La fabrique du consentement : de la partouze entre amis au viol de la démocratie
Dans un entretien donné au Monde diplomatique datant du mois d’août 2007, l’intellectuel américain Noam Chomsky répondait ainsi à une question sur le fonctionnement du contrôle de la pensée dans une société démocratique : « Dans les pays totalitaires, l’Etat décide de la ligne à suivre et chacun doit ensuite s’y conformer. Les sociétés démocratiques opèrent autrement. La ligne n’est jamais énoncée comme telle, elle est sous-entendue. On procède, en quelque sorte, au lavage de cerveaux en liberté. Et même les débats passionnés dans les grands médias se situent dans le cadre des paramètres implicites consentis, lesquels tiennent en lisière nombre de points de vue contraires. Le système de contrôle des sociétés démocratiques est fort efficace ; il instille la ligne directrice comme l’air qu’on respire. On ne s’en aperçoit pas, et on s’imagine parfois être en présence d’un débat particulièrement vigoureux. Au fond, c’est infiniment plus performant que les systèmes totalitaires. »
L’année 2020, qui aura été celle de tous les mensonges bien plus que de tous les dangers, s’est articulée, médiatiquement parlant, autour de deux évènements majeurs imbriqués l’un dans l’autre par la force des choses : la crise du coronavirus et les élections américaines. Deux particules d’actualité dont la quasi-totalité des médias français se sont saisis pour n’en faire qu’un seul atome : l’union sacrée de la « science », du progressisme et du mondialisme pour promouvoir une solution globale face à un problème global.
L’Allemagne des années 1930 et 1940, rappelle Noam Chomsky, « est devenue l’Etat le plus meurtrier, le plus barbare de l’histoire humaine en distillant de la peur : celle des bolcheviks, des Juifs, des Américains, des Tziganes, bref de tous ceux qui, selon les nazis, menaçaient le cœur de la civilisation européenne. » Il ajoute : « La plupart des médias allemands qui ont bombardé la population avec des messages de ce genre ont repris les techniques de marketing mises au point... par des publicitaires américains. N’oublions pas comment s’impose une idéologie. Pour dominer, la violence ne suffit pas, il faut une justification d’une autre nature. Ainsi, lorsqu’une personne exerce son pouvoir sur une autre, elle a besoin d’une idéologie justificatrice, toujours la même : cette domination est faite pour le bien du dominé. En d’autres termes, le pouvoir se présente toujours comme altruiste, désintéressé, généreux. »
La problématique à laquelle font face le général Macron et sa bande de liquidateurs dans la France de 2020 n’est pas si différente de celles rencontrées par les bolcheviks dans la Russie des années 1920 ou par les nazis dans l’Allemagne des années 1930 : comment passer de la prise en otage d’un peuple à son adhésion à une doctrine donnée ? Comment imprégner une population du dogme de l’avenir unique, prémisse à la gouvernance en autopilote d’une petite caste de bureaucrates ? En d’autres termes, en termes d’aujourd’hui, comment faire comprendre une bonne fois pour toutes à ces veaux de Français que la France n’est rien sans l’Union Européenne, que l’UE n’est rien sans les Etats-Unis et que les Etats-Unis sentent la pisse et la bouse de vache dès qu’un Donald Trump se retrouve, contre tout bon sens, à la tête du troupeau ? Comment leur faire entendre, par ailleurs, que les confinements, les masques, les attestations et les vaccins étaient et restent les seules réponses scientifiquement viables à une crise sanitaire sans précédent ? Comment relier, enfin, ces deux fils conducteurs pour produire l’électrochoc nécessaire à un changement de paradigme, antinational, antisocial voire antigénique ? Réponse : par des montagnes de fric et du matraquage médiatique systémique, incessant, insidieux, implacable, court-circuitant l’esprit critique jusqu’à ce que pètent les derniers fusibles ; ultime étape du voyage au bout de la nuit médiatique où l’individu isolé, apeuré, désorienté, mais apprivoisé, finit par s’abandonner au doux confort du néo-conformisme du 21ème siècle. Le prisonnier des temps modernes, placé à l’isolement dans sa cellule numérique avec télé plasma et Wifi haut débit, n’enrage plus contre ses geôliers comme Soljenitsyne en son temps, mais contre l’évadé qu’ils ont laissé s’enfuir.
