samedi 18 décembre 2021 - par Emile Mourey

La bataille de Gergovie par Emile Mourey, ancien saint-cyrien, poète maudit, 89 ans

 

« Un franc-tireur dans la bataille de Gergovie : un lieutenant-colonel de Zouaves à la retraite soutient que c’est au Crest, à l’extrémité de la montagne de la Serre qu’il faut situer l’oppidum gaulois défendu par Vercingétorix. Dans son livre « Histoire de Gergovie », il avance également l’hypothèse que Gergovie serait l’Atlantide terrestre... L’auteur ne se revendique ni historien ni archéologue, mais poète » (Journal « La Montagne » du 9.12.1993)

 

....Venant du nord par l'itinéraire normal qui mène à l'Auvergne, César arrive en vue de Gergovie. Sa cavalerie est en avant-garde. Il s'empare du point haut d'Orcet et y établit son PC d'observation et de commandement. Après un petit combat de cavalerie "facile", il établit son grand camp en contre-bas. 

Déjà, à partir de là, on aurait dû comprendre que l'espace gaulois que défendait Vercingétorix avec sa cavalerie de couverture contre toute attaque surprise, n'était pas centré sur Merdogne mais sur la ligne de hauteurs d'après : la montagne de La Serre. Cette montagne se redresse sous forme d'éperon dans la hauteur du Crest, position favorable pour une défense sur tous les côtés.

César venait donc du Nord. Il descendait plein sud. Il avait dépassé Merdogne et, depuis le grand camp qui s'installait au pied d'Orcet, il avait le regard tourné vers Le Crest.  César voit la ville (urbs) "posée" sur un mont "trés haut", difficile d'accès. Il s'agit de la ville du Crest toujours existante dont on voit ici la dernière tour. Vercingétorix avait installé ses camps sur le mont, près et en avant de l’oppidum (prope). L’oppidum, c’est la haute fortification dont on voit la dernière tour qui se dresse au sommet, surplombant la ville ; mais cela désigne aussi tout le plateau de La Serre défendu naturellement par ses flancs abrupts. Séparés par un simple intervalle, les camps sont autour du chef arverne (Vercingétorix étant sur le point haut). Toutes les pentes de la ligne de crête sont occupées, horrible spectacle (horribilem speciem)...Au pied du mont et face à lui, il y a un versant (collis, là où est prise la photo). Il s'agit du plateau de Merdogne. Remarquablement fortifié, il s'agit du village de La Roche-Blanche. La place était tenue par une garnison gauloise assez importante. Malgré cela, César sort de ses camps dans le silence de la nuit, et avant qu'on ne puisse venir les secourir de l'oppidum, il déloge les Gaulois de la position. Maître de la place, il y installe deux légions. Il relie les grands camps aux petits camps par un double fossé de douze pieds de large, en sorte que même les hommes isolés peuvent y circuler librement à l'abri d'une attaque soudaine de l'ennemi.

Ce double fossé a été retrouvé, mais on a cru que c'était pour attaquer le plateau de Merdogne, direction Nord, alors que c'était pour attaquer Le Crest, direction sud. Incroyable ! On n'a même pas envisagé cette possibilité ! 

Manoeuvre de César. Etant venu aux petits camps (de La Roche-Blanche) pour inspecter les travaux, César remarque que le versant occupé par les Gaulois, face à lui, est "nu” d'hommes alors que les jours précédents, on ne pouvait qu'à peine en voir le sol tant il y avait foule. Surpris, il en demande la raison aux déserteurs qui chaque jour arrivent en grand nombre dans ses lignes. Tous confirment ce que César savait déjà par ses espions, à savoir que le dos de cette crête est presque plat, mais boisé et étroit à l'endroit où l'on a accès à l'autre bout de l'oppidum. Les Gaulois craignaient beaucoup pour ce point, car ils se rendaient compte que si les Romains, après avoir occupé un versant (côté Roche-Blanche), leur prenaient l'autre versant (de l'autre côté), ils se trouveraient presque encerclés et ils n'auraient plus de chemin libre, ni pour sortir, ni pour fourrager. Vercingétorix les avait tous rappelés pour fortifier cet endroit.

