lundi 4 juillet 2016 - par Taverne

La confiance : qui connaît la chanson ?

En regardant le film "on connaît la chanson" d'Alain Resnais, on s'amuse beaucoup des situations, des personnages et de leurs mots, comme dans une comédie de boulevard qui serait cinématographiée. En analysant attentivement l'oeuvre, on découvre un véritable creuset d'idées et de réflexions, d'exemples, qui peuvent venir à l'appui d'une analyse approfondie de l'humanité et de la société. Le film est riche de sens et se révèle plus édifiant que ne le sera jamais une leçon de philosophie ou de psychologie sur la confiance.

Le film "on connaît la chanson "est comme un cours de philosophie sur la confiance. Avant de débuter la savoureuse étude de moeurs de cette comédie d'apparence légère, il convient de définir ce qu'est la confiance, sur quoi elle repose.

La confiance est un faux savoir sur ce qu'il faut savoir

Nous avons besoin pour agir et faire des projets, d'avoir confiance dans le contexte et dans les autres. Cela passe par le savoir mais celui-ci est forcément limité puisque nous ne maîtrisons pas tout, et en tous cas pas ce qui ne dépend pas de nous et qui dépend des autres gens.

La personne omnisciente n'aurait aucun besoin de recourir à la confiance puisqu'elle saurait tout à l'avance, mais personne n'est dans ce cas et donc, pour compenser l'incertitude, nous plaçons notre confiance dans ce qui nous aide à déterminer nos opinions et nos choix, à savoir : les normes, ce qui nous est familier, les comportements de certains types qui correspondent à notre attente.

Bien sûr, il est souhaitable de recourir au savoir quand cela est possible plutôt qu'à la confiance, mais faute de pouvoir être omniscient, il nous faut bien chercher comment être en confiance. Ce qui fonde notre confiance est un faux savoir, un savoir qui ne repose que sur un pari, sur la prévisibilité, ou, si l'on veut "un savoir par provision" comme disait Descartes. Ce n'est donc pas un état d'ignorance car "celui qui ne sait rien ne peut raisonnablement pas faire confiance" (Georg Simmel).

L'ignorant en est réduit à croire et à obéir, ce qui explique le fossé de confiance creusé entre les experts et les non experts, le monde politique opaque et les citoyens. Comment ceux-ci pourraient-ils donner leur confiance à des politiciens pour qui le savoir, c'est le pouvoir et qui n'expliquent pas leur action ni les raisons des changements de leurs intentions ? Par mépris du peuple, ils ne font montre d'aucune pédagogie dans l'art de gouverner, art qui n'est plus d'ailleurs qu'un art de gouverner pour soi. Seule est de mise la démagogie en temps nécessaires (échéance électorale ou décision à faire passer).

Si la confiance n'est pas un véritable savoir, elle nous est pourtant d'un secours quotidien. Nous "savons" par expérience, perception, intuition, que nous pouvons avoir confiance.

La confiance peut être définie comme une capacité à se fier aux autres par anticipation de comportements prévisibles. Elle repose sur de justes attentes, "justes" dans le sens raisonnables et adaptées : on attend d'une mère de l'amour et de l'encouragement, on n'attend pas les mêmes choses de son banquier ou de son médecin.

Ce qui fait qu'Alain Resnais nous met immédiatement en confiance avec ce film, c'est qu'il fait de nous des spectateurs omniscients. Nous sommes continuellement informés de ce que les personnages savent et de ce qu'ils croient savoir.

"Que suis-je ?"

Pour être en confiance dans la vie, chacun a besoin de connaître qui il est et, à défaut, de pouvoir dire au moins ce qu'il est. Pour essayer de définir ce qu'il est, il se référera notamment à son métier. C'est l'anecdote de la femme interrogée par Dieu. Le Très-Haut l'interroge "qui es-tu ?" et la femme de fournir plusieurs réponses : "je suis l'épouse du boucher du village", "je suis la fille du forgeron", etc. Mais ces réponses successives ne sont jamais jamais satisfaisantes pour Dieu qui répète : "qui es-tu ?"