Et cet évadé, quel est-il ? Le virus de la libre pensée d’un illuminé comme Noam Chomsky qui alerte depuis fort longtemps sur la montée d’une nouvelle forme de totalitarisme baptisé Tina (There is no alternative), et qui annonçait (complotiste avant l’heure ?) dès le début des années 2000 l’OPA à venir sur les nations de l’ancien monde :
« Davos, le Forum économique mondial, travaille à l’intégration économique planétaire, mais dans le seul intérêt des financiers, des banques et des fonds de pension. Puissances qui contrôlent aussi les médias. C’est leur conception de l’intégration globale, mais au service des investisseurs. Les médias dominants considèrent que cette intégration est la seule qui mérite, en quelque sorte, l’appellation officielle de mondialisation. (…) Dans ce monde, il existe des institutions tyranniques, ce sont les grandes entreprises. C’est ce qu’il y a de plus proche des institutions totalitaires. Elles n’ont, pour ainsi dire, aucun compte à rendre au public, à la société ; elles agissent à la manière de prédateurs dont d’autres entreprises seraient les proies. Pour s’en défendre, les populations ne disposent que d’un seul instrument : l’Etat. Or ce n’est pas un bouclier très efficace car il est, en général, étroitement lié aux prédateurs. »
Petites partouzes entre amis
L’avantage d’une presse qui peine à vendre, c’est qu’elle n’a, du coup, plus de comptes à rendre à ses lecteurs. Si une feuille de chou comme Libération peut accuser coup sur coup neuf millions (2018) puis six millions (2019) d’euros de pertes sans mettre la clé sous la porte, c’est que sa survie économique ne dépend plus de son lectorat mais du bon vouloir de ses bailleurs, à savoir ici l’Etat (six millions et demi de subventions versées en 2017) et le groupe Altice (qui s’est engagé à éponger les cinquante millions d’euros de dettes du journal). Pour la petite histoire, son PDG Patrick Drahi qui possède également L’Express, RMC et BFM TV a fait entrer son fidèle lieutenant Bernard Mourad dans l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron en octobre 2016 en guise de remerciement pour avoir donné le feu vert, en 2014, au rachat de Numéricable par SFR Presse dont le PDG deviendra dans la foulée… Bernard Mourad.
Le journal Le Monde, un peu moins mal en point, avait toutefois reçu en 2017 la bagatelle de cinq millions d’euros d’aides publiques. Au titre de son supplément Afrique, le quotidien a également perçu depuis 2014 quatre millions de dollars de la Fondation Bill & Melinda Gates, donations en constante progression année après année. L’effet Macron ? Invité sur RTL le 12 décembre 2017, le philanthrope américain saluait le leadership du nouveau président français dans la lutte contre le réchauffement climatique au moment même ou Trump retirait les USA de l’Accord de Paris. Reçu à l’Elysée le 17 avril 2018, le couple se réjouissait à nouveau « de la relation que nous avons et de notre engagement grandissant pour améliorer la situation des pays en voie de développement. »
Rien n’indique que leurs relations se soient détériorées depuis, ni que les donations au journal Le Monde soient revues à la baisse, surtout que dans le même temps les compères Xavier Niel et Mathieu Pigasse - actionnaires majoritaires du buvard en question - rechignent à mettre la main au portefeuille pour le renflouer après une calamiteuse année 2020 à nouveau amortie par des subventions de l’Etat. Ingrat ou simplement radin, notre ami Xavier Niel ? Rappelons qu’il déclarait, hilare, sur Europe 1 le 5 décembre 2018 : « Je crois qu’on a un super président qui est capable de réformer la France. Il a fait des lois fantastiques. Il crée des choses qu’aucun gouvernement précédent n’avait envie de faire. (…) Je l’ai rencontré quand il était chez Hollande – je ne pense pas qu’il ait changé – et je pense qu’on a quelqu’un qui a envie de faire évoluer le pays. »
Il n’est pas certain que sa conjointe Delphine partage son optimisme comme elle partage son lit, quand bien même il s’agit de la fille de… Bernard Arnault. Bernard Arnault, première fortune française et patron de LVMH, propriétaire des journaux Le Parisien et Les Echos. Déjà soutien de Sarkozy en 2007, le fringuant homme d’affaires confiait au Figaro dès l’entre-deux tours de la présidentielle de 2017 : « Je n'avais guère de doute sur la qualification d'Emmanuel Macron. Mais après le dernier vote aux États-Unis ou le Brexit, on n'était pas sûr des prévisions et des sondages. J'ai préféré attendre d'avoir la certitude que nous échappions à un second tour des extrêmes, qui aurait été une catastrophe pour le pays. »
Le tirage et les ventes du Parisien sont, bien évidemment, en chute libre depuis de nombreuses années, mais le titre a d’ores et déjà touché sa quote-part des 483 millions d’aides exceptionnelles de l’Etat au nom de « l’importance du pluralisme » voulu par le chef de l’Etat.
