samedi 11 février 2017 - par Robert Bibeau

La pauvreté des riches

 OXFAM s’indigne. À l’occasion du sommet de Davos, un fleuron de l’industrie de l’ONG subventionnée a publié les résultats de son étude annuelle sur la concentration de la richesse dans le monde.

OXFAM est outrée d’annoncer que les 8 personnes les plus riches du monde cumulent à elles seules une fortune de presque 500 milliards de dollars US, autant que le patrimoine des 50 % les plus pauvres de la planète déclare OXFAM. Huit personnes possèdent autant de « valeurs » que 3,5 milliards d’individus (1). Une seconde version du rapport indique que « La richesse de ces 62 individus les plus riches, dont 53 hommes, a augmenté de 44% depuis 2010, alors que celle des 3,5 milliards de personnes les plus pauvres chutait de 41%, précise Oxfam dans cette étude publiée à deux jours de l’ouverture du Forum économique mondial de Davos. Le rapport sur les inégalités d’Oxfam révèle que le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépasse désormais celui des 99% restants » (2).

 Quoi qu’il en soit, la petite bourgeoisie, crevant d’envie, pousse des cris d’orfraie, relayées par la presse « people », la presse de formatage, et par les organisations de la gauche opportuniste et réformiste. Comprenez, l’émoi est grand chez les petits bourgeois en cours de paupérisation de voir ainsi ces huit (ou 62 ?) ploutocrates parmi un clan de 1810 milliardaires (cumulant un patrimoine de 6 480 milliards de dollars US), s’en mettre plein les poches tandis que les bobos s’appauvrissentm quelle « injustice » (3). OXFAM s’émeut, et aboie, comme chaque fois, pour que « l’on » construise une « économie capitaliste plus humaine » et plus « équitable » (sic).

 Ce raffut médiatique soulève plusieurs questions que voici

 

1) Quel fut le succès de cette complainte compassée dans les années passées ?

 Il faut convenir que d’année en année la complainte d’OXFAM connait un grand succès médiatique, mais absolument aucune suite pratique, si ce n’est que l’année suivante les chiffres de la concentration de la richesse au sommet de la pyramide sociale augmentent. Ce qui nous amène à nous demander quel est le motif du pèlerinage annuel d’OXFAM à Davos ? Obtenir une augmentation de ses subventions pour service rendu ???

 

2) Qui est, ce « on » qui devrait construire une économie plus humaine… et que serait une économie « plus humaine » ? 3) Quel pouvoir avons-nous de transformer le mode de production capitaliste pour le rendre « plus humain » et plus "équitable" ?

 Les questions deux et trois éclaircissent l’énigme que nous avons soulevé à propos des services rendus par l’ONG stipendiée. Cette ONG de gestion de la charité a pour mission de mystifier les problématiques économiques et de diriger la colère populaire jusqu’à quémander à l’État des riches, responsable de ces calamités, de daigner jeter un regard compassé sur les déshérités. Après des années de futiles sanglots éplorés, la farce n’a-t-elle pas trop duré ? Le pouvoir de l’État, le pouvoir du capital et même le pouvoir du prolétariat sont impuissants à réformer le mode de production capitaliste moribond. Il faudra bien un jour que les ouvriers en conviennent et remplissent leur mission historique qui est de créer un nouveau mode de production sans les riches (4).

 

4) Pourquoi ce « on » n’a-t-il rien fait contre cette « injustice » qui ne fait qu’empirer chaque année ?

 Nous avons répondu à la quatrième question dans le paragraphe précédent. Le « On » dont parle le communiqué d’OXFAM, que ce soient l’État, les capitalistes transnationaux sans pays ni patrie, ou les citoyens engagés ne peuvent rien contre les lois impératives du mode de production capitaliste qui entraine l’accumulation du capital par le capital. Dans leur sagesse populaire, les anciens disaient « l’argent appelle l’argent ». Ainsi, le rapport d’OXFAM constate qu’« ensemble, les dix plus grosses corporations du monde ont des revenus plus importants que les revenus gouvernementaux de 180 pays combinés  » et d'année en année ça ne fait qu'empirer. C’est ce qui caractérise le mieux la phase impérialiste du mode de production capitaliste. Ce ne sont plus les États, mais les conglomérats transnationaux qui administrent les finances de la planète mondialisée. Et l’an prochain ce sera pire, mais moins que l’année suivante. Et si ces puissants, pleins d’argents, ne parviennent pas à réguler le développement économique catastrophique, comment les ONG ou l’État des riches y parviendraient-ils ?

