mardi 31 janvier 2012 - par Roland Franz

L’urbanisme selon Sarkozy

Dimanche soir, en monipolisant la bagatelle de six chaines de télévision, Monsieur Sarkozy nous a livré sa vision de l'urbanisme, en nous annonçant sa mesure phare : permettre un dépassement de 30% de la surface constructible dans le but de créer de la croissance dans l'industrie du bâtiment.

Dans les centres villes, cette mesure se traduira par une augmentation des hauteurs des bâtiments, voire même par des surélévations d'immeubles existants. Exit l'urbanisme haussmanien !

Sur le littoral, elle permettra le bétonnage de nos côtes, à l'image de l'aménagement sauvage de la Costa Brava et de la Costa del Sol de nos voisins Espagnols. Adieu au plan littoral, qui faisait poutant la spécificité de notre pays en Europe.

En montagne, elle permettra la densification des super-stations, au détriment des parcs nationaux ou régionaux. Des immeubles tours à Chamonix ?

Dans les zones rurales, rien n'empéchera debâtir des immeubles collectifs dans des villages, au mépris de tous les équilibres. Une ZUP à Vézelay ?

Les anciens plans d'occupation des sols (POS), peu à peu remplacés par des plans locaux d'urbanisme (PLU), ne sont pas exemps de défauts. Mais ils font l'objet d'études d'urbanisme, d'une enquète et de de réunions publiques, de délibération des élus.

Par cette mesure digne d'une d'une dictature à la Ceaucescu, on abolit un processus démocratique de gestion de l'espace qui a démarré à l'époque des plans directeurs d'aménagement et d'urbanisme (SDAU- Loi d'orientation foncière N° 67-1253 du 30 décembre 1967) 

Je ne doute pas que Bouygues, Effage, GTM, la fédération du bâtiment et consorts soient ravis par cette nouvelle disposition. J'ai même l'intime conviction qu'ils en sont les inspirateurs.

Ce ultime déni de démocratie, ce mépris des collectivités locales et du peuple, constitue un nouvel exemple de la politique Sarkosyste, faite d'improvisations, de "coups médiatiques" , d'impréparation et de mépris de toute concertation.



9 réactions


  • Voltaire Voltaire 31 janvier 2012 11:39

    Fort heureusement, cette proposition mal pensée devrait pouvoir (c’est en tout cas ce qui a été indiqué) être bloqué par délibération des conseil municipaux. Comme on iagine mal un conseil municipal, sauf envie suicidaire, accepter de voir les COS de leur communes accrus brusquement de 30%, on peut imaginer que cette idée saugrenue sera sans effet (sauf dans quelques communes dirigées par des élus touchés par des conflits d’intérêt) et donc un simple coup d’épée dans l’eau.


  • Jason Jason 31 janvier 2012 15:43

    Dans ma petite commune il n’y a pas de PLU (compliqué à établir et coûteux) mais une carte communale, plus simple à établir et facile à gérer. Cependant, cette carte a été établie dans le plus grand secret, le maire usant des vides juridiques pour interdire l’accès au dossier pendant l’élaboration. Il en résulte une restriction arbitraire des surfaces constructibles par crainte de voir baisser les prix si l’offre était plus importante. Et le clientélisme et le copinage sont à l’oeuvre. Sans compter l’absence totale de projections des coûts pour les nouveaux réseaux.

    Le maire se rengorge. C’est son succès, la gloire des copains, et l’argent des habitants via les taxes locales. Edifiant !

    Démocratie, oui, mais on ne peut laisser la gestion de l’urbanisme à des incompétents et des prévaricateurs.

    Plans et législations à revoir entièrement. Les 30% en question ne serviront à rien dans les petites communes. Il serait souhaitable de faire des plans par régions (mer, montagne, campagne, etc) et de retirer à certains maires une autorité qui permet toutes les dérives. Qu’en est-il d’une vraie décentralisation ?


