jeudi 18 février 2021 - par Opposition contrôlée

La France, la politique, la religion et les musulmans (1/2)

 

Choc des civilisations, terrorisme international, ennemi de l'intérieur, s'il y a un sujet à la mode depuis quelques décennies, c'est bien « l'Islam ».

Pourtant, « l'Islam » est par excellence une notion vague et essentialisée, funeste au raisonnement. Il n'existe rien de concret qu'on puisse nommer simplement « Islam ». Le terme est d'ailleurs assez récent. Dans le passé, on parlait « d'islamisme », terme qui n'avait pas la connotation péjorative qu'on lui prête aujourd'hui, et qui avait la qualité de ne pas fixer un phénomène complexe dans un simple objet.

Essentialiser, c'est une technique, employée volontairement ou non, très appréciée pour embrouiller les esprits, et saboter toute tentative de perception de la réalité au-delà des apparences. Et particulièrement de nos jours, au-delà de la lucarne médiatique et son matraquage de slogans. 

On peut objecter que parler « d'Islam » est une facilité de langage, mais celle-ci entraîne fatalement le simplisme du discours. Comment affirmer quelque chose à propos d'un phénomène qui s'étend sur 1400 ans d'Histoire, et s'allonge du Maroc à l'Indonésie, et comporte des dizaines, si ce n'est des centaines de branches ? Certains osent, mais chacun sait qui sont ces gens « qui osent tout »... 

En effet, depuis 2001, il n'est pas rare de trouver des individus qui nous pondent des « théories générales de l'Islam » sous une forme ou une autre. Et une foule d'islamologues improvisés qui n'hésitent pas « à dire la vérité » et nous invitent à « ouvrir les yeux » sur un épouvantable complot contre notre culture, contre les femmes, contre la laïcité, contre la république, etc. De droite, de gauche, laïcards fervents républicains, « cathos tradi », identitaires, « marxistes », le sujet à le mérite de ratisser large. Mais ces généralisations outrancières ne sont pas l’apanage des « antis », puisqu'un certain nombre de courants musulmans font de même.

Les réquisitoires contemporains tendent à dessiner une image du "monde musulman" très proche des fumisteries évangéliques états-uniennes, et ce n'est certainement pas le fruit du hasard. Reprise en cœur par les sionistes, la vision projetée est à peu près celle-ci :
"L'Islam", fausse religion, fanatique et malfaisante dans son essence, serait un "bloc" qui cherche la destruction du "monde judéo-chrétien" par tous les moyens, et ce, depuis ses commencements. Ennemi du progrès et de la civilisation, il incarne l'obscurantisme, l'arriération, la violence et la soif de conquête.

Des idées simples pour des esprits simples. Un manichéisme hollywoodien, qui va puiser sélectivement dans les événements historiques pour produire des parallèles scabreux avec les événements contemporains.

En France, les rapports avec le monde islamique sont très anciens, puisque comme chacun sait, "Charles Martel arrête les Arabes à Poitiers" en 732. Ce que chacun ne sait pas, c'est qu'une grosse partie des "Arabes" sont en réalité des berbères, récemment convertis, et que les blocs homogènes, chrétiens contre musulmans, sont une projection moderne.

En effet, à l'Ouest, l'empire Omeyyade s'est étendu par la conquête militaire dans le Maghreb, puis à envahi la péninsule ibérique, pour finir sa course en Gaulle. Mais c'est "business as usual" pour les habitants de ces régions, puisque Byzantins, Vascons, Wisigoths, Francs et encore d'autres se sont disputé l'Afrique du Nord et le Sud de l'Europe depuis 3 siècles. Rapidement, les ambitions des chefs de guerre vont provoquer des scissions et des alliances, surprenantes au regard de la vision manichéenne de l'Histoire.

Ainsi, un chef berbère musulman, Munuza, entrera en conflit avec les Arabes, et s'alliera avec Eudes d'Aquitaine, guerrier Vascon, chrétien, et ennemi des Francs, en particulier de Charles Martel. Il offrira sa fille en mariage à Munuza, mais celui-ci, intercepté par les Arabes, sera décapité avant que le projet se concrétise.

