jeudi 20 octobre 2016 - par Paul ORIOL

La droite impose le tempo

La droite impose le tempo

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La droite impose le tempo

La révolution conservatrice, libéralisation économique et financière, avec toutes ses conséquences au niveau social, a conquis le monde, non seulement les conservateurs mais aussi les partis de la gauche de gouvernement. Désormais, il est difficile de faire la différence entre une politique économique et sociale de droite ou de gauche. La question du chômage perdure depuis 30 ans et les inégalités ne font que croître à l’échelle nationale et mondiale.

Étant donnée l’incapacité des précédents présidents de la République et gouvernements, de droite ou de gauche, à faire baisser le taux de chômage en France dans le passé, il est peu probable que de nouvelles propositions soient avancées par les partis de gouvernement. Cela supposerait qu’ils remettent en question les contraintes budgétaires des traités européens qu’ils considèrent comme intouchables. Tout autant que l’intérêt des catégories sociales dominantes dont ils sont les représentants.

Comme lors du premier débat pour la primaire de droite et du centre, ils proposeront de diminuer les impôts, de diminuer le budget de l’État, et donc le budget social, le nombre de fonctionnaires en supprimant des services ou en les privatisant. Le concours sera à celui qui respectera le plus rapidement possible les règles du traité de Maastricht sur le déficit, la dette, la balance commerciale…

Cette politique et ses conséquence sociales – augmentation du nombre de pauvres, des riches chaque jour plus riches – entraîne, dans la plupart des pays, la montée d’un sentiment d’abandon, le rejet de la politique et surtout des politiques… Ce dont témoignent l’augmentation du nombre de citoyens qui ne s’inscrivent pas sur les listes électorales, qui s’abstiennent parce que cela ne sert à rien de voter ou qui votent pour des formations non gouvernementales.

Toute autre politique suppose un affrontement avec la tutelle de Wolfgang Schäuble et un changement des règles budgétaires ou une sortie des normes de l’Union européenne. Il n’est possible que de se soumettre ou d’affronter. Pour beaucoup, le choix est déjà fait.

D‘autant que les candidats à la candidature peuvent difficilement incarner le renouveau. A la primaire de droite et du centre, sur les sept candidats, six ont participé à la politique de la droite au pouvoir : l’un comme président de la République, avec un avenir judiciaire, deux comme premiers ministres dont un avec un passé judiciaire, trois comme ministres (Jean-François Coppé 2002, NKM 2007, Bruno Le Maire 2008).
Les choses sont légèrement différentes dans l’autre parti gouvernemental, le PS qui n’a pas empêché la poursuite de la politique de François Hollande depuis le début du quinquennat. Pour le moment, en attendant une éventuelle candidature de François Hollande, six personnes se sont déclarées dont 2 ont démissionné du poste de ministre pendant le quinquennat.
 

La droite impose le tempo

Les sondages ont persuadé tous les prétendants à la candidature que l’extrême droite est déjà qualifiée pour le second tour de la présidentielle. La question est donc qui l’affrontera avec toutes le chances d’accéder à la présidence de la République par suite du tout sauf Marine Le Pen que tout le monde pense qu’il est, encore ?, largement majoritaire dans l’électorat, sondages à l’appui.

Lors de la campagne de 2012, Nicolas Sarkozy, malgré le tout sauf Sarkozy, important à l’époque, avait pu dépasser Marine Le Pen en reprenant une partie de ses arguments. Et il échouait de peu lors du second tour (48,36% contre 51,64 %). Apparemment la même tactique employée aujourd’hui, avant d’annoncer et après avoir annoncé sa candidature, en multipliant déclarations sur l’immigration, l’identité nationale… Il n’est pas sûr qu’il ait le même succès. Il y a, cette fois, une primaire de droite, difficile à gagner, et un candidat à cette primaire qui a surpris et qui a pu apparaître plus sérieux, plus posé et tout aussi droitier que lui.

Les dernières élections présidentielles devraient conduire à disqualifier d’un point de vue démocratique, l’élection présidentielle et encore plus l’élection présidentielle dans le cadre de la Vième République qui n’institue aucun contre-pouvoir et fait du président élu un monarque républicain. Phénomène encore accentué par la place dans le calendrier des élections législatives.

En dehors de cette malformation congénitale, il faut ajouter l’usage qui en été fait : quel voyant extralucide pouvait prévoir, en 2012, la politique que suivrait François Hollande pendant son quinquennat. Quant à Nicolas Sarkozy, comme il a tout dit et son contraire…

La droite impose le tempo

Mais la dangerosité de Nicolas Sarkozy est ailleurs. Elle est dans son extraordinaire énergie pour occuper l’espace médiatique par des déclarations tonitruantes qui font parler de lui, tous les jours, sa capacité à lancer des propositions, toujours plus à droite. Suivant les conseils de son ancien ami Patrick Buisson. Propositions auxquelles il ne croit pas obligatoirement, dont ils sait lui-même qu’elles sont quelquefois inapplicables mais qui laissent des traces dans les têtes.
D’autant que, aujourd’hui, ces thèmes sont repris, souvent avec les mêmes mots par la droite qui court après l’extrême droite et la gauche qui court après la droite !!! Et donc légitiment des paroles et des comportements très discutables.

Cette tactique a failli lui réussir en 2012 malgré le tout sauf Sarkozy. Il essaie de la reprendre en vue de 2017. Allant glaner le plus possible dans le jardin de Marine Le Pen, il a l’espoir de paraître plus crédible car plus susceptible qu’elle de vaincre au second tour. Et de faire passer certaines de ces propositions dans les faits.