Dans le film, les quiproquos sur la profession sont nombreux. Le personnage joué par Dussolier ne sait pas quand il doit mettre en avant sa profession d'agent immobilier (un "requin") et quand il doit plutôt évoquer son métier de scénariste pour feuilletons radiophoniques (un ringard). Tout dépendra du message qu'il voudra donner sur lui, et donc des circonstances et de la personne qu'il pense discerner en son interlocuteur. Mais, il n'est pas facile de se faire une idée exacte de qui est l'autre, le métier ne renseignant pas suffisamment surtout lorsque l'on fait la cour. On ne sait pas jamais comment composer son attitude et l'expression de son visage (la rengaine de 1932, "on n'a jamais la gueule qu'il faut" illustre ce message).

Le malentendu le plus drôle intervient quand la maîtresse de maison Odile (Sabine Azema) prend un chauffeur pour un homme puissant (parce qu'il roule en voiture de luxe) et, par conséquent l'imagine en homme adultère. Sur quoi se base-t-elle ? En fait, son opinion était déjà faite : il est riche, il côtoie une jeune blonde, il a donc une maîtresse. C'est une liste de critères que ne remplit évidemment pas le mari d'Odile. Mais quand Odile apprend la vérité sur le métier de Nicolas, elle laisse échapper un "quelle horreur !" de classe, perçu évidemment comme très jugeant.

En tous cas, je ne suis pas "les gens"

L'opinion que l'on se forge sur les autres est une manière pour chacun de se positionner et donc de se définir. D'où l'intérêt des ragots, des cancans, au travers desquels nous parlons de nous-mêmes, nous disons qui nous sommes par opposition à ce que nous critiquons et en référence à des valeurs : "nous ne sommes pas ces gens qui commettent des adultères, ni ces personnes faibles qui deviennent dépressifs, etc." En résumé, au "que suis-je ?", nous répondons "je ne suis pas les gens dont je parle".

La famille et notre rang dans la société répondent pour nous à la question "que suis-je ?"

Dans un sens, c'est plutôt pratique. Les idées préconçues d'origine sociale et familiale sont mises en relief quand Odile n'admet pas la dépression ni même ce qui pourrait révéler quelque mal-être que ce soit. Elle n'a jamais connu la migraine, dit-elle. Elle refuse le plaisir d'une coupe de champagne "pour ne pas perdre le contrôle". La confiance en elle-même se paie à ce prix : tout contrôler. Pour elle, la mauvaise santé est une faiblesse et quand on lui annonce que sa soeur est dépressive, elle la sert contre elle et joue la scène du déni dans le but d'adresser un message faux à tout le monde. Ce message est pour elle rassurant car conforme à ses valeurs de solidité. D'ailleurs sa chanson emblématique est "résiste !" de France Gall (voir vidéo).

Sa soeur, jouée par Agnès Jaoui, a hérité de cette marque familiale et réagit d'abord par le déni lorsque quelqu'un, de fiable pourtant, lui annonce, non sans bienveillance, qu'elle pourrait être sujette à la dépression. C'est une chose jugée impossible dans son schéma de pensée familial. C'est aussi cette valeur familiale de confiance qui la fait se présenter de façon "anormalement détendue" à son examen de thèse. "Anormalement" parce qu'elle commence à prendre conscience de sa faiblesse qui est de croire qu'elle peut tout maîtriser, ce qui n'est qu'un préjugé tenace entretenu par sa famille. Le basculement se fait quand ladite famille vient la soutenir après son passage devant le jury et produit l'effet inverse à celui escompté. Elle, si "détendue", se trouve soudainement prise sous le poids d'une obligation familiale qu'elle ne peut plus supporter. Elle craque. La vérité a fait craquer le vernis et le supposé "anormal".

A propos de médecin, plusieurs scènes irrésistibles du film montrent un Nicolas (Jean-Pierre Bacri) hypocondriaque. On s'attend donc à ce qu'il se découvre toutes sortes de maladies, ce qui ne manque pas de se produire, jusqu'à espérer une dépression (le moindre mal). Mais là où le cinéaste joue finement, c'est quand il montre que les médecins eux-mêmes font des diagnostics et des prescriptions toutes relatives. Le médecin confortablement installé dans la vie comme dans son cabinet, s'adapte à son patient avec bonhomie. La doctoresse qui a son cabinet dans un immeuble entouré de travaux (vue sur des grues et nuisance sonore due aux marteaux piqueurs) délivre à son patient ses visions apocalyptiques sur les effets secondaires possibles des médicaments.

