trouvé de mieux que d’élire un mafieux juif qui faisait le bouffon à la télé. Un menteur de compétition. Ils avaient pourtant des gens plus sérieux et honnêtes à leur disposition, mais ils ont choisi Zélensky. C’est la faillite de la démocratie, en quelque sorte. Demain, il ira se planquer à Londres et les ukrainiens n’auront plus que leurs yeux pour pleurer, devant les tombes de leurs proches.

      Pour rappel, la CIA lui a mis le grappin dessus vers 2012, comme c’est expliqué ici à 20’ 19 :
      https://www.youtube.com/watch?v=0l8MigXfT80
      Les scénaristes véreux d’Hollywood ont fait sa campagne électorale, ils lui ont concocté une série télévisée à sa gloire, le présentant comme « le sauveur de l’Ukraine », juste avant les élections. Et comme par miracle, la fiction a rejoint la réalité.
      On remarquera un film précédent de Zélenski, sur Napoléon, avec la mention « Love 1812 », sur l’affiche. L’année où Napoléon a attaqué la Russie.


    • Soucougnan Soucougnan 11 décembre 2024 18:11

      @Christophe

      Sauf si bien sûr Zelenski c’est trompé, c’est pas 15 mais 85% de pertes

       
      L’Ukraine est clairement à bout de force et même si la Russie semble un peu moins éprouvée, son incapacité à reprendre Koursk et maintenant à garantir le pouvoir Al-Assad, montre qu’elle est elle aussi sur les genoux. Ces deux pays n’ont plus d’autre choix à présent que de négocier la paix. Finalement, Zelensky et Poutine doivent attendre Trump avec une certaine impatiente...

    • Soucougnan Soucougnan 11 décembre 2024 18:14

      @berry

      Demain, il ira se planquer à Londres et les ukrainiens n’auront plus que leurs yeux pour pleurer

       
      Il en a eu l’occasion quand les milices de Wagner arpentaient les rues de Kiev en promettaient de lui couper la tête si elles le trouvait. Mais il est resté. Le grand de Gaulle est parti, Zelensky est resté...

    • Michel DROUET Michel DROUET 11 décembre 2024 18:17

      @berry
      "Demain, il ira se planquer à Londres et les ukrainiens n’auront plus que leurs yeux pour pleurer, devant les tombes de leurs proches"
      Aujourd’hui, c’est Bachar al Assad qui est planqué à Moscou, pays accueillant pour les tyrans et où la difficulté pour le peuple russe est d’avoir une tombe pour pleurer leurs proches étant entendu qu’on laisse pourrir les corps sur le champ de bataille.


    • Eric F Eric F 11 décembre 2024 19:14

      @Soucougnan

      ’’ Le grand de Gaulle est parti, Zelensky est resté...’’

      La formule sonne bien, mais le rapprochement est spécieux

      En mi-juin 1940, il semble vous avoir échappé que Paris était déjà tombé, que nos armées étaient en très grande partie défaites, et le gouvernement Reynaud dont de Gaulle faisait partie avait été remplacé par Pétain lors d’un aller/retour de de Gaulle pour conférer avec Churchill. C’est pourquoi il est reparti à Londres pour y instaurer une armée qui poursuive le combat.
      Ce que l’on pourrait reprocher au contraire, c’est pourquoi Reynaud n’est pas lui-aussi parti pour Londres ?

      En fin février/début mars 2022, l’armée ukrainienne restait opérationnelle, et la densité de combattants russes dans la région de Kiev était limitée. Zelensky a assurément eu du courage de refuser l’exfiltration, mais la capitale n’a jamais été investie ni massivement pilonnée. L’intimidation a tourné court, et la population a soutenu la lutte (quoiqu’un grand nombre se sont néanmoins exilés).


    • Soucougnan Soucougnan 11 décembre 2024 19:58

      @Eric F

      C’est pourquoi il est reparti à Londres pour y instaurer une armée qui poursuive le combat.