Un chef de l’Etat dont le cœur balance - et on le comprend - au milieu de toutes ces tendresses et de ces marques d’affection. Qui donc Galatée va-t-elle reconnaître comme son Pygmalion officiel ? Pigasse ? Niel ? Drahi ? Arnault ? Et pourquoi pas l’autre Arnaud, Lagardère celui-ci, qui lui fit maintes fois l’honneur d’être en vitrine du JDD et de Paris Match sur la route de son succès à la présidentielle ? Entre copains, on se dit tout. C’était l’esprit, en tout cas, de la Une du Journal du Dimanche du 13 février 2017 : « L’argent de Macron : son patrimoine, ses revenus, les fonds de sa campagne : le candidat joue la transparence. » Le groupe Lagardère détient également, au passage, le contrôle de Télé 7 jours, Elle et Europe 1, la légendaire radio du regretté Eugène Saccomano. Une radio qui prend l’eau de toutes parts en termes d’audience et qui, avant tout le pays, avait déjà déclaré l’état d’urgence début 2017. Le politiquement correct, désormais, y sévit de façon si redoutable qu’on ne sait plus très bien, d’Europe 1 ou de France Inter, laquelle est la copie et laquelle est l’orignal.
Le sang de la nouvelle alliance
Entre médias privés et médias publics, la ligne de flottaison est devenue si trouble qu’on ne s’étonnerait même plus qu’un jour France Bleu soit privatisée ou RMC nationalisée. La question qui pourrait se poser, en revanche, c’est pourquoi s’emmerder, qu’il s’agisse de l’Etat ou des seigneurs du CAC 40, à injecter en permanence des liquidités dans ce bouquet de fleurs fanées dont de plus en plus de promeneurs se détournent au profit des médias sociaux et alternatifs ?
La réponse est assez simple : il s’agit de maintenir tout au long de l’année un bruit de fond informationnel suffisamment fourni et homogène pour que dès qu’une télé s’allume, qu’une page internet s’ouvre ou qu’un ami ait la mauvaise idée ramener Le Point, L’Obs ou L’Express à la maison, le nouvel homme libre qui n’avait rien demandé à personne soit rattrapé par la machine.
On n’échappe jamais totalement à Big Brother. Quelque soit le chemin qu’on choisisse pour s’émanciper du monde virtuel bâti patiemment par les médias pour faire concurrence au réel, il arrive toujours un moment où l’attention se relâche, où l’on met le pied dans une flaque. Et alors, très vite, si l’on n’y prend pas garde, c’est la rechute immédiate, la plongée en apnée dans l’univers impitoyable du narratif médiatique.
Depuis tant d’années que ça baisouille en coulisses, ce nouveau monde virtuel est devenu réalité. Macron, l’UE, le libre-échange, l’Etat ventripotent en même temps qu’omniscient, forment désormais l’horizon indépassable du Français rééduqué, à qui l’on a réussi à faire comprendre que Theresa May, Boris Johnson, Jair Bolsonaro, Donald Trump, Viktor Orban, Recep Tayyip Erdogan, Andrzej Duda, Vladimir Poutine, Alexandre Loukatchenko, Andrés Obrador étaient tous d’affreux populistes haïs par la meilleure moitié de leur peuple et dangereux pour l’avenir des démocraties.
La pandémie d’une ampleur inouïe (0,008% de la population mondiale infectée) qui a secoué la planète a révélé les limites du fondement républicain de ces mêmes démocraties. Face à la menace bactériologique, l’avènement d’un nouvel ordre social fait d’abandon des libertés, de solidarité à marche forcée et de foi en l’Etat mama a permis d’éviter le pire. L’alliance, enfin matérialisée, du grand capital et du néo-communisme à l’occidental a répondu présente sous la forme d’une Internationale de la maladie et des médicaments. Les uns fournissent les vaccins (Moderna, Pfizer, AstraZeneca…), les autres fournissent les vaccinés (Union européenne, ONU, OMS…), chacun s’assurant à son niveau que la chaine du froid est sécurisée. Pris entre la faucille de Big Pharma et le marteau post-démocratique des Politburos sanitaires, les peuples n’ont plus qu’à donner leur libre consentement au viol de la démocratie.
Témoins et garants de la légitimité des ébats, les médias corrompus et subventionnés doivent quant-à-eux s’assurer que personne n’ait oublié son carton d’invitation et que les déplaisants qui voudraient gâcher la cérémonie soient marqués au fer rouge ou enfermés dans la cave. L’usine P4 du consentement, inaugurée il y a de nombreuses années déjà, tourne désormais à plein régime et produit des résultats (41% de sondages favorables à Macron, 40% de Français prêts à se faire vacciner) dont l’ex-URSS serait verte de jalousie. Pour reprendre les mots de Noam Chomsky : « Comment se fait-il que nous disposions d’autant d’informations, mais que nous sachions si peu ? » Eléments de réponse par quelques tactiques médiatiques éprouvées à l’efficacité reconnue, et que cette campagne de 2020 aura permis de pousser à leur paroxysme.