 

5) En quoi le modèle économique actuel, dont les potentats se réunissent à Davos chaque année, n’est-il pas « humain » ? 

 Ce mode de production capitaliste est aussi humain que les humains qui le régissent et en assurent la pérennité. Madame Bettencourt est une personne humaine tout comme monsieur Bill Gates. Les rapports de production sociaux issus de ce mode de production façonnent « l’humain » comme vous pouvez l'observer dans votre entourage et à la télé, dans les médias "people" et de "formatage" de l'opinion. Si cette humanité ne vous plait pas à vous d’en changer, en détruisant l’ancien mode de production et en construisant un nouveau qui cette fois produira un nouvel « humain », plus « humain » (5) !

 

6) Ces milliers de milliards de dollars de richesse comptabilisés par OXFAM sont-ils réellement « la richesse de l’humanité » ?

 Il faut convenir que ces milliers de milliards de dollars de richesse comptabilisés chaque année par l’ONG ne sont pas « la richesse de l’humanité ». Selon les rapports de production issus et régissant le mode de production capitaliste, ces milliards de dollars sont la propriété privée de ceux qui en ont hérité (en 2015, 2,1 trillons de dollars ont été légués en héritage par les plus grandes fortunes) ; ou qui les ont fait « fructifier » spéculativement sur les marchés boursiers avec de la monnaie empruntée ; ou encore, ces milliards USD appartiennent à ceux qui les ont spoliés à l’ouvrier salarié, unique source de valeur sous ce mode de production moribond.

 

7) Cette richesse – cette monnaie – existe-t-elle vraiment ou n’est-elle qu’une illusion, un fétiche ?

 La septième question est la plus intéressante puisqu’elle nous amène aux véritables enjeux des luttes de classes qui opposent le grand capital, la bourgeoisie moyenne et petite et le prolétariat, les trois acteurs sociaux qui s’affrontent au milieu de cette conjoncture économique désastreuse. Notons pour commencer qu’entre 2015 et 2016 le nombre de milliardaires a diminué de 1 826 à 1 810 et leur richesse globale a régressé de 571 milliards de dollars US. Bill Gates, le richissime entre tous, a perdu 4,2 milliards de dollars de « valeurs » en 2016. C’est peu comparé à 2008 ou l’« évaporation » des « capitaux titriser et toxiques » a été selon les estimations d’environ 1 000 à 2 000 milliards de dollars US (6). Ce qui a appelé, en 2015, sous le règne d’Obama, un don de charité de 14 mille milliards de dollars des deniers publics américains aux « pauvres » de Wall Street (7). Essentiellement de la dette souveraine – car il y a longtemps que le budget fédéral américain ne dégage plus aucun surplus pour engraisser les requins de la finance. C’est donc des milliards de monnaies-crédit que la FED a essaimé sur les parquets boursiers. Ce qui nous amène à demander, mais d’où vient cette richesse qu’accumulent ainsi ces capitalistes milliardaires et les multimillionnaires (8) ?

 

La vraie monnaie et la fausse « richesse ».

 Qu’elle est la nature de cette richesse, de cette « valeur », qui peut surgir en quantité une journée et « s’évaporer » le lendemain sans laisser de traces autres que la pauvreté et la misère des milliers de salariées saquer ? Comment expliquer qu’en pleine période de récession économique où la production industrielle stagne ou périclite, il y ait tant d’argent à « concentrer » dans les mains des ploutocrates financiers et les banquiers ? D’où vient cette supposée « richesse » que ces multimilliardaires accumulent et qui n’est pas valorisée ?

