samedi 9 décembre 2017 - par Paul ORIOL

La longue lutte des Femmes pour l’égalité (1)

La journée du 25 novembre est dédiée par l'Onu à la violence faite aux femmes. Elle a connu, cette année, un retentissement important. Probablement parce qu'elle arrivait à la suite de l'affaire Harvey Weinstein. Il faut espérer que, un événement chassant l'autre, la question ne va pas être oubliée jusqu’à l’année prochaine.

 

 

En 1993, l'Assemblée générale des Nations unies adopte la Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes et, en 1999, le 25 novembre est proclamé journée internationale pour l'élimination de la violence contre les femmes, en souvenir de l’assassinat, commandité par le dictateur Rafael Trujillo, des trois sœurs Mirabal, militantes politiques dominicaines, le 25 novembre 1960.

 

Quelques chiffres, publiés à l’occasion de cette journée, donnent une idée de l’ampleur du problème.
D’après l’Onu, données de 87 pays de 2005 à 2016, 19% des femmes âgées de 15 à 49 ans affirment avoir subi des violences physiques ou sexuelles infligées par un partenaire intime au cours des 12 mois ayant précédé l'enquête (1).

Dans l’Union européenne, en 2015, 215 000 crimes sexuels ont été rapportés à la police dont un tiers sont des viols. Les victimes sont des femmes dans 90 % des cas et 99% des personnes emprisonnées pour ces crimes sont des hommes.

En France, la police a enregistré 16 741 plaintes, soit près de 50 dénonciations d'agression sexuelle et 31 plaintes pour viol pour 100 000 habitants (10 729 plaintes au total).
Tous ces chiffres sous-estiment probablement l’importance du phénomène car ils ne comptabilisent que les cas signalés à la police (2).

Au delà de l’affaire , il ne faut pas oublier un phénomène permanent et universel. Dans l’enquête de l’Onu, citée ci-dessus, en 2012, près de la moitié des femmes victimes d'homicides volontaires dans le monde ont été tuées par un partenaire intime ou un membre de leur famille contre 6% des hommes.
En France, deux femmes meurent par semaine et un homme toutes les deux semaines du fait de violences dans le couple. La cause principale, pour les hommes auteurs d'homicides, est le refus d‘une séparation en cours ou qui a déjà eu lieu. Pour les femmes, souvent victimes de violences antérieures, c’est à l’occasion d’une énième dispute (3).

 

En 2014, La Croix rapporte une enquête de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne sur 42 000 Européennes : une femme sur cinq dit avoir été victime de violences physiques et/ou sexuelles. Pour la France, une femme sur quatre. Et trois Françaises sur quatre ont subi du harcèlement contre une sur deux en Europe. Près de une sur deux a dû faire face à violences physiques, sexuelles ou psychiques dans l’enfance contre un tiers des européennes.
Chose étonnante dans cette étude, les pays scandinaves, Finlande, Suède, sont plutôt mal classés. Plus que l’importance de la violence, cela traduirait une parole plus libérée des femmes, plus sensibilisées (4).

Quelles que soient les études, les résultat ne permettent pas d’établir un palmarès entre les pays car les chiffres collectés dépendent énormément des conditions de recueil des informations, de la sensibilisation et des attitudes générales vis-à-vis des violences sexuelles. Ils permettent seulement de mettre en évidence et l’ubiquité et l’importance du problème.

Le harcèlement sexuel, le viol sont très répandus dans le temps, ils ne datent pas d’hier, et dans l’espace, classes sociales, pays, continents.
 

La longue lutte des Femmes pour l’égalité (1)

L’affaire Harvey Weinstein a joué un rôle particulier, cette année, parce que le producteur de cinéma le plus puissant d’Hollywood se croyait intouchable et avait un comportement, connu de tous, particulièrement détestable.
Pour que ce comportement soit dénoncé dans la presse, il a fallu des femmes qui aient une surface sociale certaine pour pouvoir assumer publiquement leur accusation.
Ce sont deux femmes journalistes connues : Megan Twohey, qui a contribué à dévoiler, entre autres, le comportement de Donald J. Trump envers les femmes et Jodi Kantor, spécialiste des questions de genre et de travail qui a suivi la campagne présidentielle étasunienne de 2008, qui ont mis en cause Harvey Weinstein, dans le New York Times du 5 octobre 2017. Elles ont été relayées, le 10 octobre, par un article du New Yorker de Ronan Farrow.
Au total, Harvey Weinstein a été publiquement accusé de harcèlement sexuel, d’avoir proposé de favoriser leur carrière contre des faveurs sexuelles, d’avoir voulu acheter le silence de certaines de ses victimes contre de fortes sommes et de viols, faits que beaucoup de monde connaissait, par plus de 70 femmes, majoritairement des actrices mais aussi des employées, des journalistes, des productrices, des mannequins qui se sont senties suffisamment fortes pour cela.

