mercredi 25 mai 2011 - par Taverne

La croissance peut-elle reposer sur l’or gris ?

Alors que l’ODAS nous apprend que les dépenses des départements vont encore augmenter en 2011, des professionnels du secteur du vieillissement et de la dépendance se posent cette question : « peut-on investir dans l’or gris ? » Peut-on y voir un atout pour notre croissance ? Oui, répondent les participants à un colloque qui s’est tenu à Angers en avril 2010 sur le thème « Investir dans la vieillesse : un enjeu de développement pour les territoires ? » 

Les réflexions sont tellement justes et prêtent tellement à méditer que je les ai reprises telles quelles dans les actes du colloque (que l’on peut consulter ici : 90 pages) et que je me suis abstenu du moindre commentaire. Vous jugerez vous-même de leur profondeur et de leur pertinence.

La problématique est exposée ici dans son lien avec les territoires. J’ai relevé des extraits 

« Actuellement, le scénario catastrophe ne cesse d’être alimenté contribuant à donner au vieillissement une image négative, source de tous les malheurs et les maux à venir. Les vieux coûtent chers et seront de plus en plus nombreux. »

« Cela peut sembler paradoxal mais le vieillissement est un élément fédérateur. Les richesses et les dons créent une différence mais le vieillissement rassemble. Personne n’échappe à la vieillesse. Curieusement, cette réalité commune ne constitue pas le socle des politiques et des interventions à domicile. »

« Les débats sont inexistants en matière de définition des services au juste prix par rapport à la dignité et aux besoins des personnes. La logique financière du moindre coût s’impose avec une facilité déconcertante. »

« Il est impossible d’être sur un schéma ascendant en permanence, du moins dans notre existence terrestre. »

« Est-ce une façon durable de penser la vie que d’exclure la limite de la vie ou une fin de vie peu glorieuse ? »

« Il faut inscrire la problématique du vieillissement non pas à la fin de la vie, au moment de la rupture ou de la catastrophe mais l’inscrire au coeur du dynamisme de la vie performante. »

« Il s’agit d’investir au sens strict dans la réalité de la vie, pas d’investir dans le vieillissement pour le vieillissement. Le défi consiste plutôt à aller chercher ces valeurs paradoxales, de les prôner et de les enraciner au coeur d’une société. »

« Les termes « investir dans la vieillesse » et « sa plus-value pour les territoires » renvoient à la science économique. Une telle approche vise à montrer que la vieillesse n’est pas uniquement un coût. Le développement durable suppose de dépasser une approche basée sur l’équilibre financier entre coûts et recettes. L’objectif est plutôt d’identifier les apports d’une population âgée sur un territoire. »

« Aspects socio-économiques du vieillissement : Trop souvent la société juge la personne en fonction de son âge et perçoit les enjeux du vieillissement seulement sous l’angle de son coût et du risque de déclin. Une personne âgée est d’abord un être humain. Or l’être humain n’est pas un produit avec une date de péremption à respecter ! Jusqu’au dernier jour de sa vie, il reste un citoyen. »

« La majorité des seniors souhaite vivre chez eux. 90 % des plus de 60 ans vivent à domicile et 20 % des 85 ans vivent en résidence collective. Cette volonté de vivre à domicile correspond à une idée persistante selon laquelle cela coûte moins cher à la collectivité qu’un hébergement collectif. Il existe pourtant d’autres lieux collectifs que les EHPAD. Le coût des personnes âgées qui souhaitent rester à domicile peut devenir extrêmement important lorsque six à sept personnes aux compétences variées doivent intervenir auprès d’elles. Pourquoi ne pas imaginer un métier d’assistance aux autres ? La personne qui fait une piqûre ne pourrait-elle pas aussi faire la vaisselle ou aider aux courses ? Serge Guérin estime qu’il faudra un jour mener une réflexion autour de ce sujet. Par ailleurs, certaines personnes âgées en ont assez de voir défiler chez elles une dizaine de personnes qui ont la clé de leur logement. Parfois, les lieux collectifs se révèlent plus tranquilles de ce point
de vue. »

« La consommation des seniors représente 50 % de la consommation totale.
Tous les secteurs les intéressent. La relance de Porsche s’est fondée sur les seniors.
Le sociologue cite le « paradoxe de la Twingo ». Dans les années 1990, Renault a décidé de créer une voiture pour les jeunes urbains et a lancé la Twingo. 55 % des ventes globales ont concerné des couples de plus de 50 ans et plus des deux tiers pour les Twingo de luxe. Car les jeunes urbains qui avaient de l’argent préféraient acheter une golf et ceux qui étaient moins fortunés préféraient une voiture d’occasion. En revanche, cette voiture correspondait très bien aux seniors. »