César envoie de ce côté plusieurs escadrons de cavalerie au milieu de la nuit (en contournant la position par la gauche)... De l'oppidum, on voyait tous ces mouvements de loin, car de Gergovie, la vue plongeait sur les camps (les grands camps), mais à une telle distance, il n'était pas possible d'observer ce qu'il en était dans le détail... Ancienne version où je faisais attaquer l'oppidum à la porte Est au lieu de la porte Ouest...

Nouvelle et bonne version. Supprimer l'attaque avec le point d'interrogation.

L'inquiétude grandit chez les Gaulois. Il appellent toutes leurs troupes sur les retranchements qui leur semblent être menacés. Lorsque César se rend compte que les camps des Gaulois sont vides, il fait passer des soldats par groupes fractionnés des grands camps dans les petits camps (de la Roche-Blanche). Les insignes et les enseignes avaient été dissimulés de façon que, de l'oppidum, on ne remarquât rien. Il explique aux légats qu'il a placés à la tête de chaque légion ce qu'il veut que l'on fasse. II les exhorte, en preiorité, à maintenir la cohésion des troupes, en veillant à ce que les soldats ne se laissent entraîner trop loin, ni par l'ardeur des combats, ni par l'espoir du butin. Il leur explique ensuite à quel point le terrain leur est défavorable. Pour remédier à cette situation, un seul moyen s'offre à eux : la rapidité. Le succès de l'opération reposait non sur le combat mais sur l'initiative. César donne le signal de l'assaut et il envoie en même temps les Eduens, à droite, par une autre montée.

Dispositif défensif des Gaulois. La distance entre la muraille de l'oppidum et la plaine était à vol d'oiseau de mille deux cents pas, comptés à partir de l'endroit où la montée commençait (c'est exact). Il fallait ajouter à cette distance celle des détours qui rendaient la montée plus facile mais augmentaient la longueur du chemin. Les Gaulois avaient dressé en avant de l'oppidum, à mi-pente, dans la longueur, tout en suivant le relief de la montagne, un mur en grosses pierres de six pieds de haut (1m80), pour briser l'élan des Romains. Il s'agit du mur d'enceinte normal de la ville déjà existant et toujours existant mais à l'état de ruines.

Attaque des camps gaulois. Au signal donné, les légionnaires se portent rapidement vers le retranchement gaulois et après l'avoir franchi, ils se rendent maîtres de trois camps. L'action fut si rapide que Teutomatus, chef des Nitiobroges, surpris dans sa tente en train de faire la méridienne, n'échappa que de justesse aux mains des soldats qui couraient au butin. Il réussit à s'enfuir, le torse nu, sur son cheval blessé. Il n'est pas dit qu'il s'agisse du mur d'enceinte de la ville de 1m80 de haut (croquis, à gauche). Je fais l'hypothèse de simples retranchements sommaires protégeant des camps installés en dehors de la ville, à droite sur le croquis.

 Fabius investit la ville. L. Fabius, centurion de la VIIIème légion, avait dit à ses hommes ce jour-là — le fait est établi — que les récompenses accordées à Avaricum stimulaient son ardeur et qu'il avait décidé d'escalader le mur avant quiconque. Entraînant avec lui trois manipules - un manipule = deux centuries, soit 600 hommes - il se fait soulever par eux et franchit le mur (de la ville, côté ouest). Puis, il les fait passer, les uns après les autres.

Attaque de l'oppidum. Ayant atteint son objectif, conformément au scénario qu'il avait prévu, César donne l'ordre de sonner la retraite et, haranguant les soldats, il fait dresser les enseignes pour rassembler la dixième légion avec laquelle il marche. Mais les soldats des autres légions n'entendent pas la sonnerie de trompette à cause du vallonnement assez large qui les séparait de César. Malgré les efforts des tribuns et des légats qui essaient en vain de les retenir comme César l'a prescrit, les soldats ne s'arrêtent pas. Transportés par l'espoir d'une prompte victoire, encouragés par la fuite des Gaulois et par le souvenir de leurs anciens succès, ils se persuadent qu'il n'y a aucun obstacle que leur courage ne peut surmonter. Ils ne cessent la poursuite qu'une fois arrivés au pied de la muraille de l'oppidum, puis ils se dirigent vers les portes.

