mercredi 12 septembre 2018 - par Méchant Réac

La Philosophie de l’impôt ou le « syndrome de Robin des Bois »

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Alors que tous les contribuables français (soit 40 à 45% des citoyens français) attendent, avec une certaine appréhension, la mise en place du prélèvement à la source, et que les prélèvements obligatoires battent tous les records (50 % du PIB ) il convient de remettre entièrement à plat les principes de la fiscalité.

C’était et ça reste avec la réduction des dépenses, la seule vraie réforme des finances publiques qu’il fallait mettre en œuvre. Une nouvelle fois, le président de la République est passé à côté.

S'interroger sur les fonctions légitimes des impôts, leur volume souhaitable, leur juste répartition, enfin le type même de société que chaque conception de l'impôt tout à la fois reflète et engendre, ce sont les questions que pose Philippe Nemo. Réflexions devenues rares en France depuis les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, où ont paru triompher, avec l'accord de la plupart des partis politiques, les principes fiscaux inspirés par le socialisme marxiste ou modéré, le solidarisme et le keynésianisme. Une telle démarche ne prend tout son sens que si l'on dépasse le point de vue technique du juriste fiscaliste ou de l'économiste. En effet, la fiscalité n'est pas un phénomène autonome, mais un rouage de la vie politique, économique et sociale. A ce titre, les idées qu'on se fait à son sujet dépendent de celles qu'on se fait de l'Etat, de la société, de l'économie, et même de la nature humaine et de la liberté. D'où la nécessité d'une Philosophie de l'impôt.

Remarquable historien des idées politiques, Philippe Nemo remonte aux sources de l’impôt. Il explique pourquoi on trouvera toujours pour considérer que prendre aux « riches » est nécessaire, juste et utile au bien commun. Ce « syndrome de Robin des Bois » atteint certains par conviction (ils sont peu), d’autres par intérêt (car ils font partie de ceux qui en bénéficient), d’autres, enfin, par jalousie, une sorte de sanction de la réussite financière (groupe qui rassemble le plus grand nombre).

Comme le souligne Thierry Godefridi (Contrepoint), le danger, dans une démocratie où règne le suffrage universel, réside dans ce que des gens votent des impôts qu’ils ne paient pas et se partagent les impôts qu’ils font payer à d’autre d’une part, et dans ce que la confiscation aboutit à une intrusion telle dans la vie privée de tout un chacun que le tissu économique de la société entière se nécrose, au détriment de tous à l’exception de la classe politique dirigeante, d’autre part.

Sous prétexte de réduire les inégalités, on use de l’impôt pour confisquer une partie des revenus des plus riches au-delà de ce que la solidarité nationale exige. Pour en arriver là, on diminue les libertés individuelles, on dénigre la méritocratie.



14 réactions


  • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 12 septembre 2018 18:17

    Le robin, au moyen-age, est un magistrat qui rend la justice (donc un juge).. oui je sais, le lien n’est pas évident avec Robin des bois, mais vous trouverez ^^


  • Xenozoid 12 septembre 2018 18:18

    et on critique la modération


  • foufouille foufouille 12 septembre 2018 19:56
    il suffit departir vivre en somalie ou en corée du sud pour visiter les bidonvilles.


  • Étirév 13 septembre 2018 09:33

    « Remarquable historien des idées politiques, Philippe Nemo remonte aux sources de l’impôt. Il explique pourquoi on trouvera toujours pour considérer que prendre aux « riches » est nécessaire, juste et utile au bien commun. »

    Remarque d’un énième historien qui croit que l’histoire commence avec le règne de l’homme.

    Le riche c’est comme la guerre : cela n’a pas toujours existé.

