La république des Moulins à vent
Si je devais qualifier notre république au regard de l’information médiatique je dirais qu'elle est devenu la république des faits divers et des affaires. Deux champs de prédilections de la vie médiatique et des débats politiques qui régulièrement brassent de l'air sur des faits certes réels mais qui ne sont pas la ligne d'une particulière dégradation de la république. Seulement celle d'une augmentation de la population, de celle de l'augmentation des tentations, de celle de l’avènement de situations nouvelles engendrées par le développement des Savoirs et Technologies depuis les années 50 qui ont atteint une courbe exponentielle dont on ne sait où elle s'arrêtera, et qui exige d’adapter notre législation aux effets pervers qu’ils engendrent.
La plupart des citoyens baignent dans une ignorance quantitative et qualitative de fait car ils ne disposent pas d'un enseignement leur permettant d'appréhender toutes ces évolutions de manière didactique pour disposer d'un certain discernement. Ils restent soumis aux flots des informations disponibles sur le net, car peu d'entre eux lisent des ouvrages informatifs ou spécialisés parce que leur quotidien les entraine dans la consommation de leur existence. Loin de toutes ces évolutions devenues affaires d’initiés et de spécialistes en tout genre que nous voyons courir les médias, dans des choix souvent très sélectifs correspondant à notre mode de pensée en vigueur, les citoyens se focalisent sur ce qui est disponible. C'est-à-dire une information de masse médiatique essentiellement insignifiante et très sélective de ses choix qu'elle passe en boucle quasi identique et produit de fait un effet loupe qui nous porte à croire que la vie ou l'information essentielle est ce que rapporte une information médiocre faite de voyeurisme et de story stelling émotionnels.
Hier mon fils de trente ans me disait qu'à la Une des journaux il n'avait connu que les faits divers et les affaires croustillantes des uns et des autres. C'est ainsi que toute une génération de citoyens n'ont comme image de la république que celle que leur renvoie l'information médiatique qu'écoutent 96% des citoyens et dont 58% n'y font pas confiance. Ce n'est pas pour autant que le contenu de l'information médiatique change, car elle poursuit un but, non un complot ourdi par un être malveillant, mais par une information qui soit assimilable par tout un chacun et corresponde à leur quotidien et non à ce qui est essentiel au déroulement de leur existence qui reste l'occupation d'organisations associatives en tout genre, qui sont sollicitées en fonction d'un fait divers ou affaire qui surgit sélectivement dans l'intrication d'intérêts d'acteurs politiques.
Pour autant notre république s'est-elle démoralisé, nous n'avons pas d'indicateurs pour justifier cela, est c'est à tort que les citoyens prennent l'information loupe médiatique suggestive pour une mesure de probité de la classe politique, réagissant sans recul ni analyse dans un jeu de brassage de vent pour que ceux qui y ont un intérêt d'acteurs politiques trouvent de quoi alimenter leur moulin à vent. Et ça fonctionne ! Ça fonctionne au point d'en arriver à dire " tous pourris". Ça fonctionne au point de nourrir l'abstention. Ça fonctionne au point de mettre en danger la démocratie par des mesures sans cesses plus totalitaires et arbitraires du contrôle de la vie privé des citoyens. Mesures qui sont la caractéristique de toute dictature et contraire à la déclaration universelle des droits de l'homme, et que réclament à corps et à cri, tous ceux qui s'indignent périodiquement en respirant l'air des moulins à vent médiatiques que d'aucun prennent pour le reflet de la république.
Nous ne sommes donc pas devant une démoralisation de la vie politique car de telles affaires et faits divers peuplent les lignes des journaux d'antan, sauf qu'ils ne faisaient pas la UNE qui se consacrait aux débats d'idées.
Nous vivons un étrange paradoxe, celui d'avoir des citoyens plus instruits qualitativement et plus ignorants quantitativement, dans ce grand écart c'est le plus petit dénominateur commun qui les réunit, et il est devenu incontournable c'est l'activité sécuritaire, qui à en abuser par une instrumentalisation politique deviendra suicidaire. Nous sommes dans cette voie, et ceux qui envisagent pour pallier à cette république supposée démoralisatrice la création d'une assemblée constituante sont assurés de nous pondre une constitution sur le plus petit dénominateur commun, à savoir une dictature.