vendredi 2 janvier 2009 - par Henri Diacono

La France policée

Il a parlé mercredi soir. A son pays uniquement. Il n’est plus en effet un Président à deux casquettes. Le voilà redevenu seulement le Président des Français, repartant dans son rôle favori de distributeur de promesses et d’encouragements.
 
Tel le cavalier blanc caracolant, comme Zorro, sur un destrier fougueux qui dans les années 80, animait une publicité de… décapant, le « chevalier Ajax », énumérant ses victoires étrangères, il a beaucoup parlé en disant notamment qu’avec lui tout ira pour le mieux, qu’il combattra fermement les nuages noirs qui s’annoncent et que les réformes engagées, en les citant les unes après les autres, iront à leur terme.
 
Toutes sauf une qui, il est vrai, dans un tel discours de ralliement et d’espoir n’aurait pas eu sa place sinon celle d’une virgule.
 
La sécurité et donc la police. Encore et toujours dites-vous ? Et oui, avec un tour de vis supplémentaire dont le montage paraît pour le moins insolite sinon dangereux.
La nouvelle serait passée complètement inaperçue si le 13 décembre dernier, Le Figaro, dans une assez brève évocation n’avait dévoilé, « en exclusivité » selon lui, l’axe central du fameux Livre Blanc (un de plus) sur la Sécurité, celui-là. Rédigé sous la conduite de Michèle Alliot Marie, par l’Institut National des Hautes Etudes de Sécurité (vous connaissiez ?) à l’initiative de Nicolas Sarkozy qui en fut son principal inspirateur et en signa la préface, ce rapport devait être remis au Président deux jours plus tard, le 15.
 
L’une des premières phrases de la préface présidentielle du document, résume à elle seule, la teneur de son contenu. « La place du secteur privé doit être de plus en plus importante dans la protection de nos concitoyens ». Et la suite du Livre est de la même teneur.
 
Il serait nécessaire de créer un statut de partenariat et de coopération entre polices privée et nationale, gendarmerie comprise. Ouvrir une sorte de coproduction de la Sécurité sous l’égide d’un Conseil Economique de Sécurité, étant entendu que les « privés » devraient se soumettre à une formation de la « déontologie ». Mais voyons !!!
 
La France, est-il écrit, compte actuellement 379 fonctionnaires avec les gendarmes bien sûr pour 100.000 habitants. Elle serait donc l’une des dernières dans ce secteur en Europe. Or, dans une grande partie de l’Union, la police privée entre dans le jeu, gonflant ainsi le sécuritaire. Toujours dans le même esprit le Livre dévoile que de nos jours 1.700.000 policiers européens travaillent pour 50.000 entreprises privées générant un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 15 milliards d’euros.
 
Alors les français s’inspireront encore de ce qui se fait ailleurs. Une belle habitude de la plupart de nos gouvernants dont on est, alors, en droit de se demander à quoi ils servent. Et ils n’iront pas avec le dos de la cuillère les dirigeants « sécuritaires » gaulois. Afin de réduire les dépenses budgétaires en ne remplaçant pas ou peu les fonctionnaires de police partant à la retraite et en limitant les campagnes d’enrôlement, il est prévu de confier la sécurité en « partenariat » à 200.000 policiers privés dans les prochaines années. Ainsi, à l’horizon 2019 ou bien avant comme il faut craindre, la France sera le plus sécurisé ou… le plus cadenassée d’Europe. D’autant qu’elle a l’intention, dès cette année de porter le nombre des vidéos « protections nationales de 20.000 à 60.000.
 
Le livre ne dit pas quelles tâches seraient assurées par ces nouveaux venus en uniforme. Seront-ils les nouvelles « pervenches » déesses des contraventions pour stationnement interdit, ou bien les costauds des patrouilles nocturnes à travers les quartiers dits sensibles, ou plutôt ces sentinelles s’ennuyant à mourir à devoir faire les cent pas devant la plupart des ambassades ou appartements de ces messieurs les politiques, ou encore à canaliser ou interdire toute manifestation publique, ou, pourquoi pas , enquêter sur toute affaire criminelle et surtout s’ils seraient munis d’armes à feu ? On aimerait savoir.
 
Il reste également muet sur un sujet d’importance. Qui paiera leur collaboration ? Les commerçants, les passants, les locataires d’immeubles-tours, le sdf, le concierge, le lycéen, le syndicaliste, les victimes, les assassins, le voleur de pain ou, plus rare, le coupable en col banc ?
 
Je vous fiche mon billet que ce sera à nouveau l’Etat, donc vous et moi qui seront si bien sécurisés, pardon « surveillés ». Qu’en pensez-vous ?


20 réactions


  • non666 non666 2 janvier 2009 10:30

    Il semble que Sarkozy rève d’un groupe Carlyle à la française ou lui et ses petits copâins des industries de defense seraient les actionnaires majoritaires ?

    Video surveillance, police privée cela promet.
    De toute façon, intervenir en banlieue , dans les territoires occupés , coute trop cher et declanche trop de trouble....