 Le cycle de rotation du capital fonctionne ainsi  : A) l’argent – stocké à la banque ou en circulation sur les marchés – doit obligatoirement représenter le capital circulant et uniquement ce capital (moyens de production, d’échanges et de communication). Dans le cas contraire, l’argent en surplus provoquera l’inflation ou l’argent manquant provoquera la déflation (augmentation de la valeur de la monnaie par la baisse des prix). B) Lorsqu’il est à la banque, le capital-argent perd son temps et sa valeur  ! Il doit être remis en circulation rapidement. C) En aucun temps le capital argent ne peut se reproduire par lui-même – fructifier – et se valoriser – pendant son transit à la banque ou à la bourse ou lorsqu’il est exporté (IDF) dans un pays étranger, où il devra obligatoirement se transformer en moyens de production, et plus particulièrement en force de travail (salarié ou non salarié), ou en marchandise si le capitaliste souhaite le valoriser (l’enrichir et le faire fructifier). L’argent appelle l’argent, mais l’argent ne produit pas d’argent. D) C’est la plus-value, prélevée à chaque étape de fabrication-transformation des marchandises qui augmente la valeur marchande et entraine la concentration du capital entre les mains d’un bien petit essaim de capitalistes de plus en plus riches. E) Ceci implique que l’intérêt sur le prêt constitue une création de monnaie, mais pas une création de « richesse – de valeur ». De fait, l’intérêt sur le prêt constitue une ponction sur la plus-value produite en usine *. F) D’où il faut conclure que l’augmentation de « valeur » des actions cotées en bourse provient soit : I) d’une ponction réalisée sur la plus-value produite par le capital variable - salarié ou non - engagé dans le secteur productif de l’économie, ce qui en laisse d’autant moins pour les autres acteurs capitalistes ; II) de la monnaie de prêt, un mirage comptable inflationniste qui tôt ou tard devra s’ajuster à la réalité de la productivité stagnante et de la profitabilité déclinante par un krach financier d’autant plus marqué que la bulle spéculative aura gonflé (9).

 Il s’ensuit que nous avons de mauvaises nouvelles pour Bill Gates et ses acolytes, ainsi que pour les bobos envieux, les petits-bourgeois aigris, et pour l’industrie de l’ONG subventionnée. Cette soi-disant « richesse » qui s’accumulerait au sommet de la pyramide sociale est en large partie illusoire - éphémère - de la poussière qui retournera à la poussière, de la monnaie numérique (scripturale que l'on disait avant l'invention de l'informatique), non adossée à des marchandises (moyens de production, d’échanges ou de communication, immobilisation, ou biens de consommation) ayant une réelle valeur d’échange.

 Ces ballons boursiers gonflés à l’hélium spéculatif éclateront à la première récession. Et comme lors du krach de 1929 les milliardaires se retrouveront le cul par terre, leur fortune envolée en fumée, « évaporée » disait un banquier en 2008. Mais ce sont les millions de prolétaires qui se retrouveront à la rue, sans travail et sans moyens de subsistance qui nous désespère. C’est le modèle économique capitaliste, responsable de ces catastrophes financières à répétition, qu’il faut, non pas réformer comme le propose OXFAM, la gauche et la droite bourgeoise (CQFD), mais éradiquer.

 

 

NOTES

 

*Nous simplifions en écrivant en usine, la plus-value peut être produite ailleurs qu’en usine.

 

(1) http://policy-practice.oxfam.org.uk/publications/an-economy-for-the-99-its-time-to-build-a-human-economy-that-benefits-everyone-620170

(2) http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs/soixante-deux-personnes-possedent-plus-que-le-reste-du-monde/

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_milliardaires_du_monde_en_2016

(4) http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-2-2/huit-hommes-plus-riches-que-la-moitie-la-plus-pauvre-de-la-population/

(5) http://www.liberation.fr/planete/2017/01/17/qui-sont-les-huit-hommes-les-plus-riches-au-monde_1541837

(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_des_subprimes

(7) http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/le-probleme-ce-nest-pas-trump-cest-nous/

(8) Environ 38 millions de millionnaires dans le monde en 2014 selon Wikipédia. « Ce rapport révèle que « la richesse mondiale privée » c’est-à-dire les actifs financiers des ménages hors immobilier – épargne bancaire (comptes, livrets, etc.), épargne financière (actions, obligations, etc.) et assurances-vie – s’est établie à 167 800 milliards de dollars (147 720 milliards d’euros) en 2015, en hausse de 5,2 % sur un an. C’est moins que la hausse enregistrée en 2014 (+ 7,5 %). » En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/06/07/toujours-plus-de-millionnaires-dans-le-monde_4941353_3234.html#7f9ljQX4Zp4szu7e.99

(9) http://www.les7duquebec.com/7-au-front/les-mysteres-des-valeurs-boursieres/

 

CET ARTICLE EST DISPONIBLE SUR LE WEBMAGAZINE http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-pauvrete-des-riches/

 



15 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 11 février 2017 16:08

    Qu’est-ce qu’on attend ?


  • Spartacus Lequidam Spartacus 11 février 2017 18:39

    Faire un raisonnement sur les statistiques de OXFAM est de la connerie en boite.Seul les gauchistes sans discernement le font .....Il es vrai que chez ces zozos ils aiment la complainte les riches sont méchants....

    Pour obtenir ces résultats débiles, OXFAM soustrait les dettes des actifs. 

    L’étude ne dit pas : «  1% de la population gagne plus que les 99% les moins riches », mais bien « 1% possède l’équivalent de ce que les 99% possèdent », en comptant les dettes en négatif.

     Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’un pauvre paysan cambodgien possède quelques dollars et ses vêtements, mais il est considéré plus riche qu’un diplômé d’Harvard qui sort de l’université. Pourquoi ? Parce que le patrimoine est la somme de ce que l’on possède, moins les dettes. Le revenu est celui qui est reçu et permet de vivre.

    C’est con ces stats ? Oui c’est con. Mais les gauchistes sont limité a ne jalouser que les plus riches que eux.

    Mais pourquoi le débat et la mission d’Oxfam sont-ils passés de la lutte contre la pauvreté à la dénonciation des inégalités ? 

    C’est sans doute dû au fait que le grand combat contre la pauvreté est largement en train d’être gagné par l’économie de marché. L’économie de marché entraîne une prospérité accrue dans les pays en développement à un rythme sans précédent. Avec la fin du communisme elle a déjà permi la fin de la famine sur terre.

    Cela affecte non seulement le nombre de personnes vivant dans la pauvreté, mais aussi le niveau de vie de ces pauvres. 

    En recourant à une méthodologie qui a été discréditée plusieurs fois, Oxfam prouve sans le vouloir qu’en manipulant les conclusions que la lutte contre les inégalités est un échec à l’enrichissement des pauvres.


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 11 février 2017 19:12
      @Spartacus

      Vous m’excuserez de ne pas vous suivre sur ce terrain

      Oxfam pourrit = oui
      fin de la famine et de la pauvreté = NON désolé.
      Chiffres tordus et fumeux DE OXFAM = oui

      je souligne bien et vous ne semblez pas l’avoir saisi Spartacus que même dans le calcul du patrimoine des plus riches les chiffres sont frauduleux  AINSI J’EXPLIQUE QUE LA PORTION DU PATRIMOINE QUI EST CONSTITUÉE D’ACTION ACHETÉ À CRÉDIT ET GONFLÉE À LA SPÉCULATION N’EST QUE DU VENT 

      DERNIER point le « communisme » n’a jamais même effleuré le bout de cette terre.


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 12 février 2017 14:33
      @Jeff84

      Ah et c’est vous qui m’éduquerez Jeff ???

      J’attends votre texte ici sur Agoravox - de votre cru ( smiley


    • Jeff84 12 février 2017 16:17

      @Robert Bibeau
      Il me serait impossible de passer la censure. Déjà qu’on efface mes messages (5 rien qu’aujourd’hui).


    • Jeff84 12 février 2017 16:19

      @Robert Bibeau
      Et vu que vous n’avez pas reconnu vous être trompé, alors que ces liens sont très clairs, je ne crois pas qu’il soit possible de vous éduquer sur quelque chose qui ne soit pas de votre idéologie.


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 12 février 2017 16:59
      @Jeff84

      Mais en quoi me suis-je tromper ?? Je ne comprends pas votre commentaire

      Ce rapport est celui de OXFAM JE NE FAIS QU’en présenter quelques résultats
      Ce sont mes commentaires que vous récusez  ??? 

      M’enfin Robert Bibeau http://www.les7duquebec.com

       

    • Jeff84 12 février 2017 18:19

      @Robert Bibeau
      ...La seule chose que vous contestez dans la réponse de Spartacus, à savoir que « le grand combat contre la pauvreté est largement en train d’être gagné ».


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 12 février 2017 18:59
      @Jeff84

      Maintenant je comprends Merci de la précision

      En effet - je conteste totalement

      avec 2 milliards de gens qui vivent avec 2 $ par jour et les comptoirs alimentaires qui débordent de demande et les restos du cœur qui ne fournissent plus à la demande je conteste vertement 

      Peu importe ce qu’un péquenot a u écrire sur Wiipedia 

      en effet 



    • Jeff84 12 février 2017 20:04

      @Robert Bibeau
      Montrez des statistiques montrant une augmentation alors. Parce que votre avis, ou le mien, n’a aucune importance.


  • alinea alinea 11 février 2017 20:30

    Monnaies locales ; coopératives, pour commencer.
    Et puis, se désintoxiquer ...


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 12 février 2017 14:37
      @alinea

      Monnaie locale ça n’existe pas - par définition une monnaie nationale est indexée sur les autres ce qui la transforme automatiquement en une monnaie internationale dans ses rapports nationaux - internationaux 

      Il faudrait que cette économie locale n’ait AUCUN LIEN rapports commerciaux avec l’extérieur 
      ce qui la désintoxiquerait et aussi l’asphyxirait 


      Désolé







Réagir