Quelques années plus tard, Charlemagne, Franc, a unifié la majeur partie de l'Europe occidentale. Mais l'empire musulman s'est au contraire divisé, le califat Abbasside prenant le pouvoir aux Omeyyades au moyen-orient, tandis que la péninsule ibérique reste omeyyade. Charlemagne ouvre une mission diplomatique auprès des Abbassides qui aboutit à une alliance contre les Omeyyades. Une opération conjointe contre l'empire byzantin, chrétien orthodoxe, sera également discutée.

Deux siècles plus tard, les enjeux politiques ont changé de nature. L'Europe se re-fragmente. Le monde musulman est lui plus divisé que jamais. Les Turcs Seldjoukides s'emparent de Jérusalem en 1073, tandis que l'Afrique du Nord, de l'Algérie à L'Egypte est sous le règne du califat fatimide. Le Maroc et la péninsule ibérique restent autonomes. 

Le commerce croit entre l'Asie et l'Europe, dont les intermédiaires sont les Arabes et les byzantins. L'agitation à l'intérieur de l'Europe occidentale est une source de préoccupation pour les pouvoirs politiques. L'idée de la croisade germe de ces deux phénomènes. Se servir des excédents de population en Europe et des seigneurs féodaux sans héritage, pour conquérir le moyen-orient, et ainsi s'exonérer des taxes prélevées par les intermédiaires. La première est lancée en 1075, et parviendra à conquérir la partie occidentale du moyen-orient.

Plus tard, durant la quatrième croisade, les Francs mettront à sac la Byzance chrétienne, en 1204, suite à un arrangement avec les Vénitiens, puissance commerciale montante en méditerranée, concurrente de Byzance. Suivront encore deux croisades, jusqu’à l'éviction des occidentaux dans les années 1290.



Les deux siècles suivants sont marqués par la montée en puissance des organisations étatiques en Europe, qui s’appuie sur la classe sociale montante des marchands : la bourgeoisie. L'exacerbation des conflits entre les puissances de l'Europe occidentale demande de plus en plus de finances, tout le monde lorgne sur les biens de l'Église catholique. Après une succession de morts mystérieuses des papes, Philippe le Bel, roi de France, contraint le Saint-Siège à résider à Avignon en 1309, sous étroite surveillance. Il liquide le puissant et riche ordre des templiers en 1307, avec le concours du pape Clément V, sur la défensive.

Si la religion garde en Europe une influence certaine sur les populations, il faut cependant noter que dès cette époque, le pouvoir politique n'a plus aucun compte à lui rendre. La religion est cantonnée au rôle d'opium du peuple. En 1378, les manigances politiques provoqueront le schisme d'occident, avec deux papes en concurrence, l'un à Avignon et l'autre à Rome. Il y aura même des périodes où trois papes différents se réclameront les successeurs de Saint-Pierre... La situation ne se normalisera qu'à la fin du XVe siècle.

En 1453, la récente dynastie des Ottomans s'empare de Constantinople. De nombreuses tentatives de rapprochement entre son Église orthodoxe et l'Église catholique ont été tentés, pour inciter les pays de l'Ouest à l'aider militairement par "solidarité chrétienne", mais ceux-ci sont trop contents de voir disparaître un concurrent commercial. L'empire Byzantin se disloquera dans l'indifférence générale des gouvernants occidentaux.

Ce siècle marque également l'expansion du commerce maritime, qui renforcera encore davantage la puissance des marchands dans la société occidentale. Bien que l'empire Ottoman s'affirme en Orient, les bourgeois occidentaux ont désormais la possibilité de contourner les continents par la mer, et de faire du commerce, et des conquêtes, par la bateau. Et c'est aussi la fin de la présence islamique dans la péninsule ibérique, après la chute de Grenade en 1492. C'était ici, plutôt qu'à l'Est, que se sont établies la majeure partie des échanges culturels entre musulmans et chrétiens. Pendant des siècles, l'université de la Sorbonne sera avide des manuscrits issus du monde islamique. C'est par ce canal qu'ils se procureront l'immense majorité des textes des philosophes grecs antiques, et débattront ardemment les textes des commentateurs musulmans.