La distraction
Enjeu : faire avaler au bon Français la pilule du confinement, des amendes et des attestations de sortie, et faire oublier au passage l’incurie de ses dirigeants.
Technique : détourner l’attention en pointant du doigt la gestion calamiteuse de la crise par le Brésil, abandonné aux mains d’un dangereux voyou suppôt de Satan, du laissez-faire généralisé et de l’hydroxychloroquine.
Période : avril - mai 2020.
Résultat : satisfaisant.
- Le Monde, 24 avril : « Au Brésil aujourd’hui, on creuse des trous pour enterrer des corps. »
- Europe 1, 22 mai : « Au Brésil, l’épidémie de coronavirus flambe et tue plus de jeunes qu’ailleurs. »
- Le Parisien, 16 avril : « Au Brésil, les contaminations seraient quinze fois plus élevées que les chiffres officiels. »
- Le JDD, 3 mai : « L’ancien footballeur Raï rejoint le camp des gouverneurs et des maires qui exigent la destitution du président Jair Bolsonaro. »
- Capital, 22 mai : « Le coronavirus hors de contrôle au Brésil, coup dur pour l’économie. »
- LCI, 17 mai : « Coronavirus : la bourse ou la vie. »
- France Inter, 1er avril : « Bolsonaro, le choix d’une politique mortifère face à l’épidémie »
- L’Express, 10 avril : « Coronavirus : comment le Brésil est devenu une bombe à retardement. »
- Euronews, 8 mai : « Les favelas du Brésil sont des mouroirs pour les cas graves. »
- Le Dauphiné, 23 mai : « Epidémie de coronavirus : le Brésil sombre, l’Islande rouvre ses discothèques. »
Réel vs virtuel : à la date du 11 décembre, le Brésil comptait officiellement 851 morts du Covid-19 par million d’habitants, contre 839 pour la France. Pas de quoi sabrer le champagne. Et si l’on compare à la Suède (714) de l’eugéniste Anders Tegnell, autant se mettre tout de suite à l’hydromel.
Le tir de barrage
Enjeu : disqualifier le protocole Raoult, épine dans le pied du comité d’experts nommé par Emmanuel Macron.
Technique : relayer instantanément, sans recul ni pincettes, un article à charge frauduleux contre le traitement à l’hydroxychloroquine.
Période : mai 2020.
Résultat : mitigé. Médicament immédiatement interdit par ce cher Olivier Véran, mais début d’un scandale à rebondissements désastreux pour l’image du Parti et des médias mainstream.
- Le Monde, 22 mai : « Un étude internationale suggère un risque accru de mortalité sous hydroxychloroquine. »
- Le Point, 23 mai : « Covid-19 et hydroxychloroquine : fin de partie ? »
- Midi Libre, 24 mai : « Hydroxychloroquine : l’étude internationale qui instille le doute. »
- Ouest France, 22 mai : « L’hydroxychloroquine et la chloroquine pas efficaces et même néfastes, selon une étude. »
- L’Economiste, 24 mai : « Soucis sur l’hydroxychloroquine. »
- BFM TV, 23 mai : « L'efficacité de l'hydroxychloroquine de nouveau mise en cause. »
- Le Figaro, 22 mai : « Covid-19 : mortalité accrue à l’hôpital avec la chloroquine et l’hydroxychloroquine. »
- France Info, 23 mai : « Chloroquine : l’étude du Lancet est très bonne mais ne permet pas de clore complètement le débat, selon le centre de pharmacovigilance de Nice. »
- Les Echos, 22 mai : « Coronavirus : la chloroquine inefficace et risquée, selon une large étude britannique. »
Réel vs virtuel : Trois jours plus tard, trois des quatre auteurs de l’étude demandent la rétractation de l’article. Surgisphere ayant refusé de transférer la base de données en raison des accords de confidentialité avec ses clients (les hôpitaux à l’origine des données), les experts missionnés « n’ont pas pu conduire une revue indépendante et [les] ont informés de leur retrait du processus d’évaluation par les pairs. »
L’omerta médiatique (1)
Enjeu : faire garder la face, coûte que coûte, aux autorités de santé françaises prises dans la tourmente de la commercialisation - ou non - du Plaquenil et du Remdesivir.
Technique : passer sous silence la démission du directeur de l’ANSM (Agence nationale de Sécurité du Médicament), Dominique Martin, suite au recours déposé par Didier Raoult après le refus de l’ANSM d’accorder un RTU pour l’hydroxychloroquine.
Période : novembre 2020.
Résultat : impeccable.
- France Soir, 27 novembre : « Démission de Dominique Martin, Directeur Général de l’ANSM. »
L’omerta médiatique (2) ou le deux poids, deux mesures
Enjeu : maintenir le narratif du President-elect Joe Biden avant même le vote des grands électeurs, et empêcher la taupe populiste Trump de sortir la tête de son trou.