    Quelques mots sur l’origine de l’impôt et son lien avec… la Chevalerie.
    Rappelons rapidement les bases de l’ancien régime : Le régime social actuel est un dérivé lointain et une altération monstrueuse de l’ancien régime gynécocratique, qui donnait à la Femme, la direction spirituelle et morale de la Société.
    Une Déesse-Mère régnait sur une petite tribu, qui, agrandie, devint une province, à laquelle souvent elle donnait son nom.
    La Déesse Arduina donna son nom aux Ardennes.
    C’est pour cela que les Nations (lieux où l’on est né) sont toujours représentées par une figure de femme.
    La Déesse-Mère était la Providence (de providere, celle qui pourvoit) de ceux qui étaient groupés autour d’elle. Elle les instruisait, elle les pacifiait ; car c’est elle qui rendait la Justice.
    Les hommes n’entreprenaient rien sans la consulter. Ils étaient ses fidèles et dévoués serviteurs. Ils étaient Féals, mot qui vient de Faée (fée) et a fait féodal (qui appartient à un fief).
    Le Fief (domaine noble) donnait à la Dame des droits féodaux auxquels les Seigneurs participaient, sous condition de foi et hommage.
    Les Seigneurs étaient rangés sous sa loi, qu’ils ne discutaient pas.
    Ils étaient des hommes-liges, ce qui voulait dire légaux. On les disait légals et féals, c’est-à-dire loyaux et fidèles.
    Les Déesses-Mères, en organisant le travail, divisèrent le sol et le délimitèrent pour les travaux agricoles. Elles donnèrent aux hommes la part de terre qu’ils avaient à cultiver. De là vint le mot tenancier, qu’on retrouve dans le vieux mot latin tenere (tenir ; celui qui a).
    Mais le tenancier devait donner une part de ses produits à la Mère, à l’organisatrice, dont le rôle moral, maternel, éducateur, n’était pas producteur des biens matériels nécessaires à la vie. Il fallait donc que l’homme travaillât pour elle et pour les enfants de la collectivité.
    Cette redevance (origine des impôts) fut d’abord le cinquième du produit du travail, de là le mot quinta (en espagnol, domaine), five en anglais (qui devint fief).
    Le mot domaine vient de Domina (la Dame).
    L’homme faisait cinq parts du produit de sa terre, en gardant quatre et donnant la cinquième à sa Maîtresse.
    Le travail que représentent ces quatre parts a eu des appellations restées dans les langues. Ainsi, arbé, dans les langues celtiques, veut dire quatre. De là s’est formé arbeit qui, en celtique, signifie travailler (en allemand arbeiten).
    Arabe est le nom donné à ceux qui étaient soumis à cette redevance.
    Arabe ne serait pas un nom de peuple, mais un nom générique désignant celui qui travaille la terre. Arare veut dire labourer.
    Les Bretons étaient quelquefois appelés arbi (hébreu, heber, arabe), ceux qui travaillent.
    Chez les Celtes, où Vyer signifie quatre, la grange dans laquelle se gardaient ces quatre parts fut appelée Vyer heim (vyer, quatre, heim, demeure), d’où nous avons fait ferme.
    Le souvenir du cinquième lot payé à la Maîtresse laisse également des traces dans le mot five, qui signifie cinq et dont on fait fief.
    Une ferme s’appela quinta chez les Ibères. Le grec pente, cinq, forma le latin penaere, payer l’impôt.
    Et, si nous poussons plus loin, nous trouvons que, dans la langue géorgienne, cinq se dit chuth, qui n’est que le schot celtique, tribut. En Corée, cinq se dit tasel, désignant par son nom même la taxe imposée au tenancier.
    La personne à qui était payé l’impôt s’appelait Fron (Frau, Dame). La terre de son obédience prit le nom de Fron-terre, dont nous avons fait frontière. L’homme tenancier se fixa sur le sol où il errait auparavant sans s’y intéresser. A partir de ce moment, il contracta des habitudes de permanence, et cela eut un retentissement sur sa vie morale ; ses affections passagères devinrent plus durables quand il demeura dans un même lieu. Mais ce fut aussi le commencement de l’idée de propriété foncière, qui devait avoir un si triste avenir à cause de l’exagération que l’homme met dans tout ce qu’il fait, et à cause aussi de ce manque de jugement qui l’empêche d’apercevoir les causes naturelles des choses, surtout du Droit des Femmes, ce privilège donné à l’autre sexe et dont il ne comprend pas le motif. C’est ainsi qu’avec le temps les hommes commencèrent à trouver bien lourde leur sujétion. Ils travaillaient sur un sol dont ils n’héritaient pas (la fille seule héritait). On vit alors des hommes, plus audacieux que les autres, s’attacher à la Maîtresse et prétendre partager avec elle la redevance des tenanciers.
    Alors le cinquième donné fut divisé, et chacune de ses deux moitiés devint un dixième (la Dîme).
    C’est ainsi que Joseph, à la cour de Pharaon, régla la taxe du peuple (Genèse, XLI, 24).
    Cailleux dit : « Le cinquième se dédoubla dans la suite, par la séparation des pouvoirs (civil et religieux), ce qui produisit la Dîme. »
    La Chevalerie, la Table Ronde et le Graal


  • njama njama 13 septembre 2018 10:03
    Aussi étonnant que cela puisse paraitre nous avons eu depuis une poignée de décennies des gouvernements qui ne cessaient de pratiquer la rigueur budgétaire sans jamais diminuer leurs budgets tout en augmentant la dette.

