La messe du Président Candidat
Il a compris. Et non « Je vous ai compris » ces quatre mots, si célèbres, claironnés depuis un balcon d’Alger par le Charles de Gaulle de 1958. Le Président actuel de la France a compris. Tout seul. Nicolas Sarkozy a appris pendant cinq ans le métier difficile de Président d’une Nation comme la France. Donc, il a mis cinq ans à comprendre qu’il était le Président…des français. C’est lui-même qui l’a dit et répété à satiété, dans une longue entrée en matière de sa messe, dimanche, devant un parterre de 50, 60, 80.000 fidèles, spectateurs ou militants (selon les sources) ou bien sympathisants. Tels un Gérard Depardieu mal à l’aise dans un fauteuil ne pouvant accueillir sa carrure, assis de travers au côté de Bernadette Chirac paraissant alors bien menue, ou encore un Clavier grisonnant, remuant sans cesse ses lèvres, regard fixe.
Après les regrets essaimés depuis quelques jours sur tous les écrans, petits et grands des télés ou tous les micros, dans les popotes ou les studios, après s’être plaint d’avoir été critiqué et même montré du doigt pour les quelques erreurs du début de son mandat, son manque de discernement lorsqu’il s’est agi de favoriser les siens, après avoir affirmé qu’il aimait sa femme et ses enfants, qu’il prendrait la porte de la politique si jamais le peuple de France ne lui renouvelait pas sa confiance dans quelques semaines, voilà qu’il dit à ses concitoyens qu’il avait compris ce. Quoi ? Qu’il avait compris ce qu’il ferait lors de son prochain mandat. En oubliant de déclarer que celui-ci n’était pour l’instant… qu’éventuel Interrompu à chaque détour de phrase, par des vivats ou des applaudissements, le candidat orateur a donc déroulé son futur éventuel emploi du temps qui grosso modo se résume à deux phrases : j’imite les Etats Unis et j’oblige l’Union Européenne et redéfinir en son sein les migrations et à ses frontières les immigrations.
Et c’est tout, direz-vous ? Oui, c’est tout. Détail du menu : comme aux States (il admire décidément beaucoup cette nation) obligation pour l’Etat de confier des grands ou petits travaux en priorité aux Petites et Moyennes Entreprises. Comme aux States imposer les grands groupes sur leurs bénéfices faits à l’étranger (pas une surprise, il l’avait déjà dit). Comme aux States il n’imposerait pas les français riches (des tonnerres d’applaudissements dans la foule) lorsqu’ils auront mérité leurs richesses (il n’a pas précisé s’il s’agirait de richesses héritées ou produites et … de footeux ou pas). Enfin, presque comme aux States, il luttera contre les assistés, chômeurs compris, (re-tonnerres d’applaudissements et vivats) du moins ceux qui le resteront trop longtemps à son goût (c.q.f.d. en principe une majorité de pauvres) et bien sûr – j’ai failli oublier qu’il l’avait dit – les « étrangers » (c.q.f.d. peut-être les roms et les arabes, musulmans bien entendus). Voilà pour l’exemple des Etats Unis.
Quant à l’Europe, le plus clair de son discours a été d’avoir à rediscuter les traités. De Maastricht ou Lisbonne ou encore le plus récent bâti autour du naufrage de la Grèce ? Mais non, voyons, d’un autre accord que nul en Europe n’a encore contesté, bien que datant de 1985 et légèrement modifié depuis. Nicolas Sarkozy le candidat toujours président affirme qu’il poussera les européens à revoir en profondeur les accords de Schengen. Notamment le droit donné à tout immigré doté d’un visa d’un pays faisant partie de l’Union Européenne de pouvoir circuler librement sur tout le territoire de l’Union. Là, je vous laisse deviner quelle sera la population ou l’ethnie visée, compte tenu que les « romanichels » font partie de l’Europe. Pour ma part tout ce discours en trompe l’œil et très « droitier » m’a permis de mieux digérer la défaite française en rugby contre les English. En effet je croyais ou craignais que le Président-candidat allait annoncer des mesures très populaires capables de le faire remonter dans les sondages. Ouf ! Je m’étais trompé. Pas vous ?