Technique : passer sous silence la plainte du Texas, appuyée par dix-sept autres Etats, devant la Cour Suprême des Etats-Unis, afin de contester la légalité des changements effectués par le Michigan, la Géorgie, la Pennsylvanie et le Wisconsin afin d’étendre le vote par correspondance dans le contexte d'épidémie de Covid-19.
Période : décembre 2020.
Résultat : satisfaisant.
- 20 minutes, 10 décembre : « Présidentielle américaine : comment Donald Trump et le Texas espèrent renverser l’élection devant la Cour Suprême. »
- RT France, 10 décembre : « Fraudes supposées : 17 Etats américains soutiennent la plainte du Texas devant la Cour Suprême. »
- RTL, 10 décembre : « Présidentielle américaine : le Texas, va-tout de Trump devant la Cour Suprême ? »
- Challenges, 10 décembre : « Requête du Texas auprès de la Cour Suprême pour infirmer les résultats. »
Pour mémoire et comparaison, voilà un court échantillon de ce qu’on trouvait dans les médias français tout au long de l’année 2017 sur fond de manœuvres d’impeachment lancées contre Donald Duck :
- Libération, 9 février : « Etats-Unis : la destitution de Trump, suite logique ou conte de fées ? »
- Libération, 8 juin : « Une procédure d'impeachment, ça prend combien de temps ? »
- Le Parisien, 13 juillet : « Etats-Unis : un député dépose la première résolution pour destituer Donald Trump. »
- Le Monde, 8 novembre : « Donald Trump et la menace permanente de l’impeachment. »
- LCI, 27 septembre : « Donald Trump vers la démission ? »
- France Info, 16 février : « Pourquoi Donald Trump ne sera pas destitué (en tout cas pas tout de suite). »
- Ouest France, 17 mai : « Que se passerait-il si Trump était destitué ? »
- Sciences et Avenir, 2 février : « Des psychiatres demandent la destitution de Donald Trump. »
- Europe 1, 20 avril : « Donald Trump serait-il atteint de démence précoce ? Des médias et des experts s'inquiètent. »
- LCI, 15 octobre : « Le roi du porno Larry Flynt offre 10 millions de dollars à qui permettra de destituer Donald Trump. »
- Femme Actuelle, 6 février : « Donald Trump : pourrait-il être destitué pour cause de folie ? »
- TMC, 24 mai : « Donald Trump étale sa bêtise sur le livre d'or du mémorial de la Shoah. »
- France 2, 5 octobre : « Donald Trump, fini de rire ? »
- Le Point, 15 février : « Et si Donald Trump ne savait pas lire ? »
- 20 Minutes, 9 juin : « Audition de James Comey : L'obstruction à la justice, la menace qui pèse sur Donald Trump. »
- Le Parisien, 16 octobre : « Harcèlement sexuel : la justice réclame les documents relatifs aux accusations visant Trump. »
Réel vs virtuel : Jamais depuis la guerre de Sécession les Etats-Unis n’auront paru aussi proches d’une guerre civile. Que Biden ou Trump soit élu, ils savent qu’ils devront s’asseoir sur une pétaudière chauffée à blanc. Le rapport de force frôle le fifty-fifty entre les deux camps. Les uns se sentent floutés, les autres se disent soulagés mais tout le monde, au fond, est très inquiet. Sauf 85% des Français qui considèrent que Titi a écrabouillé Grosminet et que c’est très bien comme ça.
Le débunkage
Enjeu : décrédibiliser sans pitié aucune les partis pris du documentaire Hold-Up, qui pouvait laisser songeur quant-à la pertinence et aux buts (inavoués ?) de la politique sanitaire répressive du régime macronien.
Technique : attaquer sur les points faibles, dénoncer le pedigree des intervenants pour dégoûter à l’avance de possibles curieux et persuader ceux qui l’ont regardé qu’ils viennent de lire un hydride télévisuel de Mein Kampf et Brave New World.
Période : novembre 2020.
Résultat : mitigé. Film censuré et retiré de toutes les plateformes de streaming, mais effet boomerang (appelé aussi effet Streisand) produit par sa surmédiatisation.