  • njama njama 13 septembre 2018 10:10
    Le prélèvement à la source ne changera pas grand choses pour tous les salariés, l’impôt sera réparti mensuellement comme c’est déjà le cas pour la plupart des contribuables.

    L’’année 2018 étant blanche, elle n’est donc pas fiscalisée, l’avantage ira à ceux qui paient des impôts, et non aux quelques 50% de contribuables qui n’en payaient pas.

    • troletbuse troletbuse 13 septembre 2018 10:13

      @njama
      Pouvez-vous m’expliquez « année blanche » ? Qu’entendez vous par là ?


    • hans-de-lunéville 13 septembre 2018 12:20

      @troletbuse
      Très exact, une arnaque de plus, il n’y a pas d’année blanche, on paye cette année et on payera donc l’an prochain, il n’y a pas d’année « cadeau » , c’est de la comm.


    • njama njama 13 septembre 2018 16:56

      @troletbuse

      Pouvez-vous m’expliquez « année blanche » ? Qu’entendez vous par là ?
      - si vous n’êtes pas imposable sur le revenu, ça ne change rien effectivement pour vous, « l’ année blanche » est transparente.
      - si vous êtes imposable, actuellement en 2018 vous payez des impôts sur vos revenus perçus en 2017 par tiers, ou en dix fois si vous êtes mensualisé.
      Si la réforme du prélèvement à la source est appliquée, dès fin janvier l’impôt sera prélevé directement et automatiquement sur les salaires (revenus 2019) suivant un coefficient fiscal déterminé en fonction de vos précédentes déclarations sur le revenu.
      En sorte que vous ne paierez aucun impôt sur les revenus que vous avez perçus en 2018, salaires uniquement il me semble (à vérifier), et non pas droits d’auteur, droit à l’image, revenus locatifs ...
      Et donc « l’ année blanche » ne profitera que à ceux qui paient des impôts, puisque cette réforme administrative les exonère du paiement de l’impôt sur leurs revenus perçus en 2018.
      Pour de nombreuses personnes, surtout celles dont l’impôt est déjà mensualisé ce sera assez transparent, puisque les prélèvements ne s’arrêteront pas. de dix prélèvements ils passeront de suite à douze, mais cependant de l’année fiscale 2017 à celle de 2019, l’année 2018 étant zappée au passage.
      Pour l’État, l’année 2018 est également blanche, puisque la réforme garantit une continuité de ses ressources fiscales.

    • troletbuse troletbuse 14 septembre 2018 11:24

      @njama

      Ca n’explique rien.
      Exemple : L’année de votre décès est l’année où vous ne paierez plus d’impôts. Mais l’impôt sur tous vos revenus jusqu’à cette date sera prélevé sur votre patrimoine et payé par vos héritiers. Je trouve étonnant que personne n’en parle
      Que se passera-t-il si vous disparaissez en 2019 ? Mystère et boule de gomme
      Système actuel : suivant que vous disparaissez en début ou fin d’année, vous êtes imposable ou non. Les rentes peuvent dépasser ou non la première tranche imposable.
      Nouveau système : L’impôt 2019 aura déjà été prélevé imposable ou pas. Sera-t-il restitué en cas de non imposition ? Quid des revenus 2018 ?
      Ce cas est-il expliqué ?