Ces comportements touchent davantage les femmes en situation de faiblesse pour qui il est difficile de protester. Quelquefois, ce sont les victimes qui sont condamnées ! En 2007, une campagne MeToo avait été lancée pour dénoncer les violences sexuelles, notamment à l'encontre des minorités visibles. Sans grand succès (5).
Cette année, à la suite des articles dans les deux prestigieux journaux, une actrice étasunienne propose de reprendre la campagne #metoo pour partager des témoignages de violences sexuelles et sexistes dans différents milieux. D’autres personnalités sont mises en cause. A partir de là, d’autres femmes se sont levées, un peu partout dans le monde.

Cette campagne est reprise en France sous la forme #BalanceTonPorc pour que la peur change de camp . C’est un rapide succès. Et #MeToo et repris aussi dans 85 pays dont, après les États-Unis, le R-U, l'Inde, le Pakistan, le Japon... Mais encore dans d’autres langues et pays : en français au Canada, en arabe, Tunisie, Égypte, Dubaï : أنا_كمان, en Chine : #我也是, Espagne : #YoTambién, Corée du Sud : #나도, Vietnam : #TôiCũngVậy, Israël : גםאנחנו# (NousAussi), Italie : #QuellaVoltaChe (LaFoisOù)…

Les messages diffusés signalent des faits depuis des propos jusqu’au viol en passant par le harcèlement, les agressions… dans différents milieux professionnels (monde du divertissement, politique, finance, sport...), à l’école, en famille, quelquefois en désignant de personnalités connues. Dont certaines démissionnent de leur fonction...

La longue lutte des Femmes pour l’égalité (1)

Dans cette histoire, le perspicace philosophe Alain Finkielkraut voit tout de suite le sens profond de l’opération un des objectifs de la campagne #balancetonporc était de noyer le poisson de l’islam.
Certes, il est concevable que la dénonciation de personnes et la forme élégante du dièse français #BalanceTonPorc le choquent. Il est beaucoup moins admissible qu’il sous-estime la gravité des faits, du chantage hiérarchique, du viol, des femmes assassinées…, qu’il minimise le courage de ces femmes qui s’exposent.
Il aurait pu reconnaître, pour une fois, les bienfaits de l’ouverture des études, ici et ailleurs, à des milliers de jeunes filles qui, peu à peu, ont acquis les moyens culturels, professionnels, économiques de leur indépendance.

En 1965, j’ai été très surpris de constater dans un amphithéâtre de la faculté des lettres à Toulouse que la grande majorité de l’assistance était féminine ! J’en avais conclu que cela devait se traduire, un jour ou l’autre, au niveau de la société. Je ne savais comment.

Tout simplement, depuis cinquante ans, les femmes ont pris en charge les luttes pour leur libération, leur autonomie et l’égalité des droits. Que cela pose des problèmes à certains, à la société… c’est évident mais toute libération pose des problèmes. Un nouvel équilibre est à trouver.

Maintenant, il faut souhaiter que cet événement ne tombe pas dans l’oubli en attendant la prochaine affaire. Qu’il favorisera, au moins dans certaines sociétés, l’évolution des mentalités non vers une guerre des sexes mais vers l’invention d’un nouveau vivre ensemble, plus équilibré.

 

La longue lutte des Femmes pour l’égalité (1)


6 réactions


  • Cateaufoncel 9 décembre 2017 20:35

    « Cette campagne est reprise en France sous la forme #BalanceTonPorc pour que la peur change de camp . C’est un rapide succès. »

    Ca ne fait pas oublier que la tentative de mobilisation de Mme Toulemonde s’est soldée, le dimanche 29 octobre par un bide magistral.