Combat retardateur des femmes de Gergovie. Alors, dans toutes les parties de la ville, une clameur éclate. Ceux qui sont plus loin, terrifiés par ce tumulte soudain, pensent que l'ennemi a franchi les portes et sortent précipitamment de l'oppidum (par la porte est, hors croquis). Les mères de famille jettent du haut des murs des étoffes et de l'argent. Les mains ouvertes dans le geste des suppliantes, elles font saillir leur poitrine nue, elles demandent aux Romains de jurer d'épargner les femmes et les enfants et de ne pas recommencer ici ce qu'ils ont fait à Avaricum. Plusieurs même, descendant des murs en s'agrippant aux pierres, se livrent aux soldats.

Contre-attaque gauloise. Pendant ce temps-là, les Gaulois qui s'étaient regroupés à l'autre bout de l'oppidum (à l'autre bout du plateau de La Serre) pour y travailler aux retranchements, comme nous l'avons expliqué précédemment, entendent tout d'abord la clameur. Informés ensuite par ceux qui, nombreux, viennent leur annoncer que l'oppidum est tombé aux mains des Romains, ils se précipitent en masse et au pas de course (vers l'oppidum), en se faisant précéder de leurs cavaliers. Au fur et à mesure qu'ils arrivent, ils se placent au pied des murs et viennent grossir toujours davantage le nombre des combattants. Lorsqu'ils furent une multitude, les mères de famille qui, un instant plus tôt, tendaient les mains vers les Romains du haut des murs, se tournent vers les leurs en les adjurant et en leur montrant leurs cheveux défaits suivant la coutume gauloise. Puis, à bout de bras, elles lèvent leurs enfants vers eux. La position et le nombre jouent contre les Romains. La lutte est trop inégale. Epuisés par la course et par le prolongement du combat, les Romains résistent difficilement face à des troupes fraîches et intactes.

César met en place un dispositif de recueil. Voyant que les siens combattent dans une position défavorable, que le nombre des ennemis augmente sans cesse, pressentant par ailleurs que les choses vont mal tourner, César fait porter au légat T. Sextius qu'il avait laissé à la garde des petits camps le message suivant : « Fais sortir de toute urgence tes cohortes. Installe-les solidement au bas du versant, sur le côté droit face à l'ennemi pour le menacer et gêner sa poursuite au cas où les nôtres seraient rejetés de la position. » César, quant à lui, s'étant avancé avec sa légion un peu en avant de la position sur laquelle il s'est rétabli, attend l'issue du combat.

Fausse manoeuvre de César. Le corps à corps est d'une âpreté exceptionnelle. Les Gaulois ont l'avantage de la position et du nombre. Les Romains placent leur espoir dans leur valeur militaire. César avait envoyé les Eduens (ceux d'Éporédorix) à droite (?), par un autre chemin, dans l'intention de leur faire exécuter une manœuvre à distance. Soudain, ces Eduens reviennent sur le flanc découvert des légionnaires. Leurs armes sont semblables à ceux d'en face. La panique se met dans les rangs, et bien que les nouveaux arrivés présentent leur épaule droite découverte — ce qui était le signe de reconnaissance convenu — les Romains croient que c'est une ruse.

Echec et mort du centurion Fabius. Pendant ce temps, le centurion L. Fabius et ceux qui ont escaladé le mur de la ville en même temps que lui sont encerclés, puis massacrés et jetés au pied du rempart (du mur de la ville).