- Le Monde, 12 novembre : « Les contre-vérités de Hold-up, documentaire à succès qui prétend dévoiler la face cachée de l’épidémie. »
- France Culture, 12 novembre : « Hold-Up : à partir de faits, le documentaire est bâti comme une vraie entreprise de désinformation. »
- Les Inrocks, 17 novembre : « Hold-up : pourquoi l’indifférence à la vérité a gagné du terrain. »
- La Tribune, 16 novembre : « Les dangereuses fausses informations du documentaire Hold-Up. »
- Hufftington Post, 12 novembre : « Hold-up, le documentaire sur le Covid-19 confronté aux faits scientifiques. »
- LCI, 14 novembre : « Hold-Up : la honte ! »
- Europe 1, 14 novembre : « Cinq fausses informations véhiculées par le documentaire complotiste Hold-Up. »
- Femme Actuelle, 16 novembre : « Hold Up : une chercheuse du documentaire a été condamnée pour escroquerie. »
- Libération, 12 novembre : « Dix contre-vérités véhiculées par Hold-up. »
- BFM TV, 14 novembre : « Hold-Up : comment ce documentaire aux relents complotistes a-t-il acquis une audience considérable sur Internet ? »
- RTL, 13 novembre : « Hold-Up : le piège redoutable des théories du complot. »
- Le Figaro, 27 novembre : « Hold-up : quatre académies scientifiques dénoncent un bric-à-brac d'inepties. »
Réel vs virtuel : De deux maux, dit-on souvent, il faut savoir choisir le moindre. Mensonges d’état ou conjectures complotistes ? A l’heure où la France ressemble de plus en plus, du point de vue de nos élites, à une classe de CM2, les médias grand public n’ont pas hésité un seul instant à nous faire savoir leur préférence.
Le rubicube sémantique
Enjeu : créer des biais cognitifs dans la population naïve de façon à ce qu’elle rejette en bloc toute forme de dissidence au discours normatif.
Technique : jeter l’anathème sur l’ensemble du spectre contestataire par de l’étiquetage sur mesure selon les besoins du moment (complotistes, antivax, antimasques, Trumpistes, néonazis, négationnistes, antisémites, intégristes, hooligans, Covidiots…).
Période : juillet-octobre 2020.
Résultat : encourageant.
- France Culture, 7 septembre : « Qui sont les anti-masques ? »
- France 2, 8 octobre : « Les frondeurs anti-masques. »
- L’Humanité, 8 septembre : « Anti-masques : quels sont leurs réseaux ? »
- Le Point, 1er septembre : « Covidiots : des touristes critiqués après une explosion de cas dans un avion. »
- 20 Minutes, 1er août : « Coronavirus : ‘Le vaccin va tous nous tuer’ Les antivax s’organisent sur Internet sur fond de théories du complot. »
- Le Parisien, 17 juillet : « Coronavirus : sur Internet, l’offensive antivaccin est déjà lancée. Une spécialiste nous décrypte ces mouvements. »
- Libération, 5 août : « Covid : Querdenken 711, mouvement organisateur de la manifestation du 1er août à Berlin, est-il d'extrême droite ? »
- Le Point, 3 août : « Anti-vaccins, néonazis, vieux hippies, l'étonnant cortège anti-coronavirus de Berlin. »
- LCI, 29 juillet : « Les propos du ténor Andrea Bocelli sur la ‘soi-disant pandémie’ scandalisent l'Italie. »
- Sud Ouest, 14 septembre : « QAnon : des Etats-Unis à l’Europe, la mouvance complotiste gagne du terrain. »
- BFM TV, 8 août : « Des antivaccins à Boslonaro : qui sont les ‘coronasceptiques’ ? »
Réel vs virtuel : Entre d’un côté les prétendus ‘crétins’ qui manifestent pacifiquement leurs doutes ou leur désapprobation, et de l’autre ceux qui baissent les fenêtres de leur voiture en réajustant leur masque dès qu’ils approchent d’un cortège, on n’est pas sûr de parler de la même forme d’idiotie. La première n’est plus en odeur de sainteté, la seconde a reçu la bénédiction du nouveau clergé médiatique. Mais après tout, comme disait l’autre, il faut de tout pour faire un monde.
L’infantilisation
Enjeu : dresser la population aux protocoles sanitaires sortis du chapeau par l’exécutif, homogénéiser le pays autour d’un credo évolutif mais simple à mémoriser.
Technique : relayer à H24 la novlangue gouvernementale auprès des catéchumènes.
Période : juillet-décembre 2020.
Résultat : impeccable.
- Le Parisien, 30 octobre : « Covid-19 : le respect systématique de tous les gestes barrières progresse. »
- France 2, 20 septembre : « Coronavirus : des gestes barrières à respecter aussi à la maison. »
- France Bleu, 30 novembre : « Les Mayennais se jugent ‘bons élèves’ pour le respect des gestes barrières. »
- Femme Actuelle, 15 octobre : « Hygiène des mains : les Français respectent-ils les gestes barrières ? »
- BFM TV, 14 septembre : « Le clip choc du gouvernement pour le respect des gestes barrières. »
- Le Figaro, 20 novembre : « Librairies, boutiques de vêtements, de meubles... les magasins rouvrent avec un nouveau protocole sanitaire. »
- RMC, 13 octobre : Le protocole sanitaire est-il bien respecté dans les restaurants parisiens ? »
- France Inter, 5 novembre : « Protocole sanitaire à l'école : quand l’inquiétude des parents s'ajoute à celle des enseignants. »
- France 3, 5 novembre : « ‘Tout le monde se sert dans le même bac à pain’ : dans les cantines, le protocole sanitaire est à la peine. »
- Libération, 29 octobre : « Port du masque obligatoire dès 6 ans : une ‘bonne nouvelle’ pas toujours facile à appliquer. »
- Le Monde, 4 septembre : « Le bon port du masque, garant de son efficacité. »
- Le JDD, 6 novembre : « Covid-19 : faudra-t-il bientôt porter le masque à la maison ?
