mercredi 10 mars 2021 - par Dr. salem alketbi

La politique de Biden : moins de bâton, plus de carotte

JPEG

Le président Joe Biden sait, avant même son élection, que l’un des défis majeurs à la sécurité au Moyen-Orient provient de la prolifération des milices sectaires et terroristes, pour la plupart sous la houlette et à la solde de certains pays régionaux, les exploitant comme armes pour servir leurs objectifs et intérêts stratégiques.

Il suffit de jeter un coup d’œil à la carte du Moyen-Orient pour se faire une idée du champ d’action des milices. Ils se sont transformés en une épidémie galopante qui ravage toute la région et aggrave les situations sécuritaire, socio-économique, sectaire et politique.

En bref, il n’y a pas de problème dans le monde qui ne fait pas irruption dans cette région. On dirait un microcosme de la souffrance du monde entier.

De ces milices, nous trouvons des armes fidèles aux mollahs d’Iran et répandues dans de multiples pays arabes. Parmi eux, au Liban, le Hezbollah, influent, qui se targue jour et nuit de son inféodation idéologique au chef suprême de l’Iran.

Du côté du Yémen, nous avons Ansar Allah houthiste. Le groupe, comme on le sait, est financé et armé par le Trésor et les arsenaux des Gardiens de la révolution iraniens.

En Irak, je ne vous dirais pas. Le pays est devenu une véritable mosaïque de milices, organismes et groupes épaulés, financés et armés par le CGRI, qui, de temps à autre, fragilisent la sécurité de ce grand pays arabe.

Par conséquent, couper les vivres et éradiquer ces milices devrait être une priorité de la nouvelle administration américaine. Du moins, soutenir les États de la région qui essaient de contrer et neutraliser ces milices.

Mais ce qui se passe maintenant pour le cas du Yémen, c’est que dès son arrivée au pouvoir, l’administration américaine a offert la carotte au groupe Houthi sans rien en échange de ce cadeau. Il n’a pas une seule fois brandi le bâton si cette milice scélérate ne se conforme pas aux efforts des États-Unis pour instaurer la paix et la fin de la guerre au Yémen.

Étonnamment, alors que les médias ont fait état d’une réunion à Oman entre de hauts responsables américains et le groupe Houthi du Yémen, en particulier l’envoyé américain au Yémen Timothy Lenderking et le négociateur en chef du groupe Houthi Mohammed Abdul Salam, le groupe Houthi continue de bombarder des villes et des sites stratégiques saoudiens avec divers types d’armes sans égard à l’impact que cela peut avoir sur les efforts américains.

On peut ainsi supposer que les Houthis reçoivent des instructions des mollahs iraniens pour continuer à faire pression sur l’administration Biden pour qu’elle fasse des concessions au sponsor officiel du groupe, comme condition pour cesser ses attaques provocatrices contre l’Arabie Saoudite.

Les États-Unis, pour leur part, ont indiqué, selon une source anonyme, que la réunion de Mascate faisait partie de la nouvelle politique de la carotte et du bâton du président Biden.

Mais en réalité, cette politique qui a démarré avec l’abrogation de la décision de l’ancien président Trump classant les Houthis comme groupe terroriste est à revoir. Elle doit être calibrée sur la réaction de ce groupe à ce qui lui est proposé. Sinon, les messages américains seront perçus différemment de leurs objectifs.

C’est surtout évident en l’absence de toute menace de force pour dissuader le groupe, ou même le réinscrire sur la liste du terrorisme, puisque les sanctions annoncées par le département du Trésor américain à l’encontre de deux chefs militaires houthis accusés d’avoir fait venir des armes d’Iran et d’avoir organisé des attentats n’ont pas donné de résultats : Al Houthi n’a pas été incité au calme et à répondre aux efforts pour rétablir la sécurité et mettre fin aux attaques.

Il est clair que les Houthis continuent leurs pratiques provocatrices pour renforcer leur position de négociation et pour obtenir les concessions qu’ils veulent, tant du côté du royaume que du côté des Etats-Unis. Mais certainement autoriser la poursuite de ces pratiques n’est pas dans l’intérêt de la sécurité.

Laisser libre cours aux seigneurs de guerre pour dicter leur volonté et imposer leurs conditions aux États porte gravement atteinte au droit et aux conventions internationales. Il offre des leçons gratuites que d’autres organisations et milices terroristes malhonnêtes pourront appliquer.

Ce scénario annonce la transformation de l’arène régionale et internationale en une arène anarchiste et peu maîtrisable, où le collectif mondial ne peut pas mettre en œuvre sa volonté d’instaurer la sécurité et de désamorcer les conflits.

En résumé, sans un équilibre délicat entre le bâton et la carotte dans l’engagement des États-Unis, non seulement avec les milices mais aussi avec leurs fameux sponsors, difficile de parler d’opportunités pour le succès, voire le progrès.

L’efficacité de cette politique réside dans un équilibre prudent, ainsi que dans la bonne exécution de l’un ou l’autre des deux instruments en temps voulu. Le relâchement met des bâtons dans les roues des efforts visant à réduire le chaos et l’instabilité.

 



4 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 10 mars 2021 10:25

    « Le président Joe Biden sait, avant même son élection, que l’un des défis majeurs à la sécurité au Moyen-Orient provient de la prolifération des milices sectaires et terroristes, pour la plupart sous la houlette et à la solde de certains pays régionaux, les exploitant comme armes pour servir leurs objectifs et intérêts stratégiques. »

    Certains pays régionaux eux-mêmes sous la houlette et à la solde de Biden.


  • jjwaDal jjwaDal 10 mars 2021 11:40

    Il n’y a aucune politique de Joe Biden, d’abord parce qu’il est le candidat poussé en avant par le parti démocrate avec une vice-présidente ayant un profil très haut et ensuite parce que le déclin de ses fonctions cognitives, patent depuis plusieurs mois est de plus en plus visible. Il a fallu le couper en plein direct il y a quelques jours à peine alors qu’il venait de lâcher son prompteur pour indiquer aux journalistes qu’il était prêt à répondre aux questions et plusieurs errements récents le confirment.
    Ce n’est pas plus la politique de Kamala Harris dont les chances de devenir présidente des USA sont de plus en plus grandes. C’est bien le parti démocrate qui est à la manoeuvre en politique étrangère comme réceptacle des demandes de l’Etat profond.


Réagir