Notre confiance s'appuie sur un faux savoir fait de certitudes qui dépendent de points de vue induits eux-mêmes par des circonstances et par nos jugements relatifs à ces circonstances.

Voir ou ne pas voir

On voit ce qui nous arrange...

Odile est l'exemple caricatural de la personne qui croit ce qu'elle ne voit pas : elle édifie un faux savoir à partir de ce qu'elle ne fait qu'entrapercevoir. Ainsi imagine-t-elle trouver des indices sérieux d'adultère chez un homme (Nicolas), ce qui lui offre l'occasion de cancaner et donc de réaffirmer l'infaillibilité ses convictions vertueuses, mais aussi l'apparente solidité de son couple.

Ramenée à la réalité après quelques prises de conscience illustrées de tonitruants "quelle horreur !", elle s'est mis finalement en tête que son esprit imaginait tous les adultères et qu'aucun n'était réel, pas même celui de son mari qui se déroule sous ses yeux. Elle passe d'une forme d'aveuglement à une autre forme d'aveuglement. Comme nous, plus souvent que nous le croyons et à commencer par les autres personnages.

Alors que son couple bat de l'aile et qu'il ne sait plus où il en est, Nicolas se promène avec une photo de sa petite famille qu'il aime à exhiber et qui est une parfaite transposition d'une célèbre publicité vantant les mérites d'une marque de chicorée, un cliché idyllique de la famille auquel se raccroche un Nicolas en perte de confiance dans la vie et en lui-même, et qui refuse de voir la réalité qu'il vit.

L'agent immobilier sans scrupules se montre lui même hésitant quand il s'agit de placer sa blague moqueuse sur son "employé dramatique" comme il dit. A chaque fois surgit l'incertitude : suis-je en face d'une personne de même mentalité que moi et avec qui je peux rire des autres ? Comme on dit, on peut rire de tout mais pas avec tout le monde. Ainsi, le requin de l'immobilier montre-til lui aussi sa faiblesse au moment de jauger la confiance d'une situation et d'une personne, parce qu'il manque cruellement de capacité à voir (il n'est pas psychologue pour un sou).

...On ne voit pas ce qui risque de nous déranger !

La complice de sa petite blague, Odile, est aussi la victime de sa malveillance. En effet, il a vendu un appartement à celle-ci en omettant de lui parler des travaux qui allaient boucher la vue. Quand il est pris sur le fait, il plaide le fait de n'être pas responsable de ce qui va se produire dans l'avenir. Et pourtant il savait. Or, philosophiquement et moralement, le fait de savoir et d'occulter l'information est une tromperie qui compromet la confiance. Il n'a pas voulu voir ce qui dérangeait son plan. Mais dans la scène de fin - la réception donnée pour la pendaison de la crémaillère-, son collègue représentera pour lui tout ce qui dérange (celui-ci le sait et entonne le refrain d'Eddy Mitchell "j'vous dérange ?").

La tentation de points de vue réducteurs

Pour ne pas vaciller et perdre le peu de confiance en eux qui leur reste, certains font le choix de points de vue très limités, comme "les chevaliers paysans de l'An mille au lac de Paladru", sujet de la thèse de Camille. Cette étude historique très circonscrite ne lui permet-elle pas, par un focus sur une question dont elle devient l'unique experte, d'échapper à l'incertitude de la contradiction des opinions, puisque cette question, selon son propre aveu, "n'intéresse personne" ?

Sa soeur Odile voit aussi la vie selon un angle de vue très réduit, fondé sur l'idée que tout va bien tant que l'on reste confiant et fort.

La confiance est notre guide

Si le désir est le moteur de notre vie, comme l'a dit Aristote (Traité de l'âme : "il n'y a qu'un principe moteur : la faculté désirante"), la confiance est notre guide dans la vie.

