samedi 15 décembre 2018 - par guylain chevrier

L’unité de la nation face au terrorisme opposée aux Gilets jaunes : ne rien céder sur les moyens comme sur le fond !

Après l’attentat tragique et sanglant de Strasbourg, et le terroriste abattu, on est passé à un épisode atterrant. Nous avons assisté à une drôle de théâtralisation sous le thème : « Macron au chevet des Strasbourgeois », comme l’a titré BFM. Etaient-ils tous allongés et souffrants ? On n’est pas à une exagération près dans ce contexte où on n’a cessé de répéter ces derniers jours et ce soir encore un peu plus, pendant l’hommage rendu par Emmanuel Macron à Strasbourg à la police et aux victimes, que les Gilets jaunes devaient rentrer dans le rang, et libérer les carrefours. On les a interpelés par médias interposés, pour leur dire : Il est temps d’en finir, il faut être raisonnable… 

L’unité nationale après l’attentat de Strasbourg, un argument massue pour éteindre la contestation

Eh oui, on explique que la roue a tourné, parce que l’attentat aurait redonné l‘initiative au président, et que cela ne saurait souffrir la moindre résistance, alors que l’heure serait avant tout à l’unité de la nation… On parle du coup, de manif controversée… On feint de comprendre les Gilets jaunes, qu’on prend pour des demeurés, pour mieux leur dire qu’ils n’ont plus rien à faire dans la rue, et que la police devra bien sûr faire son travail s’ils y retournent. Un chantage moral et pas que, venu toujours de ceux qui vivent de ce système et que les Gilets jaunes remettent en cause, avec leurs certitudes. Ces journalistes et ces politiques qui adorent cette grille de lecture d’une société polarisée entre les riches et les plus pauvres des ghettos sociaux et ethniques. C’est ramener le problème de notre société à une contradiction entre ceux, les bien-portants, les blancs, et les autres, les ex-colonisés comme on dit aujourd’hui, en jetant ainsi l’ombre sur l’affrontement réel qui se joue à cet endroit, celui des classes sociales et non d’un rejet à caractère plus ou moins raciale de certains avec lequel on nous culpabilise pour nous faire taire. Il est tellement pratique de se donner ainsi bonne conscience tout en faisant oublier cette France laborieuse, dite périphérique et rurale, qui représente une large part de nos concitoyens, qui en général reste silencieuse, cette France de ceux qui travaillent et refusent l’assistance, parce qu’ils devraient pouvoir vivre de leur salaire, où de ceux qui bénéficient d’aides sociales et ne rêvent que de travailler pour vivre, et savent qu’en travaillant ils n’auront pour autant pas de quoi vivre.

Intimidations à l’adresse des manifestants et remise en cause de l’Etat de droit

Pour intimider un peu plus, on ne parle que des risques de violence des manifestations de ce samedi, en avançant que la police est fatiguée et qu’il faudrait la comprendre en renonçant à poursuivre le mouvement, de façon pitoyable. Surtout, quelle drôle de conception de la démocratie ! M. Nuñez, secrétaire d’Etat, bras droit de Castaner, invité sur le plateau de la chaîne, explique même que les policiers qui ont été engagés face aux Gilets jaunes auront une prime…. On annonce que déjà on se prépare à des arrestations préventives comme il y en a eu le samedi précédent. On se rappelle que l’on avait ainsi procédé à des arrestations d’animateurs du mouvement avant même que ça commence. Mais si on arrêtait les dirigeants syndicaux avant une manifestation qu’ils organisent, on crierait à la dictature ! Et là, rien, c’est normal, personne n’y trouve à redire. Une manifestation de plus de ce mépris pour ce que l’on considère comme le « bas peuple », celui devant lequel hier l’aristocratie passait en se bouchant le nez... On a trouvé tout à fait normal d’arrêter 1345 personnes lors de la manifestation du samedi 8 décembre, dont la plupart uniquement pour les empêcher de manifester en prenant des prétextes pour cela, comme le fait d’avoir dans son sac des lunettes de piscine. Ainsi, face aux policiers qui gazent dès qu’ils le peuvent, il faudrait se poser en mouton, et pas même pouvoir se protéger des effets irritants pour les yeux des lacrymogènes. Sans compter encore, avec les centaines de garde à vue qui, bien au-delà des auteurs de violences et de dégradations, ont été choisis au hasard, par pure intimidation. Effectivement, ça, depuis l’époque moderne, c’est du jamais vu. Les journalistes n’avaient pas de mot pour dire le professionnalisme de la police, qui était passée à une position offensive face aux manifestants... On se demande bien dans quel Etat de droit nous nous trouvons !

