vendredi 15 mai 2009 - par Voris : compte fermé

Le 19 mai la Bretagne sera fest’Yves

La Bretagne est très festive mais, le 19 mai, elle le sera encore plus que d’habitude. Ce sera la « Fest’Yves », la fête de la Saint-Yves. Les Irlandais se rassemblent chaque année pour célébrer la Saint-Patrick, les Bretons du monde entier fêtent la Saint-Yves depuis une dizaine d’années. Du nom de Yves-Hélori de Kermartin, le saint des Bretons, un des rares saints armoricains canonisés par Rome. Un saint porteur de valeurs toujours actuelles, défenseur des pauvres devant la justice.

 

Les Bretons recherchent de plus en plus des occasions de rappeler leur identité, de communier autour de leur appartenance commune  : Breizh Touch en 2007, Coupe de France 2009... Le 19 mai, ils fêteront la Saint-Yves en France et la manifestation est désormais officielle en Bretagne, soutenue par le Conseil régional.

Le but pour les organisateurs est aussi de promouvoir la région au plan international. La culture devient un atout économique et s’exporte d’autant plus que la diaspora bretonne dispersée sur les divers continents sait se mobiliser et se manifester ! Aussi bien à Tokyo, à Berlin, à Buenos Aires, qu’à New York ! Les Bretons du Japon auront l’occasion de faire mieux connaître le Festival des Vieilles charrues avec la projection du film "Pétrole suivie d’une conférence", les Bretons d’Allemagne feront à Berlin une soirée cinéma, ceux d’Argentine feront goûter en musique leur plat national, le " kig ha farz" (viande et fard). A New York, les pubs résonneront de musique bretonne.

Les festivités ne se limitent pas au jour de la Saint-Yves ; elles dureront presque tous le mois de mai, du 9 au 30.

Qui était Saint-Yves ?

Yves Hélori de Kermartin est né au Minihy de Tréguier en 1253, sous le règne de Saint Louis. Il est mort en ce même manoir 50 années plus tard, le 19 mai 1303 est devenu le saint patron - canonisé - des Bretons, des avocats et de la Bretagne. Connu sous le nom "d’avocat des pauvres", il fut canonisé en 1347 par le pape Clément VI.

Quand Yves officiait comme prêtre à Rennes, il prit sous son toit deux orphelins et se priva pour nourrir les pauvres. Quittant Rennes, sur le chemin du retour en terre natale (le Trégor), Yves vend le cheval que lui avait offert l’Evêque et distribuer aux pauvres l’argent de la vente.

Comme avocat, son désintéressement sera total. "advocatus erat, sed non latro, res mirabilis populo" : ("Il était avocat, mais pas voleur, chose admirable pour les gens"). Il plaidait gratuitement pour les pauvres et demandait aux auxiliaires de justice de réduire leurs frais.

Outre son esprit de dévouement et de charité, Yves faisait preuve d’une équité digne du juge Salomon. Le "procès" (= la procédure) de canonisation relate des témoignages dont celui d’une réconciliation après les plaidoiries de personnes d’une même famille en conflit pour une affaire d’héritage.

Le chef de Saint-yves à Tréguier

Le chef de Saint-Yves repose de nos jours dans la grande église de Tréguier, capitale de sa région, le Trégor (Côtes d’Armor). C’est à Tréguier, à l’ancien couvent des Augustines, que l’on peut encore voir la très vieille salle de l’hôpital où il donna ses riches habits car, pour donner aux pauvres, Yves abandonna ses riches habits couverts de la fourrure de serviteur du culte.

Yves enterrait aussi les morts abandonnés et allait jusqu’à recueillir toute une famille de pauvres dans sa maison.

Yves gagna une réputation de thaumaturge : à son tombeau les guérisons fleurissaient ! Il y a eu 18 résurrections de morts ! " Les Ducs de Bretagne entreprirent des démarches pour le faire canoniser par Rome. Les témoignages recueillis à l’époque de son "procès" en canonisation sont parvenus jusqu’à nous.

Les grands juristes du passé rendirent hommage à Saint Yves et aujourd’hui encore les Barreaux, organisations professionnelles des avocats, le considèrent comme leur patron. Au Pardon de saint Yves (qui se tient le 3 ème semaine de mai à Tréguier), il y a parfois des délégations venues de l’étranger.