  • Étirév 10 décembre 2017 06:29
    Bonjour
    Dans un premier temps, pour avoir une idée de ce qu’était le féminisme dans l’antiquité, je me permets de renvoyer le lecteur vers le lien en fin de texte.
    Maintenant, voyons comment il se défend et mènent sa campagne aujourd’hui.
    Lorsque l’on prend connaissance des programmes que les « égalitaires » soutiennent, on les croirait faits par des hommes tant ils sont contraires aux vrais intérêts de la femme.
    La nature même des questions le prouve : Elles prétendent devenir les égales de l’homme, donc, prendre leurs vices, leurs exagérations, leurs injustices, leur âpreté au gain, leur cruauté, leurs mœurs libertines, leurs ruses et leurs mensonges (Je renvoie le lecteur vers cet ARTICLE pour que cet argument soit bien compris). Toutes choses qu’elles n’ont pas, en effet, dans leurs conditions sexuelles normales. Elles veulent que la Mère devienne l’égale de son fils, la grande dame l’égale de son valet de chambre, la femme sobre et rangée l’égale de l’ivrogne, qui trébuche et divague, la chaste jeune fille l’égale de l’étudiant perverti, la femme respectable l’égale du viveur dépravé.
    Or, qui a pu rêver cette égalité sinon l’homme orgueilleux qui se donne toutes les grandeurs de la femme !
    Elles veulent devenir les égales de l’homme, quoiqu’elles savent que l’homme, intrinsèquement, est vicieux, égoïste, méchant, fourbe et hypocrite. Pourquoi donc, elles qui, malgré toute leur ignorance, sont vertueuses, désintéressées, charitables et bonnes, veulent-elles descendre jusqu’à l’homme ? Est-ce pour imiter ses bêtises, car il en fait, et elles le savent ? Est-ce pour partager ses ambitions déréglées, car il en a et elles le savent ?
    Est-ce pour tripatouiller avec lui dans les affaires financières, car il tripote, et elles le savent ? Si c’est pour tout cela, ce n’est vraiment pas la peine de revendiquer. Le nombre est assez grand, dans le camp des agitateurs masculins, sans qu’il soit besoin de l’accroître encore en y annexant des femmes.
    Si c’est pour faire autre chose, alors, c’est parfait, mais, dans ce cas, il ne faut pas réclamer l’égalité car l’égalité suppose les mêmes occupations.
    Quel choix ? Égales de l’homme et faisant ce qu’il fait, ou différentes de lui et faisant ce qu’il ne fait pas ?
    Or, si c’est ce dernier cas qui est adopté, la Femme n’a nullement besoin d’aller où l’homme va, d’être où il est. Pour faire autre chose, il suffit que la Femme reste où elle est, ou qu’elle se mette sur un autre terrain que le sien ; qu’elle reste Femme, ou, plutôt, qu’elle le redevienne, car elles ne le sont plus, psychologiquement parlant, et alors la question sera résolue. Les hommes les écouteront bien mieux quand elles parleront en femmes que lorsqu’elle parle en hommes. Et cela vient de ce que, sachant ce que valent les hommes, puisqu’ils en sont, ils n’accordent pas de confiance à leurs pareils, ni à leurs pareilles. Ils n’ont pas confiance en eux, comment voulez-vous qu’ils aient confiance en la Femme, si elles se font leurs égales. Pour qu’ils les écoutent, il faut qu’elles leur montrent qu’elles peuvent combler le vide de leur existence en leur apportant ce qu’ils n’ont pas, ce que leurs camarades hommes ne peuvent pas leur donner.
    Donc, il faut faire autrement... et mieux, et c’est cela que les hommes attendent de la Femme, et non une vaine rivalité sur leur terrain.
    Ce qui prouve le défaut de la méthode des égalitaires, c’est le peu de succès de leur campagne. Que d’années ! Que d’activité ! Que d’argent, même, dépensé dans une cause qui ne progresse pas, car leurs succès sont illusoires, ce qu’elles obtiennent ne change en rien la nature de l’homme ; le droit électoral conquis, dans certains pays, a-t-il fait faire une loi qui soit vraiment moralisatrice ?
    Je ne vois, nulle part, de résultats réels. Tant que les femmes se sont diminuées en demandant une égalité qui les rabaisse, elles n’ont pas abouti, c’est Celle qui osera dire toute la vérité, et remonter sur son piédestal qui réussira.
    Le vrai féminisme ne veux ni droits civils ni droits politiques. La Nature a donné à la Femme d’imprescriptibles droits qui planent par dessus tout cela. Elle lui a fait connaître les secrets des multiples rouages qui font marcher la machine humaine et, avec cette science, elle se sent bien plus forte que toutes les assemblées politiques réunies, puisqu’elle peux formuler une loi qu’aucune d’elles ne saurait faire : la loi morale.
    Tant que les féministes n’ont pas montré aux hommes une femme ayant produit quelque chose de féminin, quelque chose que les hommes n’aient pas pu faire, ceux-ci ont déclaré que vous n’étiez qu’une armée de nullités, et si beaucoup d’entre eux ne sont pas devenus féministes, ce n’est pas parce qu’ils tenaient beaucoup à garder des privilèges injustifiés, c’est parce qu’on ne leur offrait pas une seule femme digne de leur admiration.
    Et changer les médiocrités masculines pour des médiocrités féminines, c’était piètre besogne. On ne change, en réalité, que le costume et le timbre de la voix, mais quant aux idées, elles restent aussi fausses avec les égalitaires qu’avec les hommes seuls, c’est toujours « les idées régnantes ».
    Les hommes intelligents veulent mieux que cela, ils veulent une Femme « qui ne soit pas leur égale », afin qu’ils puissent trouver, en elle, toutes les grandes qualités que l’homme droit se plait à vénérer. Ils veulent, dans la femme, une manière de penser différente de la leur, ils veulent trouver, près d’elle, quelque chose à apprendre, quelque chose de nouveau qui les tire de l’ennui qui les endort, et donne à leur vie une direction nouvelle, à leur esprit une lumière directrice. Mais les criailleries pour obtenir des droits politiques les fatiguent sans les intéresser.
    Les femmes doivent s’affirmer, ce qu’elles font, heureusement, de temps en temps. Elles ne doivent pas craindre de braver toutes les fureurs des jalousies déchaînées contre elles ; elles ne doivent pas attendre qu’on les déclare égales, supérieures ou inférieures, tout cela, ce sont des mots, elles doivent montrer ce qu’elles sont et ce qu’elles peuvent.
    Donc les personnes, bien intentionnées qui ont demandé l’égalité des sexes, se sont trompées, tant au point de vue philosophique qu’au point de vue psychologique. Il n’y a pas plus égalité entre l’homme et la femme qu’il n’y a égalité entre le voleur et le volé. Deux êtres aussi différents ne peuvent pas remplir, dans la société, les mêmes fonctions, avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs. Là est toute la question ; définir les fonctions, les droits et les devoirs de chacun, leur donner Une éducation qui les y prépare et non, comme on le fait maintenant, une éducation qui les en éloigne. L’harmonie sociale régnerait si chacun d’eux, dès l’enfance, avait obéi aux lois physiologiques et psychiques de leur nature, rectifiées dans le sexe mâle, par la loi morale.
    Cordialement.