    • njama njama 14 septembre 2018 13:50

      @troletbuse


      L’année du décès, le défunt était redevable de l’impôt de l’année précédente, normal en raison du différé de paiement et il sera redevable à prorata temporis de ses revenus entre le 1er janvier et le jour de son décès, si le montant perçu le rendait imposable.
      Pour le montant d’impôts non acquittés, il rentre au passif dans la succession, ce ne sont pas les héritiers qui en héritent, il ne vient qu’en diminution de l’héritage.
      Si toutefois dans le patrimoine le passif était supérieur à l’actif, les héritiers peuvent accepter la succession auquel cas ils héritent du patrimoine, produits et dettes comprises ; ils peuvent choisir l’option d’accepter jusqu’à concurrence de l’actif ; ou troisième option, simplement refuser l’héritage *.
      L’avantage du nouveau système 2019 est que l’impôt est payé immédiatement, prélevé sur le salaire ou la retraite directement. Le mort partira sans dette d’impôt ! lol
      Je ne crois pas que la réforme concerne d’autres revenus, financiers, locatifs, droits d’auteur, à l’image, ...
      Quid des revenus 2018 ?
      comme je suppose que l’année est considérée « blanche », je ne vois pas pourquoi il faudrait acquitter l’impôt sur les revenus 2018. Mais je n’ai pas d’info là-dessus sur ces cas particuliers.

      * Accepter ou renoncer à la succession (option successorale)

    • njama njama 14 septembre 2018 14:23
      @troletbuse

      Le mort partira sans dette d’impôt ! lol

      Il se pourrait en fait je crois qu’il y aura pas mal de cas de figures où le fisc rendra l’impôt déjà prélevé depuis le 1er janvier, ou une partie, car pour le calcul de l’impôt, tranches imposables, le montant de l’impôt se base sur la totalité des revenus perçus durant l’année entière, et non pas sur quelques semaines ou mois. C’est le principe de l’année fiscale.
      Après c’est suivant qu’on meurt en début, milieu ou fin d’année...





  • Clark Kent Joker 13 septembre 2018 11:47
      • Nous avons dit que l’impôt sera odieux, quel qu’en soit le montant, tant qu’il prendra dans la bourse du contribuable, pour ne rien y rapporter. — (François-Vincent RaspailOrganisation ruineuse ou féconde de la dépense, dansLe Réformateur, 5 fév. 1835)
      • Il faut en demander plus à l’impôt et moins au contribuable. — (Alphonse AllaisLes Pensées )

  • John Wo 13 septembre 2018 21:06

    Quand on se questionne sur la justice de tel ou tel impôt, il faut se poser la question du rôle du gouvernement. Le principal rôle du gouvernement est de garantir la sécurité des biens et des personnes puis c’est de garantir la sécurité des différents échanges économiques. C’est le cas pour tous les gouvernements et en particulier pour les états les plus libéraux.

    Si on regarde le sujet de justice de l’impôt de cette manière, il me semble que c’est assez juste de payer plus lorsqu’on possède plus. Cela coûte nettement plus cher de protéger une grosse propriété que la petite voiture d’un locataire.

    Ensuite si on se pose la question du taux d’imposition. On peut essayer de faire un petit exercice d’imagination et supposer qu’il n’y a pas de gouvernement, que c’est l’anarchie totale et voir comment les gens arriveraient a conserver leur richesse sans l’aide de l’état pour voir le service rendu de l’état.

    Si on fait l’exercice avec un hyper riche disons une personne qui possèderait 10 milliards d’euros de possessions, voyons voir ce que cela donne. Déjà pour se représenter 10 milliards d’euros. Je vais plutôt imaginer que c’est une personne qui possède une chaîne de 10000 restaurants valant chacun 1 million. Pour assurer la sécurité des clients pour qu’il viennent et pour s’assurer aussu que chaque gérant du restaurant évite de piquer dans la caisse, à mon avis, notre hyper riche va devoir entretenir une armée pour assurer la sécurité et pour s’assurer que ses employés ne le volent pas. Il y a de grande chance de toute façon qu’il y ait de la perte en ligne même avec son armée. Il est aussi probable que certains de ses soldats se servent aussu dans la caisse. En clair sans le cadre donné par les lois d’un gouvernement, le milliardaire va utiliser une bonne partie de ces bénéfices pour tenter de protéger sa propriété et il sera de toute façon quand même volé. Après réflexion, je ne suis même pas sûr qu’il soit possible d’être aussi riche dans une anarchie. Ainsi les hyper riches n’existent que grâce aux lois des états actuels.

    Bref étant donné le service rendu par le gouvernement, cela ne me semble pas anormal que le taux d’imposition augmente avec le revenu pour monter jusqu’à 45%.


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