A propos de guide, il y a cette scène irrésistible dans laquelle le gentil personnage joué par Dussolier, exprime sans retenue son besoin de renforcement de confiance en lui-même, en prenant la guide de vitesse et en divulguant lui-même les informations historiques de la visite. Par là-même, il se fait celui en qui il faut avoir confiance, celui qui sait mieux que la guide (jouée par Agnès Jaoui). Mais que se produit-il alors ? La confiance de l'homme se trouve renforcée par les encouragements du public (en la personne d'une dame âgée qui s'en remet à lui plutôt qu'à la guide) et il s'en trouve heureux, épanoui. Seulement, la guide, pas si confiante en elle qu'on le croirait, se voit décrédibilisée et le dit à notre homme qui s'en excuse aussitôt mais ne peut s'empêcher de récidiver de "bonne foi".

Quels sont les éléments qui permettent à la confiance de s'installer ?

On le voit, tout repose sur une réponse satisfaisante à la question "que suis-je ?" et sur des indices sérieux tirés de l'interrogation suivante "en qui puis-je faire confiance ?" Il y a donc un savoir provisoire qui se met en place (pour ce qui est de la confiance en l'autre) et un savoir plus inné (pour la confiance en soi et l'estime de soi), cultivé ou pas dans le cadre familial, puis scolaire, professionnel, etc.

Dans l'exemple donné ici, la dame âgée sait que, dans le contexte donné, elle peut faire confiance à la guide, mais aussi au visiteur érudit, qui a "fait ses preuves" en quelque sorte. 

Vous lisez cet article et son auteur vous dit qu'il a tout lu sur les philosophes, parce que l'étude philosophique est une passion à laquelle il se voue depuis toujours et surtout depuis quelques années. Il a par ailleurs produit des articles qui montrent ses capacités à éveiller les intelligences. La confiance présumée en la fiabilité de l'auteur va venir enrichir votre "savoir provisoire", qui vous sert de guide mais qui n'échappe pas à un certain déterminisme et qui induit lui-même des formes d'opinions.

L'effet girouette de la confiance

Vous avez donc ces bases à peu près sûres que l'auteur est dans son domaine et qu'il sait ce qu'il dit, que vous savez qui vous êtes et quelles sont vos propres opinions, et enfin que votre intelligence ne vous laissera pas duper.

Mais, pour en revenir au film, différents paramètres vont interférer dans la constitution de votre savoir provisoire et le modifier dans des directions données. Les personnages passent même d'un savoir provisoire à un savoir illusoire, parfois en un temps record qui amuse beaucoup le spectateur, toujours omniscient dans cette histoire et qui voit donc les choses arriver. On appelle cela l'ironie dramatique : les choses qui doivent arriver (et que le spectateur a intégrées) finissent pas arriver. Les personnages sont prisonniers de leur destin, destin qui lui-même façonné par leur guide, autrement dit leur confiance, qui les trompe en leur donnant des points de vue erronés sur les gens ou les situations.

Mais, comme nous le montrent ces comédies de boulevard, une certaine part de tromperie et de travestissement des identités ou des réalités, est supportable malgré tout, voire acceptable et inévitable. Le mari trompe sa femme, d'accord, mais est-ce si surprenant ? N'est-ce pas inhérent à la part d'erreur acceptable de notre guide qu'est la confiance ? Au dénouement, les choses rentrent dans l'ordre, enfin dans un certain ordre qui ne remet pas fondamentalement en cause la confiance et notre vie en société. Par exemple, l'ordre social et moral typique à ce genre traditionnel de comédies est sauvegardé. En effet, le mari volage vole au secours de sa femme qu'il soutient et qu'il défend âprement face au vilain agent immobilier. Par là-même, le désir de sa femme est comblé. Elle qui ne cessait de lui reprocher de ne pas savoir défendre de choix, de ne pas "résister" comme elle a appris à résister (dans sa famille), elle voit dans son mari tout-à-coup un héros qui défend un choix clair avec courage et autorité.

On revient de loin quand l'on repense à cette scène du restaurant où le mari très pusillanime se montre incapable d'arrêter son choix sur le type de fromage qu'il préfère, sans pouvoir s'appuyer sur le choix de son épouse ! Jusqu'ici, le mari n'avait aucune confiance propre pour guide, s'en remettant totalement, comme une girouette, aux désirs de l'autre. Si la confiance repose essentiellement sur des attentes, on peut dire qu'elle est rétablie dans ce couple.