La fête devenue laïque de la Saint-Yves

Depuis dix ans, il existe donc une fête de la Saint-Yves. Mais ce n’est pas une festivité religieuse comme, par exemple, le grand pardon de Sainte Anne d’Auray (Morbihan) qui attire bien plus de foules que le pardon de Saint-Yves à Saint-Tréguier.

Yves a donné le prénom Erwan (variante bretonne) qui est aujourd’hui répandu partout en France. Le prénom Erwann a donné naissance à son tour à un très grand nombre de dérivés tels que Erwan, Ervoan, Erwana, Erwin, Urvoan ou encore Wanig.
 
La Saint-Yves ("Gouel Erwan") est l’occasion pour la Région de promouvoir toutes les formes d’expressions culturelles, et de mettre en lumière le dynamisme associatif et économique de la Bretagne. Consulter le Site de la fête de Saint-Yves.
 

 



15 réactions


  • La Taverne des Poètes 15 mai 2009 11:04

    Ce n’était pas cette image macabre que j’avais choisie en illustration principale mais celle, plus colorée, qui figure en haut de l’article !


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 15 mai 2009 11:30

    Espérons que le temps ne transformera pas cette fête en saint Patraque, car ce sera tous au bar pour célébrer la sainte Yvres


  • plancherDesVaches 15 mai 2009 14:41

    « Comme avocat, son désintéressement sera total »

    Ô tempora, ô mores....


  • La Taverne des Poètes 15 mai 2009 16:05

    Hélas ! Face à l’argent et ses dérives,
    et pour chasser la récession,
    il reste qu’à prier Saint-Yves
    et à entrer en procession !


  • La Taverne des Poètes 15 mai 2009 16:21

    Lien utile pour les Bretons de Paris (et sympathisants) : Paris breton.


  • Fergus fergus 15 mai 2009 17:42

    Salut, La Taverne.

    Article intéressant sur un personnage sympathique et emblématique de la Bretagne.

    A noter que le manoir existe toujours au Minihy de Tréguier (une très jolie petite ville, soit dit en passant).

    Quant à Gouel Erwan, je signale aux non-bretonnants que cela signifie littéralement fête d’Yves.

    Ar wech all !


  • La Taverne des Poètes 15 mai 2009 21:49

    Improvisation sur la saint-Yves

    La vie, si tu pousses, Yves, elle est poussive.
    Si tu t’en lasses, Yves, elle est lascive.

    Et si tu tardes, Yves, elle est tardive.
    Si tu t’arrêtes, Yves, elle est rétive.

    La vie n’est pas une course, Yves,
    que l’on poursuit dans les coursives.

    C’est une quête progressive,
    une source que tu captes, Yves,
    d’une eau jamais captive,
    qui fait que tu progresses, Yves.

    Jamais agressive,
    jamais répressive,
    jamais supplétive,
    toujours festive !


    • La Taverne des Poètes 15 mai 2009 22:17

      La vie te tente, Yves ?
      Elle n’est que tentative.
      Jamais de trêve, Yves :
      Elle est très vive !

      Elle n’a pas d’heure, Yves,
      et court de rive en rive.
      Si tu adhères, Yves,
      jamais elle ne dérive.

      Jamais craintive,
      jamais plaintive,
      toujours native.


  • logo22 15 mai 2009 22:22

    Désolé pour cette lithurgie dégoulinante de bonnes intentions, y compris à l’égard des institutions non-religieuses, mais fêter un soit-disant saint qui n’a fait qu’entretenir la grande masse des bretons dans lignorance et la crainte des puissants de l’ancien régime et du clergé me donne plutôt envie de gerber.
    comme toutes les religions du monde et leur prédicateurs d’ailleurs
    une foi, une croyance, des idees oui tant qu’on voudra
    une doctrine et une religion qui asservissent, non merci
    les bretons se sont émancipés de tout celà dans leur très grande majorité, et c’est heureux. ils n’en sont que plus épanouis et si diaspora et culture bretonnes rayonnent autant par le monde, ce n’est certainement pax grace à votre saint-yves et à ses accolytes


  • Pourquoi ??? 16 mai 2009 07:23

    Taverne, la « grande église » de Tréguier est... une cathédrale !!! Non mais !!!


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