- Le Nouvel Obs, 18 novembre : « Masque à domicile : faudra-t-il le porter désormais ? »
- RTL, 17 juillet : « Coronavirus : comment se laver les mains efficacement ? »
Réel vs virtuel : Qui sait ce qu’il adviendrait sans cette douce propagande sanitaire qui chante à nos oreilles matin, midi et soir ? Une hécatombe, probablement, à coups de crachats à la gueule et de bises empoisonnées. Vivement le retour de la grippe et des gastroentérites. Le pays, désormais, est paré pour toutes les guerres.
La mise en scène d’un débat
Enjeu : entretenir une opposition contrôlable pour contrebalancer l’effet marteau-piqueur.
Technique : laisser parler sur quelques plateaux, à des heures de moindre écoute, des opposants au régime pour donner l’apparence d’un pluralisme démocratique.
Période : mai-décembre 2020.
Résultat : mitigé. Sud Radio, CNews et France Soir ont vu leurs scores d’audience et/ou leur notoriété exploser en l’espace de six mois, et certains intervenants se sont montrés un peu plus perspicaces – et écoutés – que prévu.
Vincent Bolloré, le patron de CNews, est un homme de droite et un fervent catholique. C’est un aussi l’un des plus vieux soutiens de Nicolas Sarkozy. Voilà déjà trois bonnes raisons pour le journal Le Monde d’afficher ouvertement son mépris pour la chaîne d’info continue. « CNews : la stratégie de la haine », titrait un éditorial du 2 octobre 2020. Querelles idéologiques de façade mises à part, notons que Bolloré est nettement moins proche de Macron que les autres milliardaires qui viennent siroter du Château Margaux dans les sous-sols de l’Elysée, et qu’il se dit ici et là qu’il soutiendrait bien, pour 2022, un mystérieux « baron noir » dangereux pour le candidat sortant.
Il n’est pas si étonnant, dans cette optique, que CNews la joue un peu solo dans sa couverture du Coronagate :
- Sonia Mabrouk qui rembarre une députée LREM au sujet du documentaire Hold-Up, ou qui laisse Philippe Parola de l’IHU de Marseille rappeler à tout un chacun l’escroquerie du reconfinement ;
- Lolo Ferrari qui s’invite tous les mois chez Didier Raoult pour prendre une leçon de virologie, ou qui renvoie Martin Blachier soigner ses boutons d’acnée après sa crise de colère contre le professeur Toussaint ;
- Pascal Praud qui joue à ‘Je t’aime, moi non plus’ avec Alain Rioufol du Figaro, pourfendeur officiel des mesures du gouvernement ;
- Morandini qui donne chaque semaine la parole à Florian Philippot, lequel ne manque pas une occasion de relever avec brio toutes les impostures et les incongruités des tenants de la répression sanitaire ;
- Christine Kelly qui laisse Eric Zemmour dérouler tranquillement son abécédaire souverainiste.
La ligne adoptée par la chaîne de Vincent Bolloré n’est évidemment pas guidée par l’amour de la vérité, pas plus que ne le sont TF1, LCI, France 2 ou BFM TV, vitrines de la bien-pensance. Le sanitairement incorrect constitue un créneau comme un autre et CNews occupe un siège qui, de toute façon, n’aurait pas pu rester vide. Il est néanmoins amusant qu’à l’image de Fox News aux Etats-Unis, ce soient des chaînes conservatrices qui défendent l’indéfendable (la responsabilisation et la préservation des libertés individuelles) et dénoncent l’indénonçable (la culpabilisation et l’enfermement collectif).