    Une compagnie de mercenaire ,façon bagdad , generait ces zones avec beaucoup plus d’efficacité...
    Comme ça l’EPAD qui controle le quartier de la defense pourrait prendre en compte la sécurité des zones faiblement peuplé a haut niveau de revenu pendant qu’on laisserait les territoires occupés à la gauche en lui delegant , au nom de la regionaliation des compétences, le maintien de l’ordre ?

    Trop cool l’avenir Bushien de ce pourrisseur de NOTRE pays.


    • Henri François 2 janvier 2009 17:23

      Merci d’avoir dévoilé une hypothèse fort plausible. A savoir que le coût de "l’emploi de flics d’officines privées" serait proportionnel à la "dangerosité" du travail demandé. Alors là, bonjour les factures sécuritaires salées pour tous les contrats qui émaneraient de clients de quarrtier dits "populaires ou à risques", gérés la plupart à gauche.
      D’autre part, en effet vu l’aspect juteux que repésenterait un tel marché, il ne serai pas surprenant que quelques bons amis du pouvoir ne s’y investissent. Ils auraient ainsi le beurre e l’argent du beurre. En toute "légalité". 


  • Absurde Absurde 2 janvier 2009 10:56

    On imagine l’imbroglio juridique qu’une telle mesure engendrerait. Que vaudrait l’arrestation en flag par un flic privé d’un criminel de droit commun ? Aux yeux d’un juge responsable, cela se solderait pas un non-lieu. Et d’une façon ou d’une autre, si pareil dispositif était mis en place, il y aurait une telle résistance de la part des syndicats de la magistrature comme du Barreau que le dispositif avorterait bien vite. 

    Déjà, il y a eu de la part du pouvoir en place une tentative d’instaurer une sorte de système de ce genre sur le mode du volontarisme citoyen (autrement dit du bénévolat), où tout un chacun est invité à devenir un sous-flic sans prérogatives ni arme mais soumis à sa hiérarchie et disponible à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, comme un pompier volontaire. On ne nous renseigne guère sur le succès ou sur l’échec de cette initiative auprès du public, et d’ailleurs j’ai remarqué que les affiches et encarts de recrutement ont rapidement disparu. 


    • Henri François 2 janvier 2009 16:58

      Merci de m’avoir rappelé la tentative de mise en place par le pouvoir du système de la "délation"...gratiute bien sûr.


    • al120361 3 janvier 2009 10:29

      En flagrance, n’importe quel citoyen est à même d’interpeler l’auteur d’un crime ou d’un délit punit d’une peine d’emprisonnement et à le présenter devant un Officier de Police Judiciaire.
      Ce genre d’arrestation étant prévu par les textes, les Magistrats ne casseront pas la procèdure.
      Mais bon, il faut laisser les Policiers faire leur boulôt et ne pas confier la sécurité des personnes et des biens à des cow-boys non formés pour celà.
      Chacun son job Non ? 


  • 3°oeil 2 janvier 2009 11:13

    Onet chargé de la sécurité du ministère de la Défense,de l’aspirateur au flingue
    http://www.challenges.fr/actualites/politique_economique/20081205.CHA9077/o net_charge_de_la_securite_du_ministere_de_la_defense.html


    • caramico 2 janvier 2009 11:43

      ça coûte moins cher, fait par onet ?


    • caramico 2 janvier 2009 11:46

      Enfin, un mal pour un bien, tous nos concitoyens qui se sont emmerdés sur les champs élysées la nuit de la saint sylvestre, l’ont fait en toute sécurité, protégés par 2000 flics veillant à ce qu’il n’y ai aucun débordement ,
      même pas celui d’une coupe de champagne !


  • paul 2 janvier 2009 11:24

    La suite "logique" de la diminution ,voire la suppression du fonctionnariat ,c’est le tranfert au privé .
    Dans le domaine de la sécurité et de la défense,cette solution donne au pouvoir politique une plus large
    autonomie ,surtout en cas de contestations ou de bavures .On se rapproche lentement mais surement
    du modèle étatsunien où le shérif est élu par la population .


  • Dzan 2 janvier 2009 12:04

    Il, n’y a plus qu’a faire appel aux anciens du SAC et de l’OAS !!!

    A quand les milicfes armées comme dans certaines villes US ?


    • Henri François 2 janvier 2009 17:10

      A croire que vous n’avez rien compris.
      D’après vous, 200.000 flics de plus, privés, donc au service du client (en l’occurence l’Etat) les yeux et les oreilles bouchés ne vous rappelle pas une nouvelle forme de Stasi ou KGB. ?
      Surveillés d’autre part de plus en plus par des vidéos dites de "protection", ne vous rappelle pas une nouvelle forme de Stasi ou KGB ?
      Mais bon sang, la dernière manifestation de droit divin de NS au sujet d’un bain de pieds pris par des corses dans la piscine d’un petit copain, courtisan de surcroît, et la suspension d’un haut fonctionnaire qui s’en est suvie, ne vous rappelle-t-elle pas des méthodes chères à la Stasi ou au KGB ? 