Echec et mort du centurion Petronius. M. Petronius, centurion de la même légion, s'efforçait d'enfoncer les portes (de l'oppidum). Accablé sous le nombre, couvert de blessures et se voyant perdu, il s'écrie à l'adresse des soldats de son manipule qui le suivaient : « Puisqu'il ne m'est pas possible de me sauver avec vous, laissez-moi au moins assurer le salut de vos vies que mon amour de la gloire a mises en péril. » Ayant prononcé ces mots, il se précipite au milieu des Gaulois. Il ouvre un passage dans l'encerclement en tuant les Gaulois deux par deux (duobus). Il les fait reculer de la porte. Comme ses hommes viennent à son secours, il leur dit : « Vous voulez me sauver la vie. Votre tentative est vaine, j'ai perdu trop de sang et mes forces m'abandonnent. Partez d'ici, il est encore temps, rejoignez la légion ! » Puis, les armes à la main, il tombe au champ d'honneur en sauvant la vie des siens.

Recueil des légions en déroute et décrochage des légions placées en soutien. Après avoir perdu quarante-six centurions, les Romains, pressés de tous côtés, sont rejetés de la position. Les Gaulois les poursuivent de très près. La dixième légion, qui s'est établie en réserve sur une position où le terrain est un peu moins en pente, brise leur élan. A leur tour, les cohortes de la treizième légion, que le légat T. Sextius a fait sortir des petits camps et installer sur un point haut, assurent le recueil de la dixième légion. Dès que les Romains arrivent dans la plaine, ils retournent contre ceux qui les poursuivent les enseignes un moment mises en péril. Vercingétorix, qui est descendu avec les siens jusqu'au pied du versant, les ramène alors à l'intérieur des fortifications. Ce jour-là, les Romains déplorèrent la perte d'un peu moins de sept cents hommes.

Piètre discours de César devant le front des troupes. Le lendemain, César, devant le front des troupes, blâme la témérité et la cupidité des soldats. « Vous avez décidé de vous-mêmes ce qu'il vous semblait bon de faire, fixant vous-mêmes la limite de votre action. Rien n'a pu vous retenir, ni le signal du repli, ni les tribuns, ni les légats. » Il leur explique ce qui fait l'avantage et le désavantage d'une position. Il leur rappelle la décision qu'il avait prise après mûre réflexion, alors qu'il faisait route vers Avaricum. « Nous avions surpris les troupes ennemies sans chef et sans cavalerie, mais j'ai renoncé à une victoire pourtant assurée pour la simple raison que je ne voulais pas subir de pertes même légères dans un combat où le terrain m'était défavorable. Autant j'admire le courage exceptionnel de ceux qui ne se sont laissé impressionner ni par les retranchements des camps, ni par la hauteur de la montagne, ni par la muraille de l'oppidum, autant je blâme la présomption et l'indiscipline. Ainsi, on s'est cru capable, mieux que le général, de décider sur le terme d'une action ou sur sa poursuite jusqu'à la victoire. Ce que je demande aux soldats, c'est autant de modestie et de discipline que de courage et de valeur militaire. » Sa harangue terminée, César, pour remonter le moral des troupes, ajoute qu'il ne faut pas se troubler l'esprit sur la cause de cet échec et qu'on ne doit pas attribuer à la valeur militaire des Gaulois ce qui n'est dû qu'à la pente du terrain.

César réfléchissait aux projets qu'il avait conçus antérieurement. Il fait sortir des camps les légions et les déploya en lignes de bataille sur de bonnes positions. Comme Vercingétorix n'en restait pas moins à l'intérieur de ses retranchements et comme il ne voulait manifestement pas descendre sur un terrain plat (et équitable), après un petit combat de cavalerie où il eut l'avantage, César fait rentrer son armée aux camps. Le lendemain, il fait de même. Estimant avoir ramené la parade des Gaulois à son véritable niveau, en même temps qu'il relevait le courage de ses soldats, César fait lever les camps et se met en route vers le pays des Eduens.

Emile Mourey, château de Taisey, 17.12.2021 ; d'après ma traduction du De Bello Gallico de Jules César.



28 réactions


  • Clark Kent Schrek 18 décembre 2021 12:09

    Tenez bon, Colonel !

    Joyeux Noël et bonne année.


