jeudi 5 novembre 2020 - par Jacques-Robert SIMON

La Gauche : être ou le néant

 

 Il ne s’agit pas d’ajouter une diatribe aux malheurs qui s’abattent sur le Monde, juste de proposer une solution simple, évidente, à la portée de tous, sans utopie ni cynisme, juste une solution raisonnable.

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 La misère s’abat chaque jour plus violemment sur des couches de plus en plus importantes de la population, les Hommes politiques censés œuvrer pour le bien de tous ne font qu’appliquer des recettes éculées d’économistes se disant prestigieux mais qui se contredisent les uns les autres, les guerres couvent dans une multitude de pays, les agressions d’illuminés se réclamant du divin se font chaque jour plus cruelles… et maintenant des sociétés terrorisées par un virus et qui se tournent vers des autorités qui n’ont apparemment pas préparées ce qu’elles doivent faire, ce qu’elles auraient dû faire. Et la Gauche ? Que propose-t-elle à part vilipender la Droite ? On avait compris que l’IVG, le féminisme, l’anticolonialisme, l’antiracisme, l’immigration lui servait de viatique mais est-ce suffisant pour se prétendre les défenseurs de ceux qui n’ont rien ou pas grand-chose, pour donner un élan à une Nation et un but.

 Il est incontestable que le pouvoir d’achat a considérablement augmenté en France durant le 20ième siècle, il est tout aussi incontestable que cette augmentation s’est accompagnée du détricotage des valeurs populaires, de l’émiettement de leur dignité même si l’on prenait soin d’enrober les paroles les plus meurtrissantes d’une abondante ‘couche de confiture’.

 Être de gauche signifie que l’on fait des propositions en faisant abstraction (autant que possible) de ses intérêts personnels, on est donc ni blanc, ni noir, ni juif, ni musulman, ni homme, ni femme, ni riche, ni pauvre et elles ne doivent pas non plus vouloir être la somme des clientèles que représente chacune des parties. On ne réclame qu’une seule et unique chose à un Homme de gauche, l’honnêteté (qui n’est d’ailleurs pas une vertu uniquement pour la gauche). Une action concrète peut permettre de résoudre tous les problèmes qui se posent actuellement si elle fait fi des querelles faites essentiellement pour participer à l’écume des jours.

 Dès1998, il a été proposé d’installer massivement des cellules solaires au sud du Maghreb pour convertir l’électricité produite en hydrogène et oxygène par électrolyse de l’eau. Le souhait de l’époque n’était pas de se substituer aux acteurs locaux mais de les épauler. La direction relevait uniquement des pays du Maghreb sans intervention extérieure et tous les corps de métier devaient être impliqués en excluant les apports externes. Il ne s’agissait pas de faire poser des cellules chinoises à bas prix par des fellahs sous payés. Le livre de M. David JC MacKay paru en 2009 [1] permit de conforter l’approche. Pour résoudre les problèmes d’approvisionnement énergétique qui se profilent tout en permettant un essor industriel réel au Maghreb, il fallait faire abstraction de l’approche marchande en se concentrant sur les seuls aspects techniques. C’est la raison de la délimitation des apports techniques et humains aux seuls pays du Maghreb et à la France.

 Pour avoir des ordres de grandeur corrects, nous nous limiterons à l’examen des besoins énergétiques de l’Union Européenne (27 pays, 500 millions d’habitants) et de l’Union du Maghreb (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie) comprenant 90 millions de personnes. La consommation d’énergie des 27 pays européens en 2008 était de l’ordre de 110 kWh/ (personne.jour). L’hypothèse prise consiste à satisfaire des besoins de l’U.E. et de l’Union du Maghreb) à ce niveau.

 Les capteurs solaires doivent être disposés à plat au Sahara, ils collecteront alors environ 6 kWh/ (m2.jour) d’énergie solaire. La surface de capteur solaire nécessaire est donc de 110/6 = 18,3 20 m2/personne ; soit pour les 600 millions d’habitants 12 000 km2 (un carré de 110 km de côté). La capacité du capteur à transformer les photons solaires en énergie électrique et/ou en hydrogène et en oxygène doit maintenant être prise en compte. Le rendement de conversion dépend évidemment des techniques adoptées mais il peut être considéré qu’il faudra un carré d’installation au moins dix fois plus grand (400x400 km2) ce qui est loin d’être négligeable en France mais qui l’est au Sahara.