Le bien se dresse contre le mal et chaque chose reprend sa juste place. Ce n'est pas seulement la valeur morale qui s'en trouve préservée et même renforcée, c'est aussi la valeur patrimoniale car, par ce geste noble, le mari consolide le couple dont la fortune n'ira pas à la maîtresse mais restera dans la famille.

Tout est bien qui finit...de façon rassurante !

Les attentes, voilà ce qui fait le fondement d'une confiance renforcée ou retrouvée. Si ces attentes, légitimes et raisonnables, sont satisfaites, la confiance est là. Si elles sont déçues, il y a rupture de confiance. A chaque moment, le "contrat" est remis sur la table. "Comment veux-tu que je te fasse confiance ?" demande Jane (Birkin) à Nicolas (Bacri). La réponse est dans le camp de ce dernier, qui trouvera la ressource de réagir à la fin, pour recoller avec Jane en lui chantant "j'veux pas qu'tu t'en ailles". Raison invoquée ? "parce que j'ai attendu beaucoup" et l'on comprend alors que les attentes que nous avons envers une personne préexistaient à la rencontre avec cette personne, nos attentes s'étant formées autour d'une idée d'âme soeur non encore identifiée. Quand la rencontre se fait, l'élu de notre coeur endosse ces attentes.

Maintenant, pour ce qui est du savoir fondateur notre confiance, il est tributaire de nombreux aléas et d'un perspectivisme nietschéen. Ce sont tant les points de vue que les points de vie qui déterminent le contenu de ce savoir. Les points de vie sont nos expériences vécues mais aussi les récits qui s'y rattachent. Le récit que l'on se fait est comme la trame et le tissu de notre confiance, et, dans ce récit, il y a des leimotivs qui reviennent régulièrement. Au fond, c'est comme des refrains de chansons ! C'est pourquoi, le père d'Odile et de Camille nous interpelle directement dans la toute dernière scène : "tiens, ça me rappelle quelque chose çà ! Y'a quelqu'un qui connaît la chanson ?"

 



14 réactions


  • Sozenz 4 juillet 2016 15:43

    Nous avons besoin pour agir et faire des projets, d’avoir confiance dans le contexte et dans les autres.

    « faux », regardez les enfants . s ils n ont pas ete pervertis par des craintes que leur a conditionné les proches et leur environnement , les enfants agissent d une façon spontanée dès le départ .
    donc la confiance ne conditionne pas l action . c est la liberté intérieure , l Etre qui va induire l’action naturelle, la créativité ,
    ( j ai mis faux entre guillemet , car c est exacte quand l Etre est « perverti » par l’environnement et que le mental prend le dessus.


  • Sozenz 4 juillet 2016 15:55

    le projet peut etre un besoin " d accomplissement . il peut etrer valalble , ou non valable . il peut etre bénefique ou nous emmener dans la destruction de nous même . il va par contre nous faire vivre une expérience. 
    cette expérience ( causes - effets successifs vont nous apporter normalement (pour ceux qui vont se poser des questions ) à une conscience .
     cette conscience va nous amener plus spécifiquement à ce dont nous avons véritablement besoin et ce dont nous devons nous dégager .
    donc en situation de non confiance , projets foiré , nous pouvons être poussé d agir en réajustement . le projet ne devient plus une ambition ou un besoin de réalisation , mais un besoin de retour à l Être...


    • Taverne Taverne 4 juillet 2016 16:53

      @Sozenz

      Le projet, mais c’est nous ! Nous sommes projet. Le projet extérieur n’est qu’un prétexte : c’est nous-mêmes que nous réalisons..


  • Fergus Fergus 4 juillet 2016 16:23

    Bonjour, Paul

    « Alain Resnais nous met immédiatement en confiance avec ce film »

    Cela vaut peut-être pour certains spectateurs. Pour ce qui me concerne, je suis sorti de la salle au bout de 20’ de projection tant j’ai trouvé ce film affligeant, pour ne pas dire nullissime. Et cela bien que je sois habituellement un amateur de Resnais. 

    Je suis donc dans l’incapacité de mettre ce film en perspective avec la question de la confiance.

    Cela dit, je ne crois pas que la confiance soit intrinsèquement liée au savoir : il s’agit, à mon avis,d’un état d’esprit plus ou moins inné que l’évolution du savoir et des expériences ne manque évidemment pas d’impacter et d’affiner en prenant de l’âge, mais sans en modifier foncièrement les fondamentaux, sauf expérience personnelle traumatisante.