Le président traîne sur le marché de Noël, comme si de rien, pensant se refaire une santé... Mais c’est toujours le même, il ne trompe personne !

Tout cela pendant que le Président, en direct sur les images, prend tout son temps pour saluer les policiers un par un, selon un cérémonial bien huilé, et les journalistes de commenter : « Emmanuel Macron reprend la main, alors que son dernier bain de foule était catastrophique, là il est bien, il sait faire. On voit cet exercice d'écoute et d'attention que le Président aime pratiquer ». Bien sûr, il sait faire et il aime, quand sa Com' accuse les Gilets jaunes d'être le chaos et l’extrême droite, et qu’il laisse même un ministre dire qu’ils sont la Peste brune. Des nazis quoi, rien que ça ! Où lorsqu’il parle des ouvrières pour les désigner comme des illettrées et dire encore ailleurs, à un chômeur, qu’il n’a qu’à traverser la rue pour trouver du boulot… Ah oui, il sait faire, il sait communiquer ce Président manager, qui est tout en Com' et en faux-semblants, bien installé dans le camp de l’argent-roi. Il retrouve ses repères médiatiques d’enfumeur général, de super contrôleur de son image, de son personnage. On a l’impression d’être revenu dans la cour du Louvre juste après sa victoire, dans le même théâtre. A l’image, le voilà même sur le marché de Noël où il serre des mains avec le sourire et va jusqu’à se livrer à des selfies avec des passants. Une vraie promenade de santé, pardon, de remise en forme présidentielle. Effectivement en quelque sorte, quelle aubaine bien malheureuse cet attentat, qu'il sait utiliser à dessein pour enfiler le costume du Président rassemblant la nation après le drame, alors qu’il n’a cessé de diviser en n’écoutant personne et en jetant des petites phrases assassines à l’adresse du « bas peuple », toujours dans le mépris et la condescendance. Il ne savait pas comment s’en sortir, l’événement à fait le larron et les médias sur lesquels il peut compter en ont rajouté une couche, dans ce tour passe-passe, mais qui ne passe décidément pas. On en a même le tournis, devant tant de mains serrées par le Président, d’hommes et de femmes en uniforme, de représentant de la loi, de la même règle pour tous, comme purifiant au passage son image… Et hop ! oubliée l’affaire Benalla ! 

Stop Monsieur le Président ! Il va falloir changer où ça risque d’être encore plus explosif demain.

Voilà ce qui ne va pas changer ! CAC 40, priorité aux actionnaires ! Depuis 2009, sur 100 euros de bénéfices, les entreprises du CAC 40 ont en moyenne reversé : 67,4 euros en dividendes aux actionnaires ; 27,3 euros réinvestis dans l’entreprise ; 5,3 euros en primes pour les salariés… (Source OXAM France) No comment ! Aussi, les mesures annoncées seront de toute façon payées par les mêmes et surtout pas par les riches, car il n’y a pas l’ombre d’une illusion à avoir sur le sujet, ni ISF ni rien d’autre, si le rapport de forces ne renverse pas la vapeur... On ne fait que baisser les charges des rentiers et autres multinationales, pendant que petites entreprises, travailleurs indépendants, et classes moyennes du bas du tableau surtout, trinquent. Aussi, on reprendra d’une main ce que l’on donne de l’autre. Il n’y a rien de plus important que d’obtenir que toute mesure décidée pour répondre aux gilets jaunes soit financée par les revenus de la finance, de la spéculation, par les comptes des rentiers, sinon rien ne pourra changer sur le fond. C’est de cette révolution-là dont ils ont peur !