 Les raisonnements utilisés sont le plus souvent basés sur le prix de revient du kWh fourni pour un type de cellule donné. La prise en compte de l’investissement financier nécessaires et son amortissement sont indispensables pour ce qui existe, ce n’est pas le cas lorsque cela n’existe pas. Aurait-on été sur la lune pour avoir la 5G ? La main invisible est de peu de secours pour les choses importantes elle qui ne fait qu’engendrer agitation et frénésie pour qu’une fraction en tire bénéfice. Un projet d’envergure a des répercussions sur l’ensemble de la société, la prise en compte d’un seul intrant, le rendement de l’investissement, ne peut que conduire à son échec.

  Un examen attentif des propositions contenues dans le livre de M. MacKay [1] indique clairement que tout développement durable passe impérativement par une maîtrise des comportements : les sociétés du futur seront sobres ou guerrières, totalitaires et impérialistes. Ceci a des conséquences considérables sur les choix technologiques qui peuvent être proposées. Il est en conséquence nécessaire de faire du temps un allié et non pas un ennemi. Il est indispensable par exemple d’utiliser ce qu’il y a de mieux à chacune des étapes technologiques et non pas ce qu’il y a de moins cher. Les installations auront une plus grande durée de vie, les frais de maintenance seront moindres, les inventions nouvelles viendront s’ajouter aux anciennes sans les annuler, les participants à l’aventure seront traités d’une façon plus satisfaisante.

 Le dimensionnement des usines de production est un paramètre important. Les industriels, assez généralement, tendent à optimiser leurs investissements en construisant d’énormes structures qui leur permettent d’avoir sous leur férule un maximum d’employés et donc de revenus pour ceux qui dominent la pyramide hiérarchique. Constatation de l’ultragauche insensée ? « La religion du big is beautiful a de plus en plus d’adeptes, du moins dans les conseils d’administration avides de jouir du présent alors qu’il faut bâtir l’avenir. Il faut avoir, à tout prix, le plus grand groupe pétrolier, la plus grosse banque, un géant mondial de la distribution. Qu’y gagne-t-on ? ». Cette déclaration a été faite par M. Alain Juppé [2].

 Reste à déterminer la façon d’agir : choisir un consortium d’entreprises privées plus ou moins coordonnées par une régulation ou faire confiance au secteur public ? La Manufacture royale de glaces de miroirs fut fondée en 1665 ; devenue Saint-Gobain, elle démontra longtemps son savoir faire technique et industriel. La République ne fut pas en reste : elle créa l’Ecole Polytechnique en 1794. Ses anciens élèves, considérés à juste titre comme l’élite des ingénieurs français, participèrent très activement à l’essor industriel du pays. Au lieu de cela on plongea dans le monde des industries sans usines, dans un monde sans usines du tout. Le choix est donc aisé si l’on veut être sérieux.

  Il faut se donner comme maître d’oeuvre un Commissariat à l’Energie Solaire (COMES) entièrement public sur le modèle du CEA. Un tel Commissariat avait bien été créé en 1978 mais il se transforma en agence en 1982, perdant ainsi toute efficacité industrielle et commerciale. Si les savoirs du COMES et de l’École Polytechniques sont indispensables à tout projet d’envergure concernant l’énergie solaire au Maghreb, il est entendu qu’il ne s’agit que d’une offre de compétences à utiliser ou non par les responsables maghrébins. Toutefois, seule une coopération biunivoque France-Maghreb peut s’établir avec une chance de succès, sans interférences exogènes. La France seule collabore avec le Maghreb ce qui impose un libre accès aux savoirs, aux technologies, aux structures éducatives communes sans aucune contrepartie.

 Le plan du programme proposé est maintenant clair. Les deux matériaux de départ seront le sable et l’eau de mer. Les cellules solaires au silicium sont préférées par comparaison aux autres types de dispositif. Les processus d’électrolyse de l’eau sont bien connus, il est juste nécessaire de penser à récupérer l’énergie calorique nécessaire à distiller l’eau de mer provenant des photopiles. L’hydrogène formé permet de stocker l’énergie d’origine solaire avantageusement mais il peut être aussi transformé en méthanol en le faisant réagir avec le gaz carbonique (CO2).

 Les quelques siècles qui nous ont précédés ont été marqués par une croyance absolue dans le Progrès : progrès techniques, progrès sociaux, progrès des mœurs. Une confusion s’est établie entre la Liberté et la délivrance de contraintes. Je ne ressens aucun gêne de m’arrêter à un feu rouge car je sais que riches et pauvres font de même.

 

Références

[1] D.JC MacKay, Sustainable Energy-without the hot air, UIT, Cambridge (2009). Disponible à www.withouthotair.com. Version française : L’énergie durable-pas que du vent disponible à http://www.amides.fr/sewtha.html.