S'ouvre la période dite de la renaissance. En 1515 François 1er est couronné roi de France. La situation politique est marquée par la rivalité avec l'empire des Habsbourg, qui unifie la majeure partie de l'occident, à l'exception de l'Angleterre et de la France, et qui se bat contre les Ottomans à l'Est. Pragmatique, François 1er s'allie aux Ottomans dans la lutte contre le saint empire romain germanique. Après plusieurs opérations militaires coordonnées, il entérine l'alliance en 1536 avec Soliman le Magnifique. En Angleterre, Henri VIII rompt avec l'Église de Rome, et fonde l'Église anglicane en 1530 se proclamant « Chef Suprême de l'Église et du Clergé d'Angleterre ». Tandis qu'en Allemagne, l'année 1517 voit le début du protestantisme, qui s'étendra également en France, et donnera lieu plus tard à de multiples « guerres de religion », paravent des conflits politiques incessants.

En France, la guerre civile fait rage, et ne se calmera qu'avec l'édit de tolérance, le fameux édit de Nantes de 1598, promulgué par Henri IV, devenu roi de France en 1589. Ces conflits n'ont qu'un vague prétexte religieux. Ils sont directement la conséquence de l'affaiblissement du pouvoir central, royal. Henri IV inversera la tendance. Durant ces années, et pour de nombreuses années encore, trois forces politiques sont en concurrence : l'aristocratie nobiliaire, la bourgeoisie et le pouvoir royal. L'aristocratie dominera, jusqu'à Louis XIV.

Couronné en 1643, il sera le fondateur de l'état nation moderne. Soucieux de mettre au pas l'aristocratie, il se proclamera monarque absolu, et s’appuiera sur la bourgeoisie. Il concentre les « grands » « nobles » à Versailles, la formation de la « cour » lui permet de les surveiller de près, tandis qu'il organise une concurrence aux fastes qui les endette auprès des banquiers et marchands.

Dans son souci d'unification nationale, il entreprend la stratégie de la défense aux frontières et organise une armée permanente, sapant ainsi le fondement de la légitimité féodale de la noblesse. Le même souci d'unification le pousse à révoquer l'édit de Nantes, pour faire du catholicisme romain la religion d'état. Il organise la police et les services de renseignements, institutions qui survivront à tous les changements de régime politique jusqu'à nos jours. L'Histoire se répète, et sa concurrence avec les Habsbourg revivifie l'ancienne alliance franco-ottomane.

À cette époque se développe le courant de l'orientalisme. Madame de Pompadour se fait peindre en turque, tandis que chinoiseries et décors à l'Oriental sont à la mode. L'Orient musulman est imaginé comme pays des mille et une nuits et autres fakirs.

Cependant, le développement du courant intellectuel des « philosophes », ce qu'on nome les « lumières » prend de l'ampleur avec l'affirmation de la suprématie économique et culturelle de la bourgeoisie. Ils voient dans la religion en général un ennemi de leurs ambitions matérielles comme de leurs pratiques "libertines". Seul Jean Jacques Rousseau, protestant converti au catholicisme, et défenseur du peuple contre l'élite, soutient la religion contre le matérialisme.