  • Emile Mourey Emile Mourey 18 décembre 2021 14:22

    @Antenor @Et hop ! @Rinbeau

    Article sur Gergovie, ce jour


  • Antenor Antenor 18 décembre 2021 18:11

    La seule chose qui continue de me gêner avec la forteresse du Crest est qu’elle se trouve très en contrebas de la principale ligne de crête de la région séparant le bassin de la Sioule de celui de l’Allier. La montagne de la Serre est une ligne de crête secondaire dérivant de la première et le Crest se trouve tout au bout. Par comparaison, le Mont-Saint-Vincent est bien positionné sur la plus importante ligne de crête entre la Loire et la Saône.

    On peut argumenter que le relief de la Limagne est bien différent de celui de la Côte Chalonnaise et qu’en Auvergne, la ligne de crête principale n’est pas centrée entre les deux cours d’eau. Elle est beaucoup plus proche de la Sioule que de l’Allier et cela s’accentue de plus en plus en direction du Nord. Cela explique pourquoi la capitale militaire de Montpensier, voisine septentrionale de Gergovie, se trouve sur une ligne de crête secondaire. La citadelle est ainsi placée au milieu de son « pagus », à quasi équidistance entre les deux rivières.

    Dans l’idéal, Gergovie devrait se trouver sur le Puy de Vichatel, à la jonction entre la montagne de la Serre et la ligne de crête reliant les Monts Dore aux Monts Dôme. Le relief étant excentré vers l’Ouest et à l’exemple de Montpensier, il est normal que Gergovie soit décalée vers l’Est. Seulement, dans le cas du Crest, cela apparaît comme totalement exagéré. Il me semble que Montredon (au-dessus du Ponteix, à Aydat), est dans une situation beaucoup plus favorable et centrale permettant de rayonner sur tout le secteur alentour depuis les hauteurs.

    J’avais envisagé que le Crest puisse étendre sa domination de l’autre côté de l’Allier. Le problème est que le Livradois est au moins aussi large que la région entre Sioule et Allier. On y trouve donc très vraisemblablement un ou plusieurs « pagus » militairement autonomes et dotés de leur propre capitale militaire ; ce ne sont pas les forteresses qui manquent dans le secteur.


    • Emile Mourey Emile Mourey 18 décembre 2021 20:44

      @Antenor

       Je suis très étonné de votre revirement. Je croyais qu’après vos recherches sur les seigneurs du Crest, l’importance historique de la position se trouvait confirmée. La première tribu sauvage qui s’est installée sur le site ne s’est pas posée les questions de grande stratège que vous vous posez. Elle a trouvé là une position militaire idéale pour y vivre du fait de la présence d’une source, pour s’y défendre du fait de sa position sur un point haut et pour étendre de là son pouvoir au plus loin possible sur la région.


    • Emile Mourey Emile Mourey 18 décembre 2021 21:38

      @ Antenor

      Le seul et simple fait de remette l’Avitacus de Sidoïne Apollinaire et de l’empereur gaulois Avitacus au Crest  voxez la description qu’il en donne  devrait lever tous les doutes.


    • Emile Mourey Emile Mourey 18 décembre 2021 22:15

      @Antenor
      lire empereur gaulois Avitus et Avitacu viacus d’Avitus


    • Antenor Antenor 19 décembre 2021 15:31

      @ Emile

      L’emplacement d’Avitacum n’est en soit pas décisif pour déterminer celui de Gergovie. Si on démontrait sans conteste qu’Avitacum était à Aydat, cela constituerait un indice mais pas une preuve pour y situer Gergovie. En faveur d’Aydat, il y a le lac bien connu et l’ancien nom Aidac.

      Dans la même catégorie des indices, voyez la salamandre de François 1er avec la tête quasiment systématiquement tournée vers sa patte arrière droite, c’est à dire vers Mont Redon. Et la forme même du haut de cette patte dépassant de derrière le corps de l’animal fait penser au profil de Mont Redon. Ce n’est pas une preuve mais cela mérite qu’on y réfléchisse.