       
      Certes, mais d’autres sont quand même restés et ont combattu jusqu’à la victoire ou la mort...

      début mars 2022, l’armée ukrainienne restait opérationnelle

       
      Disons plutôt qu’elle commençait à devenir opérationnelle, parce que si je me rappelle bien, la débandade était telle, qu’ils distribuaient les armes à des civils qui ne savaient même pas s’en servir, ceci en prévision de l’arrivée des colonnes de chars russes qui avançaient vers Kiev. Si Wagner avait mis la main sur Zelensky, à l’époque où ils jouaient au chat et à la souris, il est probable que le cours de la guerre en aurait été changé. Sans plus aucune leader légitime pour les représenter, les Ukrainiens auraient-ils réussi à se mobiliser pour combattre ? Auraient-ils pu solliciter et obtenir l’aide occidentale ? On a l’impression que Zelensky en se maintenant à Kiev a fait courir un gros risque à son pays, mais d’un autre côté, que ce serait-il produit s’il avait pris la fuite ? Est-ce que les Ukrainiens auraient réagi de la même façon ? Est-ce que les Russes n’auraient pas pris Kiev et imposé un nouveau président mettant définitivement Zelensky hors jeu ? Nous ne le saurons jamais, car il a fait le choix de rester.

  • Eric F Eric F 11 décembre 2024 18:52

    Ce que font remarquer les USA (et sans doute d’autres fournisseurs), c’est que le déficit de combattants est actuellement le plus gros problème des Ukrainiens face aux Russes.

    C’est pour ça qu’il y a quelques mois, les ’’faucons’’ européens parlaient d’envoyer des troupes pour les ’’soulager’’ notamment de la surveillance des arrières.

    L’Ukraine a toujours évoqué la question de ’’ménager’’ la population jeune pour préserver l’avenir. De toute façon le déséquilibre de réservistes entre les deux pays en conflit est structurel.

    Déjà en 2023 il y avait eu des ’’interrogations’’ de la part des américains : ’’à quoi servent nos armes ?’’ (cela avait amené à la vraie-fausse contre-offensive au sud).

    Par ailleurs, on a vu que l’autorisation d’envoyer des missiles longue portée sur la Russie (qui devait selon les experts LCI changer la face de la guerre) a tourné court, les ripostes sont de plus grande intensité et ça même un gamin de six ans pouvait le prévoir.

    D’ici l’arrivée de Trump aux affaires, les Ukrainiens vont donc continuer à reculer en évitant qu’il y ait percée adverse, mais en fin de compte à quoi sert de mobiliser maintenant des effectifs qui ne seront opérationnels qu’après la bataille ?


    • Soucougnan Soucougnan 11 décembre 2024 20:19

      @Eric F

      l’autorisation d’envoyer des missiles longue portée sur la Russie (...) a tourné court, les ripostes sont de plus grande intensité

       
      Le but des missiles est de permettre aux Ukrainiens de contenir l’avancée des troupes russes, lesquelles tentent de grappiller le plus de territoire possible avant la cessation des combats. La Russie a quant à elle urgemment besoin de reprendre Koursk, d’où les soldats coréen (et peut-être aussi d’où les mines américaines). Bref, personne ne s’attendait plus à quelque retournement que ce soit dans le cours de la guerre (à part peut-être les spécialistes de LCI). Il s’agit pour les Occidentaux de figer le plus possible le situation tandis que pour les Russes, il s’agit au contraire de donner leurs dernières forces pour avancer, ne serait-ce que de quelques centaines de mètres. La Russie sait quelle a perdu l’Ukraine, mais il lui reste son honneur à préserver.
       

      à quoi sert de mobiliser maintenant des effectifs qui ne seront opérationnels qu’après la bataille ?

       
      Et d’ailleurs Zelensky à clairement exclu cette mobilisation.

  • anaphore anaphore 13 décembre 2024 11:52

    Un général de l’Otan américain a souhaité récemment que les pays européens reviennent à la conscription... En effet les américains étant incapables d’envoyer des troupes au sol, du fait de leur opinion public, espèrent que les européens mourront par millions pour leur hégémon anglo-saxon...


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 13 décembre 2024 12:55

      @anaphore
       
       ’’Un général de l’Otan américain a souhaité récemment que les pays européens ’’
      reviennent à la conscription.
      ’’
      >
      Les désirs de l’Oncle Sam sont des ordres pour les larbins young leaders.


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