Dans son « Contrat social », il prendra la défense de Mahomet contre les railleries de Voltaire, qui dans sa pièce « Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète », le dépeint comme un imposteur. L'intention de Voltaire n'est pas de critiquer la religion musulmane en particulier, mais bien le phénomène religieux en général, et prend prétexte d'un sujet exotique pour attaquer le christianisme. La réponse de Rousseau sera :

« La grande âme du législateur est le seul miracle qui doit prouver sa mission. Tout homme peut graver des tables de pierre, ou acheter un oracle, ou feindre un secret commerce avec quelque divinité, ou dresser un oiseau pour lui parler à l'oreille, ou trouver d'autres moyens grossiers d'en imposer au peuple. Celui qui ne saura que cela pourra même assembler par hasard une troupe d'insensés ; mais il ne fondera jamais un empire, et son extravagant ouvrage périra bientôt avec lui. De vains prestiges forment un lien passager ; il n'y a que la sagesse qui le rende durable. La loi judaïque, toujours subsistante, celle de l'enfant d'Ismaël [Mohamed] qui, depuis dix siècles, régit la moitié du monde, annoncent encore aujourd'hui les grands hommes qui les ont dictées ; et tandis que l'orgueilleuse philosophie ou l'aveugle esprit de parti ne voit en eux que d'heureux imposteurs, le vrai politique admire dans leurs institutions ce grand et puissant génie qui préside aux établissements durables. » Du contrat social, chap. VII.

La mort de Louis XIV, en 1715, est un soulagement pour l'aristocratie, vautrée dans la débauche. La régence de Philippe d'Orléans multiplie les orgies et s'amuse de toutes les formes de transgressions. Le jeune Louis XV, contrairement à son prédécesseur, se laisse facilement distraire des enjeux politiques par les plaisirs de la cour. Il attrapera la petite vérole.

Plusieurs missions diplomatiques avec l'empire ottoman confirment l'alliance stratégique centenaire, qui prend un tournant "technique". Dès cette époque, le développement de la science et des manufactures préfigure la révolution industrielle. L'occident commence a distancer l'orient de manière flagrante dans ces domaines, et les Ottomans souhaitent se maintenir à niveau. Ainsi, Claude Alexandre de Bonneval, militaire de carrière, sera envoyé, parmi d'autres, comme conseiller auprès de la sublime porte, se convertira officiellement à l'Islam, et s'attachera à moderniser la production d'artillerie et de mousquets. L'enjeu pour la France est de maintenir l'équilibre stratégique vis-à-vis des puissances d'Europe centrale, tandis que les Ottomans perdent du terrain.

En France, à la fin du siècle, le conflit entre aristocratie, bourgeoisie et pouvoir royal s’exacerbe. Le pouvoir économique est entièrement dans les mains de la bourgeoisie, tandis qu'ils n'ont pas de pouvoir politique. Ceci aboutit au renversement de la monarchie absolue en 1789, en faveur d'une monarchie parlementaire copiée sur le modèle anglais. La bourgeoisie accapare les biens de l'Église, et entend la mettre sous son contrôle. Leurs premières mesures seront de supprimer les mécanismes de régulation de l'économie, corporations, et droits féodaux des paysans, tout en interdisant les coalitions ouvrières. Mais la révolution leur échappe, ils ont déclaré la guerre à l'Europe entière, mais le conflit tourne au désastre. Le peuple se révolte contre les nouveaux maîtres, et la monarchie constitutionnelle explose lorsque le peuple parisien prend d'assaut le palais des Tuileries, le 10 août 1792. Si les armées européennes triomphent, la monarchie absolue sera restaurée.



Pour parer à ce danger mortel, la bourgeoisie doit temporairement s'appuyer sur le peuple, qu'on laisse rêver à une république sociale. Robespierre, Rousseauiste très populaire, incarne cette période. Interdiction de la spéculation sur les biens de première nécessité, ébauche de démocratie directe, les mesures sociales de la république sont très efficaces. C'est sans doute pour ça que la bourgeoisie persiste à ne voir dans cette période que « la terreur ». Leur effort de mobilisation nationale aboutit à la mise sur pied d'une armée de nombreux volontaires, bien équipés, qui élisent leurs officiers.


Ils retourneront la situation militaire, jugée désespérée un an et demi plus tôt. C'est à ce moment que Robespierre est liquidé, son travail est terminé. Les mesures sociales sont annulées, la bourgeoisie entend reprendre le contrôle. Le peuple se révoltera et sera maté dans le sang, tandis que l'armée est occupée à étendre les conquêtes, et que les officiers « populistes » sont éliminés, comme le système d'élection.