  • TSS 2 janvier 2009 14:05

    vu le nombre de réacs fachos qui interviennent sur ce site ,il va y avoir du monde pour postuler mais....c’est

    beaucoup plus facile de casser du robeu ou renoi derrière un clavier que dans les cités !!!hein calmos... !!


  • gmily 2 janvier 2009 15:59

    La violence n’est pas encore assez généralisée en France ! Trop de Français de gauche lui préfère la négociation . Foutaise ! Avec l’Omniprésident à talonnettes , offrons la violence économique , celle qui rapporte aux actionnaires ! ... Quelques provocations bien orchestrées pourront rapporter gros ! Un pro du social à la Française ce Sarko ! La France est en CRISE , rendons la INVIVABLE !.... Châpeau Mr l’Omniprésident.


  • claireopale claireopale 2 janvier 2009 19:13

    ce n’est pas des fachos qui s’agglutinent sur cet article.....mais des paranos !
    le fichage, les caméras....bref ça craint pour eux !! rire
    vous aurez toujours les psy pour faire taire vos neurones !


  • JONAS Virgule 2 janvier 2009 22:47

    @ L’Auteur :

    J’aime bien votre phrase : " Toutes, sauf une qui, il est vrai, dans un tel discours de ralliement et d’espoir n’aurait pas eu sa place sinon celle d’une virgule ".

    C’est vrai, une virgule c’est chiant, on a envie de la chasser d’un coup violent de l’index !

    Un exemple capital de la Virgule :

    " Henri François a dit, Virgule est un imbécile ! "

    " Henri François, à dit Virgule est un imbécile ! "

    Vous voyez, sans changer un seul mot de place ! La virgule a un rôle déterminant… !

    Pour commenter très sommairement votre article qui ne manque pas d’intérêt, je vous dirai que l’augmentation des Forces de l’Ordre et dans la logique du mondialisme : Moins d’Armées = plus de policiers.

    Pour faire vivre en paix des communautés diverses et éviter qu’elles ne s’affrontent dans des combats tribaux, nous n’avons pas fini de voir gonfler ces effectifs.

    Bien à vous.


    • Henri François 3 janvier 2009 09:39

      Salut Virgule.
      Puis-je me permettre deux rectifications concernant l’emploi de la virgule, pause respiratoire que j’adore utiliser et qui donne du rythme aux phrases.
      Dans votre premier exemple il aurait fallu écrire : 
      Henri François a dit : Virgule est un imbécile ! (entre nous une affirmation qui ne m’a jamais effleuré). Donc pas de virgule.
      Dans le second, franchement je ne vois pas la différence d’autant que votre "a" devient un "à". Il aurait fallu alors employer "deux" virgules et non "une déplacée".
      Henri François, a dit Virgule, est un imbécile. (entre nous une affirmation qui doit vous chatouiller depuis longtemps et que vous avez le droit d’exprimer)
      De toute façon vous avez faux dans les deux phrases qui vous ont servi - en voulant peut-être utiliser l’ironie- d’exemple sur la place de...Virgule (avez-vous remarqué la majuscule).
      Ah ces virgules !!!! 
      Toujours entre nous, ne croyez-vous pas que, si de bas en haut (surtout en haut) l’échelle sociale d’un pays comme la France était mieux, bien mieux, charpentée, avec le suci de l’équité et de l’honnêteté, il n’y aurait nul besoin d’augmenterles effectifs de police ? Oui, je sais,l’homme restera l’homme. Tel qu’il l’a toujours été. Plus agressif que doux. 
      Bien à vous.


  • JONAS Virgule 3 janvier 2009 00:29

    @ Sampiéro :

    Je sais que vous faites partie des nouveaux " dieux " qui s’expriment sur ce Site !

    Je ne suis qu’un modeste humain qui n’a pas la prétention de sauver le monde, je n’ai pu qu’avec l’aide de mes camarades, sauver quelques personnes, sans distinction de race, de couleurs et de religions.

    Un milliard de Musulmans dans le monde, environ 10 millions de Juifs en Israël

    Dites-moi ! Vous hurliez à la mort pour le Tibet envahi par les Chinois ?

    C’est extraordinaire ! Vous trouveriez normal que nous abandonnions Israël face à un milliard de Musulmans !

    Vous avez peut-être un ou des Résistants dans votre famille, mais vous ne les avez sûrement pas bien écoutés, car vous, ce n’est pas à la 7ème Compagnie que vous appartenez, mais à la 5e Colonne ! Vous connaissez ? !

    (La cinquième colonne désigne les partisans - au sein d’un État ou d’une organisation - d’un autre État ou d’une autre organisation hostile).

    Alors l’épicier ! C’est VOUS !

    @ ----

     

    et un peu plus pour la diaspora dispersait dans le monde.


  • chmoll chmoll 3 janvier 2009 09:38

    meu non,mercredi l’gus vous a dit (fin il s’est dit),j’vais core emm’ner mes 60 millions d’moutons aux alpages brouter d’lherbe bien grasse


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