      Sur le chapiteau de Jonas de Mozac, l’église et la ville semblent se situer au pied de la montagne de la Serre. Il s’agirait donc plutôt de Saint-Saturnin que du Crest. Sur ce chapiteau figurent deux têtes de monstre ; celle qui recrache située à l’extrémité de la mer/montagne de la Serre et celle qui avale Jonas placée plus en arrière, sous la barque/oppidum, un peu comme la patte arrière de la Salamandre : à l’emplacement de Mont Redon.

      https://www.romanes.com/Mozac/Saint_Pierre_de_Mozac.html#95

      La description précise de Bibracte n’étant fournie par aucun auteur antique, il vous a fallu réfléchir à l’emplacement le plus logique à partir des maigres éléments fournis par Strabon (Cabillo = ville, Bibracte = citadelle) pour la localiser à Mont-Saint-Vincent, la plus importante forteresse des Comtes de Chalon. Et vous avez expliqué comment les Eduens ont organisé la défense de leur territoire autour de ce site certainement pas choisi au hasard.

      Dans le cas de Gergovie, nous disposons de la description donnée par César. Je répète que je ne trouve rien à redire à votre explication de la bataille hormis que je suis toujours moyennement convaincu qu’on puisse lancer une attaque-éclair depuis la Roche-Blanche en espérant arriver au Crest avant les Gaulois retranchés sur l’éperon de la Serre. Les vestiges pouvant être reliés à la bataille y sont très maigres, le camp d’Orcet n’est peut-être qu’un camp de transit et les doubles-fossés de la Roche-Blanche sont à demi convaincants dans la mesure où énormément de sites sont dotés de double-fossés.

      Grâce à l’Armorial de Revel, on peut constater que Le Crest était un site militaire majeur en Auvergne, ce qui est confirmé pas un historique très complexe où on voit régulièrement revenir de grands noms de la région (Roche-Aymon, Chazeron, Aycelin de Montaigu, Langeac...). Ce sont souvent des officiers haut placés à la cour du Duc ou du Roi qui deviennent seigneurs du Crest...

      ... Mais Mont-Redon peut aussi faire valoir ses arguments. Châtellenie disputée par le Comte et l’Evêque avant de tomber dans l’escarcelle des seigneurs de la Tour d’Auvergne dont la puissance n’a fait qu’augmenter au cours des siècles jusqu’à Catherine de Medicis. Un détail m’intrigue dans l’Armorial de Revel : l’excellent état de la forteresse. Alors que beaucoup de sites sont encore plus ou moins en ruines après la Guerre de Cent Ans, même Le Crest porte quelques stigmates ; Montredon semble avoir été remis à neuf prioritairement avant tous les autres. Seule la petite enceinte extérieure a été laissé à l’abandon.

      Identifier Gergovie pour identifier Gergovie n’a en soit pas beaucoup de sens si on ne comprend pourquoi elle se situe à tel endroit plutôt qu’à tel autre. Il faut bien garder à l’esprit que le concept de capitale militaire est un OVNI pour les chercheurs universitaires. Tout au plus se contentent-ils de dire qu’un site est stratégique sans expliquer pourquoi. Pour être convaincant, il faut proposer un modèle applicable à toutes les cités gauloises et capable de faire « sortir de terre » toutes nos anciennes citadelles gauloises. Le modèle qui fonctionne pour Bibracte doit fonctionner aussi pour Gergovie.


    • Emile Mourey Emile Mourey 3 janvier 2022 08:01

      @Antenor
      ce jour ;une basilique romaine au mont Beuvray ? et pourquoi pas une synagogue ?


  • Ausir 19 décembre 2021 10:01

    Merci Emile pour ce travail et Bonne Fêtes !


  • Rinbeau Rinbeau 19 décembre 2021 20:32

    Très bonnes fêtes de Noel monsieur mourey !

    Trop de préparatifs pour les fêtes ! je n’ai pas eu le temps de lire ! je vais essayer !