[2] A. Juppé, Montesquieu, Perrin/Grasset, Paris (1999) (page 270)

 

 Ce texte est dédié à MM. Pathé et Marconi deux directeurs qui me furent chers en 1998, et plus sérieusement à M. Reiser. 

 



14 réactions


  • eddofr eddofr 5 novembre 2020 12:12

    Dans le Sahara une solution à base de miroirs concentrateurs et de moteurs Stirling serait peut-être plus efficiente (rendement à peine inférieur à celui des meilleures cellules photovoltaïques pour un coût largement inférieur).

    Le problème de la production d’hydrogène résolu, il reste le stockage et le transport, de l’hydrogène et, pour ça, personne n’a encore trouvé de solution vraiment fiable et bon marché.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 5 novembre 2020 16:30

      @eddofr
      Il est proposé dans le texte de faire appel à l’École Polytechnique qui a les moyens d’examiner les alternatives. Les propositions les plus importantes sont 1) la ’création’ du COMES 2) l’implantation au Sahara 3) l’essor industriel au Maghreb avec ses propres forces 4) une exclusivité d’une collaboration France-Maghreb pour éviter toutes désastreuses concurrences.


    • V_Parlier V_Parlier 6 novembre 2020 00:24

      @eddofr
      Mais d’après l’article tout ça ne marche que si on est de gauche smiley
      (Ou alors ce n’est pas de gauche façon occidentale, ça expliquerait)


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 6 novembre 2020 07:54

      @V_Parlier
      Comme disait un de mes proches, je ne suis pas de gauche et encore moins de Droite. Bien entendu, l’appartenance politique n’a aucune importance.


  • Arogavox Arogavox 5 novembre 2020 14:00

    Si, dans chaque quartier, tous les propriétaires de biens immobilier décidaient de mutualiser leurs investissements et dépenses couvrant leurs besoins énergétiques, ne feraient-ils pas de substantielles économies ?

     Le fait que cela se produise si rarement n’est-il imputable qu’à des considérations technologiques ? ... et existerait-il un absolu selon lequel (’de gauche’ ou d’ailleurs) il serait souhaitable que seul le choix l’une approche technologique reste à débattre ?


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 5 novembre 2020 16:35

      @Arogavox
      EDF a très bien fait son travail durant des décennies bien que tout est été fait pour le déconstruire. La proposition est calquée sur le même schéma. Et les enjeux ne sont pas seulement énergétiques, la mise en place d’un Maghreb industriel et novateur est importante (pour le moins).


    • Arogavox Arogavox 5 novembre 2020 19:34

      @Jacques-Robert SIMON
       Ma remarque n’évoquait pas que le réseau électrique.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 5 novembre 2020 19:45

      @Arogavox
      Les études sur les diverses solutions technologiques sont plutôt trop abondantes que pas assez. Le profil « Polytechnicien » (d’ailleurs celui de M. Jancovici, la personne la plus estimable du domaine) permet d’être optimiste sur le caractère judicieux du choix. J’ai évidemment mon idée mais ceci n’a guère d’importance..


  • zygzornifle zygzornifle 6 novembre 2020 09:47

    Quelle disparaisse, elle le mérite.

    Voter Macron pour faire le sursaut républicains quelle honte ....


  • zygzornifle zygzornifle 6 novembre 2020 09:49

    les Hommes politiques censés œuvrer pour le bien de tous , ou ça, ou ça ?

    Avant tout c’est pour leur bien, le jour ou ils seront payés au smic et auront une retraite comme tout le monde on aura peut être des politiques qui feront leur boulot ....


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 6 novembre 2020 17:16

      @zygzornifle
      Si vous tirez au sort pour constituer un panel de 50 000 députés, c’est ma proposition, vous êtes dans la situation que vous désirez.


  • Albert123 6 novembre 2020 11:11

    « Être de gauche signifie que l’on fait des propositions en faisant abstraction (autant que possible) de ses intérêts personnels, on est donc ni blanc, ni noir, ni juif, ni musulman, ni homme, ni femme, ni riche, ni pauvre et elles ne doivent pas non plus vouloir être la somme des clientèles que représente chacune des parties. » 


    et si on arrêtait surtout de désirer coller à la gauche autant de qualités qu’elle n’a jamais eu dans les faits.

    c’est dommage pour votre article ce qu’il dit est peut être intéressant mais comme dès l’ouverture vous faites de la propagande pour une idéologie qui a démontré toute sa nocivité, je ne lirais pas la suite.

    l’avenir ne se fera pas avec des « idéologisés »


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