Durant toute cette période, l'alliance franco-ottomane a jouer son rôle stratégique classique. C'est Bonaparte qui y mettra un terme. Les conquêtes françaises en méditerranée se rapprochent de plus en plus de la zone d'influence ottomane, les anciens alliés entrent en concurrence.

L'expédition d'Egypte, en 1797, marque la fin de l'alliance. Les soldats français se battent contre les Ottomans. Bien que l'opération fut un fiasco, le jeune général de la république, qui a abandonné ses troupes en déroute, revient en France auréolé de romantisme oriental. La mode est a l'égyptomanie. Soutenu par la bourgeoisie, la presse commence à cultiver sa légende. Déjà subventionnée, entièrement contrôlée par l'état, la presse a dès cette époque une influence considérable. Les tirages sont importants, et la pratique des lectures publiques étend encore son auditoire. Cette propagande reste encore aujourd'hui « l'histoire officielle » en vigueur en France.

La république sera progressivement liquidée au profit de sa dictature. Sur le plan intérieur, une grande partie des institutions dont ont lui prête l'initiative sont en réalité des projets commencés par la république, par exemple la rédaction du code civil est un projet de longue haleine, démarré en 1793. Il assurera le contrôle de l'Église par le fameux concordat, arraché pistolet sur la tempe au pape. Ainsi, les évêques seront nommés par un ministre. La succession apostolique se voit donc sous la responsabilité de la bureaucratie. Un groupe de banquier se voit donner le monopole d'émission de monnaie, grâce à la naissance de la Banque de France, qui restera un organisme privé jusqu'en 1936, outil par lequel la bourgeoisie s'assure une ligne directe entre les caisses de l'état et ses poches. Il rétablit l’esclavage en 1802, à la plus grande joie des négriers et planteurs.

Sur le plan extérieur, il met l'Europe à feu et à sang, et pille le continent tout entier. L'équation stratégique se déplace géographiquement, mais reste la même : il faut trouver des alliés sur le coté Est de l'ennemi. Ainsi, une nouvelle alliance avec un pays du monde islamique voit le jour, cette fois avec la Perse. Le traité, signé en 1807, vise à maintenir une pression sur deux fronts contre l'empire Ottoman. Cependant, dès l'année suivante, les Perses se tournent préférentiellement vers les Anglais, et le traité n'a pas de suite. 

Finalement, les déboires militaires commencés en Russie en 1812, vont entraîner la désintégration de l'empire. La bourgeoisie française, qui jusqu’à présent a obtenu sa part du butin, change radicalement d'attitude vis-à-vis de Napoléon. Celui-ci commence à leur réclamer des impôts en 1813, qu'il ne peut plus prélever dans les pays qui se libèrent les uns après les autres. Il tombera quelques mois plus tard, et après un bref sursaut en 1815, quitte la scène politique définitivement. 

La coalition européenne victorieuse met le successeur de Louis XVI sur le trône de France. Louis XVIII aura une politique d'apaisement et de compromis entre les intérêts des forces en présence : peuple, aristocratie, bourgeoisie et pouvoir royal. Il ne restaure pas la monarchie absolue, mais une monarchie parlementaire. Il tente en vain de réformer le concordat. Son successeur, Charles X, avait, dit-on, des visions de la Vierge, et fera de nombreuses concessions économiques aux prélats et congrégations français. Sur le plan extérieur, l'empire ottoman continue d'être grignoté par les occidentaux. La France soutient les Grecques dans leur guerre d'indépendance, entre 1823 et 1830. La défaite ottomane, et une guerre civile qui fait rage en Espagne, ouvrent de nouvelles opportunités en méditerranée. Espagnoles et Ottomans étant hors jeu pour un certain temps, la France se lance dans la conquête de l'Algérie, officiellement pour mettre fin à la piraterie.