Guylain Chevrier
 



8 réactions


  • Durand Durand 15 décembre 2018 10:16

    Même si Chouard récupère un peu prématurément le RIC à son compte, une revendication centrale comme celle-ci ne peut que renforcer le mouvement...

    « Le référendum d’initiative citoyenne est la cause commune des gilets jaunes et la revendication maîtresse »

    http://echelledejacob.blogspot.com/2018/12/le-referendum-dinitiative-citoyenne-est.html


  • Clark Kent NEMO 15 décembre 2018 10:19

    « Stop Monsieur le Président ! Il va falloir changer où ça risque d’être encore plus explosif demain. »

    est-ce ce qu’ils cherchent ou bien sont-ils complètement dans leurs délires idéologiques libertariens de la « startup » et de l’« état-entreprise » qu’ils confondent avec le vrai monde ? Dnas le second cas, ilssont aussi inaccessibles à un raisonnement rationnel et lucide que des schizophrènes catatoniques !


  • leypanou 15 décembre 2018 10:37

    Mais si on arrêtait les dirigeants syndicaux avant une manifestation qu’ils organisent, on crierait à la dictature ! Et là, rien, c’est normal, personne n’y trouve à redire 

     : quoi, vous voulez qu’on arrête Laurent Berger avant une manifestation ?

    Au contraire, il vaut mieux qu’« ils » manifestent, car les manifestations inutiles, çà, ils savent faire.


  • pipiou 15 décembre 2018 20:57

    Oui la police défend l’Etat de droit, c’est aussi simple que ça.

    Et l’auteur défend le non-droit.


  • Christian Labrune Christian Labrune 16 décembre 2018 01:19

    Il est bien possible que les dernières semaines de décembre soient un peu plus calmes, mais rien n’a été réglé. De toute évidence, la confiance est définitivement perdue. Quand les godillots à la botte de Macron se rassurent comme ils peuvent en distillant les très pauvres éléments de langage auxquels on peut douter s’ils croient encore, on voit bien que le mois de janvier sera excessivement chaud.

    Il avait été question, très imprudemment, de commémorer le cinquantenaire de 68. En fait, c’est bien mieux, c’est une réédition, et qui risque d’être beaucoup plus torride. Les trente glorieuses et les fantasmes utopiques qu’elles avaient fait naître sont bien loin désormais, et depuis l’apparition de la nouvelle pauvreté sous le règne de l’homme à la francisque, on serait plutôt dans les quarante misérables, et dans un état qui, de surcroît, a perdu peu à peu toute souveraineté.

    Les pitoyables marionnettes qui font encore semblant de gouverner la France, quand elles le voudraient, ne seraient même plus capables de redresser la situation. Dépassées par les événements, comme en Italie et comme en Allemagne, elles vont céder la place à des organisations qui prétendront incarner les volontés de la nation jusqu’à ce que, bien installées partout, elles s’affranchissent des principes démocratiques qu’on aura vu progressivement se corrompre.

    Dommage qu’on ne puisse pas encore changer de planète !


  • Crab2 17 décembre 2018 17:13

    Pour réformer le spectacle ou le spectaculaire, réformer de fond en comble la société pour restaurer ou établir une spiritualité de la citoyenneté - par exemple :
    En France la beauté n’est pas un risque - attendu que dans notre pays, la pensée est la seule lumière.
    Suite
    https://laicite-moderne.blogspot.com/2018/12/qui-sait-reformer-nest-pas-macronien.html

    .

    Propos qui, en tous cas, ne relèvent pas de la chose relative, exemple :

    Le mot Dieu n’est pour moi rien d’autre que l’expression et le produit de la faiblesse humaine. Albert Einstein à Erik Gutkind


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