La reconnaissance faciale n’est pas raciste
Mais non, Google qui avait confondu des personnes noires avec des gorilles n'est pas plus raciste que les autres entreprises spécialisées dans la reconnaissance faciale. Ce n'est qu'une question de temps pour perfectionner les systèmes qui pour le moment "favorisent" les blancs et stigmatise les noirs et les femmes. Et ceux qui pensent encore échapper à la surveillance de masse automatique sont de doux rêveurs. Big Brother aura notre peau, même si elle est foncée. D'ailleurs, en tant que simple citoyen nous devrions nous réjouir des progrès de l'intelligence artificielle. Le jour viendra où comme dans un parc de Pékin, les dangereux délinquants qui abusent du papier toilette seront identifiés et sanctionnés.
N'est-il pas normal que l'Etat veille jour et nuit sur notre santé et surtout notre sécurité ? Le monde dans lequel nous vivons est tellement dangereux, et sans cesse le peuple réclame plus de sécurité, alors n'allons pas nous plaindre ensuite de recevoir ce que nous avons réclamé à nos élites, toujours soupçonnés d'un laxisme coupable. Car, vous le savez bien, de nos jours le simple péquin moyen peut se transformer du jour au lendemain en un abominable djihadiste, et les preuves ne manquent pas. D'accord, il y a bien quelques résistances et réticences ici ou là envers la reconnaissance faciale, mais c'est peine perdue, la clause de confidentialité est définitivement rompue et nous devenons de plus en plus des jouets sous l'oeil de caméras toujours plus intrusives, nombreuses et performantes. Et nous sommes tous complices, consciemment ou non, et victimes consentantes du Big Data et des algorithmes.
Cependant, la technologie de reconnaissance faciale automatique demande encore à être améliorée. Comme ce système testé par la police du Royaume-Uni qui se trompe souvent. "Ainsi, plus de 2 000 personnes ont été identifiées à tort comme de potentiels délinquants lors de la finale de la Ligue des Champions de football à Cardiff, en 2017. Sur 2 470 personnes identifiées par le système, 92 % étaient de “faux positifs”. Une rumeur prétend qu'ils étaient de vrais supporters qui avaient crié "allez les rouges". Plus sérieusement, c'est la mauvaise qualité des images dans la base de données de la police de Galles du Sud qui pose problème. La police "affirme que la reconnaissance faciale automatique a conduit à plus de 450 arrestations depuis qu’elle a été mise en place et que personne n’a été arrêté après une fausse identification". Encore heureux !
La Chine mérite le premier prix dans le domaine de la surveillance des foules et jamais la France n'atteindra le niveau de qualité de « Xue Liang » (littéralement « Œil de lynx »). "Des géants comme Face ++ ont obtenu des financements du gouvernement et se concentrent sur des solutions gouvernementales avec des centres de calcul gigantesque. Leur but est la surveillance de population". Pour l'exemple, prenons le cas d'un piéton chinois qui traverse la route en dehors des clous à Shenzhen ou Shanghai. Et bien, son nom et sa photo sont projetés dans la ville. La honte !
En France, les données sensibles sont protégées par la CNIL, mais il y a des exceptions.
- les traitements pour lesquels la personne concernée a donné son consentement exprès
- les traitements justifiés par un intérêt public après autorisation de la CNIL ou décret en Conseil d’Etat
Aux Etats-Unis, "une étude affirme que la police et le FBI ont soumis à des logiciels de reconnaissance faciale les photos de la moitié des adultes américains". Peut-être plus grave encore, des organisations de défense des libertés civiques s'inquiètent, car si les systèmes ne sont pas racistes, le racisme dans ce pays est récurrent. Alors si en plus, les logiciels ont un problème de fiabilité avec la couleur noire. « Ces inexactitudes augmentent le risque que, sans garde-fous appropriés, des Afro-américains innocents soient placés par erreur sur des listes de suspects, ou fassent l’objet d’une enquête pour un crime, uniquement parce qu’un algorithme faillible n’a pas su identifier le bon suspect ».
Des espions partout, au travail, au magasin, dans la rue, à la maison et même dans notre poche... On arrête pas le progrès, mais peut-être nous a-t-il déjà dépassé.