    • Taverne Taverne 4 juillet 2016 16:50

      @Fergus

      Le début du film n’est pas à la hauteur de la seconde moitié. Je m’en suis aperçu en revisionnant le début que j’avais raté. Tu aurais dû rester 5 minutes de plus...Le film devient intéressant quand on voit les personnages évoluer.

      Resnais aime placer la vie en perspective : soit en filmant au-dessus des personnages comme s’ils étaient des rats de laboratoire soit en multipliant les points de vue sur eux, comme cela est le cas ici (un personnage peut être simultanément présenté comme très con ou formidable selon les deux interlocuteurs qui échangent à son propos, et selon la face qu’il présente (métier ou rôle d’amoureux, de parent).

      C’est là tout l’intérêt. Il montre à quel point nos opinions sont fonction des circonstances. Parfaite démonstration de ce que disait Nietzsche (le perspectivisme).


    • Taverne Taverne 4 juillet 2016 23:33

      @Ratatouille

      On peut perdre confiance pour bien moins que cela. Par exemple, un enfant auquel l’adulte n’accorde pas son regard...


    • Fergus Fergus 5 juillet 2016 09:39

      Bonjour, Ratatouille

      C’est possible, mais pas certain :

      1) J’ai moi-même été victime il y une vingtaine d’années à Paris d’une agression gratuite (coups de poings et de pieds sans vol de ma sacoche) commise par trois jeunes shootés à un crack dénaturé. Cela n’a pas modifié mon rapport aux jeunes pour autant.

      2) Ma belle-sœur a été jetée à terre et dépouillée de son sac à main il y a quelques années dans une ruelle du Kremlin-Bicêtre. Cela l’a rendue plus méfiante dans les rues désertes, mais n’a pas modifié ses rapports à autrui.


    • Taverne Taverne 5 juillet 2016 12:15

      @Ratatouille

      Oui, mais n’est-ce pas aussi la confiance en soi dans ce cas qui est en cause ? La confiance est quelque chose qui se ressent physiquement : cela consiste à se sentir bien, détendu, en confiance. Si on ressent de symptômes d’anxiété voire d’angoisse, en ce cas il est clair que l’on n’est pas en confiance.

      De façon, générale, je n’aime pas les gens. Mais j’aime bien les personnes en particulier.


  • Sozenz 4 juillet 2016 17:59

    « celui qui ne sait rien ne peut raisonnablement pas faire confiance » (Georg Simmel).

    celui qui ne Sait pas tout ne peut raisonnablement pas faire confiance ( sozenz)

    je dirais que nous n avons aucune certitude sur quoique ce soit . Vous ne pouvez pas faire confiance dans les personnes , dans votre vision, vos savoirs etc ... si le process est incomplet. tant qu une faille est possible vous être ( si vous vous « accrochez » à ce qui est extérieure)et serez toujours dans l incertitude et le manque de confiance Vous ne pouvez qu accepter ce que sont les choses sont et tenter de construire en vous quelque chose d inébranlable pour que quoiqu il arrive vous puissiez Être  
    Si je peux me permettre c est suivre le chemin Christique .
    désolée de mettre cette image en avant pour les non croyants mais il faut aller au delà des dogmes l’image de la personne (sa représentation physique) , mais visualiser le sens profond .

    . La personne qui n’a pas cela en conscience sera toujours déçue, ou se sentira trahis par aveuglement ( et non, sait qu elle peut être trahis à tout moment ) , ou sera bercé d illusions
    La personne qui sait cela n e s appuie plus sur les autres , n en attend rien et peut partager librement .


  • bakerstreet bakerstreet 4 juillet 2016 22:45

    Bravo pour votre article qui représente un vrai travail de recherche. Décidément, la confiance vous interpelle par les temps qui courent, où beaucoup l’avez vous remarque ne font plus confiance aux gens à qui ils avaient remis leur vote. Inutile d’expliquer pourquoi, tout le monde comprendra, dans cette société de la démagogie et du clivage. Sauf ceux du PS qui rasent les murs, qui hésitent à faire leur université d’été à Nantes, par exemple. Aurait il peur de la colère des citoyens, après avoir trahi leur confiance. 