    • Paul ORIOL 10 décembre 2017 14:12

      @Étirév
      Je ne confonds pas égalité avec similitude. Mais je reconnais à tous les êtres humains une égalité des droits. A chaque personne, ensuite, d’utiliser ces droits à titre individuel ou collectif.
      Mais je ne m’attribue pas le droit de décider ce que chacun ou chacune doit faire. Et je m’oppose à tous ceux qui veulent décider à leur place .Vous savez vous, ce qui est bon pour La FEMME et pour L’HOMME.
      Et je vois tous les obstacles qui s’opposent à l’épanouissement des hommes et des femmes qui les assignent à tel rôle ou à telle fonction suivant leur sexe, leur origine, leur classe sociale.
      Je revendique leur droit à choisir


  • JC_Lavau JC_Lavau 10 décembre 2017 13:45

    La crédulité ne fait pas de la bonne littérature.


  • Ruut Ruut 11 décembre 2017 13:19

    Violence faites aux femmes est sexiste, violences faites aux humains me parait plus juste.
    La violence faite aux hommes est dans notre société Taboue, pourtant elle est Réelle, quotidienne et non isolée. Ne traiter que 50 % des violentés est honteux.
    Combien de fois avez vous entendus ne pleure pas mon fils, tu est un homme et les hommes doivent tout prendre et subir sans JAMAIS se plaindre.

    Combien de petites phrases moqueuses et humiliantes recevez vous chaque jours de l’être aimée que vous laissez sous le tapis par Amour, mais qui se retourne TOUJOURS contre vous.

    Combien de fois vous demande t’on de faire des choses que votre partenaire ne fera JAMAIS en retour dans les mêmes cas. ETC.
    La violence contre les Homme si elle est rarement physique (visible) est psychologique, permanente, quotidienne et tous les jours dans tous les médiats..


  • Paul ORIOL 11 décembre 2017 19:08

    Il ne fait pas de doute qu’il y a aussi une violence faite aux hommes.
    Dans les homicides au sein des couples, il y a 80% de femmes tuées contre 20% d’hommes. Et le plus souvent les femmes se défendent au cours de la énième fois où elles sont victimes de violences.
    Quand il s’agit de viols ou d’agressions physiques, verbales....
    Cordialement


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