Le cas de Sud Radio est un peu différent. C’est surtout par le punch d’André Bercoff (aussi présent sur LCI et ancien collaborateur au Monde) que la station de radio a émergé des bas-fonds de l’univers radiophonique français. A ses heures d’antenne ont ainsi pu s’exprimer en relative confiance la généticienne Alexandra Henrion-Caude, le professeur Christian Perronne, l’économiste Charles Gave et d’autres figures peu habituées des plateaux des médias mainstream. On y dézingue les masques et les vaccins, on y incendie les autorités sanitaires, on y raconte que Biden aurait peut-être quelques petites choses à cacher et que Trump n’aurait peut-être pas encore perdu l’élection. Bref, on y fait du complotisme et du populisme de bas étage si l’on en croit Jean-Sébastien Mora qui écrivait dans le fanzine gauchiste CQFD à l’été 2020 : « Depuis 2016, André Bercoff distille à longueur d’ondes les thèses favorites de l’extrême droite. Ce polémiste constitue le noyau dur d’une radio qui brandit le parlons vrai pour justifier des polémiques sur des thèmes de société propres à occulter tout le reste, notamment les enjeux de justice sociale. »
Notons que la station de radio de Didier Maïsto (cf. N°2 de Front Populaire, automne 2020) s’est vu refuser l’entrée au Syndicat des radios généralistes privées dont sont membres Europe 1, RTL et RMC, et qu’elle n’est pas représentée au conseil d’administration de Médiamétrie (auquel siègent Radio France, RTL et NextRadio TV). Ainsi écartée de la popote entre amis – redistributions juteuses à la clé – Sud Radio a sans doute moins à perdre que les autres à chier dans les bottes de la Macronie, même si Valérie Expert, Cécile de Minibus, Philippe Bilgert et les autres animateurs font en général bien attention à ne pas franchir la ligne de démarcation tracée à la craie invisible par les signataires de la charte des bonnes pratiques.
France Soir, enfin, fait figure de petit poucet et n’inquiète pas, jusqu’à présent, l’establishment médiatique. « Ceci n’est plus un journal », écrivait Libération le 10 novembre 2020. Il est vrai que l’ex-titre phare de la presse d’après-guerre a renoncé au tirage papier et tourne autour d’une équipe très réduite réunie autour de Xavier Azalbert. La « désinformation » qu’on y pratique consiste à publier des tribunes censurées ailleurs et donner la parole à des experts comme le docteur Gérard Délépine à qui l’on ricanerait au nez dans les studios de Radio France. Une fois la crise passée, il sera intéressant de voir comment se positionnera ce média. Les snipers du Monde et de Libération se sont peut-être trouvé un nouvel ennemi sur qui vider leurs cartouches si eux-mêmes ne basculent pas, à force de médiocrité, de mauvaise foi et de servilité dans le néant de la presse poubelle dont nos anciens se rembourraient leurs chaussures en hiver.
De la servitude volontaire
L’année 2020 touche à son terme mais le film n’est pas encore tout à fait terminé. Joe Biden sera très vraisemblablement élu par le collège des grands électeurs. Il masquera l’Amérique « pour cent jours » comme il l’a annoncé et vaccinera le plus grand nombre, comme Trump d’ailleurs l’aurait fait sans ciller. Il fera rentrer à nouveau les USA dans l’Accord de Paris et les quatre prochaines années seront consacrées – du moins face caméra – au dérèglement climatique, aux droits des minorités et à l’harmonie entre les peuples comme il est écrit de longue date dans la Bible démocrate.
En France, la troisième vague est déjà dans les tuyaux ministériels et médiatiques. Les brebis ont appris à obéir et ne feront pas d’histoire pour rentrer une troisième fois dans la bergerie. Elles n’ont en leur possession ni les chiffres, ni les projections farfelues dont dispose le gouvernement sur ce virus insaisissable à l’origine de tous nos maux. Elles ont surtout, pour nombre d’entre elles, perdu le goût et l’habitude de se poser des questions.
La vaste expérience de conditionnement, unique dans l’histoire de France (mais pas des Etats-Unis), à laquelle elles ont été soumises n’a rien laissé au hasard en dehors de quelques couacs dus au spectaculaire niveau de bêtise atteint par certains politiques (Jean Castex, Sibeth N’Diaye). La France, qui pointe au 34ème rang mondial pour la liberté de la presse selon Reporters sans frontières (derrière la Namibie, le Suriname et l’Afrique du Sud), n’a plus grand-chose à envier au Salvador décrit par Oliver Stone dans son film de 1986. Si Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouvent une nouvelle fois, dans moins de deux ans, au second tour de la présidentielle, c’est que le pays est définitivement mûr pour la soviétisation. Soviétisation de l’Europe. Soviétisation des mœurs. Soviétisation des élites. Soviétisation des peuples. Français, françaises, tenez-vous bien la main et prenez votre élan. Le grand bond en avant, c’est peut-être pour demain.
https://www.monde-diplomatique.fr/2007/08/CHOMSKY/14992
http://www.lilas.org/notre-demarche/le-tina-cest-quoi/
https://nospensees.fr/les-10-strategies-de-manipulation-de-masse-selon-noam-chomsky/
https://www.statista.com/statistics/1104709/coronavirus-deaths-worldwide-per-million-inhabitants/
https://www.youtube.com/watch?v=L3WHsDYVcuE
https://www.youtube.com/watch?v=0Y8rIbSHolc