    « celui qui ne sait rien ne peut raisonnablement pas faire confiance » ...Beaucoup donnent leur mot, interviennent, sur un tel sujet. De façon discutable, par exemple cette phrase d’auteur que vous citez : Le petit enfant ne sait rien, mais il a une confiance absolue dans ceux qui s’occupent de lui...La raison n’a donc rien à voir avec la confiance, et l’intelligence n’est pas le meilleur guide. . Il nous faut créer le terrain de l’empathie. Car la confiance est une nécessité vitale quand nous sommes tous dans la même chaloupe, car les vies se tiennent alors les unes aux autres. En conséquence les sociétés les plus heureuses, les plus confiantes, sont celles où la nécessite du lien fait loi. Plus vous vous en écartez, plus vous flatter les individus séparés, et plus vous filez vers le malheur et la guerre. Et l’absence de sentiment, la mort. Shakespeare a écrit son oeuvre la dessus. Et« songe d’une nuit d’été » est à l’antipode du roi Lear ou d’Othello.

    Le film de Resnais était intéressant. La confiance est abordée au cinéma par le biais de la fusion des êtres, de l’idéalisation, de l’amour. La trahison est le corollaire un peu fâcheux, mais pas obligatoire. On a chanté le tendre hymen dés le moyen âge, et ses mérites n’ont pas déparé, malgré les temps qui courent furieusement. Au bal des égos, la solitude est la règle. Je souhaite à tous d’avoir une tendre compagne, un ami bienveillant, pour garder au moins cette réserve d’assurance et de lumière, de confiance aux autres, et donc en soi même, quand les temps se font obscur, et que le doute s’insinue. 

    • Taverne Taverne 4 juillet 2016 23:29

      @bakerstreet

      Vous l’avez dit, la confiance, c’est le lien. Là où il y a confiance, les hommes sont des tisserands. Entre les mailles qui les relient, le doute parfois s’insinue. Mais aujourd’hui, c’est pire que ça et l’autorité a perdu la confiance des gens. Quand un pape dit « n’ayez pas peur ! » (appel négatif à la confiance par l’évocation de son contraire, la peur) à la place d’un « ayez confiance » qui jadis aurait suffi, on mesure les dégâts produits. Sont-ils irrémédiables ?

      Le tissage est à refaire. Mais chacun doit aussi faire son tissage intérieur. La confiance est le tissu du récit personnel qu’on se construit et le tissage que l’on fait avec les autres dans la relation d’interdépendance.


    • Fergus Fergus 5 juillet 2016 09:47

      Bonjour, bakerstreet

      « les sociétés les plus heureuses, les plus confiantes, sont celles où la nécessite du lien fait loi »

      C’est vrai à ce détail près qu’il s’agit moins de confiance que de solidarité bien comprise.

      Bien qu’anecdotique, ’ai connu cela dans des villages d’Auvergne au climat rude où l’on pouvait rester isolés durant des semaines autrefois. Avec à la clé des problèmes de nourriture, de soins aux animaux, et parfois de santé pour les humains. Dans ces temps-là, la solidarité était totale, y compris entre gens qui se détestaient depuis des générations et n’avaient en temps normal pas la moindre once de confiance l’un pour l’autre.


    • bakerstreet bakerstreet 5 juillet 2016 11:17

      @Fergus
      Bonjour

      Je ne sais plus qui a écrit cette phrase, dont voilà à peu près le contenu, et qui vous rejoint : « Plus les gens ont des obligations les uns les autres, et se rendent service, plus ils s’aiment, plus ils se sentent libres les uns des autres, et plus ils se détestent. »

    • Fergus Fergus 5 juillet 2016 11:31

      @ bakerstreet

      Cette phrase est en effet assez juste.

      A noter un élément important de cet « amour-rejet » : la promiscuité. Habituellement, c’est pour les citadins que l’on parle de promiscuité ; or, les citadins, une fois hors de leur appartement, sont dilués parmi les inconnus de la ville. A contrario, les habitants d’un petit village, et a fortiori d’un hameau, ne peuvent s’« isoler » dans la foule urbaine ; ils sont en conséquence presque toujours confrontés à leurs seuls voisins, avec une mise en évidence les qualités et les défauts de chacun.

      Bonne journée.


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