« Dans de nombreuses communes rurales, plus de 50 % de la population a plus de 65 ans. Dans les années à venir, les plus de 85 ans seront plus nombreux que les enfants dans une grande partie des villes. C’est pourquoi il est important que les élus et les décideurs prennent en compte le vieillissement et réfléchissent sur le choix entre les structures en termes de logiques de territoire. »



16 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 25 mai 2011 10:45

    L’allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) actuelle serait remplacée
    par l’obligation faite aux personnes de plus de 50 ans de souscrire un contrat
    d’assurance dépendance auprès d’une compagnie privée ! Cette fois, il n’y a
    plus aucune pudeur à dévoiler que le « marché de la dépendance » est ouvert
    exclusivement aux intérêts financiers des compagnies d’assurances. Sous
    prétexte de gagner en compétitivité, il n’est pas question de taxer les hauts
    revenus de la finance, ou les actionnaires du CAC40. Pourtant ce sont biens
    les cadeaux fiscaux a ses privilégiés qui creusent le déficit de l’état ! La
    dépendance sera donc prise en charge par les personnes elles même et leur
    famille. Chaque nouvelle réforme est un prétexte pour casser la solidarité,
    imposé des solutions individualistes pour aller au final un désengagement
    total de l’état ; Il faut livrer tout les secteurs au marché : Nicolas Sarkozy à été
    élu pour cela !Voir :
    http://2ccr.unblog.fr/2011/01/05/les-vieux-coutent-trop-chers/


    • Marc Bruxman 25 mai 2011 19:41

      Ben c’est surtout qu’il vaut mieux que ce soit une compagnie d’assurance privée qui fasse faillite (surtout si elle est séparée juridiquement des compagnies qui assurent des risques utiles) plutot que l’état.

      La dépendence est inassurable. Mais comme l’état ne veut pas prendre les vrais mesures qui s’imposent (notamment l’euthanasie sur consentement de la personne euthanasiée) il va laisser des compagnies privées faire du fric à court terme, se planter à moyen terme et on dira : les vieux crévent c’est la faute du privé ;) Ben oui !


  • c.d.g. 25 mai 2011 15:25

    l or gris est un pur mirage !
    C est simplement un transfert des jeunes generations (qui paient retraites et assurance maladie) vers les retraites qui recoivent
    Donc ce qui depensé par les uns ne l est pas par les autres.
    C est un peu comme si on decidait de donner 2000€ par mois a tous les bretons. Ca va booster une partie de l economie bretonne mais ca va etre mortel pour le reste de la France

    Sur le fond :
    Je ne pense pas qu actuellement la generation a favoriser soit les retraites (bien sur il y a des difference etre la veuve de 90 ans qui vit avec une petite pension de reversion et le papy boomer qui enchaine croisiere et vacances au bout du monde, mais globalement les retraites ont un niveau de vie superieur aux actifs (source INSEE))

    C est assez terrible de voir que la societe francaise sacrifie sa jeune generation afin de preserver le confort du 3eme age

    PS : j ai pris les bretons comme exemple a cause de l auteur. On aurait pu prendre une autre region. En fait on subventionne deja massivement la corse par exemple. et on peut pas dire que c est une reussite


    • Marc Bruxman 25 mai 2011 19:39

      « C est assez terrible de voir que la societe francaise sacrifie sa jeune generation afin de preserver le confort du 3eme age »

      +1

      Le problème c’est que les retraités votent et les jeunes non. Et que notre systéme de retraite par répartition est toxique. Et c’est con à dire mais cela va malheureusement mal se terminer dans un second temps.


  • Laratapinhata 25 mai 2011 16:42

    Ouf, avec votre titre j’ai cru qu’on allait rouvrir la chasse à la baleine !


  • Laratapinhata 25 mai 2011 16:46

    Si on met bout à bout les articles d’agoravox : on euthanasie les vieux malades et pauvres, les riches on les rackettent....


  • Frabri 25 mai 2011 18:24

    La décroissance peut elle reposer sur l’or gris ? ? ? ?

    C’est possible, car le « monde de la retraite » produit peut, et ceux et celles qui ont une petite retraite consomment peu ?

    http://www.bing.com/search?q=%22monde+de+la+retraite%22&form=QBLH&filt=all&qs=HS&sk=&pq=%22monde+de+la+&sp=1&sc=8-13

    Les jeunes retraité-e-s sont actif-ve-s, sans travailler, sans produire, sans dirigeant-te-s. Ils et elles peuvent servir de modèles pour la décroissance.