Avec le risque de recentrer l’extrême droite. C’est un peu ce qui est apparu dans le premier débat pour la primaire de droite et du centre avec un Jean-Frédéric Poisson, plus à droite sur les questions sociétales, avortement, mariage pour tous, en accord sur de nombreux points avec Marion Maréchal-Le Pen, et beaucoup moins virulent, à la surprise générale, que la droite classique sur les fonctionnaires, les syndicats, les 35 heures… En fait plus proche de l’extrême droite et plus convenable qu’elle et que Nicolas Sarkozy…

Pour le moment, malgré l’opposition de la population, d’après les sondages, l’importance des manifestations, répétées, l’obligation d’utiliser le 49/3 à l’Assemblée nationale, la loi Travail a été adoptée. Dans cette période préélectorale, le débat public ne porte pas sur les questions sociales mais sur des thèmes choisis par la droite : immigration, roman national, identité, questions sur lesquelles l’extrême droite et la droite sont souvent fort proches. Et sur lesquelles la gauche n’est pas toujours claire et capable de faire entendre un autre discours, cohérent et audible par de larges couches de la population.

La droite impose le tempo


5 réactions


  • Parrhesia Parrhesia 20 octobre 2016 11:12
    >>> Mais la dangerosité de Nicolas Sarkozy est ailleurs. <<

    Exact !
    La dangerosité de Sarkozy (et des siens) se trouve principalement chez leurs patrons !
    Comme, d’ailleurs, la dangerosité de Hollande et des siens !
    Patrons qui sont d’ailleurs les mêmes dans les deux cas et qui gouvernent maintenant l’Occident sans partage !!!
    Depuis plus de vingt ans, il n’y a plus en France ni droite, ni gauche ni centre dignes de ce nom !
    Il y a d’un côté l’infime minorité mondialiste, ses media et serviteurs assimilés, plus grassement rétribués que la moyenne afin de leur permettre de se faire les « dents » en or, et de l’autre, la masse des manipulés de plus en plus « édentés », quelle que soit la nature de l’argumentation fumeuse qui servent à les manipuler !
    Tant que le corps électoral français n’aura pas globalement assimilé cette réalité et ne prendra pas le contre-pied systématique de la « propaganda merdiatique » dominante, pas de salut !!!

  • Francis, agnotologue JL 20 octobre 2016 11:22

    Il faut être lucide : le Système, ou l’establishment (qui est son bras armé) promeut le candidat qui conservera au mieux son intégrité, à défaut celui qui changera le moins possible la donne. Cela pourrait être érigé en vérité première.

     
     En 2007, le candidat du Système était Sarkozy.
     En 2012, le candidat du Système était Hollande.
     
     Pour 2017 the winner is ... Alain Juppé. 

  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 20 octobre 2016 11:33

    "Toute autre politique suppose un affrontement avec la tutelle de Wolfgang Schäuble et un changement des règles budgétaires ou une sortie des normes de l’Union européenne. Il n’est possible que de se soumettre ou d’affronter.« 
    Il existe une 3e solution, c’est le Frexit, la sortie définitive de l’ UE, par l’article 50.


    Les Traités européens sont des Traités internationaux qui ont été signés par la France avec chacun des autres 27 pays. Et pas seulement avec l’ Allemagne !

    Pour faire les changements que souhaite l’ auteur, il faut que les 27 soient d’accord à l’unanimité. Ce qui n’arrivera jamais, l’ Europe est plus divisée que jamais. Aucun dirigeant ne prendra le risque suicidaire d’ouvrir la boîte de Pandore en ouvrant des années de palabres et de renégociations. Ce serait accélérer la désagrégation de l’usine à gaz...


    Faire croire que les Traités seront remis à plat, alors que tout l’édifice vacille, c’est prendre les citoyens pour des gogos. C’est ce que fait actuellement »la Gauche insoumise« . »Sortir des Traités pour en mettre d’autres à la place« . Rêve !

    C’est ce qu’a pourtant expliqué Mélenchon à Berlin, le 23 septembre dernier :
     » Vendredi 23 septembre 2016, Jean-Luc Mélenchon était en déplacement à Berlin pour une conférence autour de l’Union européenne organisée par Die Linke. Il a expliqué pourquoi il défendait l’idée d’une sortie des traités européens s’articulant autour d’un plan A et d’un plan B. « 

    Il n’est aucunement question de sortie définitive de la France de la construction européenne, mais de sortir de ces Traités, pour en mettre d’autres  »conformes au Plan A & B pour l’ Europe« .


    Il y a plus de 30 ans qu’on raconte aux Français les mêmes salades sur »une Autre Europe est possible"..pour faire patienter les mécontents...

  • Crab2 20 octobre 2016 11:46

    Manifestations de policiers

    Il n’y a guère que de méprisables anti-républicains qui, sans vergogne, annoncent, entendent sanctionner les manifestants alors que les policiers sont quotidiennement agressés dans les rues de nos villes quand une majorité de français lucides les soutiens et réclament que l’ordre républicains soit rétablit dans tous les quartiers dits ‘’ sensibles ‘’

    Suites  :

    http://laicite-moderne.blogspot.fr/2016/10/manifestations-de-policiers.html

    ou sur :

    http://democrite-epicure.hautetfort.com/archive/2016/10/20/manifestations-de-policiers-5863246.html


  • ddacoudre ddacoudre 20 octobre 2016 12:05

    bonjour P Oriol
     il y a longtemps que j’ai écris que les citoyens dans l’ensemble sont de aras qui répètent ce que disent les faiseurs d’opinions.Télévision : de l’info sans infos.
    A leur décharge ils est difficile de faire autrement, car il opèrent sur des comportements cognitifs primaires. http://ddacoudre.over-blog.com/d-une-grenouille-a-l-autre.html
    cordialement.


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