    Mais à travers ces passionnantes enquêtes sur nos ancêtres, je sais que le soir du

    réveillon, mon esprit sera un peu avec vous !

     smiley


  • Emile Mourey Emile Mourey 19 décembre 2021 20:55

    @ tous et @ Antenor en particulier

    Ce qui ne fait aucun doute dans cette histoire est qu’elle révèle les erreurs qu’un général peut faire dans sa carrière, et pire, en en faisant porter la responsabilité à ses subordonnés et à ses soldats, car enfin, si Fabius, l’ancêtre de notre ministre, est mort en combattant, c’est bien parce qu’il avait reçu la mission d’investir la ville, mission secondaire mais capitale pour couvrir l’action de Petronius, chargé d’enfoncer la porte, mission principale. Dire, après coup, qu’ils auraient dû se replier en entendant un coup de clairon qui ne s’explique pas, ce n’est pas très élégant de la part de César. César a fait une erreur d’appréciation. En fait, il a engagé ses légionnaires, comme il le dit d’ailleurs, sur un terrain défavorable, et pire, en courant le risque probable de les voir pris comme dans une nasse par des contre-attaques faciles à prévoir. Disons, à sa décharge, que c’est peut-être en constatant la réaction des Gaulois et l’échec de Fabius qu’il a compris que son coup de poker avait raté. Disons également qu’il faut aussi s’interroger sur les femmes gauloises qui, les seins nus, se sont livrées aux soldats en descendant des murs. 


    • Antenor Antenor 20 décembre 2021 18:59

      @ Emile

      Le quartier des prostituées se trouvait souvent près des remparts des villes antiques et médiévales. Rappelons-nous Rahab à Jéricho qui a fait basculer la bataille en faveur des assaillants cette fois.


  • Emile Mourey Emile Mourey 19 décembre 2021 21:03

    @ tous

    les seins nus, voir complètement nues.


  • Emile Mourey Emile Mourey 20 décembre 2021 00:13

    @ tous

    Spectacle digne de l"Antique :( oui ; complètement nues ! imaginez le bordel !


  • Emile Mourey Emile Mourey 20 décembre 2021 05:39

    Je me pose des questions sur César.. Sa chance n"aurait-elle pas été aussi d’avoir eu de bons capitaines, comme Labienus, Brutus,, etc. L’homme politiqu’il était n’aurait-il pas trop souvent tiré la couverture à soi ; Pourquoi certains de ses anciens lieutenants se sont retrouvés dans son opposition ? Bizarre !


    • Antenor Antenor 20 décembre 2021 18:46

      @ Emile

      Pendant que Labienus se joue avec brio des manoeuvres gauloises autour de Lutèce, César se retrouve en difficulté à Gergovie face à une armée gauloise assez faible par rapport à celle d’Alésia.


  • Rinbeau Rinbeau 29 décembre 2021 16:38

    Je ne sais pas si vous lirez ce commentaire !

    C’était pour vous informer de la tenue ce soir 29/12/2021 de l’émission sur

    France 2, Stéphane Bern au musée de Gergovie !

    Belle rigolade en perspective ! Je l’ai visité par curiosité et j’aimerais qu’ils nous

    expliquent d’où proviennent les pièces exposées là ! Mais certainement pas du

    plateau de Merdogne !

    Je ne me fais pas d’illusion, Ils ne nous le diront pas !

    Bien à vous Emile.

     smiley


    • Emile Mourey Emile Mourey 29 décembre 2021 19:40

      @Rinbeau
      Merci


    • Rinbeau Rinbeau 30 décembre 2021 12:30

      @Emile Mourey

      Désolé Emile, je me suis trompé de jour, mais il est possible de le regarder en replay sur France 2 !


    • Antenor Antenor 30 décembre 2021 13:33

      @Rinbeau

      Merci pour l’info, on va voir ça même s’il n’y a pas grand chose à en espérer. Ce genre d’émission est davantage destiné à promouvoir le tourisme local que la recherche scientifique. Les archéologues sont en train de s’enfermer dans une logique de rentabilité économique et politique court-termiste qui les mène droit dans le mur.

      @ Emile

      Je suis en train de reprendre à zéro mes réflexions sur les capitales militaires. Je pense avoir compris pourquoi la situation du Crest est la plus intéressante du secteur. Un gros détail m’avait échappé et il faut que je compare avec la configuration d’autres capitales militaires bien attestées pour confirmer.

      Bonnes fêtes à tous et à bientôt.


    • Rinbeau Rinbeau 30 décembre 2021 13:56

      @Antenor

      Bien évidemment !


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