L'opération commencée sous la monarchie légitimiste se poursuit sous le nouveau régime issu de la révolution de 1830, opération entièrement pilotée par la bourgeoisie, à l'instar de celle de 1789. Le nouveau roi, Louis-Philippe d'Orléans inaugurera la pire période de misère ouvrière que la France a connue. Les libertins imposent un ordre moral sévère au peuple, par le biais de l'Église catholique. Adolphe Thiers, longtemps Premier ministre du royaume, dira plus tard : 

« Je veux rendre toute-puissante l'influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l'homme qu'il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l'homme : "Jouis" » (Commission sur l'instruction primaire, 1849)

Durant cette période, la France étend ses conquêtes vers le Maroc, a qui il impose une tutelle croissante.
Devant la montée de la colère des masses, l'opération « révolution colorée » est renouvelée en 1848. La Seconde République est inaugurée, et suscite beaucoup d'espoirs. C'est à cette époque que Marx rédige « le manifeste du Parti communiste ». Selon le même schéma que l'Histoire de la première république, le peuple est calmé un temps, puis la république est liquidée. En 1852 Louis-Napoléon Bonaparte restaure un régime dictatorial, suite à un coup d'état. Durant son règne, la bourgeoisie sera florissante comme jamais. C'est l'époque du développement du chemin de fer en France, des réseaux de gaz urbain, et de nombreuses autres industries nouvelles. La situation du prolétariat, elle ne s'améliorera pas, les quelques hausses de salaire seront compensées par la hausse de l'inflation. L'Église catholique concordataire conserve sont rôle d'auxiliaire de police et sa primauté dans l'éducation, mais beaucoup commencent à critiquer son efficacité décroissante sur peuple. La presse est toujours soumise à la censure d'état, mais là aussi, beaucoup redoutent que les flagorneries de courtisans ne trompent plus grand monde. Le danger de l'organisation ouvrière est dans tous les esprits bourgeois, tandis que les méthodes de propagande du régime sont jugées archaïques par un nombre croissant des membres de l'élite.

Durant ce règne, l'empire britannique est déjà en train de dévorer le monde, et l'Asie est la principale proie de l'appétit des nations européennes. La France participera à plusieurs guerres, en Crimée contre les Russes, en Chine, elle commence l'invasion du Viêtnam, « intervient » en Corée.

L'aventurisme politique de l'empereur fera chuter le régime, pour laisser place à la république telle que nous la connaissons. Voir l'article L’origine de notre République pour la description de ces évènements.

À l'issue de cette première partie, j'espère que le lecteur aura déjà assez d'éléments pour voir que la fable de « l'islam » conquérant et celui de l'affrontement millénaire de la « chrétienté » contre « l'islamisme » relève de l'ignorance crasse, d'une vision du monde et de l'Histoire estropiée, une sorte d'inversion accusatoire anachronique. Dans la seconde partie, nous verrons pourquoi et comment ce mythe est diffusé aujourd'hui. 



111 réactions


    • popov 20 février 2021 16:47

      @Jonas

      Il y a aussi la carte des QI.

      Et celle de la proportion de mariages consanguins.

      Il s’agit bien sûr des QI moyens. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de génies dans ces pays, cela veut dire qu’il n’y en a pas assez.


    • Jonas 20 février 2021 22:01

      @Popov
      Evidemment , qu’il y a des femmes et des hommes admirables , de grands talents et mêmes des géniaux dans les pays musulmans.

      Mais hélas ils sont  minoritaires. Les masses, elles, sont nombreuses , et incultes. Fanatisées dans les mosquées par l’interprétation du Coran par des imams la plupart du temps autoproclamés et sans éducation.
       
      Le QI. Le PNUD ( programme des Nations Unies pour le développement des pays arabes ) avant ce que l’on a appelé « Printemps arabe » concept forgé en l’occident , plus de 42 % des arabo-musulmans sont analphabètes Le monde arabo-musulman a traduit comme livres en 100 ans ce que l’Espagne fait en une année. L’ancien directeur de l’AIEA, l’égyptien Mohammed AlBaradei , lors d’une interview a Al-jazeera, confirme le chiffre de 42 % d’arabo-musulmans analphabètes. Il se désolait de cette situation , qu’il considérait pire que celle des subsahariens. 