    • Roland Franz Roland Franz Jehl 31 janvier 2012 16:09

      Exemple intéressant, malheureusement assez courant.
      Ne serait-il pas temps que s’installe une véritable démocratie locale en matière d’aménagement ?
      L’exemple Suisse, malgré certaines faiblesses, devrait être étudié sérieusement. Au Brésil également, il existe des expériences à analyser : Porto Allegre, Santos et Curitiba.
      La démocratie commence par le local. Il serait temps d’y penser !


    • Jason Jason 31 janvier 2012 18:31

      Entièrement d’accord. Il y a des cas où la démocratie tue le bon sens. Et ce n’est pas parce que le pingouin du coin est élu qu’il se transforme en quelqu’un d’intelligent et soucieux de sa communauté.

      C’est là le ventre mou de la démocratie.


  • paul 31 janvier 2012 16:38

    Sarko et l’urbanisme, c’est pas triste non plus ( à part le reste )
    - En 2007, c’était « je veux une France de propriétaires », avec encouragements fiscaux pour des demandes de crédit . C’était avant la crise des subprimes et les emprunts toxiques .
    - En 2009, c’était « il faut rendre constructible les zones inondables » juste avant Xinthia . Et il ajoutait : « le problème, c’est la réglementation trop pesante, il faut construire d’avantage ... »
     - En 2012, mesure magique du COS à + 30 % , et ses effets secondaires :
    . le prix des terrains ne va pas baisser, bien au contraire . C’est plutôt un cadeau pour ceux qui sont déjà propriétaires et qui pourront agrandir pour leur confort personnel .
    . Joli bazar en perspective pour les services d’urbanisme, alors que des possibilités existaient déjà pour l’augmentation du COS .Contentieux possibles entre proprios et mairies qui gardent la maitrise des PLU . Ou alors il faut revenir sur la décentralisation .
    . risques de saccages esthétiques avec des « excroissances » habitables, construites pour faire de la thune (proprios et professionnels ) .
    Cette mesurette attrape gogo n’est pas à la hauteur de la carence en logements, due à la spéculation : au total, ce sont plus de 10 millions de personnes qui sont touchées par la crise du logement . Alors COS ou pas, cause toujours .


    • Roland Franz Roland Franz Jehl 31 janvier 2012 17:17

      Entièrement d’accord avec vous. Pour les prix des terrains, on subira non seulement l’augmentation que vous prévoyez, mais aussi un gel des terrains à vendre dans l’attente de la promulgation de ce texte... Double effet pervers.


  • Jason Jason 31 janvier 2012 18:05

    C’est parce qu’on a laissé aux maires la haute main sur le développement urbain que la côte atlantique entre Nantes et La Rochelle a été terriblement défigurée.

    Pourquoi ne pas tenir compte de ces leçons ? L’urbanisme est un domaine trop sérieux pour être soumis à des intérêts locaux et privés.

    Et ce n’est pas en légiférant depuis Paris que les choses s’arangeront. A cela s’ajoute que dans une période (très longue) de crise du logement, la TVA à 19,6% et bientôt à 21,2% n’arrange pas la situation. Cette taxe ne s’applique pas aux logements sociaux.

    Je trouve odieux que le jeune couple qui vient de s’installer à côté de chez moi doive payer au moins 30.000€ de TVA pour s’offrir un toit (en zone rurale, ils n’ont pas le choix). Avec un emprunt sur 20 ans ils vont galérer toute leur vie.


    • Roland Franz Roland Franz Jehl 31 janvier 2012 18:22

      La défiguration de la côte Atlantique est due à une spéculation sur des terrains situés en zone inondable et à des décisions illégales des maires des communes concernées. En effet, un plan de prévention des risques (PPR) ne doit souffrir d’aucune dérogation ; et dans ce cas le préfet, représentant de l’état est totalement responsable lorsqu’il attribue des permis de construire dans ces zones. 


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