  • Marc Bruxman 25 mai 2011 19:30

    On ne peut pas faire de croissance sur des gens qui ne travaillent pas. Ils deviennent mécaniquement un coût. Certe, il faudra claquer du fric pour les entretenir ce qui générera de l’emploi (torchage, etc, ...) mais cela reste un coût pour la société vu qu’ils ne produiront pas en eux même l’argent nécéssaire à cet entretien.

    Il n’y a que les pays qui ont une retraite par capitalisation qui vont voir le capital transformé en service de torchage. Cela dit la baisse de prix des actifs va en réalité être très défavorable aux retraités suivants. Le millieu de la génération X va prendre super cher vu qu’ils auront payé très cher leurs avoirs et que ceux ci vont se dévaloriser. Leur fric va se transformer en pampers.

    La seule façon de créer de la croissance à partir des gens agé serait qu’il puissent travailler plus longtemps (à la fois légalement mais surtout physiquement). Or, si le chomage des jeunes régresse actuellement, la classe d’age des plus de 50 ans a pris très cher à cause de la révolution internet qui a rendu nombre d’entre eux redondants.


    • Laratapinhata 25 mai 2011 20:03

      On ne peut pas faire de croissance sur des gens qui ne travaillent pas. Ils deviennent mécaniquement un coût.

      Mais qui ont des économies, et peut-être des biens ... que la collectivité aimerait sans doute récupérés... par le truchement de services à la personnes ...


  • Theodore 26 mai 2011 03:12

    c’est qand meme oublier que nous cotisons environ 19 % de notre salaire plus les cotisations patronales pour payer entre autre la retraite de nos parents et grands parents , le péché originel du système français étant que la retraite a été accordée à une génération n’ayant jamais cotisé en faisant porter le poids sur les générations futures.
    Une bonne reforme serait de rattraper cette erreur afin que nos enfants n’aient pas à cotiser pour nous.


  • Frabri 26 mai 2011 07:06

    « Il est impossible d’être sur un schéma ascendant en permanence, du moins dans notre existence terrestre. »

    C’est vrai sur le plan matériel , mais pas spirituel
    Pour le progrès spirituel il n’y a pas de limite d’age.

     http://www.bing.com/search?q=%22progr%C3%A9s+spirituel%22&go=&form=QBLH&filt=all&qs=n&sk=

    « Je me prépare a mourir en privilégiant ce qui est prioritaire pour le laps de temps qui me reste à vivre » Sœur Emmanuelle, Mille et un bonheurs, carnets nord


  • Gargantua 26 mai 2011 13:33
    La croissance peut-elle reposer sur l’or gris ?
    Pourquoi sommes nous obséder par la croissance ? Car quand on analyse la croissance, elle a augmenté le niveau de vies de l’Occident au dépend du Tiers Monde. Et maintenant on peut observé, le titanesque siphon de sa chute qui nous aspires vers une pauvreté généraliser.
    Car le débat sur la vieillesse, illustre bien l’impasse d’une réalité que l’on ne veut pas voir que nous accrochons à des arbres morts pour retardé le plus longtemps possibles la réalité d’une faillite généralise du modèle imposé par l’Occident au Monde.
    Car la croissance en réalité n’est qu’un pilage des ressources de l’avenir par le présent, c’est manger le blé en herbe.
    Le débat sur le pouvoir économique des veilles personnes est un leurs, car l’on sait qu’elle concerne une infime proportion de personne qui on les moyens économiques de subsistances, pour les autres c’est part crédit que l’on envisage de répondre à leurs besoins et il est évident que cela devient impossible, de continuellement à s’endette. 
    Car qui va redresse l’endettement, les générations futures, et avec quoi ?
    Avec leurs acquis ? quel acquis ? Il y a plus d’acquis possible, car les acquis se réalise sur le modèle de répartition, et nous prenons vraiment le modèle de la répartition, non, nous allons droit vers un Monde généralise d’esclavage économique et dans ce cas de figure, la question du services à la personnes des veilles personnes dépendantes est un leurs.
    Car sans que nous mesurons les conséquences, nous avons tous collaborés à la mise en place et à son maintient d’un système économique prédateur, qui a consiste aux transferts de la force du travail ( la véritable richesse de la santé économique) vers la dépendances de la puissance économique inégalitaire qui se concentre aux dépends de ceux qui la crée.
    Donc tant que l’on n’acceptera pas que l’avenir passe part une économie fraternelle, d’entraide mutuelle tous les questions que pose la société actuellement, c’est de mettre un faux pansement sociale sur une jambe de bois. Qui reviens à dire que tous ce colloque est soporifique et illustre bien, cette l’impossibilité de se projeté dans l’avenir.

     


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