      Les musulmans sont a peu près 1500 millions d’individus dans le monde dont 400 millions d’ arabo-musulmans seulement. Les non arabes représentent plus du double.
      .
       Comment voulez-vous , qu’un Pakistanais , Bangladais , Aghan, Indien ( de l’Inde ) Indonésien , Tchétchène, Khazakh , Malaisien , Ouzbèk, Tadjik etc puisse lire le Coran en langue arabe et le comprendre ? Déjà sa lecture pose des difficultés pour ceux qui sont familiers avec la langue , sans parler de sa compréhension et de son interprétation en le situation dans son lieu géographique et son contexte historique de l’époque. 

      Ce sont les dictateurs arabo-musulmans et musulmans non arabes , qui poussent les imams à exciter et inciter  leurs ouailles , a la violence . Pour qu’eux les dictateurs, passent pour des pacifiques et des gens tolérants aux yeux des gouvernements occidentaux. 

      Le musulman non arabe , comme l’arabo-musulman se trouve dans la même situation que les chrétiens d’autrefois qui ne connaissaient pas le latin et se fiaient au curé , pour les explications des Evangiles et la religion. 

      Les imams ont ce rôle aujourd’hui avec les dégâts que cela laisse dans les cerveaux. Pensez-vous qu’un imam peut lire Salman Rushdie , feuilleter , Charlie Hebdo , ou qu’il puisse définir la laïcité dont il n’a jamais entendu parler ? Même dans la langue Arabe , ce mot est récent et passe pour de l’ athéisme.  


  • popov 21 février 2021 02:24

    @Opposition contrôlée

    Vous voulez que je vous dise quel est exactement le problème que la France a avec l’islam ?

    C’est très simple. Le nombre de mahométans ne cesse de croître en France à cause de son taux de natalité élevé et à cause de l’immigration (légale et illégale) tandis que la population non mahométane décroît à cause de son taux de natalité trop faible.

    Si rien n’est fait, il va arriver un moment où les deux courbes vont se croiser. Les mahométans seront alors en majorité.

    Or, dans tous les pays où les mahométans sont en majorité, les adeptes des autres religions sont persécutés à divers degrés. Il n’y a pas d’exception. Il n’y a aucun pays islamique où les adeptes des autres religions ont autant de droits que les mahométans en ont en France aujourd’hui. Les Français vont donc se retrouver dans une situation de citoyens de seconde catégorie et dirigés par des islamopithèques. Ce ne sera pas 1984 d’Orwel, ce sera la Planète des Singes.

    Il serait illusoire d’espérer que par un heureux hasard, l’islam obscurantiste d’aujourd’hui se transforme tout d’un coup en islam des lumières juste avant que les mahométans ne se retrouvent en majorité.

    Le problème étant posé en termes de démographie, c’est donc par le contrôle de cette démographie qu’un gouvernement responsable devrait commencer par y répondre :

    • en arrêtant immédiatement toute immigration de mahométans, en particulier, en remettant à leurs ambassade respectives les « mineurs non accompagnés »
    • en expulsant les familles de récidivistes (regroupement familial dans l’autre sens —ce serait inhumain de séparer des familles)
    • en faisant pression sur le taux de natalité de la population islamique au moyen des allocations familiales

    À ces mesures visant à prévenir le déséquilibre démographique, il faudrait bien sûr ajouter des mesures visant à assimiler les populations immigrées et à les écarter progressivement de l’islam. À ce sujet, il y aurait peut-être des connaissances et du savoir faire à importer de Chine. Je suis sûr que vous n’y verriez pas d’inconvénients.

    Si ce que je propose vous semble monstrueux, sachez que l’alternative, c’est la guerre civile que personne ne souhaite.


    • popov 21 février 2021 11:32

      @Philippe Huysmans, Complotologue

      Cela dit, popov, je ne peux pas accepter vos qualifiquatifs d’islamopithèques et autres insultes, c’est juste révoltant, et indigne d’un intervenant intelligent.

      Regardez les blaireaux du CCIF. C’est ce genre de leaders que j’appelle les islamopithèques et ce sont eux qui prendront le pouvoir quand les mahométans seront assez nombreux. Et ils prendront le pouvoir tout simplement parce que les mahométans voteront pour eux comme en Turquie, en Égypte, en Tunisie.
       
      En un sens, ils ont déjà un peu le pouvoir. Au début du siècle dernier, il était de bon ton parmi les petits franc macs de France de crier « À bas la calotte » sur tous les toits. Aujourd’hui, dans cette pétaudière islamique qu’est devenue Bruxelles, vous ne pourriez plus crier « À bas la moustoufe » si vous le vouliez. Ce serait mettre bêtement votre vie et celle de vos proches en danger.

    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 21 février 2021 11:36

      @popov
      Sans blague, « les blaireaux du CCIF » vont prendre le pouvoir.
      C’est certain, ce que la foule des français gilets jaunes n’a jamais approché, ce que le peuple à échoué à faire durant deux siècles, arracher le pouvoir à la bourgeoisie, un petite bande d’illettrés totalement manipulée va y parvenir... Tout à fait crédible. 


    • popov 21 février 2021 12:22

      @Opposition contrôlée

      Ils l’ont pris en Turquie, en Égypte et en Tunisie, et tout à fait légalement. Il suffit d’obtenir un nombre suffisant de votes.


    • popov 21 février 2021 14:53

      @Philippe Huysmans, Complotologue

      Vous voulez quoi, là ? Les massacrer ?

      J’ai dit ce que je voulais et qui pourrait peut-être encore éviter une guerre civile que personne ne veut.
      D’où sort cette idée de massacrer des innocents ?

  • Wald 21 février 2021 11:05

    Bonjour l’auteur, 

    Ca fait plaisir de voir un article qui argumente un minimum sur ce site, on en trouve quasiment plus depuis des années. Je trouve pas mal votre intro, le simple fait de suggérer de prendre en compte l’étendue dans le temps et dans l’espace de la complexité d’un phénomène que l’on veut décrire (ici l’islam, mais ça pourrait être autre chose), est déjà un bond intellectuel par rapport à ce qui se passe ici depuis des années et des années.


    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 21 février 2021 11:26

      @Wald
      Bonjour, et merci.

      Je pense qu’en grande partie, c’est l’effet de la matraque médiatique. Il y a non seulement dictature de « l’actualité » qui par définition est toujours changeante, couplée à la diffusion des « éléments de langages » et autres slogans qui assurent que tout problème sera mal posé. Ceci permet de neutraliser les moyens de communication, les débats qui pourraient être émancipateurs de la tutelle de « l’élite » qui organise la société pour son unique intérêt. Amnésie collective, hystérisation, matraque médiatique, tout cela permet d’imposer aux esprits une vision du monde totalement virtuelle, qui légitime les politiques que nous subissons.

      Je lis plus de presse du XIXe siècle que « d’actualité ». Constat : rien n’a changé. 


    • Wald 21 février 2021 19:39

      @Opposition contrôlée

      La presse du 19ème était déjà comme ça ? Je comprends mieux pourquoi Flaubert dans ses « Pensées » en disait tant de mal.


  • karim 21 février 2021 18:31

    L’Islam cherche la destruction du « monde judéo-chrétien »  !!! Le monde Chrétien est déjà détruit par les Judéo eux même. C’est une vengeance pour les siècles de persécution et ils ne le cachent pas. Parler de monde judéo-chrétien c’est parler d’une relation contre nature. L’inversion accusatoire devient un art et les médias une arme pour brandir l’Islam comme spectre contre les populations d’Occident, afin de trouver un alibi pour détruire les pays musulmans et voler leurs richesses, au grand profit du sionisme et de la bourgeoisie judéo-capitaliste qui dirigent l’Occident.


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